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CIEL


publié par Hyvernat, Les Actes des martyrs de l’Egypte, Rome, 1886-1887, p. 10. Raphaël emporte l’âme du saint dans les cieux, au séjour de la gloire. Ibid., p. 38. Le ciel est la région de la lumière, Martyre de saint Apater et d’iraï sa sœur, ibid., p. 103, la demeure de Jésus et des saints anges. Martyre de saint Macaire d’Antioche, ibid., p. 54. Dans les fragments qui nous sont parvenus des Vies de Pakhôme et Théodore, nous voyons saint Pakhôme demander à Dieu qu’il déchire, à l’heure de sa mort, le manuscrit de ses péchés, qu’il lui donne, en échange des biens de la terre, les biens célestes, le centuple promis dans la Jérusalem céleste, et qu’il inscrive son nom au livre de vie, afin qu’il se réjouisse avec tous les saints. Amélineau, Monuments pour servir à l’histoire de l’Egypte chrétienne aux IV » et Ve siècles, dans les Mémoires publiés par les membres de la mission archéologique française au Caire, Paris, 1888, t. iv, p. 607-608. De saint Abraham, il est dit : « Certes, ses services sont dans les cieux près de ses pères et de celui qu’il a aimé, le Christ. » Fragments de la Vie d’Abraham, ibid., p. 753. Saint Schnoudi voit venir à sa rencontre le Christ avec les anges ets’entr’ouvrir les portes des cieux. Vie arabe de Schnoudi, ibid., p. 474. La Vie copte de Schnoudi ajoute ces paroles : « La paix soit avec toi, ô Schnoudi, le compagnon de Dieu et le bien-aimé du Christ, ô toi qui as reçu la couronne de lumière. » Ibid., p. 90-91. Le ciel est aussi représenté comme le lieu du repos « dans le sein de nos anciens pères Abraham, Isaac et Jacob » et comme le paradis de la joie. Panégyrique de saint Macaire de Tkôon, ibid., p. 162.

L’ensemble de ces données se retrouve sous des termes analogues dans la littérature syriaque. Aux martyrs, le ciel réserve la vie et les gloires du triomphe. Certamen plurimorum martyrum et Azadis régis eunuchi, dans Assémani, Acta SS. martyrum orientalium et occidentalium, Rome, 1748, t. i, p. 49-50. Devant le préfet qui l’interroge, la vierge Tharba répond que son frère jouit déjà de la vie éternelle dans le royaume des cieux et qu’elle partagera bientôt avec lui le souverain repos. Martyrium SS. Tharbsa virginis ejusque sororis, ibid., p. 56 ; cf. Martyrium SS. Narsetis episcopi et Josephi, ibid., p. 99. Ailleurs une bonne chrétienne encourage les confesseurs de la foi et leur représente qu’ils ne tarderont pas à être réunis à Dieu et aux saints du ciel. Acta SS. martyrum viginli, ibid., p. 108 ; Martyrium SS. Theclse, Marias, Martine, Marix et Annm virginum, ibid., p. 127. Le saint évêque liarharascemini fait entendre au roi Sapor que les chrétiens égorgés par son ordre possèdent le souverain bonheur : ils sont au paradis, dans un lieu de délices, en compagnie des saints. Ce sont eux les vrais rois. Martyrium SS. Barbascemini, Seleucix et Clesiphontis episcopi et xvi sociorum, ibid., p. 117.

Epigraphie.

Sur toutes les pierres sépulcrales des catacombes et des premiers cimetières chrétiens est inscrit le dogme de la vie future et des récompenses célestes. Il est naturel qu’après avoir été la grande inspiratrice de leur vie, cette pensée ait encore suivi les fidèles jusque dans la tombe, comme le résumé heureux de toutes leurs aspirations et la suprême consolation de leurs proches. Et non seulement ce bref et expressif langage des inscriptions funéraires reproduit partout l’affirmation dogmatique du ciel ; mais il est remarquable que dés les premiers jours il l’interprète dans tous les détails avec cette richesse d’aperçus qui caractérise, à rencontre du nihilisme ou delà survie fantomatique des païens, la croyance chrétienne à l’au-delà.

Les inscriptions chrétiennes de l’époque la plus reculée sont très simples et se bornent aux dont s

essentielles, attestant que le défunt est réuni à Dieu, au Christ, et qu’il vit dans la paix, ou formulant un vœu analogue. In Deo. In X". In pace. EN IPHNE. Au iiie siècle, les formules succédèrent aux acclamations.

