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CHATEL


Montfleuri, puis à Boulogne. Le 19 février 1832, il prêcha à Paris un discours sur les usurpations sacerdotales, et le 6 mai, à Clichy, un autre discours sur les mandements des évêques au sujet du choléra. Ces deux discours furent imprimés. Le 18 mars 1832, la municipalité de Clichy l’avait installé au presbytère et lui avait rendu l’usage de l’église paroissiale. Au mois d’août suivant, il se brouillait avec Chatel au sujetdu rétablissement du tarif. Le 11, Chatel écrivit à Auzou une lettre qui suscita, de la part de son destinataire, des Observations, imprimées le 19. Laverdet, un jeune libraire de Clichy, que Chatel avait ordonné prêtre bien qu’i[ n’eût pas fait d’études, se joignit à Auzou et, le 9 août 1832, ils ouvrirent ensemble au boulevard Bonne-Nouvelle, près de la porte Saint-Denis, rue Basse, n. 20, à Paris, une chapelle succursale de Clichy, dans laquelle le culte était absolument gratuit. Auzou publia à cette occasion une Notice historique sur l’Église française de Clichy, Paris, 1832. Le 23 août, il prononça l’Oraison funèbre de Napoléon H, ducdeReichstadt, in-8°, Clichy, 1832, au service organisé pour ce prince, et le 6 décembre, il adressa au primat une lettre de séparation définitive. Dès le 1 er janvier 1833, il commença la publication du journal de son Église : Le bon pasteur, qui eut au total 17 numéros et cessa de paraître le 21 avril suivant. Le 15 janvier, il publiait encore la Profession de foi de l’Eglise française catholique et apostolique de Clichy, in-8°, Clichy, 1833.

Il s’était séparé de Chatel, dès que celui-ci avait renié publiquement la foi chrétienne et versé dans le philosophisme. Ensemble, ils avaient voulu conserver les dogmes du catholicisme, professé par la majorité des Français, et ils avaient tenté une réforme que le pape refusait de faire. Mais Chatel avait donné à cette réforme une funeste direction. Il avait nié les dogmes, mèrne celui de la divinité de Jésus-Christ ; il n’était donc plus chrétien que de nom. Auzou restait catholique, apostolique, non romain toutefois, mais français. Il réformait le catholicisme, sans le changer. A la base de sa doctrine, il plaçait le principe : la voix du peuple est la voix de Dieu. Il admettait aussi l’égalité des membres du clergé et ne voulait parodier ni la papauté ni l’épiscopat. Les prêtres, dès qu’ils sont au nombre de trois, ont le pouvoir de conférer le sacerdoce et la confirmation. Les curés sont élus par leurs paroissiens. Les prêtres, étant citoyens, ne sont plus astreints au célibat et n’ont plus de rapports avec le pouvoir tyrannique des rois absolus. Il n’y a plus de droit divin. Les excommunications, interdits, censures, refus de sacrements, étant des usurpations sacerdotales, sont supprimés ainsi que les indulgences, les jeûnes et les abstinences obligatoires. Aucun péché ne peut être reconnu mortel. Il n’y a d’autres empêchements de mariage que ceux qui sont établis par la loi civile. Le culte, excercé gratuitement et sans ornements brodés, écartera toute superstition. L’eucologe et le catéchisme qu’Auzou annonçait ne furent pas publiés. La profession de foi se terminait par un appel aux ecclésiastiques patriotes et consciencieux qui gémissaient tout bas de la conduite antinationale et intolérante du haut clergé.

Cependant, le 9 janvier 1833, Auzou reçut l’ordre d’évacuer le presbytère de Clichy. Ses partisans opposèrent résistance à la police. La troupe dut intervenir, et après trois jours de trouble, plusieurs personnes furent arrêtées et incarcérées. Le culte catholique fut officiellement rétabli dans la paroisse et, seule, la minime partie des habitants resta fidèle à Auzou. Celui-ci reçut, le Il mars, l’ordre de ne pas exercer son culte à l’extérieur. Il recruta quelques prêtres interdits et continua son ministère tant à Clichy, dans un local particulier, qu’à sa succursale de Paris. La police n’autorisa pas un service qu’il avait annonce’1 pour les victimes de juin. Un peu plus tard, elle lui fit un procès

