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CERDON — CEREMONIES
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ce Christ n’a eu de l’homme qu’une vaine apparence ; il n’est pas né d’une vierge et n’a pas soufï’ert : ceci rappelle le docétisme. Les âmes seules doivent ressusciter, non la chair. Le mariage est condamné comme une source de corruption. Le système aboutit à un cynisme effronté, xuvixuTépio piw, ibid., p. 502, et cela en haine du créateur, ce qui est Pantinomisme.

A ces traits généraux, l’auteur de Fhérésiologie, qui fait suite au traité des Prescriptions de Tertullien, ajoute les particularités suivantes : Cerdon rejetait tout l’Ancien Testament ; dans le Nouveau Testament, il repoussait les Actes, l’Apocalypse, les Évangiles, à l’exception de celui de saint Luc, dont il n’admettait qu’une partie soigneusement expurgée. Parmi les Épitres, il n’est question ni de celle de saint Jude ou de saint Jacques, ni de celles de saint Pierre ou de saint Jean, mais seulement de celles de saint Paul, dont il acceptait les unes dans certaines de leurs parties, dont il rejetait les autres. Prsescript., 51, P. L., t. ii, col. 70. Tous ces détails, vrais pour Marcion, peuvent, selon toute vraisemblance, également convenir à Cerdon. Le Prædestinatus, témoin quelque peu suspect, signale comme adversaire de Cerdon un saint Apollonius, évêque de Corinthe, qui l’aurait condamné avec tout un synode d’Orient, Hær., 23, P. L., t. lui, col. 594 ; l’histoire canonique de l’Église ne connaît ni ce concile, ni cette condamnation.

S. Irénée, Cont. hær., i, 27 ; iii, 4, P. G., t. vii. col. 687, 856 ; Philosophoumena, VII, ni, 29 ; X, xi, 19, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 367, 501 ; P. G., t. xvi, col. 3323, 3435 ; Tertullien, Adv. Marc, I, 2, P. L., t. ii, col. 249 ; pseudo-Tertullien, Prxscript., 51, P. L., t. ii, col. 70 ; S. Épiphane, Hær., XLI, P. G., t. xli, col. 692-696 ; S. Philastrius, Hær., 44, P. L., t. xii, col. 1160 ; S. Augustin, Hær., 21, P. L., t. xi.tr, col. 29 ; Prædestinatus, 23, P. L., t. lui, col. 594 ; Théodoret, Hxret. fàbul., i, 24, P. G., t. lxxxiii, col. 373 ; Massuet, Dissertation.es, diss. I, a. 3, P. G., t. vii, col. 151 ; Tillemont, Mémoires, Paris, 1701-1709, t. ii, p. 274 ; Duchesne, Les origines chrétiennes (lith.), p. 107-168 ; Smith et Wacc, Dictionary of Christian Biograplnj ; Kirchenlexikon, t. tu, col. 13-14 ; Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques, Paris, 1885 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques. Bio-bibliographie, 2° édit., col. 838.

G. Bareille.

    1. CÉRÉMONIES##


CÉRÉMONIES. —I. Définition et utilité en général. IL Raison d’être et but spécial. III. Origine, développements et changements. IV. Légitimité. V. Efficacité ex opère operato. VI. Symbolisme. VII. Influence sur : 1° l’architecture ; 2° la vie d’oraison ; 3° les habitudes religieuses ; 4° la civilisation.

I. Définition et utilité en général.

Dans le sens large, toutes les cérémonies religieuses sont l’expression du culte divin. Elles traduisent en signes sensibles les actes d’intelligence et de volonté par lesquels l’homme proteste de sa foi en Dieu. L’adoration et la prière mentale ne suffisent pas ; l’homme n’est pas seulement esprit, mais esprit destiné à ne former qu’un « tout naturel » avec le corps et à vivre en société. A ce titre, il doit à Dieu un culte sensible et social. En fait, aucune religion ne s’est contentée d’un culte purement intérieur ; les plus opposées aux cérémonies ont au moins admis la prière vocale et les gestes ; c’est admettre en principe la légitimité des cérémonies les plus solennelles, puisqu elles se réduisent toutes à des paroles accompagnées d’actes extérieurs.

