n’ajouteront rien de particulièrement notable. Saint Grégoire le Thaumaturge accentue pourtant la pensée londamentale de l’union avec Dieu et les conséquences intimes qui doivent en résulter pour la nature humaine. En parlant de Marie, qu’il nomme la reine du ciel, regina cœlestis, et qu’il élève jusqu’au trône de la divinité, super cherubim juxla divinilalent sedct, il émet cette remarque, dont le développement donnera lieu plus tard à de magnifiques aperçus dans la théologie des Pères, que la nature de l’homme, par ce contact céleste avec Dieu, se trouve en quelque sorte déifiée. Christus… terrenas naturas adeo elevavit ut illas psene dei/tcaret. Sermo panegyricus in sanctam Dei genitricem et semper virginem Mariam, 4, dans Pitra, Analecla sacra, t. ; v, p. 407. La solidarité qui unit au plus étroit tous les habitants du ciel, le Christ, les anges et les saints, est mise également en vive lumière, et le ciel apparaît avec ses caractères traditionnels comme le séjour du bonheur dans une splendeur de gloire. Sermo panegyricus in honorent sancti Stephani, 2, Pitra, ibid., p. 409 ; cf. In Origenent oratio panegyrica, P. G., t. x, col. 1100 ; Koetschau, Z)es Gregorios Thaumaturgos Dankrede an Origenes, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 37. "Victorin de Pettau se contente d’esquisser à grands traits la doctrine commune. Scholia in Apec., c. vi, 9 ; c. xxii, 16, .P. L. ; t. v, col. 329. Enfin saint Méthode d’Olympe met en relief la douce familiarité qui rapprochera de Dieu les élus comme des fils auprès de leur père, et qui fera des vierges un chœur à part, en société plus directe avec le Christ, tbv x°P ov x ° y/ àyi’ov aurai iwv TtapGÉvuv. Convivium décent virginum, t. VII, c. iii, P. G., t. xviii, col. 128. Il semble aussi placer le ciel dans le voisinage immédiat des étoiles, tt)v eôpav s’xe’v Triç « JwX’fe êv toî ; ovçavoïi ; xai nX^ffiâÇeiv -rot ; atrrpotç, t. VIII, c. X, ibid., col. 153. Cf. De res., 5, ibid., col. 312 ; Bonwetsch, Methodius von Olympus, Schriflen, Erlangen, t. I, p. 77.
2. Période postnicéenne.
La doctrine catholique du ciel est immuablement fixée dans ses lignes principales par les Pères anténicéens : tous sont unanimes à affirmer l’existence d’une vie ultra-terrestre commune à tous les bienheureux, dans un séjour particulier qui est le ciel. Çà et là commencent à se dégager les caractères distinctifs de ce séjour : c’est un lieu de lumière au sein de la divinité, de gloire avec le Christ à jamais régnant, de paix avec les justes unis par la douce charité. Le développement normal de la doctrine portera surtout dans la suite sur ces points secondaires ; et comme les problèmes de l’au-delà auront toujours le privilège de s’imposer à l’attention des penseurs et de tenir en éveil la curiosité des foules, il n’est pas étonnant de voir surgir dans l’esprit des plus grands docteurs de l’Église ou de l’École un certain nombre de questions insolubles qui ne pouvaient prêter qu’à des réponses inconsistantes, vaines, parfois naïves aussi, mais dont il serait superllu et tout aussi vain de s’émouvoir. La curiosité humaine pourra changer d’objet au cours des âges, elle ne changera point de nature. Surtout il convient de ne pas prêter à des hypothèses une valeur qu’elles ne revendiquent point, et suivant le mot d’un scolastique, habitué pourtant aux solutions ingénieuses ou faciles, il est certains dires des saints qu’il faut savoir interpréter sainement. Sunt aliqua tanctorum dicta sane interprelaudu. Oiel, Conimentarii in 1 Sent, libros, dist. XLV, q. I, Drescia, 1754, t. il, p. 523-524. D’autre part, il n’est pas non plus hors de propos de signaler, quand ils se présentent, ces documents d’ordre spécial qui intéressent à divers égards l’histoire de la pensée religieuse.
