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CALVIN

Supplication de ceux </ » i, m diverses province », invoquent le nom de Dieu suivant la règle de la piété. En revanche, les variations religieuses et les mœurs du roi de Navarre, Antoine de Bourbon, lui causent mille souci*, el Bnissent par provoquer bob indignation ; il écril il<' lui qu’il est toul à Vénus, totus est venereus.

Calvin n’assista point en personne au fameux colloque de Poissy, en 1561 ; le Conseil de Genève refusa de le laisser partir, « soit, dit Bossuet, Bitt. des variations, I. IX, ii. 91, qu’on craignit d’exposer & la haine publique le chef d’un parti si odieux ; soit qu’il crût ..h honneur fût mieux conservé en envoyant pies, el conduisant secrètement l’assemblée de Geu M-, où il dominait, que s’il se fût commis lui-même. » A la sollicitation de Coligny, du roi de Navarre et de Catherine de Médicis, il envoya celui que l’on commençait à considérer comme son futur successeur, Théodore de Bèze. Ce fut Calvin qui rédigea la réponse du Conseil de Genève au roi de Navarre.

Dans une lettre à Coligny, il l’incite à profiter des dispositions favorables que manifestait alors la régente Catherine de Médicis pour la déterminer à protester contre le concile de Trente avec la reine d’Angleterre, les princes d’Allemagne et les Suisses. Le plan de Calvin échoua ; mais la tolérance de la reine mère assura de nouveaux succès à la propagande protestante ; le prince de Condé put alors réclamer, au nom de deux mille cent cinquante Églises, le droit de bâtir des temples ; l'édit de janvier 1562 accorda en fait aux protestants la liberté de conscience et de culte.

Cependant les violences se multipliaient et tout annonçait la guerre civile ; quand elle eut éclaté, Calvin cette fois approuva la résistance armée ; lorsque le prince de Condé, menacé dans Orléans, sollicita le secours des protestants d’Allemagne et de Suisse, Calvin appuva vivement cette demande ; il soutint non moins vivement une demande des protestants de Lyon ; il écrivit aux Églises du Midi pour les presser de trouver l’argent nécessaire à la solde des Allemands recrutés par d’Andelot. Notons à son honneur que Calvin blâma les horribles excès du baron des Adrets (15(12).

Aprela bataille de Dreux, 19 décembre 1562, Calvin dut prêcher aux protestants français la soumission à la volonté de Dieu, et il écrivit à ce sujet une lettre au gouverneur de Lyon, M. de Soubise. L'édit de pacification d’Amboise (19 mars 1503), qui garantissait à tous les réformés la liberté de conscience, mais à la haute noblesse seule et en certains lieux la liberté du culte, excita son vif mécontentement. Il traita le prince de Condé de misérable qui avait « trahi Dieu en sa vanité ». La Réforme ainsi cantonnée devait n’avoir plus qu’un rayonnement restreint et apparaître de plus en plus au peuple comme la religion de l’aristocratie. L’année suivant ! '. 1564, Condé, oubliant son parti dans les délices de la cour, s’attirait de nouveau les admonestations de Calvin.

Le réformateur touchait alors au terme de sa vie. Les grandis affaires du protestantisme français ne l’avaient pas absorbé' tout entier. Il avait beaucoup écrit. Quelques-uns de ses ouvrages sont encore des cris de guerre : Réformation pour imposer silence <i un certain belistre nommé Ant. Cathelan /ml, s tard, -lier d’Albigeou français, 1556) ; '-' défense contre Westphal (1556, en latin) ; Dernier avertissement nu même (1557, en latin) ; Réponse aux questions de Georges Blandrata (1558, en latin) ; Félicitation à Gabriel de Saconay[ 1560, en latin : Réponse aux invectives de Baudoin (1561, en latin) ; L’impiété de Valentin Gentilis découverte, etc. (1561, en latin). Outre les œuvres de polémique, on doit citer les commentaires sur l’Ancien Testament ; m 1557, les Psaumes et le prophète Osée ; en 1559, les douze petits prophètes ; m 1561, Daniel ; en 1563, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Dtutérouome. Jérémie ; eu 1501,

