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I. I iat ni : i QUESTION. — Le nom de rite » et il rapi i il. mlaqui Ile le* ]

intervenus pai ; n i ques tion portail principalement mr l’emploi de certain ! termei chinoi pour désigner le vrai Dieu, el mr les honneurs qu d t d u âge en Chine de rendre < I el aui am êtres ou i mis.

I. ut. Le - 1 1 1 nom aujourd’hui autorisé

p : nli i le v rai I lieu, en chinois,

est / ien-lchou, a Seigni ur du <ii I. i II a déjà été employé par li - premiers prédicateurs de la foi qui pénétri rent dans L’intérieur de la Chine, au xt siècli célèbre P. Matthieu Ricci (en Chine 1583-1010) l’a mis dans le titre du plus populaire de ses ouvrages chinois, Tien-tehourche-i, « vraie notion « lu Seigneur du ciel. » En conséquence, cette dénomination fut bientôt comme consacrée parmi les missionnaires et les néophytes, et même parmi les païens, quand ils voulaient parler du I >ie u des chrétiens. C’est également de cette époque lointaine que liaient les désignations en usage pour les églises, la religion et le dogme fondamental du christianisme, qui contiennent le même nom : Tien-tehon-tang, « temple du Seigneur du ciel ; » Tien-tchou-kiao, « religion du Seigneur du ciel ; » T ien-trhoii-kiang-cheng, « incarnation du Seigneur du ciel. » Cependant, les premiers missionnaires, s’ils ne l’ont pas su d’abord, n’ont pas tardé à apprendre que ce nom était affecté en Chine à diverses idoles du bouddhisme ou du taoïsme populaires. Mais cet abus d’une appellation qui, dans son sens propre et naturel, ne convenait qu’au vrai Dieu, n’était pas une raison suffisante de ne pas la maintenir à celui-ci : les termes ©eô ;, Deus, adoptés par les apôtres et les premiers chrétiens pour nommer le Dieu de l’Évangile, ne servaient-ils pas aussi aux Grecs et Romains païens pour désigner leurs fausses divinités ?

Mais, à côté de Tien-tchou et inoins couramment, les anciens missionnaires de Chine ont encore employé d’autres noms, qui ont prêté à des objections plus graves. Les principaux sont T’ien, o ciel, » et Chang-ti, * souverain Seigneur. » Naturellement, par le « ciel », il faut entendre « celui qui siège ou règne dans le ciel », suivant la métonymie familière à tous les peuples et autorisée même par la Bible. Cela supposé, il est évident que ces deux noms n’offrent, par eux-mêmes, rien que de convenable à la majesté divine. Les difficultés viennent de la signification qu’ils ont ou paraissent avoir dans l’usage chinois. Ils avaient été adoptés par le 1’. Ricci et ses compagnons d’apostolat, après mur examen, précisément, parce qu’ils leur paraissaient désigner le vrai Dieu, dans les King ou livres canoniques des Chinois.

Ces vieux textes, en effet, tels que les comprenaient les missionnaires jésuites, sous les noms de Tien et de Chang-ti, parlaient d’un souverain maître des esprits et des hommes, être spirituel, connaissant tout ce qui se passe dans le monde, source de toute puissance et de toute autorité’légitime, régulateur suprême et défenseur des lois morales, récompensant ceux qui les gardent et châtiant ceux qui les violent. Cette interprétation des A’i « 7, à la vérité, n’est pas celle des commentateurs indigènes les plus en vogue, du moins depuis le xiip siècle ; les missionnaires ne l’ignoraient pas, mais croyaient pouvoir montrer qu’ils avaient pour eux les interprètes les plus anciens et surtout le maître respecté par-dessus tous, Conlucius.

