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CAMERONIENS — CAMISARDS


16C2, le vieux presbytérianisme se réveilla et excita un mouvement dans le peuple. Le gouvernement déposa 600 pasteurs, qui lui relusaient obéissance, et leur défendit même d’exercer tout culte. Le peuple se rangea de leur coté, et l’on célébrait le culte dans les cbamps. En 1666, à la suite d’une révolte sans succès, le gouvernement interdit toute réunion. Les caméroniens ne tardèrent pas à se diviser en deux groupes, l’un plus modéré et l’autre plus agressif ; ce dernier marclinit sous la conduite de Richard Caméron lui-même et de Donald Cargill. Ces deux chefs se séparèrent bientôt des limides, et résolurent d’entreprendre la guerre sainte ; ils se prétendaient les seuls vrais « covenanters ». Ils ne tardèrent pas à se révolter et à déclarer Charles II déchu du trône. Caméron fut tué en juillet 1680, dans une rencontre avec les troupes royales. Cargill s’enfuit en Hollande, retourna bientôt en Ecosse, octobre 1681, et excommunia le roi et le duc d’York ; il fut jeté en prison et décapité en juillet 1681. Dès ce moment le gouvernement ne fit que persécuter davantage les caméroniens. Ces violences ne servirent qu'à fortifier la secte. Guillaume III rétablit en Ecosse le presbytérianisme comme Eglise d'État. Les caméroniens ne virent dans cette Église qu’une « fausse religion », et résistèrent même aux projets de Guillaume III. En octobre 1690, le roi convoqua une assemblée à laquelle assistèrent trois prédicants caméroniens. L’entente ne put se faire. En 1707, sous le règne d’Anne, l’union de l’Ecosse et de l’Angleterre ayant été proclamée, les caméroniens s’agitèrent de nouveau. Leur nombre augmenta. En 1743, ils furent reconnus par l'État sous le titre d' « Église du presbytérium réformé ». La statistique de 1851 constate qu’ils possédaient 39 églises et 17 000 stations. En 1876 la plus grande partie se réunit à 1' « Église libre ». Les dissidents comptaient, en 1884, 9 communautés et à peu près 1 200 fidèles.

J. Kôstlin, Die schottische Kirche, 1852, p. 229 sq., 244 sq., 2f.5, 401 sq. ; Encyclopxdia britannica, 9e édit., art. Caméron Richard, et Cargill Donald ; G. B. Ryley et J. M. Me. Candlish, Scotlands Free Church, 1893 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. ii, cl. 17f/i-1765 ; Realencyclopddie fur prot. Théologie, 3e édit., t. iii, p. 691-693.

V. Ermoni.


CAMILLIS (Jean de), né à Chio le 9 décembre 1641. En 1656 il entra au collège grec de Saint-Alhanase et y obtint le diplôme de docteur en théologie et philosophie (1668). Procureur des moines basiliens russes, évéque de Sébaste en 1690, et plus tard cvêque de Alunhacs en Hongrie, il mourut en 1706. On a de lui un volume intitulé : La vita divina rilrovata frai termini dcl tultoe del nulla, Rome, 1677.

Nilles, Symbolx ad illustrandam historiam Ecclosite orientons, Inspruck, 1885, t. i, p. 370 ; t. ii, p. 186, R5V865 ; J.egiand, Bibliographie hellénique du xviie siècle, Paris, 1903, t. v, p. 348-363.

A. Palmieri.


CAMISARDS. —
I. Guerre des camisards.
II. Leurs idées religieuses.

I. Guerre des c : amisards. — On a donné diverses étymologies du mot cantisard. La moins fantaisiste n’est sûrement pas celle qui le dérive de camis-ard.t, idoles brûlées ; un chef cévenol ayant rencontré, dans le Diction nai ride Mur. ri, le mot camis, nom d’idole au Japon, aurait appelé ainsi les images et antres objets du culte catholique. Cf. E. Roschach, dans Histoire raie < ! < Languedoc, Toulouse, 1876, t. xiii, p. 782, note. Il est probable que les blouses d'étoffe noire, taillées en forme de chemise, communément employées par les montagnards des (Vvennes, leur valurent ce sobriquet dont l’usage devint général et prévalut même dans le stle officiel. Ou bien ce mot s’explique par l’expression militaire de camisade, usitée pour désigner uuu attaque par surprise qui avait lieu la nuit et dans

laquelle, afin d'éviter les méprises, les soldats endossaient une chemise par-dessus leurs vêtements.

