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CHRÊME (SAINT)

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2 ; XIV, iv, 1, édit. Didot. t. i, p. 333, 529. Mais il est remarquable que le mot ne se rencontre pas dans la Bible, si ce n’est dans la Vulgate, Eccli., xxiv, 20, où le terme générique às71àXa00 ; désignant toute espèce d’aromates, est rendu par batsamum. Il est probable, toutefois, que le mot besâmi, Gant., v, 1, signifie le baume, proprement dit. Voir Baume, dans le Dictionnaire de la Bible, de M. Vigoureux, l. i, col. 1517. Quoi qu’il en soit, l’huile de l’onction, qui est devenue en quelque sorte notre chrême liturgique, suivant la remarque de saint Ambroise, De mysler., vi, 9, P. L., t. xvi, col. 398, ne contenait comme parfums que des aromates différents du baume : la myrrhe franche, le cinnamome, le roseau aromatique et la casse. Exod., XXV, 6 ; xxx, 23-24.

Le Nouveau Testament mentionne l’huile employée par les apôtres, Jac, v, 14, mais il n’est nulle part question du baume. Les plus anciens textes des Pères se rapportant au saint chrême ne signalent également que l’huile, sans la moindre allusion à l’usage du baume. S. Théophile d’Antioche, Ad AutoL, i, 12, P. G., t. VI, col. 1041 ; Tertullien, Adv. Marcion., i, 14, P. L., t. il, col. 262 ; S. Cyprien, Epist., lxx, ad Januar., 2, P. L., t. iii, col. 1040 ; édit. Ilartel, t. ii, p. 768 ; S. Augustin, De bapt., v, 20, 27, P. L., t. xliii, col. 190 ; Serm. de calacl., i, 1, P. L., t. XL, col. 693 ; Enarr. in Ps. XLIV, n. 19, P. L., t. xxxvi, col. 505 ; Serm., ccxxvi, ad infantes, P. L., t. xxxviii, col. 11(10. Dans son traité contre Parménien, saint Optât paraît plutôt exclure la présence du baume dans le chrême. Il déclare en effet que l’huile avant d’être consacrée est telle qu’elle sort du pressoir, absolument simple, et que toute sa suavité lui vient du nom de Jésus-Christ. Oleum antequam a nobis conficiatur taie est quale nation est : confectum, suavitatem ex nomine Christi accipere potest… Oleum enini simpletest. Deschism.donat., ii, 7, P. L., t. xi, col. 1089 sq. Le P. Morin a cru reconnaître au contraire dans ce passage une allusion à l’arôme balsamique et à une mixture faite par l’évêque. Opéra posthuma, p. 33 sq. Mais le mot suavitas s’applique naturellement aux propriétés de l’huile ; il est pris d’ailleurs dans un sens spirituel. Le mot confectum n’indique pas nécessairement par lui-même un mélange opéré ; il s’entend très bien ici d’une simple consécration.

Si l’on excepte les indications conjecturales que peut fournir le texte cité plus haul de saint Irénée, Cont. figer., I, 21, 23, P. G., t. vii, col. 664, les premiers documents qui attestent l’emploi du baume dans la confection du chrême remontent, pour l’Eglise latine, au VIe siècle seulement. Saint Grégoire de Tours, Beglor. mart., l, 41, P. L., t. lxxi, col. 712, parle de l’onction chrismale comme d’une onction balsamique chez un martyr du temps de Dioclétien, ablutus ri balsamo unctus. Mais ce trait est emprunté au poème de Prudence, Apotlieosis, v. 487, P. L., t. lix, col. 963, dont le texte porte simplement ces mots : lotus et un,-lus, l’interprétation de saint Grégoire est toutefois uni’preuve que l’emploi du baume dans le chrême passait déjà pour un usage ancien au vi c siècle. Un texte peu connu d’Arator, De Act. aposl., P. L., t. lxviii, col.’.10, en fournirait au besoin une nouvelle attestation :

Divinus commemlat odor, cum flesupcr unctos Abluit interius Christi de Domine chrisma.

