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CELSE — CENALIS (CÉNEAU)


nature et l’accomplissement des prophéties, sur la possibilité, la réalité et la valeur démonstrative des miracles, sur l’excellence et l’efficacité de la morale chrétienne, sur la divinité de Jésus-Christ et de son Eglise ; de sorte que l’historien des origines chrétiennes, le théologien, l’apologiste ont tout avantage à connaître J’attaque la plus complète qui ait été dirigée contre le christianisme au n c siècle et la réfutation dont elle fut l’objet au m 8.

Celse pèche par défaut de respect et de mesure et par excès de raillerie et d’invectives ; Origène l’appelle parfois un bouffon, un insulteur de carrefour, fSo)u.o), o’xoî-Cont. Cels., i, 39 ; ni, 22, col. 733, 94k II pèche surtout par une absence totale de convictions fermes en matière philosophique et religieuse. Selon les besoins de sa cause, il argumente tantôt avec Epicure, tantôt avec Platon, auquel il emprunte ce que l’on peut opposer de moins déraisonnable à l’enseignement chrétien. Cont. Cels., iv, 1-20, col. 1025 sq. On sent qu’il n’a en définitive, pour le maintien du culte établi, que des raisons d’ordre politique. Trop souvent ses attaques manquent de justice et de vérité ; et faute parfois d’avoir de bons arguments à faire valoir ou d’en connaître, il tombe dans des pauvretés. Cont. Cels., VI, 71, col. 1409. Les contradictions abondent sous sa plume ; il traite les magiciens d’imposteurs et écrit contre la magie, mais au fond il y croit, Cont. Cels., I, 08 ; iv, 81, 82 ; vi, 38-41 ; vii, 3, 9 ; viii, 60, col. 788, 1153, 1150, 1333-1357, 1424, 1434, 1608 ; et il l’invoque pour expliquer les miracles de Jésus-Christ, Cont. Cels., i, 68 sq. ; n, 46, col. 788 ; il traite de superstitions les principaux rites du paganisme, mais il défend les contes absurdes de la mythologie pour rabaisser le caractère des Livres saints, Cont. Cels., ni, 26 sq. ; viii, 52-60, col. 952 sq., 1593 sq. ; il blâme l’emploi de l’allégorie dans l’interprétation de l’Ecriture, mais il se hâte d’y recourir pour expliquer certaines crovances païennes, Cont. Cels., i. 17, 18 ; iv, 38, 48, 50, ~51 ; vi, 29, col. 692, 693, 1088, 1105, 1109, 1111, 1337 ; il écarte du récit évangélique tout ce qui le gène ou sert à prouver la divinité de Jésus-Christ, mais il se sert de l’Évangile pour combattre le christianisme. Cont. Cels., ii, 34-37 ; vi, 75, col. 853-857, 1412. Lien qu’il connaisse la grande Église, l’expression est de lui, il met sur le même plan les s gnostiques qui sont en marge de l’Evangile et que réprouvent les chefs de l’orthodoxie. Cont. Cels., v, 59 ; vii, 53, 56 col. 1276, 1497, 1501. D’un côté il reproche aux chrétiens de dédaigner la culture de l’esprit et la science, et, de l’autre, il les accuse d’avoir emprunté leurs doctrines à la philosophie grecque. Il ne prend pas garde que la plupart de ses attaques tombent à faux contre le christianisme et ne se justifient que trop quand on les retourne contre le paganisme, comme n’a pas manqué de le faire remarquer Origène. Enfin, au bout d’un si long ell’ort, il semble convaincu de l’inefficacité de son œuvre et il promet un nouvel ouvrage pour enseigner comment doivent régler leur vie ceux qui veulent vivre selon les meilleurs principes. Au fond, ce n’est ni le railleur, ni l’érudit, ni le philosophe, qui dominent en Celse, c’est le politique. En accordant que chacun doit suivre la religion de son t. Cels., v, 25, 23 ; viii, 72, col. 1217, 1221, l’autonomie religieuse appartient de droit à quiconque peut justifier d’un culte nalional et traditionnel, Cont. Cris., v, 25, col. 1217, il formule la polilique romaine qui respectait les habitudes religieuses lys conquis. Il ne comprend rien aux tendances l’Kglise, à sa catholicité, et y voit une Impossibilité. (. viii, 72, col. 1624. Il en est

au poinl de vue césarien, d’après lequel le prince, maître absolu de ses sujets, est snmmus pontifetB en temps qu ce qui réduit la religion à

innexe du pouvoir civil, qu’un simple

rouage administratif. Quant à son ton de souverain mépris pour une secte qu’il prétend si vite, il y a lieu de s’étonner qu’il ait dépensé tant d’efforts pour la combattre, et l’on n’est pas peu surpris de voir sa virulente polémique aboutir à une transaction, ou plutôt à un appel à son concours en faveur de l’État menacé. C’est une preuve que déjà, vers la fin du règne de Marc-Aurèle, l’Église n’est pas une quantité négligeable. Malgré les calomnies populaires, malgré le dédain des savants et les attaques des écrivains, malgré les abus de la force, l’Église vit, se propage, progresse, s’impose à l’attention des lettrés et des politiques ; elle réclame sa place au nom de la liberté, et, mieux encore, au nom de la vérité qu’elle prétend posséder ; cette place lui est encore refusée : elle linira par la conquérir, mais d’ores et déjà l’État doit compter avec l’Église.