a) Eglise latine. — La théologie superficielle de Lactance pourrait servir, au besoin, de transition entre les tendances des deux époques, entre la période d’affirmation et la période de recherches. Tout en admettant encore le délai de la récompense finale jusqu’au jour de
la résurrection, Divin, institut., t. VII, c. xxi, P. L., t. vi, col. 802-803, elle met suffisamment en relief la nature des biens célestes, les joies de la présence de Dieu, la transformation de nos facultés adaptées aux conditions nouvelles de ce séjour de délices, de lumière et d’immortalité, qui sera notre royaume. In bonis csclestibus collocati… præsenti Deo gratias agent… quodeos ad regnunt vitamque perpétuant suscitarit. De resur. animse, c. XXIII, ibid., col. 806. Et transformabit Deus homines in siniililadineni angelorum, c. xxvi, ibid., col. 814. Cf. c. xxvii, col. 821. Déjà aussi des interrogations se posent sur l’état des élus dans ce monde tout autre, et Lactance note avec intérêt que le séjour du ciel ne fera rien oublier des choses de ce monde terrestre. Prioris vitse factorumque onmium memores erunt. De resur. animse, c. xxiii, ibid., col. 806. Saint Hilaire de Poitiers insiste également sur les propriétés nouvelles acquises dans la gloire céleste par notre nature corporelle. Tract, in Ps. rxxxviu, n. 22, P. L., t. ix, col. 804 ; édit. Hartel dans le Corpus scriptorunt ecclesiasticorum, Vienne, 1891, t. xxii, p. 759. Le ciel est le royaume du bonheur, où luira un jour éternel ; le Christ lui-même viendra nous introduire dans ce royaume fortuné. Custodiet introitum Dominus, in seternum illud et beatum regnum introducens. Tract, in Ps. cxx, n. 16, ibid., col. 660 ; édit. Hartel, p. 569-570. Mais il convient de remarquer que, pour saint Hilaire, l’entrée dans la gloire éternelle devait être différée jusqu’à la fin des temps et que le royaume de Dieu, ouvert aux hommes seulement après la résurrection, est distinct dans sa pensée du royaume du Christ où sont accueillies les Ames après la mort. Tract, in Ps. cxxxviii, n. 22 ; in Ps. il, n. 49, ibid., col. 801, 290 ; édit. Hartel, p. 759, 74. A remarquer aussi le curieux passage, évidemment motivé par les préoccupations populaires, où le saint évêque condescend à expliquer assez au long ce que sera la température du ciel, beata temperies, et répond à ceux qui interprétaient dans un sens littéral le verset du Ps. cxx Per diem sol nonuret te neque luna per noctent. Tract, in Ps. cxx, n. 16, ibid., col. 660 ; édit. Hartel, p. 569-570. Voir l’Introduction de dom Coustant aux œuvres de saint Hilaire, c. VI, P. L., t. ix, p. 95. La pensée saillante de saint Ambroise, dans sa doctrine sur le ciel, est assurément celle de l’union mystique des élus. A maintes reprises le ciel est décrit comme le lieu du repos, ad requiem supernam, De obt(u Theodosii oratio, n. 30, P. L., t. xvi, col. 1396 ; de la lumière éternelle, n. 32, ibid. ; de la gloire impérissable. Epist., xxii, de bono mortis, c. x, n. 47, P. L., t. xiv, col. 561. Mais toutes ces considérations secondaires n’offrent jamais le relief d’expression et l’insistance émue que met le saint docteur à dépeindre les rapports des élus entre eux et avec Dieu, le charme de leur commerce, la douce et sympathique charité qui les unit. Ce n’est plus seulement l’union avec Dieu, c’est l’adhésion à la divinité. In intelligibili secrelo tolus intentus atque adhærens Deo. De obilu Theodosii oratio, n. 29, P. L., t. xvi, col. 1394 ; cf. Epist., XXII, de bono mortis, c. xi, n. 48, P. L., t. xiv, col. 562. La joie de vivre avec le Christ pour n’en être jamais séparé n’est pas exprimée moins vivement. De obitu Theodosii, n. 31, P. L., t. xvi, col. 1396 ; Exposilio Evangelii secundum l.ucam, c. x, n. 12, P. L., t. xv, col. I187. Une idée nouvelle se dégage dans le traité De virginibus, t. II, c. il, n. 16-17, P. L., t. xvi, col. 211, c’est l’allégresse commune aux bienheureux et la grâce accueillante de Marie lorsqu’une nue monte de la terre au ciel. O quaulis Ma (Maria) virginibus occurrel ! Cette pensée se retrouve en plusieurs autres pass.i Gratien vient lui-même à la rencontre de son frère Valenlinicn pour l’introduire dans le séjour de la félicité, in propriam mansionem ; un cortège spécial d’âmes saintes les accompagne ; les anges et tous les (’lus