Et l’on voit en effet par les actes du IIP concile de Braga, en 572, que l’Eglise commençait à réglementer cet usage. Comme le baume étail rare à cette époque et d’un prix élevé, bs évéques avaient coutume d’exiger de chaque paroisse un trient par manière de rétribution pour le baume employé à la confection du saint chrême. Le " canon du concile prohibe désormais pratique mercantile. Mansi, t. IX, col. 839. Les premiers livres liturgiques formuleront bientôt les prescriptions relatives à la consécration du chrême. Sans

parler du texte prétendu de saint Grégoire le Grand, In Cantic, i, 34, P. L., t. lxxix, col. 493 : Balsamum cum oleo pontificali beneiliclione chrisma efficitur, texte qui fait défaut dans quelques manuscrits et qui appartiendrait d’ailleurs à un ouvrage vraisemblablement apocryphe, les Sacramentaires gélasien et grégorien signalent l’adjonction du baume à l’huile du chrême. Le premier ne fait, qu’une allusion à la vertu du chrême destiné à combattre la corruption de la nature et à embaumer de son odeur les temples de Jésus-Christ, mais l’allusion est transparente. Sacram. gelas., i, 40, P. L., t. lxxiv, col. 1099. Le Sacramentaire grégorien est très explicite : l’évêque doit prendre du baume et le mêler à l’huile, acceplo balsamo et cammiscitalo cum oleo. Liber sacr., De bened. chrism., P. L., t. lxxviii, col. 82. Il est à remarquer que le saint chrême, dans les deux Sacramentaires, se distingue de l’huile des infirmes. L’Ordo romain distingue l’huile des exorcisés, l’huile des infirmes et le chrême où le baume a été mélangé. Ordo rom. X, P. L., t. lxxviii, col. 1009 sq. La liturgie du saint chrême est dès lors fixée dans l’Église latine. Amalaire de Metz mentionne le mélange d’huile et de baume comme une pratique communément observée, De ceci, of/ic, i. 12, P. L., t. cv, col. 1011, et Bertrand de Corbie atteste que tel est l’usage de l’Eglise universelle. Contra Grwcor. oppos., IV, 7, P. L., t. cxxi, col. 334. Voir aussi Théodulphc’d’Orléans, Capitulare, P. L., t. cv, col. 221 ; l’auteur du De divin, of/ic., De sancto bapt., 7. P. L., t. xcix, col. 863 ; Rupert, De divin, offte, v, 16, P. L., t. clxx, col. 140. Enfin, Hugues de Saint-Victor fournit la formule traditionnelle que tous les scolastiques reproduiront : Chrisma ex oleo et balsamo con/icitur. De sacram., n, 7, P. L., t. clxxvi, col. 45). En même temps que la chose, le terme lui-même élait fixé. Bien que l’oraison consignée dans le Sacramentaire gélasien pour la bénédiction de l’huile des infirmes emploie à ce propos le mot chrisma, l’usage ne tarde point à prévaloir de réserver au mélange d’huile et de baume le nom de chrême, à l’exclusion des autres saintes huiles. Comme le remarque le vieux maître Bandini, à une huile plus sainte il fallait un nom plus saint, et c’est parce qu’il exprime mieux cette surabondance de la grâce, que le mot chrême a perdu sa signification générique pour revêtir un sens absolument particulier. Privilegio enim àbundantioris gratia générale nomen sibi vindicat proprium. I V Sent., dist. XXII, P. L., t. cxc.n, col. 1102.

Les Eglises orientales, si l’on excepte les nestoriens, emploient également le baume dans la confection du saint chrême, en même temps qu’une foule d’autres parfums. Denzinger, Bitus Oriental., p. 51 sq. Les eucologes mentionnent environ quarante espèces d’aromates : canelle, essences de fleurs, ambre, bois d’aloès, clous de girolle, noix muscades, spica nardi, roses rouges d’Irak, sans compter quantité d’herbes inconnues « dont le nom ne se rencontre même pas dans les lexiques ». Benedicti XI V bullarium, Home, 1751, t. iv, p. 169. Voir le rituel byzantin dans Goar, Euchologium, p. 638 sq. Des traites complets réglaient tous les détails de la confection du /sÎTtj.a et la préparation, qui durait presque tout le temps du carême, était l’aile avec un grand cérémonial d’oraisons par les prêtres, comme jadis dans les monastères la confection du pain et du vin d’autel. Janssens, L<’confirmatwn, p. 105 ; Kraus, Real-Encycl., i. i, p. 213. Ce composé porte le nom de (ivpo’v et l’Église romaine lui reconnaît encore toutes les vertus du saint chrême, pourvu que la quantité d’huile mêlée de baume reste prépondérante. Benoit XIV, Gonstit. Ex quo primum, dans le Bullaire, loc. cit., p. 169.

L’antiquité’de relie huile odoriférante esi attestée par des documents décisifs. Le II’concile œcuménique de Constantinople, en 381 la mentionne en ter-