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CELSE
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contraire i la nature el à la raison : il est Impossible. Quant aui faits miraculeui relatés dans l’Évangile, ou bii ii il en suspecte la réalité sous prétexte qu’ils ne sont pas suffisamment constatés ou que le témoi( ! sur lequel ilreposent ne mérite pas créance, ou bien il les accepte, mais -ous bénéfice d’inventaire et en leur refusant toute valeur démonstrative, Cont. Cela., i, 6, col. Oti*. ilrappellent trop les prestiges des magiciens ou les l’aitextraordinaires dont la mythologie est pleine, Cont. Cels., iii, 22-311, col. 944-972, et ne prouvent pas davantage. Cont. Cels., i, 38, 68 ; ii, 18, col. 735, 788, 869. Ji sus n’est qu’un thaumaturge au même titre que les autres ; ses prestiges, il ne lésa opérés qu’au moyen de la magie. Cont. Cels., I, 6, 38, col. 668, 733. Les historiens de ces miracles acceptent trop facilement des témoignages suspects ; nous avons déjà signalé celui qui atteste la résurrection île Jésus ; ils ne s’accordent pas entre eux et ils sont trop ignorants pour qu’on ajoute foi à leur parole ; il n’appartenait qu’à la science grecque de juger l’Évangile et ses faits miraculeux. Cont. Cels., I, 2, 02, col. 65(5, 770. Ce sont des témoins à la fois dupes et fourbes. Cont. Cels., II, 26, col. 8l.">. Dupes et fourbes ! deux tenues contradictoires et qui s’excluent, observe avec raison Origéne.

Oise a beau nier la possibilité des miracles, il y croit puisqu’il rappelle ceux du paganisme. S’il dénie à ceux-ci toute valeur démonstrative, c’est pour la dénier à ceux-là. On sent trop un esprit prévenu ; la comparaison qu’il fait des miracles de l’Évangile avec les prodiges de la mythologie est le fruit de cette prévention. Ici, comme pour les prophéties, Celse commet une erreur d’appréciation, trop intéressée pour être sincère. Mieux eût valu rejeter les miracles en bloc, puisque aussi bien il refusait de reconnaître aux récits évangéliques une valeur historique quelconque. Mais à vouloir les discuter, il devait y apporter plus de sincérité. Quant à réclamer le contrôle de la science grecque, personne ne songeait à l’en empêcher ; l’histoire écrite était là ; mais, cette histoire, Celse n’a pas voulu l’admettre. On sait combien d’imitateurs il a eus dans la suite.

7. Contre les chrétiens.

Celse a promis de dire ce que sont les chrétiens ; il en a déjà parlé au début de son Discours ; il y revient et accumule les traits. Les disciples du Christ sortent d’un milieu juif ; ce sont des apostats du judaïsme, qui ont abandonné Moïse pour suivre un autre juif, aussi charlatan que le premier. Qu’enseignent-ils ? Rien de bien précis, car ils ne s’entendent guère entre eux. Il y a ceux de la grande Église, o ! xkq iis-fàlr^ È-Lx).rj<jta< ;, Cont. Cels., V, 59, col. 1276 ; il y a ceux qui ont frauduleusement introduit des nouveautés dans les livres sibyllins, Cont. Cels., vu. 53, 56, col. 1497, 1501 ; il y a encore des simoniens, des marcellicns, des carpocratiens, des marcionites ; et tous sont en désaccord complet les uns avec les autres. Ils prétendent imposer la foi d’autorité, une foi aveugle, irrationnelle, Cont. Cch., i, 9, col. 672 ; ils cherchent à agir sur les femmes et à s’emparer de l’instruction des enfants, Cont. Cels., iii, 55, col. 993 ; ils fuient la lumière, redoutent la science et les hommes de savoir. Aussi s’adressent-ils de préférence à des gens grossiers. ignorants, incapables d’une instruction sérieuse. Cont. C-ls., iii, 55 ; vi, I i, col. 993, 1309. Ils les troublent parties maléfices plutôi que par des raisons, frappent leur imagination par la terreur ou l’espérance. Singuliers docteurs qui l’ont île la propagande parmi les faibles de l’esprit ou de l’âge et ne se recrutent que parmi des pécheurs ! El singulier Dieu que le leur, ami des déclassés, des pauvres, des misérables, des scélérats, né’d’une femme, comme si cela était possible, et

envoyé sur la terre où il a été cruellement mis a mort ! A vouloir un Dieu, ils n’avaient que rembarras du choix parmi tant de personnages qui ont donné des

preuves de grandeur, d’héroïsme, de vertu. IN n’ont ni

autels ni statues ; ils accusent les démon dans nos simulacres ; ils répugnent à prête :

