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CÉRÉMONIES


termilti sine peccato non possunt, nisi aliud faccre ipsa nécessitas cogal : tamen si quando omittantur, quoniam rei naturam non allingunt, nihil de vera sacramentorum ratione imminui credendum est. Calech. conc. Trident., part. II, De sacramentis, XVI. Les cérémonies de l'Église, bénédictions, consécrations, ont sans doute une efficacité réelle, voir col. 637, mais, toutes saintes qu’elles sont, elles ne contiennent ni ne produisent par elles-mêmes la vie divine, la grâce habituelle ou sanctifiante ; seules les cérémonies qui sont le rite essentiel la contiennent et la produisent par elles-mêmes, parce qu’elles sont l’instrument dont Dieu se sert pour agir sur l'âme et la sanctifier. De plus, cette sanctification n’est jamais opérée indépendamment des dispositions intérieures du sujet. Il est nécessaire, en effet, que le sujet ne mette pas obstacle à la réception de la grâce contenue dans le sacrement. L’expression ex opère operato et non ex opère operanlis ne s’applique donc qu'à la production de la grâce par les rites essentiels des sacrements, et elle signifie seulement que ces rites, s’ils ont été intégralement accomplis par un ministre ayant l’intention de faire ce que fait l'Église, quelles que soient ses dispositions intérieures, produisent infailliblement la vie divine dans les âmes qui n’y font point obstacle.

Jamais les théologiens catholiques n’ont enseigné que les sacrements matériellement reçus sans foi, sans prière, sans repentir, puissent être un moyen infaillible de salut. C’est toujours un péché grave, un sacrilège de les recevoir en état de péché mortel non rétracté. Voir Sacrements.

A plus forte raison l’Eglise condamne-t-elle ceux qui prétendraient qu’elle peut instituer des cérémonies qui produiraient par elles-mêmes ex opère operato dans les âmes la grâce sanctifiante, la vie divine. Quant à attendre une faveur temporelle comme effet infaillible d’une cérémonie quelconque, fût-ce le saint sacrifice ou un sacrement, parce que les rites auraient été accomplis à telle heure, dans tel lieu, tel nombre déterminé de fois, c’est la superstition dite de culte superflu ; elle a été toujours réprouvée par tous les théologiens catholiques sans exception.

2° Nous laissons de côté la question de savoir si les cérémonies de l'Église obtiennent la grâce actuelle ex opère operato. Voir col. 637. Mais nous affirmons qu’elles sont par elles-mêmes efficaces pour paralyser et, dans certains cas, empêcher complètement l’action du démon. Le créateur peut seul directement agir sur les facultés spirituelles, intelligence et volonté, mais les bons et les mauvais anges exercent sur l’homme par le iiioen des opérations sensitives, surtout de l’imagination, une grande influence, bien décrite dans les Exercices spirituels de saint Ignace (règles du discernement des esprits pour la l re et la 2e semaine).

La puissance du démon est entravée par les cérémonies de deux manières :

1. Quand elles sont un exorcisme proprement dit sous forme impérative, comme celles du baptême, instituées par l'Église pour préparer l’enfant à recevoir immédiatement et dans tout le cours de sa vie la plénitude des effets du sacrement, elles opèrent dans le catéchun operato ce qu’elles signifient : elles le soustraient au pouvoir du démon un peu connue les formalités de l'émancipation accomplies par celui qui

tout pouvoir, supprimaient les effets de l’esclavage ; voir cul. 2058 ; aussi ne doivent-elles être faites qu’une tuf le cas de nécessité, immédiatement avant le baptême. L'Église veut qu’on les supplée le plus tôt possible si elles avaient été omises. S. Thomas, Snin. Iheol., III a, q. LXXI, a. 3. Voir ExonciSMES.

