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CHASTETÉ — CHATEAUBRIAND

sont : le danger de transgresser ce vœu ou une grande difficulté de l’accomplir, l’insistance et l’intensité des scrupules, quelque manque de délibération ou de liberté dans l’émission du vœu, un grave intérêt public ou même un grave intérêt particulier auquel on est strictement tenu de pourvoir et que l’on ne peut procurer autrement. Salmanticenses, Cursus theologisc moralis, tr. XVII, c. iii, n. 121 sq. ; S. Alpbonse de Liguori, Theoiogia moralis, t. III, n. 252 sq. ; Lebmkubl, Theologia moralis, t. I, n. 475 ; Putzer, op. cit., p. 163. Même dans le cas de dispense proprement dite, l’autorité ecclésiastique impose habituellement en cette matière quelque compensation spirituelle, consistant principalement dans la fréquentation des sacrements, faite un nombre de fois déterminé, dans des mortifications et des prières fixées. Lebmkubl, op. cit., t. i, n. 480 ; Putzer, op. cit., p. 163. Quant au mode de dispense et à l’interprétation des pouvoirs de dispense, l’on doit suivre les principes généraux. Voir Dispense.

Outre les auteurs cités dans l’article et les ouvrages généraux sur cette matière, on peut particulièrement consulter : Épitres sur la virginité, attribuées à S. Clément 1°, Patres apostolici, édit. Funk, Tubingue, 1901, t. ii, p. 1 sq. ; Tertullien, Ad uæorern, t. I, P. L., t. I, col. 1274 sq. ; S. Cyprien, De habitu virginum, P. L., t. iv, col. 441 sq. ; S. Ambroise, De virginibus, P. L., t. xvi, col. 187 sq. ; De viduis, col. 234 sq. ; De virginitate, col. 2t15 sq. ; De institutions virginis et s. Marim virginitate perpétua, col. 305 sq. ; Exhortatio virginitatis, col. 3 : 15 sq. ; S. Clirysostome, De virginitate, P. G., t. XL VIII, col. 533 sq. ; Ad viduam juniorem libri duo, col. 599 sq. ; Humilia de contivetitia, P. G., t. lvi, col. 291 sq. ; S. Grégoire de Nysse, De virginitate, P. G., t. xlvi, col. 317 sq. ; S. Jérôme, Epist., XXII, i-iv, lxxix, n. 6 sq., cxvii, cxxiii, cxxvii, cxxx, P. L., t. xxii, col. 394 sq., 550 sq., 728 sq., 953 sq, 1046 sq., 1087 sq., 1107 sq. ; Adversus Jovinianum libri duo, P. L., t. XX1II, col. 2Il sq. ; S. Augustin, De continentia, P. L., t. XL, col. 349 sq. ; De bono conjugali, col. 373 sq. ; De sancta virginitate, col. 397 sq. ; De bono viduitatis, col. 431 sq. ; Serin., CCCLIV, P. L., t. xxxix, col. 1563 sq. ; S. Pierre Damien, Opusculum, xi.vii, De castitate tt mediis eam tuendi, P. L., t. cxlv, col. 710 sq. ; Pierre Lombard, Sent., t. IV, dist. XXXIII, n. 4 sq., P. L., t. cxcil, col. 926, et ses commentateurs, particulièrement Denys le Chartreux, dist. XXXIII, q. ut ; S. Thomas, Sutn. theol., II’11", q. eu, clii ; Cont.gent., . III, c. cxxxvi ; S. Bonaventuie. In IV Sent., t. IV, dist. XXXIII, a. 2, 1889, t. iv, p. 753 sq. ; S. Antonio do Florence, Sumrna theologica, part. III, lit. ii, De statu continentium, Vérone, 1710, t. iii, col. 133 sq. ; Dominique Soto, In l V Sent., 1.1V, dist. XXX, q.n ; dist. XLIX.q.v, a. 2 ; Cajétan, In II"" II", q. CM, clii ; Canisius, De Maria Deipara virgine, t. II, c. xii, Ingolstadt, 1583, t. ii, p.200sq. ; Bellarmin, De monachis, t. II, c. xxii sq. ; Sylviu-i, In 11" II’, q. CLI, ci.n ; Lessius, De juslilia et jure ecterisque virtutibus cardinalibus, t. IV, c. ii, n. 92 sq., Paris, 1600, p. 665 sq. ; Suarez, De religione, tr. VII, t. IX, De voto castitalis ; Salmanticenves, Cursus theologiæ moralis, tr. XXVI, c. i, n. 37 se] ; Kschbach, Disputaliones physiologico-theologicæ, 2’édit., Rome, 1901, p. 487 sq. ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. VII, col. 419 sq. E. DUBLANCHY.


CHATEAUBRIAND (François-René, vicomte de), homme d’État et écrivain français, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768, mort à Paris le 4 juillet 1848. — I. Vie et rôle. II. Œuvres apologétiques et influence religieuse.

