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CIEL


Kirchenlexikon, 2e édit, Fribourg-en-Brisgau, 1888, t. v, col. 2112.

3. Sens theologique.

Chez les peuples de l’antiquité, même en dehors de la civilisation grecque, le ciel a été considéré parfois comme le séjour spécial de la divinité et des esprits supérieurs. Cf. Aristote, De cselo, il, 3 ; De mundo, 2, Opéra, édit. Didot, t. il, p. 392, 628. Mais jamais cette pensée n’a rencontré un développement aussi étendu et profond que dans la nation juive : elle se déroule presque à chaque page des Livres saints. L’habitation de Jahveh est dans les cieux. Ps. ii, 4 ; Job, xx, 12 ; Matth., v, 16 ; vi, 9, 14 ; Rom., i, 18 ; c’est là qu’il réside comme dans un sanctuaire, Ps. xi, 4 ; Mich., i, 2 ; Hab., ii, 20 ; Apoc., xi, 19 ; xv, 5, ou dans un palais. Heb., Vin, 1. Le ciel est son trône. Ps. xi, 4 ; xx, 7 ; Is., lxvi, 1 ; Ezech., i, 1 ; Matth., v, 34 ; Act., vu, 49. C’est de là qu’il descend sur terre, Gen., xi, 5 ; Ps. xviii, 10 ; Dan., vii, 9, 13, ou qu’il fait entendre sa voix. Matth., iii, 17 ; Joa., xii, 28 ; II Pet., i, 18. Son esprit vient du ciel. Matth., iii, 14 ; Act., il, 2 ; I Pet., i, 12. C’est au ciel qu’il exauce les prières et qu’il pardonne. I Reg., viii, 30 ; Neh., ix, 27 ; xi, 6 ; xvi, 19 ; XVIII, 18 ; Luc, xi, 13. Dans cette demeure sont aussi réunis les anges, auprès de Dieu. Job, i, 6 ; ii, l ; Matth., xvi, 27 ; xviii, 10 ; Gal., I, 8. Cf. Cremer, art. Himmel, dans Realencyclopàdic fur protestantische Théologie und Kïrche, 3e édit., Leipzig, 1900, t. VIII, p. 80.

Existence du ciel.

1. Ancien Testament.

Le Pentateuque nous offre la première idée, bien indécise encore et bien lointaine, du ciel promis aux élus. Des justes aimés de Dieu pendant leur vie, il est dit, dans une formule solennelle, que la mort les réunit à leurs pères, à leur peuple. Gen., xxv, 8, 17 ; xxxv, 29 ; xlix, 29-33 ; Num., xx, 24 ; xxvii, 13 ; Deut., xxxii, 50. Jacob considère son cxislence terrestre comme un pèlerinage. Gen., xlvii, 9 ; cf. xvii, 8 ; Exode, vi, 4 ; Lev., v, 24. Aux âmes justes réunies dans le scheol, les promesses messianiques ne sont pas retirées, car Dieu reste pour elle, dans le trépas, le Dieu favorable et bénissant, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Gen., xxvi, 24 ; XXVHI, 13 ; xlvi, 1, 3 ; Exod., iii, 6 ; iv, 5. Jacob avant sa mort s’attache fermement au salut du Seigneur. Gen., xlix, 18. Et l’espérance d’une vie future est évoquée, pour ce peuple saint endormi dans la mort, par cette pensée de la puissance d’un Dieu qui est « le Dieu de la vie de toute chair ». Num., XVI, 22. Le Seigneur lui-même accentue cette pensée : « C’est moi qui fais mourir et c’est moi qui vivilie. » Deut., XXXII, 39. De là l’expression de « Dieu vivant » appliquée à Jahveh. Jos., iii, 10. Il est le Dieu qui « donne la mort et la vie », qui « conduit au scheol et en ramène ». I Reg., Il, 6 ; IV Reg., v, 7. Cf. Atzberger, Die clirislliche Eschatologie in den Stadien ihrer Ujjenbarung im Allen und Neuen Testamente, Fribourg-en-Iîrisgau, 1890, p. 30-36, 39 sq.

L’idée d’une délivrance par le Christ apparaît nettement avec David dans les psaumes messianiques. Ps. il, xxi, xuv, lxxi, cix. A cette rédemption les trépassés auront une part effective et personnelle. Ps. xv, 10, 11. Déjà brille l’espoir des délices éternelles, lbid., [2 ; cf. xvi, 16 ; xlviii, 15 sq. ; LXXII, 24. Job chante à son tour son espérance immortelle, xix, 25-27, et la protection qui le suivra au tombeau, xiv, 13-25. Cf. Ilontheim, Bemerkungen : « lob, xix, dans Zeitschrift fur katholUche Théologie, Inspruck, 1898, t. XXII, p. 719-756 ; Lesêtre, Commentaire sur Job, Paris. 1892, p. 129. Une attente analogue se manifeste dans les Proverbes, x, 30 ; xi, 7. avec l’espoir des derniers jours, xxiii, 18 ; XXIV, 14, et l’Ecclésiaste s’en inspire également, iii, 17 ; xi, 9 ; xii, 7 ; cf. iii, 2, dans le texte hébraïque. Voir Motais, L’Ecclésiaste, Paris, 1883, p. 116-118 ; Gietmann, Comment, in Ecclesiasten, Paris, 1890, p. 321.

Avec les prophètes les idées eschatologiqnes se développent, mais sous les traits encore obscurs du sjmbole.

DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

L’annonce du salut qui est proche, Is., lvi, 1, 6, 8 ; lix, 17 ; Hab., iii, 8, laisse entrevoir, à la suite d’un jugement divin et du grand jour du Seigneur, Is., il, 12 ; xxi v, 21-23 ; xxxiv, 1-4 ; lxvi, 15-18 ; Ezech., xiii, 5 ; xxx, 3 ; Joël, iii, 1 sq. ; Abd., 15, 16, 21 ; Zach., IX, 16 ; XIV, 4, 6, 9, la réunion finale et éternelle du peuple de Dieu. Is., xxvii, 13 ; xlv, 5-7 ; Jer., xxiii, 3-8 ; Bar., iv, 18-37 ; v, 5-9. Le Seigneur sera lui-même à la tête de son peuple. Is., xi, 15 sq. ; xiv, 2 ; xxxv, 1 sq. ; xl, 1-11 ; Jer., xxxi, 9-21 ; Zach., x, 11 ; Mich., ii, 13. Dans la Jérusalem nouvelle aux fondements de saphir et aux murailles de rubis, Is., liv, Il sq., habitera le Seigneur, Is., xii, 6 ; Ezech., xliii, 2, 4, 7 ; et sur la montagne sainte il dressera pour toutes les nations un festin somptueux. Is., xxv, 6 ; cf. Ezech., xxxvii, 26, 28 ; xliii, 2, 4, 7 ; xlviii, 35 ; Jer., xxx, 18 ; xxxi, 40 ; Soph., iii, 16 sq. ; Zach., ii, 3-10. Ce sera vraiment le peuple de Dieu, pur de tout contact avec les pécheurs, Ezech., xxxiv, 17, 20 sq. ; Soph., I, 2-18 ; Zach., xiii, 2-9, le peuple des justes et des saints. Is., i, 26-28 ; xxix, 20-23 ; Ezech., xi, 17-21 ; Daniel, vii, 22. Les cieux et la terre seront renouvelés. Is., lxv, 17 ; lxvi, 22 ; Zach., xiv, 6 sq. Et la joie des élus sera éternelle. Is., xxxv, 10 ; li, 3 ; lv, 11 ; lxi, 7 ; Amos, ix, 15 ; Jer., xxxi, 38, 40 ; xxxii, 40 ; Ezech., xvi, 60 ; xxxvii, 25 sq. ; Bar., ii, 34 ; Dan., ii, 41 ; vii, 14, 18, 27. Cf. Knabenbauer, Comment, in Isaiam prophetam, Paris, 1887, t. I, p. 468-471 ; t. il, p. 490-497 ; in Ezechielem prophetam, Paris, 1890, p. 170-171 ; Meignan, Les derniers prophètes d’Israël, Paris, 1894, p. 497-502.

Discrètement évoquée par l’Ecclésiastique avec la pensée de la vie éternelle, xxiv, 31, du livre de vie, ibid., 32, des bénédictions réservées aux justes à l’heure de leur mort, i, 13 ; xi, 28 sq., xviii, 24, au jour de la vision de Dieu, vi, 23, l’expectative d’une survie heureuse est nettement énoncée par la Sagesse. Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, hors des atteintes de la mort ; elles sont en paix, riches des espérances de l’immortalité, m, 1-4 ; xv, 3. L’homme est fait pour l’immortalité, È7 ; ’àcpG3{ ; <71a, il, 23. Quand pour les justes viendra la récompense, au grand jour du jugement de Dieu, on les verra resplendissants comme la flamme ; l’abondance et la paix sont aux élus, iii, 5-9. Éternellement ils habiteront dans le royaume de gloire, dans le temple du Seigneur, auprès de Dieu, et couronnés de sa main, iii, li ; v, 16 sq. ; vi, 21. Le temple de Salomon n’est que l’emblème du tabernacle saint préparé par Dieu des le commencement du monde, ix, 8. Cf. Tob., ii, 18 ; xii, 9 ; Il Mach., vii, 9. Les livres deutérocanoniques fournissent ainsi la transition entre les données primitives de l’Ancien Testament et la doctrine évangélique du ciel. Cf. Atzberger, op. cit., p. 96-110 ; Lesêtre, L’Ecclésiastique, Paris, 1896, p. 23-24 ; Le livre de la Sagesse, Paris, 1896, p. 21-22 ; Knabenbauer, Comment, in Ecclesiasticum, Paris, 1902, p. 95-96, 150-152 ; André, Les apocryphes de l’Ancien Testament, Florence, 1903, p. 100-103, 316-317.

2. Nouveau Testament.

L’existence d’un séjour ultra-terrestre où les justes jouiront en commun de l’éternelle récompense est un des plus ordinaires enseignements de la prédication du Christ et des apôtres. C’est par l’annonce prochaine du royaume des cieux, r) (îaffO.eia x<ov oùpavtôv, que JeanBaptiste inaugure sa mission de précurseur et Jésus son ministère public. Matth., ni, 2 ; iv, 7 ; Marc, i, 15. Fondé sur la terre au premier avènement du Christ, Matth., xi, 11-12 ; XII, 28 ; xvi, 19 ; Luc, xvi, 16, ce royaume est d’un autre ordre que les royaumes de ce monde, oJ -x-jtt, ; rf, ; xTigiwt, lleb., i., 11 ; il n’aura son achèvement que dans l’éternité, la parousie et le jugement final. Matth., XIII, -7 ; xxv, 24. Seuls les justes en feront partie, I Cor., VI, 9 10 ; Rom., v, 17 ; Eph., v, 3-5 ; ils régneront avec Jésus Christ, ffV|rfo « rtX « vffopgv, H Tim., II, 12, et seront heu II. - 78