2. Les prières, bénédictions et consécrations produisent aussi un eliei ex opère operato (quamvu, dit Suarez, miniulri sanctilas et meritum conferre aliquid

possit), voir col. 2057, soit en diminuant la puissance du démon dans un lieu (églises bénites et consacrées, maisons bénites), ou sur une personne, et en communiquant à certains objets le pouvoir de l'éloigner et de paralyser sa puissance (eau bénite, cierges bénits), soit en appelant les bons anges pour lutter contre lui. Ce sont bien les effets qu’expriment les formules de la bénédiction de l’eau, l’oraison de l’aspersion solennelle avant la messe du dimanche, celle de la bénédiction des appartements avant l’administration des sacrements d’eucharistie et d’extrême onction, les deux premières oraisons du rituel de l’extrême onction, les prières de la bénédiction des Rameaux, etc.

Ainsi s’expliquent les effets merveilleux souvent obtenus par les objets bénits et surtout l’eau bénite contre toutes les manifestations diaboliques. Bien que cette action ne soit pas infaillible, elle n’en est pas moins réelle, et produite ex opère operato. Cf. Suarez, De sacramentis, q. lxv, a. 4, disp. XV, sect. iv, n. 10-14.

VI. Symbolisme.

Pour concevoir une idée complète et pratique des cérémonies, il faut connaître non pas seulement ce qu’elles sont, mais encore ce qu’elles signifient. L'Église ordonne au prêtre de les expliquer pour instruire les fidèles.

Le symbolisme des cérémonies, comme celui de l’art chrétien primitif, voir t. I, col. 1999, a été l’occasion d’exagérations et d’erreurs. Le célèbre évêque de Mende, Guillaume Durand, Rational des divins offices, surcharge tellement l’esprit de multiples sens mystiques qu’il le fatigue et fait perdre de vue les grandes lignes de la liturgie. Dom de Vert, trésorier de Cluny au XVIIe siècle, se tient à l’extrême opposé. Il veut bien permettre qu’on parle du sens spirituel et mystique des cérémonies, mais il s'évertue à prouver qu’elles ont été instituées dans un tout autre but. Citons quelques exemples : « L’immersion du baptême prend son origine dans la coutume de laver les enfants au moment de leur naissance… ; il y a quelque apparence que le linge dont on s’enveloppait pour s’essuyer tourna bientôt en vêtement blanc. » Explication single, littérale et historique des cérémonies de l’Eglise, 1706, 1707. Dom de Vert fut réfuté par Longuet, qui devint plus tard évêque de Langres, Du véritable esprit de l’Eglise dans l’usage des cérémonies ou réfutation du traité de dom de Vert, et aussi par le P. Pierre Lebrun, de l’Oratoire, Explication de la messe.

Les Pères ont attaché une grande importance au symbolisme. Le discours prononcé à la consécration de la basilique de Tyr, reproduit par Eusèbe de Césarée, H.E., x, i, P. G., t. xx, col. 848-880, en est une preuve manifeste. Cf. dom Guéranger, Institutions liturgiques, Paris, 1878, t. I, c. v. Saint Augustin proteste même contre ceux qui ne voudraient voir que des faits dans les miracles de Notre-Seigneur sans s'élever aux doctrines qu’ils symbolisent : « C’est ressembler à des ignorants qui ne sachant pas lire n’admirent que la beauté des lettres d’un manuscrit. » Serm., xcviii, n. 3, De Scripturis, P. L., t. xxxviii, col. 592. On sait quelle place occupe le symbolisme dans les œuvres de saint Grégoire le Grand, un des papes qui se sont le plus occupés de la liturgie. Or. c’est précisément à l'époque des Pères que les cérémonies de la messe romaine, ont [iris peu à peu leur forme définitive. Comment croire quelles aient été ordonnées par des pontifes qui se seraient désintéressés de leur donner ou de leur conserver une signification mystique '.' Comment ne pas admettre, sinon dans tous les détails, du moins dans s n ensemble, le symbolisme qu’y reconnaissent les principaux liturgistes

du moven âge'.' Àinalaire, Dr eCClesiOSticis offlciis, P. L.,

t. cv, col. 985sq.j Raban Maur, évêque de Fulda, cité par Honorius d’Autun, Gemma animm, I. I, c. lxxxv,

/'. L., t. CLXXII, col. 571-572 ; Hildeberl de Tours, Liber de exposilione missæ ; Versus de mysli i io missfe, P, L.,