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aux fêtes nupliales du ciel, èv oùpavt’ot ; GaXàaoïc, n. 6, p. 527.

Sur les prières liturgiques pour les défunts dans la messe d’Antioche et la pensée de l’union des âmes saintes dans l’éternité bienheureuse, voir Probst, Die antiochenische Messe nach den Schriften des lieilig. Joannes Chrysoslomus, dans Zeilschrift fur kalholische Théologie, Inspruck, 1883, t. vii, p. 294-296.

4. Liturgie alexandrine.

Les prières du canon de la messe sont toutes pénétrées de la pensée du ciel et des espérances de l’au-delà. Dans la liturgie de saint Basile au Mémento des vivants comme à l’oraison de la fraction du pain, le prêtre demande que les fidèles aient leur place inscrite au royaume des cieux, dans le chœur de tous les saints, listcc itâvttov /ôpou tùv âyûov <toj Èv Trj pacriXîi’a tcôv oùpav&v. Lit. S. Basilii, Oratio ad fraclionem, Renaudot, Lit. orient, coll., t. i, p. 72. Voir aussi les prières post diptycha, ibid., p. 73. Le Mémento des morts ajoute à la mention ordinaire du repos dans le sein d’Abraham, la réunion dans la gloire de l’assemblée des saints, dans le lieu de la verdure, parmi les eaux du rafraîchissement, au paradis des délices. EûvocJ/ov eîç xôitov y).61< ; eut ûSato ; àva7Tcrj<7£(<>ç

àv 7t3Cpa5El<T(i> Tpu » ?, Ç… ÈV T7)).a|XTrpOTY)Tl tûv â^i’uv <TOU.

Ibid., p. 72-73. Le caractère populaire et symbolique de ces expressions trouverait ailleurs son correctif, s’il en était besoin : en maints passages est émise la pensée que les biens célestes sont au-dessus de toute conception et échappent dès lors aux lois ordinaires du langage humain. Lit. S. Basilii, ibid., p. 81. La liturgie grecque de saint Marc élève également les esprits au delà de toute idée terrestre. Lit. divi Marci, ibid., p. 150 ; cf. Swainson, The greek Liturgies, Cambridge, 1884, p. 42. Ces biens sont d’un autre ordre que les biens de ce monde, àvrl t&v iirtyectov xk oùpàvia, Liturgy of Alexandria, dans Swainson, op. cit., p. 42 : ils sont divins, célestes, éternels. Voir Oratio ad fractionem, Ôtioùç av xat vjjJ.sî’ç |j.stà itavTwv âyi’wv ixéxoyo’. tôjv aiam’tov c-o-j àyaOcov. Lit. S. Basilii, Renaudot, ibid., p. 75.

La liturgie copte est d’accord avec toutes les autres dans sa manière expressive de figurer à l’esprit des fidèles la gloire et le bonheur du séjour céleste. Sur ce point la liturgie copte de saint Basile au canon de la messe, comme en général dans toutes les oraisons, reproduit exactement la teneur de la liturgie grecque alexandrine. Lit. S. Basilii, ibid., p. 18 sq. ; cf. Lit. S. Cyrilli, Post diptycha, ibid., p. 42.

L’eucologe copte à l’usage des orthodoxes, publié par G. Labib, d’après les versions de quinze anciens manuscrits, contient les mêmes prières. Il suffit de mentionner le Mémento des défunts, en raison de son caractère .antique : « Qu’ils soient avec tout le chœur des saints. Daigne, Seigneur, accorder le repos à leurs âmes dans le sein de nos vénérables pères, Abraham, Isaac et Jacob. Nourris-les dans le lieu de la verdure, dans le paradis de la joie, dans la céleste Jérusalem. » La prélace complète et précise le sens de cette prière en élevant le cœur et la pensée vers le ciel où les anges adorent la majesté du Très-Haut, « avec les séraphins aux six ailes et les chérubins couverts d’yeux. » Labib, Kitdb el-hûlâgi el-mokaddas, Le Caire, 1903, p. 317, 362-363, 380. Voir aussi la Messe do saint Cyrille, ibid., p. 607-608.