La source principale à consulter est Origène, Contra Celsurn, t. VIII, P. G., t. xi, col. 641-1632 ; une nouvelle édition a été publiée par P. Kœtscliau, Origenes Werke, Leipzig, 1899, t. i, p. 51-374 ; t. ii, p. 1-293 (Die griechisclten christlichen Schriftsteller der ersten drei Jahrhunderte). — Philippi, De Celsi, adversarii christianorum, philosophandi génère, Berlin, 1836 ; Jachmann, De Celso philosopho, 1836 ; Bindemann, Ueber Celsus und seine Sehrift gegen den Cliristen, dans Zeitschrift fur die historische Théologie, 1842, fasc. 2, p. 58-146 ; Kellner, Hellenismus und Christenthum, 1865 : Th. Keim, Celsus’wahres Wort, Zurich, 1873 ; B. Aube, Histoire des persécution. t. La polémique païenne à la fin du // siècle, Paris, 1878, p. 158-425 ; K. Fabre, Celse et le Discours véritable, Genève, 1878 ; Freppel, Origène, 2- édit., Paris, 1888, t. ii, p. 244-412 ; E. Pélagaud, Celse et les premières luttes entre la philosophie antique et le christianisme naissant, Paris, 1879 ; Funk, Die Zeit des waliren Wortes von Celsus, dans Theolog. Quartalschr., 1886, t. lxviii, p. 302-315 ; F. Vigouroux, Les Livres saints et la critique rationaliste, Paris, 1886, t. i, p. 139-157 ; Heine, Ueber Celsus’ « .rtv.ç Xôyoç, Berlin, 1888, p. 197-214 ; K. Neumann, Der rômische Staal und die allgemeine Kirche, Leipzig, 1890, t. i, p. 265 ; Ri itschau, Die Gliederung des 4>., , 0r, < ; liyo ; des Celsus, dans lahrb. fur protest. Théologie, 1892, t. xviii, p. 604-632 ; A. Harnack, Geschichte der altchristlichen Litteratur, Leipzig, 1893-1897, t. I, p. 377 ; Hort, Six lectures on the antenicene Fathers, Londres, 1895 ; Bardenhewer, Patrologie, 2’édit., Fribourg en-Brisgau, 1901, p. 130-131 ; édit. franc., t. I, p. 254-256, 269 ; Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques, Paris, 1885 ; Smith et Wace, Dictionary of Christian biography, Londres, 1877-18N7 ; Kirchenlexikon, Fribourg-en-Briegau, 1880 ; Peloux, Celse et sa polémique contre la divinité de Jésus-Christ, Montauban, ÎS.’-S ; Patrick, The apology of Origen in replyto Celsus, Edimbourg et Londres, 1892 ; voir aussi les prolégomènes do l’édition de Kœtscliau, Origenes Werke, t. I, p. xxii-i.xxiv. On trouvera une bibliographie plus développée dans Realencyclopàdie fur protest. Théologie und Kirche, 3’édit., Leipzig. |n ; 17, t. iii, p. 772-773.

< ;. Ba.reii.le.

    1. CENALIS (CÉNEAU) Robert##


CENALIS (CÉNEAU) Robert, évoque d’Avranches, controversiste et historien, né à Paris en 1483, fut reçu docteur de Sorbonne (1513), nommé par François 1 er évéque de Vence (1523), transféré à Riez (1530), enfin à Avranches (1532), mourut à Paris le 27 avril 1560 ; son tombeau, surmonté d’une statue de bronze, se voyait, jusqu’à la Révolution, en l’église Saint-Paul. A son époque, les doctrines luthériennes et calvinistes commençaient à se répandre en France, el Céneau se montra un de leurs adversaires les plus empressés, dans une série d’ouvrages de controverses, aux titres parfois bizarres, selon le goût de ce temps, au style prétentieux et diffus. Pourtant leur réelle érudition lui valut une grande réputation. Il publia successivement : Les statuts synodauxdu diocèse deRiez ; Axioma catholicum (sur la pré sence réelle), 1534 ; Pro luendosacro cœlibatu, 1545 ; lie matrimonio mosaico perlegem evangelicam refutato, 1544 ; De utriusque gladii facultate usuque legitimo, 1546, 1558 (en réponse à un ouvrage anglais refusant toute juridiction à l’Eglise, il y établit les droits du pouvoir spirituel et temporel) ; enfin, pour réfuter l’intérim de la diète d’Augsbourg(15181 : I ntidotum ad postulala de Intérim, 1548 ; contre les calvinistes : Traditxo larva phantictepetulantissimtequeimpietatiscalviniacte,