Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
1417
1
CALVINISME
ils

mêler ; et c’a été pour s’en tirer que Calvin a dît tant de choses fortes de l’eucharistie, qu’il n’a jamais os^ dire du baptême, quoiqu’il eût selon ses principes la même ii de le raire. i

Aussi, après Calvin, les calvinistes ont interprété ses parolej en disanl que recevoir la substance de JésusChrist c’est le recevoir par sa vertu, par sn " // par son mérite, ce qui revient à nii ulement la

présence réelle, mais la participation réelle.

La pénitence. - Quant à la pénitence, les luthériens disaient : La contrition et la foi constituent l’acte de la pénitence. Le pécheur tremble à la vu ments de Dieu, sa conscience est jetée dans l'épouvante, voilà la contrition ; mais la confiance germe dans son ftme, l’espérance en l’infinie miséricorde dissipe ses frayeurs, la paix et la sérénité bannissent le trouble et les alarmes, voilà la foi qui consomme la pénitence. Dès lo : s qu’est-ce que l’absolution ? C’est la simple déclaration que 1rs péchés sont remis.

Calvin n’admet, lui aussi, que deux parties dans la pénitence, mais il remplace les termes de contrition et de foi par ceux de mortification et de vivification. et par là il veut dire que le lidéle se dépouille du vieil homme et se revêt du nouveau. A ses yeux, la pénitence n’a aucun caractère sacramentel, lnsl. chrét., t. IV, c. xix, n. 14.

/II. DROITS ET DEVOIRS DES GOOVBRIfBUBNTS CIVILS.

— L’Institution chrétienne, 1. IV. c. xx. et les Confessions de foi se terminent par des considérations et des prescriptions relatives aux droits et aux devoirs des gouvernements civils., « Nous crevons, dit l’art. 39 de la Confession de foi des Églises de France, que Dieu veut que le monde soit gouverné par lois et polices, afin qu’il y ait quelques brides pour réprimer les appétits désordonnés du monde : et ainsi qu’il a établi les royaumes, républiques et toutes autres sortes de principautés, soit héréditaires ou autrement, et tout ce qui appartient à l'état de justice et en veut être reconnu auteur. A cette cause a mis le glaive en la main des magistrats pour réprimer les péchés commis non seulement contre la seconde table des commandements de Dieu, mais aussi contre la première. » Enfin l’art. 46 déclare que l’obéissance est due aux pouvoirs publics « encore qu’ils fussent infidèles, moyennant que l’empire souverain de Dieu demeure en son entier ».

L'État le plus heureux, suivant Calvin, est celui dans lequel il s a « une liberté bien tempérée et pour durer longuement ». Cet idéal est le plus facilement atteint c, dans un gouvernement aristocratique ou dans l’alliance de l’aristocratie et de la république… La seigneurie el domination d’un seul homme est la puissance la moins plaisante aux hommes, mais dans l'Écriture elle est recommandée singulièrement par dessus toutes les autres ». L. IV, c ! " xx, n. 7. 8. Les rois et les magistrats sont les i ministres et les vicaires de Dieu ». Ladminislrale.il politique les regarde seuls ; les simples particuliers doivent s’abstenir de toute ingérence dans les affaires publiques et de toute usurpation du rôle du magistrat.

Le premier devoir du magistrat est île faire respecter la loi de Dieu : « Il est aisé de rédarguer la folie de (XUX

qui voudraient que les magistrats, mettant Dieu et la religion sous leurs pieds, ne se mêlassent que de faire droit aux hommes… Si h s princes et autres supérieurs connaissent qu’il n’y a rien « le plus agréable à Dieu que leur obéissance ; s’ils veulent plaire a Dien en piété, justice et intégrité, qu’ils s’emploient à la punition et n des pervei s ; Moïse était ému de cette affection quand il punit l’idolâtrie du peuple par la mort de trois mille nommes. »