I. Vie et rôle. — Dixième et dernier enfant d’une famille noble de Bretagne, il vit jusqu’à dix-huit ans soit à Saint Malo et au château de Combourg, où se développent, auprès d’un père morose et d’une sœur à l’imagination maladive, sa mélancolie et sa sensibilité naturelles, soit aux collèges de Dol, de Pennes et de Dinan, où il fait mal ses humanités. Destiné à la marine, il déclare vouloir être prêtre et finalement, en 1786, accepte un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre alors à Cambrai. Mais presque immédiatement on le trouve à Paris ou il est en congé jusqu’en 1790. M y voit le monde littéraire d’alors, Parny, Chamfort, Ginguené, etc., tous représentants de l’esprit du xviiie siècle. A ce contact, ses convictions religieuses s’émoussent et il est pris d’ambition littéraire : il complète ses études en lisant les anciens, Montesquieu, Bernardin de Saint-Pierre, Bossuet, Voltaire, Rousseau surtout, et il publie dans l’Almanach des Muses de 1790, p. 205, une idylle intitulée : L’amour de la campagne. Il sort définitivement de l’année en 1790 à la suite des événements, et le 8 avril 1791 s’embarque à Saint-Malo pour aller découvrir un passage aux Indes par le Nord-Ouest de l’Amérique. Il n’arrive à Baltimore que le 10 juillet. Éclairé sur place, il renonce à son projet et se contente de faire dans la région Est des États-Unis un voyage sur l’itinéraire duquel on a discuté. Cf. Bertrin, dans le Correspondant du 10 juillet 1900. Mais un journal lui fait connaître la fuite du roi à Varennes, les humiliations de la royauté, les plans de l’émigration, et immédiatement « l’honneur » le ramène en France pour émigrer. Parti de Philadelphie le 10 décembre 1791, il arrive au Havre le 2 janvier 1792. Il n’émigre cependant qu’en juillet. Dans l’intervalle, en mars, par besoin d’argent, il épouse, devant un prêtre insermenté, une héritière, Mlle de Lavigne, qui gagnera son estime, mais ne fixera pas son cœur. Il commence la campagne de France avec l’armée des princes, mais blessé au siège de Thionville, malade, il abandonne cette armée et, après de dramatiques incidents, atteint Londres en mai 1793. Il y passe huit ans. Au début, dans la détresse, il consacre ses journées à des traductions rétribuées. La nuit, il travaille à un grand ouvrage et il entasse ses rêves, ses réflexions, ses idées, dans le « Manuscrit de Londres » d’où il devait tirer les Natchez, sorte de poème en prose à prétentions épiques qu’il ne devait publier qu’avec la première édition de ses Œuvres complètes en 1826, t. xix, xx. Le pamphlétaire de l’émigration, Pellier, lui assure enfin un gain régulier et le t. Ier de son ouvrage, imprimé à Londres en 1796, est mis en vente dans les premiers mois de 1797, sous ce titre : Essai historique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la Révolution française. Dédié à tous les partis, in-8°, sans nom d’auteur et avec cette épigraphe : Experti invicem sumus, ego ac fortuna. Tacite. Ce livre n’eut aucun succès à Paris ; à Londres, il n’en eut qu’auprès de l’émigration et ce fut un succès de scandale, en raison de son scepticisme politique et de pages antichrétiennes. Mais dès 1798, Chateaubriand se convertissait devant les leçons des choses et la mort de sa mère, 31 mai 1798, hâtée par l’impiété de l’Essai. Cf., sur la conversion de Chateaubriand, sa Lettre à Fontanes, du 27 octobre 1799, et sur sa sincérité religieuse le reste de sa vie, Sainte-Beuve, qui la nie, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. i, et Bertrin, qui la démontre, La sincérité religieuse de Chateaubriand, Paris, 1899. Des 1799, laissant de côté les Natchez, il préparait dans un but de réparation, le Génie du christianisme. En 1800, il lirait à Londres les premières feuilles de ce nouvel ouvrage, lorsque, pour le revoir et l’achever, il se décida à rentrer en France, sur les conseils de Fontanes. Chateaubriand s’était lié avec lui à Paris et surtout à Londres, où Fontanes avait fui après le 18 fructidor, pour avoir collaboré au journal modéré Le mémorial. Fontanes avait été rappelé en 1798 et il était influent depuis le 18 brumaire. En mai 1800, Chateaubriand, muni d’un passeport prussien au nom de « Lassagne, habitant de Neuchâtel, en Suisse », arrivait à Paris. Ici commence sa vie littéraire.

Tandis que Fontanes annonce son livre, lui, pour se faire connaître, écrit dans le Mercure, journal de son ami, le 1er nivôse an IX (22 décembre 1800), une Lettre à M. de Fontanes sur la deuxième édition de l’ouvrage de Mme de Staël — il s’agit de la Littérature — et il signe : « L’auteur du Génie du christianisme. » Puis il tâte l’opinion en lançant un épisode qui constituait le l. VI de la III{e}} partie du Génie du christianisme, . Atala ou les amours de deux sauvages dans le désert, in- 18,