C’est ce que reconnaissent les 39 articles de l’Église anglicane. Après avoir affirmé que « chaque Église par ticulièrea autorité pour ordonner, changer et abolir les iN ajoutent : « Si le service M’11’nous’l' ons à Dieu implique raisonnablement des actes extérieurs du culte, ees actes extérieurs doivent être accomplis d’une manii re déterminée, c’est-à-dire, il doit y avoir certaines formes extérieures, certaines cérémonies d uis le culte que nous devons à Dieu, el li s sectes des quakersqui ontprétendu le nieront prouvé parles bizarres

cérémonies qui leur sont particulières que quelque chose de cela est nécessaire même pour cette sorte de christianisme. Mais de même que cela est nécessaire, de même est-il avantageux d’observer des cérémonies religieuses clignes et ordonnées, n Le Cyclopedia of biblical, etc., de M c Clintock, art. Cercmony, NewYork, 1891, fait aussi remarquer que, sans les cérémonies, la religion pourrait se conserver dans un petit nombre d’intelligences d’élite d’une grande puissance de réllexion, mais que, dans la masse du genre humain, toute trace en serait vite perdue. Dans le sens strict, cérémonie signifie tout ce qui a été ajouté au rite essentiel du sacrifice et des sacrements, c’est dans ce dernier sens que nous l’entendons.

II. P.aison d’être et BUT spécial. — L’Église, en instituant les cérémonies, a continué l’œuvre divine de l’incarnation et des sacrements ; elle a revêtu d’une forme sensible les réalités inaccessibles aux sens, ut dum visibilité )’Deum cognoscimus, per hune in invisibilium amorem rapiamur. Préface de Noël.

Le but des cérémonies de l’Église en général est le même que celui qui a été assigné par saint Thomas aux cérémonies du baptême : « 1° Exciter la dévotion des fidèles et leur respect pour le sacrement. Si, en effet, on se contentait d’une simple ablution sans aucune solennité, certains en arriveraient facilement à penser que ce n’est qu’une ablution ordinaire ; 2° Instruire les fidèles. Les simples qui ne s’instruisent pas avec des livres ont besoin de l’être par des signes sensibles comme les peintures et autres choses de ce genre et, ainsi, ce qui se pratique dans l’administration des sacrements, les instruit ou les excite à s’instruire en s’enquérant du sens des signes. C’est pourquoi, comme il leur importe de connaître, outre l’effet principal du sacrement, d’autres doctrines relatives au baptême, il convenait qu’elles fussent représentées par des signes sensibles 3° Entraver, par des prières et des bénédictions, la puissance du démon pour enlever les obstacles à l’effet du sacrement. » Sum. theol., III a, q. lxvi, a. 10. Après le concile de Trente, sess. VII, can. 13 ; sess. XXII, c. v, vu, viii, le catéchisme de ce concile expose la même doctrine. Part. II, De sacramentis, xvi.

III. Origine, développements et changements. — Dès l’origine, l’Eglise a institué des cérémonies ; elle les a peu à peu complétées au cours des siècles, tantôt en approuvanldescoutumes locales, diocésaines, nationales, tantôt en prenant elle-même l’initiative ; elle les a précisées de siècle en siècle et consignées dans ses livres liturgiques de plus en plus explicites et de plus en plus développés. Les décisions des Congrégations romaines, et en particulier de la S. C. des Rites, les interprètent et les modifient selon les circonstances. Dans l’état actuel de la discipline, l’Église romaine s’est réservé à peu près exclusivement le droit de les établir, de les compléter, de les modifier, de les préciser.

Quelles qu’aient été les formes dill’érentes suivant lesquelles l’Église a établi des cérémonies, elle l’a fait constamment en vertu du pouvoir que lui avait conféré son divin fondateur. Jésus-Christ, en effet, après avoir institué l’Église comme société religieuse, lui a laissé le droit et le soin d’organiser le culte en esprit et en vérité qu’il voulait faire rendre « à son Père par l’humanité régénérée. Les théologiens discutent pour savoir dans quelle mesure NotreSeigneur a déterminé lui-même les rites essentiels des sacrements et la part qu il a laissée à son Église dans cette détermination. Voir Sacrements. Tous s’accordent à reconnaître que l’Église a déterminé elle-même les nies accessoires et les cérémonies qui accompagnent les rites essentiels. Nous n’avons pas l’intention d’exposer ici l’histoire des cérémonies ecclésiastiques. Rappelons seulement que, par

il | l’institution divine de la Synagogue, par con uibnce pour ses derniers fidèles, la transition entre les cérémonies de l’ancienne loi et celles de la