Il foui même en certains cas foire la guerre pour

cause de religion : « S’il n'êtail question que de la

servitude des corps, il vaudrait possible mieux quelquefois la porter patiemment que de mouvoir grandes séditions qui viennent jusqn a I effusion d Mail

quand il est question d< la ruine éternt Ile : ont

ons estimer nulle paix si pi rae pour

la garder nonp à notre escient. Il vaudrait

mieux que le ciel et la terrel issent abîmés ensemble que l’honneur qui lui s été d mné de Dii fût

diminué. Faut-il pour vivre nous quittions l’auteur de vie ? »

On lui dit : Mais vous fait s ce que fait Rome. I pond : Ce n’est pas de tuer pour cause de religion que Rome est coupable ; c’est de tuer sans avoir pour elle la vérité : Quelques-uns, scandalisés, ont en horreur toutes punitions sans discerner si elles sont justes ou non… Mais quoi'.' Si les papistes sont ainsi excessifs en tyrannie, ce n’est pas à dire pourtant que toute m rite soit à condamner… Nous condamnons à jeste raison le zèle enragé et sans science qui transporte les papistes : mais si on repousse un lèle inconsidéré à cause de l’ignorance, pour ce qu’il n’est point fondé en raison, pourquoi, je vous prie, le zèle ne sera-t-il louable en un fidèle quand il débat pour la vraie foi qui lui est certaine'?… Dieu ne commande pas de maintenir si étroitement toute religion quelle qu’elle soit, mais celle qu’il a ordonné de sa propre bouche. »

La fidélité à la parole de Dieu constitue seule les martyrs ; les victimes de la justice civile pour crime d’hérésie ne sont que des blasphémateurs. Voir ces textes et quelques autres dans Faguet, Études sur le XVIe siècle. Calvin, p. 1KJ sq.

IV. MÉTHODE DE Calvin ; JUGEMENT ET CONCLUSIONS. — Écoutons d’abord deux protestants : M. Rognon, dans un remarquable article de la Revue chrétienne, du 15 décembre ISt ! 3, et M. Buisson, dans son Sebastien Castellion. C’est, dit M. Rognon, ce qui peut se concevoir de plus logique, et si je l’ose dire, de plus extrême dans le christianisme… ; protestant contre les accommodations juives ou païennes qui constituent non pas le catholicisme tout entier, mais ce que le catholicisme a de propre et d’exclusif en tant que secte particulière, au sein de la famille chrétienne et dans la vraie catholicité de l'Église… Calvin a cherché une théologie plus biblique, une sainteté plus efficace, une Église plus apostolique… S’il a quelque excès dans Calvin (comme dans Augustin et dans Bernard de Clairvaux, ses prédécesseurs naturels et ses légitimes ancêtres i. c’est d'être plus paulinien quesaint Paul, plus biblique que la Bible, plus chrétien que le christianisme dans son plus pur courant, dans sa tradition la plus féconde… Aucun théologien n’a plus humilié la nature et la raison humain.'… Humilier l’homme et glorifier Dieu, c’est toute l’ambition de sa théologie comme de sa vie. » « Toute 17 » *litution chrétienne, dit M. Buisson, est écrite pour faire ce départ entre le christianisme authentique et les superfétations qui l’ont altéré… Aux yeux de Calvin, snperfetalions sont infinies ; de tous les Pères, il n grtee qu'à saint Augustin ; encore le juge-t-il « un peu i entaché de vice. rout le christianisme est dans saint Paul. Le christianisme consiste en cinq ou six grandes vérités exprimées par saint Paul et expliquées par saint Augustin. Dieu est tout-puissant, donc l’homme n’est rien devant lui ; l’homme a pêche ; il n’est pas libre : il est foncièrement mauvais ; donc il ne peut aucunement se justifier par ses ouvre- : la volonté, le bon plaisir dé Dieu, est le dernier mot de tout. Quant à la méthode proprement dite de Calvin. M. Rognon la juge en ces

termes : l Peu ou point de métaphysique dans un livre

exclusivement consacré à étudier la nature divine et la

nature humaine. Calvin ne procède que par voie d’autorité et par déduction. Sa méthode est synthétique et non analytique. Par là ce terrible adversaire de 1 i du moyen âge est le dernier et le plus illustu n i tésen-