Ces notions sur la divinité, éparses dans les monuments île l’antique sagesse chinoise, étaient, aux yeux des missionnaires, avant tout des di bris de la n i dation primitive. On a certainement exagéré, parfois, ces vestiges de la révélation ; quelques missionnaires, surtout du xviii’siècle, ont même cru entrevoir dans les King,

si. us le VOile de caractères s inholiqucs et de mystérieuses allégories, la plupart des dogmes chrétiens ; tou-Ces (igurtitet n ont jamais été qu’en Iris petit nombre

ei..i une ou deux exceptions (.i. ne

comptent point parmi [es pluinl’interpré tation du P. Le m et de la presque totalité de ses suc urs.m xwi’siècle, pour J ien et Chang-ti, r parfaitement légitime et soutenable, si l’on s’en rapporte a des sinologues de premier ordre, tels q

. ii. on d. i Gabelenti *t d’autres, qui la soutiennent eux au.miction. Voir J. D notants af the Chii rning God and tpirit », llong-kong. 1852 ; ld.. Tht </ China, Londres, 1880 ; id.. A letter t<> prof. Mm.V lier chieflu „u the translation o the chinese tei Chang tt, Londres, 1880 ; et -es traduction^ des King chinois, où il a rendu constamment Ti et Chang-ti par God, Dieu » ; Ceorg von der Gabelentz, Confuciu* uud terne L> Leipzig, 1888, p. VI.

Elle a été contestée par d’autres, il convient de l’ajouter, même par des jésuites. De ceux-ci plusieurs, dans les premiers temps dela mission, passèrent par des opinions contraires ou du moins dehésitations, qui furent dissipées par des études plus approfondies et surtout par les conférences où les missionnaires s’écl rent mutuellement sur la question. Presque seul le I*. Nicolas Lon^obardi, qui succéda au P. Ricci, en 1610. dans la direction de la mission de Chine, ne put jamais donner une adhésion convaincue a l’interprétation favorable queles anciens textes chinois avaient reçue de son prédécesseur. Il a motivé ses scrupules dans plusieurs écrits, destinés à être lus seulement de ses confp mais dont un fragment a été publié par le fameui dominicain Navarrete, dans ses Tratœlos A istoricos, Madrid, 1676, t. I. et traduit en français par L. de Cicé, de la Société des Missions étrangères, sous le titre : Traité sur quelques points de la religion des Chinois, Paris, 1701. Il y combat l’emploi des termes Tien et Changti, comme noms de Dieu ; mais il paraît que, dans un autre écrit perdu, il attaquait encore plus vivement le terme Tien-tchou.

Autre remarque dont on reconnaîtra l’intérêt. Les inscriptions juives de k ai-fong-fou (datées de 1489, 1512, Kiii.ii désignent couramment par Tien et Chang-ti le Dieu d’Abraham et de Moïse. Jérôme Tobar. S. J., Inscriptions juives de K ai-fong-fou, Chang-hai, 1900, p. 104-105. Mais l’inscription chrétienne de Si-ngan-fou (de l’année 781) n’emploie comme nom du vrai Dieu qu’une transcription du nom syriaque. Mnha. Henri llavret, S..)., La stèle chrétienne de Si-ngan-fou, III « partie. Chang-hai, 1902, p. 1 ! ’.

Quelle que soit la valeur absolue de l’interprétation des anciens missionnaires jésuites, convaincus de sa légitimité, ils l’ont fait servir avec succès à la propagation de l’Évangile, surtout auprès des lettrés. Ces rapports enlre les doctrines confuciennes et le christianisme. habilement mis en lumière, ont certainement contribué a diminuer la répulsion comme innée aux Chini particulièrement développée chez les lettrés, pour toute nouveauté’venant de l’étranger. Puis ils fournissaient encore un point d’appui précieux dans la lutte contre l’athéisme et le matérialisme, par laquelle devait habituellement débuter l’apostolat des hautes classes en Chine. Aussi, 1, véque de Béryte, dont les dépositions ont trouve -i grand crédit dans hprocès des rites, avouait-il lui-même que i beaucoup de Chinois s’étaient convertis en voyant dans leurs livres antiques le fondement de ce qu’affirment les chrétiens ». Cité dans le votum du P. Philippe de Saint-Nicolas, qualificateur du Saint-Office, en 1700.

En résumé, l’emploi des termes rien et Chang-ti. comme noms du vrai Dieu, pouvait se justifier par de sérieuses raisons ; il restait néanmoins que, par suite de la signification tout autre qu’j attachaient beaucoup. -mon la plupart des lettrés modernes, ils n’excluaient pas toute équivoque et pouvaient prêter a une concep-