Une inscription de la voie Lavicane, la plus ancienne dont on ait pu fixer la date, et qui remonte à l’année 217, représente le ciel comme le séjour des âmes saintes auprès de Dieu, Receptus ad Deum. De Rossi, Inscriptiones christianx urbis Romæ, Rome, 1861, t. i, n. 5, p. 9. Sur un sarcophage des cryptes vaticanes, se lit la même pensée : lit ad Deum. Ibid., n. 141, p. 180. De même, sur une inscription du musée de La’ran : Accepta apud Deum. Ibid., n. 677, p. 293. La réunion avec le Christ est mentionnée fréquemment, d’abord dans une formule du cimetière de Calixte, de l’année 268 ou 269 : Benemerenli in X", ibid., n. 10, p. 16 ; puis dans une inscription grecque du cimetière de Domitille : ZHCAIC EN Xa>, et dans plusieurs inscriptions du cimetière de Sainte-Agnès : À’1 gaudet in aida, ou du musée du Latran : Scimus te inX°. Ibid., n. 317, p. 141 ; Marucchi, Éléments d’archéologie chrétienne, Paris, 1889, t. i, p. 188. Le défunt est accueilli par les anges, accersitus ab angelis, sur une inscription de la voie Appienne de l’année 310. De Rossi, op. cit., n. 31, p. 31. Il vit au milieu des saints, dans la société des saints, dans la demeure des saints. Vibas inter sanctis : inscription du cimetière de Calixte, année 268 ou 279 ; Spiritus sociaius sanctis : marbre du musée de Latran ; Intra limina sanctorum : au musée Rorghèse ; Srjuaiç (j.srà Tùv àvt’tov : inscription du cimetière de Calépode. Ibid., n. 10’, p. 16 ; n. 159, p. 88 ; n. 319, p. 142 ; n. 402, p. 176.

Maintes fois, dans le langage épigraphique, le ciel apparaît comme le lieu du rafraîchissement, refrigerium. Cette expression, qui a donné lieu à des interprétations fort diverses, est rendue saisissable par l’allusion au purgatoire qu’elle implique et dont les Actes de sainte Perpétue fournissent vraisemblablement l’explication. La sainte aperçoit en songe son jeune frère Dinocrate, mort depuis quelques jours, essayant vainement de s’approcher d’une fontaine pour étancher sa soif. Devinant qu’il se trouve en un lieu de souffrance, elle intercède pour lui et le voit bientôt, éblouissant de lumière, atteindre la source et se désaltérer. Vidi… Dinocratem refrigerantem. Passio SS. martyrum Perpétuée et Felicilatis, c. ii, n. 3-4, P. L., t. iii, col. 35-37. Le mot refrigerium n’exclut pas pour autant l’idée de réconfort. Les agapes servaient ainsi à réconforter les miséreux. Inopes quosque refrigerio isto juvam us. Tertullien, Apolog., c. xxxix, P. L., t. i, col. 475. Elles étaient aussi un soutien physique pour les martyrs dans leur cachot. C’est en ce sens complexe qu’il faut entendre les inscriptions qui souhaitent au défunt le « lieu du rafraîchissement ». In, refrigerium : cimetière de Saint-Hermès. Marucchi, op. cit., p. 193. Privala dulcis in refrigerio. Réfrigéra cum spiritu sancta. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1899, p. 690-691 ; cf. De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, Rome, 1863, p. 2-3. In refrigerio anima tua, Viclorine. Secunda, esto in refrigerio. Kraus, Real Encyclopàdie derchristl. Alterthùmer, Fribourg-en-Brisgau, 1886, t. ii, col. 684. Bono ispirito Mariani Deus refrigeret : inscription de Philippeville (Afrique). Corpus inscript, latin., t. viii, p. 819 ; cf. Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule, antérieures au VIIIe siècle, Paris, 1865, t. ii, p. 305 ; Wôlter, Die rômischen Katakomben und ilire Bcdeutung fur kalhol. Lelirc von der Kirche, Francfort, 1866, p. 27.

Comme dans les Actes des martyrs ou les écrits des Pères, le ciel est encore dans les formules épigraphiques un lieu de lumière et de splendeurs. Splendore cum lumine claro : inscription de l’année 363, au musée de Latran. De Rossi, Imcriptiones, t. i, n. 159, p. 88. In Cliristum credens prxmia lucis habet : même époque. Kaufmann, Die tepulcralen Jenseitsdenkmâler der Anlike und Urchristentums, Majence, 1900, p. 65. Hic.