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CISTERCIENS


V. Ses monastères furent déclarés exempts de l’autorité du chapitre général de l’ordre, pour ne dépendre que d’un supérieur local, portant le titre de rétormateur général. Il fut triennal après la mort de Martin de Vargas ( 1446) ; les abbés des monastères particuliers furent également triennaux, contrairement à la coutume générale de l’ordre, qui avait toujours conservé la perpétuité de cette dignité. Les moines se stabilisèrent dans la congrégation, non dans chaque abbaye, comme à Citeaux ; aussi les déplaçait-on fréquemment. Les réformés établirent leur premier monastère au Mont-Sion près de Tolède. Celui de Val de Buena adopta leurs observances (1430). Eugène IV remit cette congrégation sous l’autorité de l’abbé de Citeaux, qui eut sur elle droit de visite (1437). La réforme ne prit son extension qu’après 1469, date de l’union de l’abbaye de Huerta. Parmi les autres monastères qui se soumirent à ses observances, on peut citer Palacuelos, au diocèse de Palencia, qui devint la résidence du général. Il y eut des monastères de femmes, parmi lesquels Las Huelgas de Valladolid. Les études furent en honneur dans cette congrégation, qui eut plusieurs collèges auprès des universités espagnoles.

Congrégation d’Aragon.

Les monastères d’Aragon, de Catalogne et de Valence échappèrent complètement à 1’inlluence de la congrégation du Mont-Sion. Ils furent groupés en une congrégation spéciale, avec le consentement du chapitre de Citeaux (1613), confirmé par le pape Paul V (1616). Llle eut pour la gouverner un vicaire général et des visiteurs, sous le contrôle et la dépendance de l’abbé de Citeaux et du chapitre de l’ordre.

L’abbaye de Las Huelgas, près Rurgos, devint, au commencement du xvii c siècle, le centre d’une réforme pour les religieuses cisterciennes, qui fut suivie par quelques anciens monastères et dans les fondations entreprises par les réformées. Elles furent connues sous le nom de récollettes.

Congrégation de Saint-Bernard d’Aleobara.


Cette congrégation, formée en Portugal, sur le type de celle du Mont-Sion, fut confirmée en 1567 par saint Pie V. Elle eut pour centre l’abbaye d’Alcobaça. Son supérieur général était triennal. Le nombre des maisons s’élevait à 17, parmi lesquelles 4 de fondation récente. Les religieux s’appliquèrent aux études ; quelques-uns furent d’assez bons historiens.

Congrégation de Saint-Bernard de Toscane.

Les monastères de Toscane et de Lombardie furent réunis par Alexandre VI (1497) en une congrégation réformée, que gouvernait un chapitre général triennal, charge de nommer les supérieurs, triennaux eux-mêmes. Jules 11 rétablit celle union (1511), qui avait été quelque temps interrompue. Les fonctions restèrent triennales. Le supérieur général assistait au chapitre de l’ordre et prenait rang après les abbés des premières filles. Le régime ou gouvernement rappelait celui de la congrégation bénédictine du Mont-Cassin. Les cisterciens réformés eurent quelques monastères dans les États pontificaux, Sainte-Croix de Jérusalem et Saint-Paul-Trois-Fontaines entre autres. Le nombre de leurs maisons s’élevait à 45, dont -J(i de fondation récente. Il y eut parmi eux des théologiens, des canonistes et des historiens.

5 " Congrégation romaine et de Calabre. - Les monastères italiens obéirent à la même impulsion que ceux d’Espagne ; ceux qui n’avaient pas embrassé la réforme austère de la congrégation de Saint-Bernard se groupèrent en congrégations distinctes d’une obsermoins rigoureuse. Les maisons des États pontifii du royaume de Naples formèrent la congrégation de Rome, approuvée par Grégoire XV iHi-2 : i) ; elles n’étaient pa plus de II. Les monastères de Calabre se ipèrent à pari (1633). L’abbaye de I lore et les nuisons qui i □ dépendaient s’unirent à eux. Ces cou ; i lions, gouvernées par un chapitre et un supérieur géné ral, restaient néanmoins sous la dépendance de l’abbé et du chapitre de Citeaux.