A partir de la révocation de l'édit de Nantes (1685), commença, dans l’histoire du protestantisme lrançais, une période dite du désert. L’exercice du culte étant interdit, les protestants, résolus à le célébrer quand même, se réunirent nuitamment dans des bois, des cavernes, des lieux cachés et sauvages : d’où le nom d’assemblées ou églises du désert. Des laïques intrépides, des prédicants improvisés, remplaçaient les pasteurs exilés, lisaient la Eihle, récitaient des fragments de serinons, adressaient des exhortations chaleureuses aux protestants restés fidèles à leur foi en dépit d’une adhésion contrainte à l'Église catholique et du titre de « nouveaux catholiques » ou « nouveaux convertis » qu’ils avaient reçu. Du fond de leur exil, de la Suisse, de l’Allemagne, de la Hollande, leurs ministres entretenaient avec eux une correspondance active, leur annonçant un changement prochain et travaillant à maintenir leur antipathie contre le catholicisme. L’agitation fermentait surtout dans le Dauphiné, le Vivarais, les Cévennes.

En 1688, Guillaume de Nassau, prince d’Orange, stathouder de Hollande, fut appelé au trône d’Angleterre. C'était le chef du protestantisme belliqueux ; protecteur des protestants français, il en avait accueilli un grand nombre dans ses États. Quelques-uns d’entre eux s’enrôlèrent dans ses armées et le servirent contre leur propre patrie. Guillaume forma contre Louis XIV (1689) cette ligue d’Augsbourg dont « l’obscur mais énergique instigateur » fut Claude Brousson, un réfugié languedocien, originaire de Nimes. Cl. Roschach, loc. cit., p. 617. Pour faire une utile diversion et occuper une partie des troupes françaises destinées à le combattre lui et ses alliés, le nouveau roi d’Angleterre s’appliqua, en utilisant les relations conservées par les protestants fugitifs avec leurs coreligionnaires demeurés en France, à soulever la révolte dans les Cévennes. Rrousson, dans ce but, quitta Lausanne où il résidait et regagna sa province d’origine. Lamoignon de Basville, intendant du Languedoc, et le comte de Broglie, lieutenant général pour le roi dans le Languedoc, réussirent à empêcher une révolte générale et eurent raison des factieux. Brousson fut capturé et mis à mort (i novembre 1698).

C’est pendant la guerre de la succession d’Espagne que les désordres des Cévennes furent véritablement graves. L’assassinat de François de Langlade du Chayla, archiprêtre des Cévennes (24 juillet 1702), eut lieu vingtdeux jours après la déclaration de guerre par laquelle Louis XIV avait répondu à celle de ses ennemis, et devint le signal d’une lutte atroce. L’abbé du Chayla avait traité avec dureté des prisonniers protestants ; les camisards, en l'égorgeant, disaient user de représailles. Mais, si telle fut l’occasion qui la fit éclater, l’insurrection ne fut pas fortuite ; les choses en étaient à un point où elle devait nécessairement se produire. Nous n’avons pas à exposer ici les détails de son histoire ; il suffira d’indiquer ses traits principaux. L’insurrection fut populaire ; elle ne disposa pas de places fortes cl n’eut pas des chefs nobles ou bourgeois. Elle se recrutait parmi les aventuriers à qui les guerres si nombreuses de Louis XIV avaient appris le métier des armes ; autour d’eux se groupaient les uns à titre durable, d’au très par occasion, des volontaires, forcerons, bûcherons, braconniers, paysans. <. Ces troupes, écrivait, le 4 mai 1703, l’aratte au ministre de la guerre, se forment comme les estourneaux et se débandent de même ; quand ils sont las de courre, ils rentrent che7. eux pour travailler comme si de rien n’estoit ; il n' a que quelques scélérats sansaveu et quelques déserteurs qui di meuri ut toujours attroupés, voilà ce qui a fait le désordre. « Hiili générale de Languedoc, Toulouse, 1876, t. xiv. col. 1735. Le difficile < était de sa<>>r..n rencontrer. aDo de les