ni. Spéculations scolastiques. — La question dn

Ciel Be ramené surtout pour les théologiens du moyen âge à l’étude de la vision intuitive et de la condition des corps ressuscites. L’existence d’un séjour destiné à réunir les élus dans la jouissance commune de la divinité ne faisait doute pour personne : aussi ne faut-il point demander aux scolastiques la démonstration d’un fait accepté de tous et qui ressortait d’ailleurs avec évidence de l’ensemble mémo de leur doctrine. Cf. Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, t. I, pari. V, c. i ; l.II,

part. XVIII, c. xvi, xx, P. L., t. clxxvi, col. 613, 617 ; Pierre Lombard, Sent., t. IV, dist. XLIX, n. 1, P. L., t. cxcii, col. 957 ; S. Bonaventure, In IV Sent., t. IV, dist. XLV, a. 1, q. n. Opéra, Quaracchi, 1889, t. iv, col. 910-943 ; Albert le Grand, In IV Sent., t. IV, dist. XLIV, a. 45, Opéra, Paris, 1890, t. xxx, col. 603604 ; Compendium theologiæ veritatis, t. VII, c. xxiii, ibid., t. xxxiv, col. 253 ; S. Thomas, Sum. theol., Suppl., q. lxix, a. 3 ; Biel, In IV Sent., t. IV, dist. XLV, q. I, m. iv, Brescia, 1754, t. il, p. 518 519.

Mais au fait lui-même, ainsi posé et hors de conteste, divers problèmes se rattachaient dans l’ordre purement spéculatif de la pensée, problèmes qui paraissent à première vue échapper à toute solution, mais qui n’en sollicitaient pas moins vivement la curiosité partout en éveil d’une époque où l’effort intellectuel ne coûtait point et où l’on se plaisait, par désir sincère de tout connaître et de tout mesurer plus que par jeu d’esprit, à aborder intrépidement l’étude des plus abstraites et des plus audacieuses questions : Où est le ciel ? Quels peuvent être sa nature, ses propriétés, ses rapports avec l’ensemble de l’univers ? Les réponses positives fournies par les scolastiques à ces interrogations d’une métaphysique trop éthérée n’offrent rien qui puisse intéresser gravement la théologie proprement dite. Au reste, les grands théologiens du moyen âge ne se sont nullement mépris sur la valeur de leurs conclusions : eux-mêmes ont toujours pris soin, on ne doit pas l’oublier, d’en signaler et d’en faire ressortir le caractère hypothétique et conjectural. Toutefois, pour l’historien des dogmes ou de la pensée théologique, cet effort même mérite attention et considération : autour de chaque question apparaît la mise en œuvre de toute la métaphysique de l’Ecole et de toutes les données scientifiques d’une époque et il n’est pas sans intérêt de suivre dans ses lignes sommaires la marche continue de cette évolution.

1° Oit est le ciel" ? — C’est dans la pensée de saint Basile que se pose pour la première fois cette question. Homil., i, in Hexæmeron, n. 5, P. G., t. xxix, col. 13. La réponse ne pouvait être fort précise : elle se borne à déclarer que le ciel est distinct du firmament et qu’il se trouve en dehors du monde, mais non pas sans relation avec lui. Voir col. 2488. Saint Bède, Hexæmeron, t. I, c. i, P. L., t. xci, col. 14, reproduisit, non sans la développer, cette théorie qui ne larda point à prendre consistance dans les esprits. Cœlum et terrain creavit tanquam duplicem domum, inlerjecto firntamento. Comment, in Pentateuch., il, P. L., t. xci, col. 192. S’appinant directement sur ces autorités et sur celle de la Glose, Pierre Lombard, dans son traité des anges, exposa ses vues sur le ciel empyrée, qu’il place, lui aussi, au delà du firmament, supra Jirmamentum. Il explique ainsi le texte de saint Luc, x, 18 : Videbam Satanam sicut fulgur de cselo cadentem. Sent., t. II, dist. IL n. 6, P. L., t. cxcii, col. 656. Voir Bandini, Sent., t. II, dist. II, P. L., t. cxcii, col. 1031, et avant même le Maître des Sentences, Handinelli, qui avait affirmé déjà au sujet de la création et du séjour des anges, l’existence du ciel empyrée, situé par de la le ciel atmosphérique. Gietl, Die Sentenzen Rolan<ls. l’rihourgen-Brisgau, 1891, p. 88, 104.

Alexandre de Halès prend soin également de citer ses sources et, à propos du texte de Bède, surgit dans son esprit une difficulté’nouvelle, qui exercera plus tard la sagacité de ses disciples ou de leurs adversaires :.4 » recte dicititr a Beda cœlum enipyreum reptelutn esse samtis angelis ? Il répond que les anges ne remplissaient pas matériellement le ciel empyrée dont ils étaient l’ornement et que fout devait concourir dans ce suprême séjour à l’harmonie des desseins de Dieu. Universse theologia Summa, part. ii, q. xi. m. iii, a. 2, Cologne, 1022, p. 63. Saint Bonaventure s’excuse en quelque sorte de traiter ces sortes de questions, alors que les