6° Congrégation de saint Bernant de l’Allemagne dit Nord. — - Llle fut érigée par Nicolas Boucherat, abbé de Citeaux, au monastère de Furstenleld (1595) et comprit’20 abbayes. Elle restait sous l’autorité de l’abbé et du chapitre de Citeaux et avait à sa tête un président assisté d’un secrétaire et d’un commissaire. Les maisons autrichiennes, bohèmes et hongroises ne se groupèrent point.

Congrégation de Pologne.

Les monastères de ce pa>s se réunirent en congrégation au chapitre provincial de Wargowice, le 19 juin 1580, toujours sous la dépendance « les autorités de l’ordre. Ils étaient au nombre de 20 dont 5 de femmes.

8° Les feuillants. Voir ce nom.

Religieux de l’étroite obserrance.

Quelques monastères français tentèrent de sortir du relâchement au commencement du xvik siècle. C’était aller au-devant de la réforme qu’Urbain VIII et Louis XIII avaient chargé’le cardinal de La Rochefoucauld d’établir. Dom Denis Largentier, promoteur de ce retour à la discipline, le fit approuver par le chapitre général de 1618. Les réformés constituèrent la congrégation de l’étroite observance, soumise à un chapitre spécial et gouvernée par un vicaire général. Le cardinal de Richelieu et les papes encouragèrent ouvertement la réforme, qui (îtde rapides progrès, sans s’étendre néanmoins à toutes les maisons. Celles qui refusèrent de reprendre l’abstinence furent connues sous le nom de Commune observance. Les réformés et les non-réformés continuèrent d’appartenir à l’ordre sous l’autorité du chapitre et de l’abbé de Citeaux, dans des conditions déterminées par un bref d’Alexandre VII (19 avril 1666).

10° Congrégation de la Trappe. — II y eut au xviie siècle plusieurs tentatives isolées de réforme. Bernard île Montgaillard, feuillant de Paris et ligueur intrépide, ayant reçu l’abbaye d’Orval au diocèse de Liège (1605), y fit revivre la stricte observance de sa règle. Eustachede Beaufort, abbé commendataire de Sept-Fonts (diocèse d’Autun), entreprit avec le plus grand succès la réforme de son monastère (1663). Le plus célèbre de ces réformateurs fut Armand Jean le Bouthillier de Rancé, abbé commendataire de la Trappe (diocèse de Séez), qui embrassa lui-même la vie religieuse (1664). La discipline qu’il lit adopter par ses moines est empruntée aux l’s de Citeaux et aux écrits des Pères >u désert. La réputation qu’il avait laissée dans le monde, l’éclat de ses connaissances et son mérite littéraire attirèrent sur sa personne et sur son œuvre l’attention de ses contemporains. Dans son zèle pour la réforme, il dépassa la mesure, en blâmant sans raison eeux qui ne partageaient pas sa manière de voir, en particulier sur la pratique des humiliations et sur l’incompatibilité de l’étude ei de la vie monastique. Mabillon, au nom des bénédictins de Saint-Maur, et Le Masson, au nom des chartreux, durent défendre contre lui les traditions de leurs ordres. Voir Ciiviri nu x, col. 2286-2287, el Mabillon. Cf. Sainjore (Richard Simon), Bibliothèque critique, Paris, I7(18, i. i, p. 178-496. Rancé mourut en 1700. Les moniales des Clairets (diocèse de Chartres) adoptèrent sa réforme. Les trappistes réformèrent l’abbaye de Buon-Solazzo, près de Florence, à la demande de Côme III, duc de Toscane 1 1705).

La Révolution française donna à la réforme de l’abbé de Rancé une extension que rien ne faisait prévoir Dom Augustin de Lestrange s’établit avec les moin l.i Trappe à la Val-Sainte, en Suisse (1791), abbaye trois ans plus tard. Il put travailler a la création d’établissements nouveaux en Italie, en Belgique et en Amérique ( Il revint en France, lorsque Napoléon eut rendu la paix à i i glisi. mais ce lui pour se voir exposé a une nouvelle supprei >ion en 1811. La chute de