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CALVINISME


Calvin sanctionne lea doctrines fondamentales de Luther sur l'Église, mais instruit par le Bpectacle de la profonde anarchie que le réformateur allemand déchaînée, il compril qu’il fallait soumettre les fidèles à une autorité forte et respectée ; on a vu dans l’histoire de sa vie comment il avait organisé l'Église de Gi nève 1 1 quelle force il avail donnée au ministère des pasteurs. Tandis que Luther laisse l'État absorber I Église, lui tend à absorber l'État dans l'Église qui est sut juris.

La Confession de foi des Églises de France nous fait connaître très exactement la doctrine de Calvin et sa pratique.

Art. 25. " L'Église ne peut consister sinon qu’il y ait des pasteurs qui aient la charge d’enseigner, lesquels on doit honorer el écouter en révérence, quand ils sont dûment appelés et exercent fidèlement leur office. Non pas que Dieu soit attaché à tels aides et moyens inférieurs ; mais parce qu’il lui plaît nous entretenir sous telle bride. En quoi nous détestons tous fantastiques qui oudroient bien, en tant qu’eux est, anéantir le ministère de la prédication de la parole et des sacrements. »

Art. 26. « Nous croyons donc que nul ne se doit retirer à part et se contenter de sa personne, mais tous ensemble doivent garder l’unité de l'Église, se soumettant à l’instruction commune et au joug de Jésus-Christ ; et ce en quelque lieu que ce soit où Dieu aura établi un vrai ordre d’Eglise. »

Art. 27. « Nous croyons qu’il convient discerner soigneusement et avec prudence quelle est la vraie Eglise, pour ce que par trop on abuse de ce titre. Nous disons donc suivant la parole de Dieu que c’est la compagnie des Gdèles qui s’accordent à suivre icelle parole, et la pure religion qui en dépend, et qui profitent en icelle tout le temps de leur vie, croissant et se conlirmant en la crainte de Dieu. »

Art. 28. « Là où la parole de Dieu n’est reçue, et on ne fait nulle profession de s’assujettir à icelle, et où il n’y a nul usage des sacrements à parler proprement, on ne peut juger qu’il y ait aucune Eglise. Nous condamnons les assemblées de la papauté, vu que la pure vérité de Dieu en est bannie, esquelles les sacrements sont corrompus, abâtardis, falsiliés ou anéantis du tout, et esquelles toutes superstitions ou idolâtries ont la vogue. Nous tenons donc que tous ceux qui se mêlent en tels actes et y communiquent se séparent et retranchent du corps de Jésus-Christ. » Cependant, comme il reste encore « quelque petite trace d’Eglise en la papauté », et que la substance du baptême y est conservée, le baptême des catholiques ne doit pas être réitéré.

Art. 29, 30. « L'Église doit être gouvernée selon la police que N.-S. J.-C. a établie, c’est-à-dire qu’il y ait des pasteurs, des surveillants et des diacres. » Tous les pasteurs soin égaux sous un seul chef qui est JésusChrist.

Art. 31. « Nul ne se doil ingérer de son autorité propre pour gouverner l'Église ; » mais o cela se doit faire par élection autant qu’il est possible et que Dieu le permet, laquelle exception nous ajoutons notamment pour ce qu’il a fallu quelquefois et même île notre temps (auquel l'état de l'Église étoit interrompu) que Dieu ait suscité gens d’une façon extraordinaire pour dresser l’Eglise de nouveau qui étoit en ruine et en désolation ».

L’art. 33 proclame la discipline de l’excommunication

o laquelle nous approuvons et confessons être nécessaire avec toutes ses apparie lu lues ».

On ne peut se séparer de l'Église parce qu’on y soutient des opinions différentes, si ces opinions ne tendent pointa détruire la doctrine de Jésus-Christ et des apôtres, ou parce que ses membres ne. sont pas saillis et parfaits. Nous reviendrons un peu plus loin SOI

divers principes.