DICT. DE TIILOI.. CATIIOL.

pour exercice du culte extérieur. Son journal ne put se soutenir, et ses ouailles l’abandonnaient de plus en plus. Il transporta sa succursale au n. 10 du boulevard Saint-Denis. Il y prononça un Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles, in-8°, Paris, 1834, et YOraison funèbre de l’empereur Napoléon, in-8°, Paris, 1834. Lejeune, un de ses adhérents, fut condamné par le tribunal de Troyes pour usurpation des fonctions sacerdotales, et, le 8 janvier 1836, la cour de Paris confirma le jugement. Auzou lui-même dut restituer à la fabrique catholique de Clichy les ornements et les livres d’église dont il s’était emparé. Dans ce procès, Berryer plaida que la fabrique française de Clichy n’avait pas d’existence légale. Au cours de 1836, Auzou publia trois brochures : Réfutation de M. l’archevêque de Paris sur l’obéissance ; Réponse à M. l’archevêque de Paris sur sa religion de l’autorité ; Lettre pastorale de M. l’abbé Auzou pour le temps de l’avent 1830 ; et en 1837 : Lettre pastorale pour le temps de carême 1837 ; Conférence sur les jésuites. Il administrait aussi le sacrement de la confirmation. Son Église touchait à sa fin. Le 12 mars 1837, Laverdet, son associé, était condamné à 50 francs d’amende par le tribunal de Mantes, et la chapelle de Senneville, ouverte en 1835, était fermée. Malgré le soutien donné par le Constitutionnel, le jugement était confirmé en appel, et par la Cour de cassation le 22 juillet 1837. Les tribunaux décidèrent que le culte d’Auzou, n’ayant pas été autorisé par le gouvernement, ne pouvait être permis. Les églises où on le célébrait furent donc fermées. Le curé interdit de Lèves (diocèse de Chartres), qui s’était associé à lui en 1832, mourait le 26 août 1837. Auzou lui-même était poursuivi en justice pour escroquerie et détournement et, au mois de mai 1838, condamné par défaut à six mois de prison. Au mois d’août 1839, il adressa à l’évêque de Versailles sa rétractation solennelle et se soumit publiquement à l’archevêque de Paris. Il s’enferma dans une maison de retraite. Voir Ami de la religion, 1839, t. Cil, p. 404406, 423, 486. Nommé peu après directeur d’un bureau de poste en Saùne-et-Loire, il fut obligé de quitter cet emploi et entra dans une administration particulière.

L’Église française d’Auzou ne disparut pas cependant en 1839 ; elle fut maintenue par Laverdet. Le 10 septembre, il publia une lettre Aux fidèles de l’Église évangélique française pour protester contre la rétractalion de l’abbé Auzou. Il prétend que cette rétractation ne fut pas spontanée, mais le résultat de la faim. Pour lui, il continuera à prêcher les enseignements purement évangéliques, à son domicile, rue du Caire, n. 21. Il publia, en effet, une Lettre pastorale pour l’aient de 183Û ; une autre Lettre pastorale pour la Pdgue de 1840 et la publication de la profession de foi ; et celle Profession de foi, Paris, 1840. Les fidèles l’avaient officiellement élu pour remplacer Auzou avec le titre de premier pasteur de l’Église évangélique. Le 17 mars 1811, il adressa un mémoire au garde des sceaux. Il ne put toutefois rentrer à Clichy. Ses partisans de cette paroisse appelèrent en 1842 un ministre protestant. Considérée comme une continuation de l’Église d’Auzou, celle communauté protestante fut condamnée comme association illicite. Le 22 avril 1843, Lavardet demandait la Liberté religieuse, aux députés des départements. Le 15 novembre 1846, il publiait encore une Lettre pastorale pour l’avent de 1840. Le 19 mai 1862, il lit transférer les restes de Chatel au cimetière de Clichy ; il mourut, le 10 décembre suivant.

L’Église chrétienne française.

Ce fui l’Église continuée par le conseil d’administration de l’Kglise française après sa rupture avec Chatel en 1843. Elle eut pour ministre l’abbé J.-B. Bandelier, un des derniers prêtres associés à Chatel. Il s’était joint a lui en 1838, i I avait publié un Discours sur lu mission du prêtre chrétien selon l’Eglise française, Paris, 1839. Il avait rédigé

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