Jo-ué. Plusieursdeeeseornmentaircsne furent p : i<= écrits par lui, mais recueillis dans ses leçons pu iliquea par Charles de Jonvillien taire, et Jean Budé i

mêmes années virent aussi paraître plusi sermons, également recueillis par les disciples de vin, mais publiés so > Une pn mi< sur l'Épltre aux Calâtes, avait déjà paru en 1558 ; la deuxième, sur deux chapitres de la D’aux Corinthiens, est de 1558, ainsi que la troisième, recueil de discours sur divers sujet- ; en 1562, cinq série<. dont une de soixante-cinq discours sur les trois premii ilesj

en 1563, une série sur les deux 1. pitres à Timothée et une sur h ? livre de.lob. Ces dernierdiscours ont eu une grande réputation ; Colignv se les faisait lire et relire.

Dans ses Commentaires et dans -es Sermons, Calvin se trouvait avoir commenté et traduit, vei une grande partie de la Bible ; il se servait du texte d’Olivétan et le corrigeait ; il n’avait cependant jamais pulitié de traduction française nouvelle ou revisée du texte de la Bible ; l’idée vint à l’un des éditeurs des Opéra Calvini, M. Reuss. de rapprocher tous les passagetraduits par Calvin et d’en faire ce qu’il a appelé la Bible française de Calvin ; le travail que Reuss avait préparé fut publié par H. Erichson dans les t. lvi et i.vn des Opéra Calvini, du Corpus reformatorum. La Bible française de Calvin comprend : les cinq livres de Moïse et le livre de.losué. les Psaumes, Job, Isaïe, les Évangiles, les Actes et les Épitrea.

Calvin avait voulu assurer après lui la perpétuité de son enseignement ; à cet effet, il avait fondé, leôjuin ' l’Académie de Genève, composée de cinq professeurs, deux de théologie, un d’hébreu, un de grec, un de philosophie. Au même moment, il ouvrait le collège de Genève.

La santé de Calvin était depuis longtemps mil en 1559, il fut gravement malade ; vers le milieu de 1563, il commença de décliner rapidement ; le 6 février 1564, un vomissement de sang le fit descendre de chaire pour n’y plus remonter ; le 2 avril, il se fit porter au temple et reçut la cène des mains de Théodore de Bèze ; le 27 et le 28 avril, il fit ses adieux aux magistratet aux teurs de la cité ; Farci, âgé de près de quatre-vingts ans. vint à Genève au commencement de mai pour le revoir encore une fois ; Calvin rendit le dernier soupir le 27 mai 156I ; il n’avait pas cinquante-cinq an-. « C’est une faiblesse, dit Bossuet, Histoire des variations, l. X, n. 57, de vouloir trouver quelque chose d’extraordinaire dans la mort de telles gens. Dieu ne demie pas toujours de ces exemples. Puisqu’il permet lc< I sies pour l'épreuve des siens, il ne faut nner

que, pour achever cette épreuve, il laisse dominer en eux jusqu'à la fin l’esprit de séduction avec touti bi lies apparences dont il se couvre ; et. sans m’informer davantage de la vie et de la mort de Calvin, c’en est asseï d’avoir allumé dans sa patrie une Damme que tant de sang répandu n’a pu éteindre, et d'être allé comparaître devant le jugement de Dieu sans aucun remords d’un si grand crime. »

Bien des jugements ont été portés sur Calvin qu’il serait intéressant de reproduire ici. Les uns. parmi les catholiques, ont cru devoir, malgré le sage avis d< -net, charger celui qui a fait tant de mal à l'Église de tous les péchés d’Israël et accepter, les yeux fernv calomnies dont on était si prodigue au svP siècle.t qui n’ont épargné peu pus aucun des personnages mêlés aux grandes luttes de l'époque ; Audin en est le type fâcheux ; d’autres, parmi les protestants, et en particulier le dernier historien de Calvin, M. Donmergue, si érudit qu’il soit, sont tombés dans de l'école légendaire et naïvement admirative qu’ils reprochent justement à certains hagiographes catholiques : tel un dévot franciscain parlant de saint François d’Assise. Parmi ceux que ne dominent point les