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CALVINISME


notre salut être parfait par le moyen de l’eau, ou l’eau contenir la vertu pour purger, régénérer et renouveler. Ni saint Pierre aussi n’a pas voulu dire que l’eau soit la cause de notre salut. Mais seulement ils ont voulu signifier qu’en ce sacrement on reçoit assurance de telles grâces. »

Suivant Calvin, l’efficacité du baptême ne porte pas seulement sur le pa « sé, mais sur l’avenir. « Nous ne devons estimer que le baptême nous soit donné seulement pour le temps passé. Mais il nous faut savoir qu’en quelque temps que nous sommes baptisés, nous sommes une fois lavés et purgés pour tout le temps de notre vie. Pourtant toutes les fois que nous serons rechus en péchés, il nous faut recourir à la mémoire du baptême, et par icelle nous confirmer en icelle foi que nous Soyons toujours certains et assurés de la rémission de nos péchés. »

Mais, quoi que dise Calvin de cette efficacité, le baptême reste pour lui une cérémonie plutôt qu’un sacrement : « Combien est faux ce qu’aucuns ont enseigné que par le baptême nous sommes déliés et délivrés du péché originel et de la corruption d’Adam qui est descendue sur toute sa postérité. » Ibid., n. 10.

Surtout ce n’est pas un sacrement nécessaire au salut. Aussi les fidèles ne doivent pas baptiser, mais seulement les ministres. Ibid., n. 20 : « Ils allèguent que, si un enfant décédoit sans baptême, il seroit privé de la grâce de régénération : je respons que c’est folie. Peu de gens se sont advisés combien cette sentence mal entendue et mal exposée estoit pernicieuse, assavoir que le baptême est requis à salut de nécessité. Et voilà pourquoy ils la laissent couler si facilement. Car, si ceste opinion a lieu que tous ceux qui n’auront pu être plongés en l’eau sont damnés, notre condition sera pire que celle du peuple ancien. »

Ibid., n. 22. « On fait grand tort et injure à la vérité de Dieu, si on ne s’y repose du tout, tellement que de soy elle ait pleine et entière vertu de sauver. Le sacrement est puis après adjousté comme un sceau, non pas pour donner vertu à la promesse, comme si elle était débile de soy, mais seulement pour la ratifier envers nous, afin que nous la tenions tant plus pour certaine. De là il s’ensuit que les petits enfants engendrés des chrétiens ne sont baptisés pour commencer d'être enfantsde Dieu, comme si auparavant ne lui eussent en rien appartenu, et eussent esté estrangers de l'Église, mais plutôt afin que, par ce signe solennel, il soit déclaré qu’on les reçoit en l'Église comme estant desja du corps d’icelle… Quand nous ne pouvons recevoir les sacrements d’icelle, n’estimons pas que la grâce du Saint-Esprit soit tellement liée à iceux que nous ne l’obtenions en vertu de la seule parolle de Dieu. » Ce point a été gardé fidèlement dans les catéchismes contemporains.

La crue.

La théorie calviniste de la cène a de grandes affinités avec celle du baptême. Sur cette question, Calvin se sépara à la fois de Luther et de Zwingle en prenant une sorte de parti moyen entre les deux. Suivant lui, Luther avait trop admis la présence corporelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie, puisqu’il gardait le corps et le sang avec le pain et le vin. Zwingle, de son côté, et toute l'école sacramentaire avaient trop borné l’eucharistie à n'être qu’une figure et une commémoration. Suivant Calvin, il fallait montrer non seulement que la grâce unie au sacrement en faisait un si-ne efficace et pleine de vertu, mais encore que le corps et le sang étaient effectivement communiqués. Seulement, il s’est embrouillé de telle façon à vouloir tenir ce milieu entre deux théories inconciliables, qu’ainsi que l’a fail voir Bossuet, il est à peu près impossible de mettre d’accord les diverses parties de sa propre théorie. Histoire des variations, 1. IX. « La question est de savoir, dit P.ossnet, n. 35, d’un Coté, si le don que Jésus-Christ nous fait de son corps

