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CHYPRE (ÉGLISE DE)


rcprobata extitit et damnata. Raynaldi, an. 1323, n. 28-29, t. v, p. 330-331. En 1338, " l’archevêque Élie de Nabinaux s’occupa avec beaucoup de zèle de la conversion de ces dissidents, ce qui lui valut la bienveillance et les éloges de Benoît XII. Raynaldi, an. 1338, n. 72, t. VI, p. 148. Des ell’orts plus décisifs furent faits après le concile de Florence ; les chaldéens et les maronites suivirent l’exemple des arméniens qui s’étaient réunis à l’Église romaine, mais cette union n’était pas sincère. Raynaldi, an. 1445, n. 20, t. ix, p. 465-167.

Nicolas V se plaint à l’archevêque de Nicosie de l’inconstance des chaldéens qui étaient retombés dans leurs erreurs. Raynaldi, an. 1450, n. 14, t. IX, p. 554-555. Une bulle de 1472 établit que les évêques grecs, arméniens, jacobites et nestoriens ne peuvent exercer leur juridiction que dans les villes de leur résidence. A quelques exceptions près, les dissidents de ces confessions orientales, durant la domination latine, gardèrent leurs croyances et leur animosité contre le clergé latin. Hackett, p. 530532.

Les Syriens apparaissent dans l’île de Chypre bien avant les Latins. Histoire de Chypre, t. i, p. 103. Groupés surtout à Nicosie et à Famagouste, ils dépendent, au point de vue civil, d’un magistrat laïque de leur nation appelé reis. Au point de vue religieux, ils sont englobés dans l’orthodoxie grecque dont ils adoptent les croyances, les rites et l’hostilité contre l’Eglise latine. Histoire de Chypre, t. iii, p. 642. Les géorgiens, en très petit nombre, possédaient un monastère près d’Alamino, dans le district de Mazoto. Hackett, p. 523 ; Cyprien, p. 91 ; Lusignan, Histoire générale, etc., p. 75. Les Grecs orthodoxes se les assimilèrent, et leur inspirèrent la haine de la suprématie romaine. Histoire de Chypre, t. i, p. 112. L’émigration des Arméniens dans l’île remonte à une période antérieure à la domination latine. Leur nombre s’accrut lorsque le sultan d’Egypte en 1322 s’empara de leur contrée natale. Hugues II leur donna l’hospitalité dans ses domaines et des secours en argent. Ils avaient des colonies à Nicosie, à Paphos, à Famagouste et dans les villages de Platani, Kornokipos et Spatharico. Lusignan, Histoire générale, p. 72. A Nicosie, ils étaient soumis à la juridiction d’un évêque nommé par le catholicos de Sis, Hackett, p. 524 ; Histoire de Clnjprc, t. I, p. 105-106 ; ils eurent quelque temps un siège épiseopal à Famagouste. Cltorograffia, p. 34. Le Quien mentionne seulement deux évêques de la communauté arménienne de l’Ile : Nicolas, qui assista au synode de Sis de 1307, et Julien, ce dernier, dominicain. Cyprien, p. 91. D’après Lusignan, il travailla avec zèle à la conversion de ses compatriotes, et après la prise de Nicosie par les Turcs (1570), il fut transféré au siège <le Bova en Calabre. Oriens ch.rUHa.nu8, t. i, col. 1429. D’après le recensement de 1891, il y avait dans l’île 269 Arméniens, dispersés à Nicosie, à Larnaca et à Saint-Merkourios. Hackett, p. 524. Ils possèdent le monastère de Saint-Macarios (Saint-Merkourios, district de Cérines), Cyprien, p. 91, et l’église de Saint-Georges, à Nicosie. Ils entretiennent à leurs frais une école.

Les jacobites, soumis au siège patriarcal d’Antioche, étaient déjà dans l’Ile à l’époque de la domination byzan-La bulled’Honorius III (20 janvier 1222) atteste qu’ils avaient un évéché. Histoire de Chypre, t. III, p. 618-617. Le Ouien donne, d’après Assémani, la liste de 8 prélats jacobites qui auraient exercé leur juridiction à Chvpre : le premier, Proclus, serait mort en 708, et le dernier Isaac, aurait vécu après l’occupation musulmane, en 1583. Orient christiania, t. u. col. 1421-1422, D’après Lusignan, ilsavaient recours à l’évêque copte, lorsqu’ils n’en avaient pas (h 1 leur nation. Histoire générale, p. 74.