0l( nuit.’- et.i i faire

ommensaux des démons, et ils honorent IIoui une foi invincible et préfèrent la mort a I tasie ; mus cette foi courageuse se trouve également parmi les païens. Ils croient à une di mais c’est un emprunt aux mythes du

Champs Élysées. Ils croient surtout à i des corps, ce qui est une chose impossible ; mais ils ne font que défigurer la métempsyi

point protégé, les juifs, comme ils s en nattaient, il ne protège pas davantage les chrétiens : c’est un impuiou un indiflérent. Knlin les quelques vérités qu’ils possèdent ont été- bien mieux formulées, entre autres par Platon, qui n’avait pas du moins leur suflisan ne se donnait pas pour le porte-parole de Dieu. ConL Cels., i, i ; vi. i. col. 661, 1289.

H. Conclusion. — Quelle pouvait être la conclusion d’une telle attaque, où le christianisme est condamné dans ses sources historiques, dans la personne de son fondateur, dans le recrutement et la propagande de ses parti-ans, dans son enseignement sur la question des origines et des fins dernières.’Pas d’autre, semble-t-il, que de déclarer la religion chrétienne hors la loi, puisqu’on la disait hors la nature et hors la raison. 11 n’en est pourtant pas ainsi. Celse ne se retranche pas derrière le principe, invoqué tout à l’heure en faveur des juifs, pour laisser au christianisme la liberté de sa foi et de son culte, à titre de religion nationale et traditionnelle ; mais, par une inconséquenc nent révélatrice, il paraît oublier tout ce qu’il vient de dire et entre en pourparler avec lui. Le polémiste pose les armes et cède la parole à l’homme d’État ; il abandonne le terrain religieux pour le terrain politique et cherche à négocier une entente. L’empire est massacré par les barbares ! Que les chrétiens se montrent bons cito ; qu’ils ne se tiennent pas à l’écart des fonctions civiles et du service militaire ; qu’ils apportent un concours généreux à la défense de la cause commune !

III. Appréciation.

Tel est le résumé du Discours véritable. Celse y a semé à pleines mains l’ironie, la raillerie, l’invective ; il y a parlé au nom de l’histoire, de la critique, de la philosophie, de la science et de la politique ; il y a tout attaqué dans le christianisme origines bibliques, ses sources évangéliques, son fondateur, ses part sans ; en un mot il a plaidé à fond et par là il se met bien au-dessus de ses contemporains. œuvre ne manque pas d’ampleur : elle offre tous les échantillons de la polémique que les jges suivants ne renouvelleront guère et où l’on ne cessera de pi. on croirait même y entendre parfois l’accusation qui, depuis le xviii’siècle jusqu’à nos jours, a défr.e guerre contre le christianisme : écho des sentiments professes par les lettrés et les philosophes du r siècle, elle traduit encore la pensée intime île beaucoup de ceux qui, de nos jours, ne veulent pas de l.i religion du Christ ; c’est dire son intérêt rétrospectif et actuel.

Or, comme nous l’avons déjà remarqué, on n’a pas de preuve qu’à son apparition le Discours véritable ait produit quelque effet. Vers le milieu du IIP siècle, Origène « ’prouva une certaine répugnance a le réfuter, le silence lui paraissant plus convenable ; s’il se n -igné a écrire ses huit livres xiti Ké> ?ov. ce n’est point qu’il juge l’œuvre dangereuse pour les vrais croyants, mais simplement par égard pour les esprits indécis ou de foi vacillante alin de les mettre en garde contre lesurprises de la calomnie. Sa réponse contient éléments les plus précieux qui forment comme une petite somme théologique. On y trouve, en effet, l’esqt de la thèse sur l’authenticité et la valeur historiqui hues de l’Ancien et du Nouveau Testament, sur la