et de son sang dans l’eucharistie est un mystère comme les autres, indépendant de la foi dans sa substance, et qui exige seulement la foi pour en profiter ; ou si tout le mystère consiste dans l’union que nous avons par la seule foi avec Jésus-Christ sans qu’il intervienne autre chose de sa part que des promesses spirituelles figurées dans le sacrement, et annoncées par sa parole. Par le premier de ces sentiments la présence réelle et substantielle est établie ; par le second elle est niée et Jésus-Christ ne nous est uni qu’en figure dans le sacrement et en esprit par la foi. » N. 37. « Premièrement, Calvin admet que nous participons réellement au vrai corps et au vrai sang de Jésus-Christ, et il le disait avec tant de force que les luthériens croyaient presque qu’il était des leurs : car il répète cent et cent fois notamment, Inst. cltrét., t. IV, c. xvil, n. 17, que la vérité nous doit être donnée avec les signes ; que sous ces signes nous recevons vraiment le corps et le sang de Jésus-Christ ; que la chair de Jésus-Christ est distribuée dans ce sacrement ; qu’elle nous pénètre ; que nous sommes participants non seulement de l’esprit de JésusChrist, mais encore de sa chair ; que nous en avons la propre substance, et que nous en sommes faits participants ; que Jésus-Christ s’unit à nous tout entier, et pour cela qu’il s’y unit de corps et d’esprit ; qu’il ne faut point douter que nous ne recevions son propre corps ; et que, s’il y a quelqu’un dans le monde qui reconnaisse cette vérité, c’est lui. »

N. 38. « Il exclut comme insuffisante toute l’union qu’on peut avoir avec Jésus-Christ non seulement par l’imagination, mais encore par la pensée ou par la seule appréhension de l’esprit. Nous sommes, dit-il, unis à Jésus-Christ non par fantaisie et par imagination, ni par la pensée ou la seule appréhension de l’esprit, mais réellement et en effet par une vraie et substantielle unité. »

Mais en maint autre endroit Calvin affaiblit ses propres expressions. C’est ce qu'établit Bossuet, n. 57 : « Il est vrai qu’encore qu’il dise que nous sommes participants de la propre substance du corps et du sang de JésusChrist, il veut que cette substance ne nous soit unie que par la foi ; et qu’au fond malgré ces grands mois de propre substance, il n’a dessein de reconnaître dans l’eucharistie qu’une présence do vertu. Il est vrai aussi qu’après avoir dit que nous sommes participants de la propre substance de Jésus-Christ, il refuse de dire qu’il soit réellement et substantiellement présent ; comme si la participation n'était pas de même nature que la présence, et qu’on pût jamais recevoir la propre substance d’une chose, quand elle n’est présente que par sa vertu. »

Et, n. 67, Bossuet prouve que Calvin admet la même présence de Notre-Seigneur dans le baptême que dans l’eucharistie ; « et j’avoue, dit-il. que la suite de sa doctrine le mène là naturellement. Car au fond, ni il ne connaît d’autre présence que par la foi, ni il ne met une autre foi dans la cène que dans le baptême ; ainsi je n’ai garde de prétendre qu’il y mette en effel une autre présence. Ce que je prétends faire voir, c’est l’embarras où le jettent ces paroles : Ceci est mon corps. Car, ou il faut embrouiller tous les mystères, ou il faut pouvoir rendre une raison pourquoi Jésus-Christ n’a parlé avec cette force que dans la cène. Si son corps l i Sun sang sont aussi présents et aussi réellement reçus partout ailleurs, il n’j avail aucune raison de chi ces fortes paroles pour l’eucharistie plutôt que pour le baptême, el la Sagesse éternelle aurait parlé en l’air.

Cet endroit sera l'éternelle et inévitable Confusion des

défenseurs du sens figuré. D’un côté la néce itd de donner à l’eucharistie, à l'égard de la présence du corps, quelque chose de particulier ; et, d’autre part, l’impossibilité de le faire selon leurs principes, les jetteront toujours dans un embarras d’où ils i" 1 pourront se d<