Les coptes établis à.Nicosie dépendaient du patriarche du Caire. Un île leurs monastères, dil de Saint-Macaire, auprès du village arménien de Platani, abritait des moines très attachés à l’observance des règles sévères

du monachisme byzantin. Chorograffta, p. 34. Hackeit, p. 526, suppose que le monastère des coptes est identique à celui du même nom, que les Arméniens possèdent aujourd’hui. Leur église était dédiée à saint Antoine. Lusignan, Description, p. 31. Lusignan les appelle les hérétiques les plus obstinés et opitiiâtres de l’ile.

Les Abyssins, fixés à Nicosie, obéissaient à un évêque envoyé par le patriarche ou métropolite d’Abyssinie, pratiquaient la circoncision, et recevaient le baptême au. front avec un fer chaud. Lusignan, Histoire générale, p. 74 ; Histoire de Chypre, t. i, p. 113 ; Hackett, p. 526 ; Lusignan, p. 34.

Les nestoriens ou chaldéens, existant à Nicosie seulement, Histoire générale, p. 75, étaient placés sous la juridiction du métropolite chaldéen de Tharsous, qui dépendait lui-même du patriarche nestorien de Bagdad ou Mossoul. Hackett, p. 529 ; Histoire de Chypre, t. i, p. 112. Les représentants de ces confessions orientales étaient obligés de prendre part aux processions solennelles des Latins, à la Fête-Dieu et à la fôte de saint Marc. Chorograffta, p. 35.

A ces cultes dissidents, il faut ajouter une secte spéciale, dile Linobambæi (de deux mots grecs, signifiant fin et coton). L’origine de cette curieuse dénomination est due à ce que leurs croyances les placent entre les chrétiens et les musulmans. Ils dérivent des maronites catholiques qui après la conquête de l’île par les Turcs eurent à subir les pires avanies de la part des évêques grecs orlbodoxes. Les prêtres maronites furent accusés auprès de la Sublime Porte de travailler à rétablir la domination vénitienne, et d’ourdir des complots contre la Turquie. Beaucoup furent condamnés à l’exil, à la prison ou à la mort, et on força les autres à renoncer a leur foi et à se soumettre à la hiérarchie grecque. Cette persécution eut pour résultat de jeter une partie considérable de cette population chrétienne dans l’islamisme. Mais ces apostats par désespoir ne répudièrent pas tout à fait la religion chrétienne. Ils gardèrent quelques croyances et quelques rites, par exemple, le baptême et la confirmation qu’ils administrent à leurs enfants après la circoncision musulmane. Ils portent deux noms, l’un chrétien et l’autre musulman. Leur noyau principal se trouve dans le village de Louroujina, district de Nicosie. Hackett, p. 535. Une correspondance intéressante du Bessarione, 2° série, 7e année, t. iv, p. 300, en porle le nombre à 10000 ; mais ce chiffre nous paraît exagéré. Sous la domination anglaise, les Linobambæi se montrent disposés à revenir à la foi de leurs ancêtres. Malgré la guerre ouverte du clergé’grec orthodoxe, un franciscain de Terre-Sainte, le Père Célestin de Nunzio de Casalnuovo, pendant 33 années d’apostolat à Limassol, s’adonna à la conversion des Linobambæi. Dix villages, Ano Civida, Kato Civida, Polemidia, Amathunta, Mannogna, Stavrocomi, Saint-Georges, Marona, Pano-Archimandrita, Monagri, lui demandèrent officiellement de fonder des écoles au milieu d’eux. Le P. Célestin ouvrit icu écoles. Mais le clergé grec excita le fanatisme populaire contre ces malheureux paysans, qui sont insultés lorsqu’ils descendent à Limassol pour y vendre leurs produits. Le cimetière latin fut profane ; les arbres furent coupés dans les terres de ces paysans et eux-mêmes, épouvantés, renoncèrent à leurs projets. Le nombre des conversions ne dépassa pas la centaine. Cipetit noyau de convertis est groupé à Limassol et donne de belles espérances pour le retour au catholicisme de leurs coreligionnaires. Bessarione, loc. cit., p. 301-302.

Les Cypriotes, à l’ex pte de leurs ancêtres, professent

une grande antipathie à l’égard des Juifs, et ils n’oublient pas la recommandation exagérée de l’archimandrite Cyprien, p, 95, qui les eng igeail à ne jamais permettre à ce p "i’! infidèle et ennemi de souiller par sa présence le sol de Chypre. I.n 1332, l’archevêque