La prédication æ la parole de Dieu est ] ;, premiers fonction, la première marque de la rentable l. t mie est l’administration des sacrements.

I. les SACRBMBsn. — Luther avail enseigné que

l’efficacité des sacrements dépend « le la toi de celui qui les reçoit ; qu’ils n’ont été- institués que pour nourrir la foi, et qu’ils ne donnent point la r UX qui n’y

mettent point d’obstacles. Quoiqu’il n’accorde le i de sacrements proprement dits qu’au baptême et a la ce ne, il parle cependant dans son catéchisme de la rémission des péchés et de la pénitence comme d’un acte spécial de la grâce de Dieu renfermé sous un si r iie sensible : aussi dit-on en général que Luther admet trois sacrements : le baptême, la cène et la pénitence. Enlin, Luther avait affirmé que tous les fidèles sont ministres des sacrements. Triple erreur sur la nature, le nombre et les ministres des sacrements.

Cependant les disputes avec les sacranientaires amenèrent les luthériens à se rapprocher de la doctiine catholique. La Confession d’Augsbourg donna des sacrements une idée qui parut acceptable ; VAjiologie alla plus loin encore et dit en propres termes que les sacrements sont un ouvrage dans lequel Dieu nous donne la grâce attachée à la cérémonie. Harheineke déclare que la différence entre les deux Églises consiste en ce que les catholiques disent : Les sacrements tiennent la grâce ; et les protestants : Le> sacrements confèrent la grâce.

Calvin se sépare des luthériens et des catholiques.

Nature des sacrements.

Il définit le sacrement « un signe extérieur par lequel Dieu scelle en nos consciences les promesses de bonne volonté envers nous, pour confirmer l’imbécillité denostre foy ; et nous mutuellement rendons tesmoignage tant devant lu et les anges que de ant les hommes, que nous le tenons pour nostre Dieu », ou « un tesmoignage de la grâce de Dieu envers nous, confirmé par signe extérieur, avec attestation mutuelle de l’honneur que nous lui portons ». Calvin affirme que cette définition peut s’accorder avec ce que dit saint Augustin que le sacrement « est une forme visible de la grâce invisible ». Instit. clirèt., t. IV, c. xiv, n. 1.

Les sacrements ne sont donc ni des signes vhl inefficaces, destinés à nous remettre devant les yeux les promesses de Jésus-Christ, ni des signes qui contiennent par eux-mêmes une vertu cachée et secrète. La grâce sanctifiante ne saurait être attachée à un signe sensible. Mais, c’est en vain que Calvin s’efforce de maintenir ces deux notions sur les sacrements.

Il n’admet que deux sacrements : le baptême et la cène. Ce qu’il dit de ces sacrements est contradictoire.

Le baptême.

A première vue, le baptême n’est pour lui qu’un signe, une marque « de notre chrétien I « le signe par lequel nous sommes reçus en la compagnie de l’Eglise. » lnst. chrét., 1. IV. c. xv. Il développe très nettement sa pensée sur ce point. * Le baptême nous est proposé de Dieu pour nous être signe ou enseigne de noire purgation. Il nous est envoyé' de lui comme une lettre patente signée et scellée par laquelle il nous mande, confirme et assure que tous nos p sont tellement remis, couverts, abolis et elTacés qu’ils ne viendront jamais à être regardés de lui. »

Cependant, comme s’il prévoyait l’abus qu’on fera un jour de cette notion, Calvin ajoute : I l’ai' quoi ceux qui ont osé écrire que le baptême n’est autre chose qu’une marque et enseigne par laquelle nous prott devant les hommes notre religion, ainsi qu’un homme d’armes porte la livrée de son prince pour s’avouer de lui. n’ont pas considéré ce qui est le principal au baptême, c’est que nous le devons prendre avec celle promesse que tous ceux qui auront cru et seront ba| auront salut.

a Saint Paul a pas voulu signifier notre ablution el