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de tous les corps saints et reliques qui sont tant en Italie qu’en France, etc. (on français, puis en latin) ; le Petit traité montrant que c’est que doit faire un homme fidèle connaissant la vérité de l’Evangile quand il est entre les papistes (en français) ; en 1544, l’Excuse à Messieurs les nicodemites sur la complainte qu’ils font de sa trop grande rigueur (en français, puis en latin, 1545) ; la Driève instruction pour armer tous bons fidèles contre les erreurs de la secte commune des anabaptistes (en français) ; en 15H et 1515, l'écrit intitulé : Aux ministres de Neufchdtel contre la secte fanatique (dans l'édition de 1515 fanatique devient fantastique) et furieuse des libertins qui se disent spirituels (en français) ; en 1515, les Scholies sur l’admonition paternelle de Paul III à l’empereur Charles-Quint (en latin) ; la Défense de Farel et de ses collègues contre les calomnies du théologastre Caroli (en latin).

Les années 15't6-1555 virent publier tous les commentaires de Calvin sur le Nouveau Testament ; en 1546 et 1547, les deux Épitres aux Corinthiens ; en 1518, Épitres aux Galates, aux Ephésiens, aux Philipçiens, aux Colossiens, et les deux à Timothée ; en 1549, Épitre à Tite et Épitre aux Hébreux ; en 1550, Epitre de saint Jacques et les deux aux Tbessaloniciens ; en 1551, Épitres de saint Jean et de saint Jude, et nouvelle édition de toutes les Épitres de saint Paul ; en 1552, les Actes ; en 1553, les Évangiles. L’Ancien Testament ne vint qu’après, sauf Isaïe, en 1551, et la Genèse en 1554.

La publication des commentaires fut plusieurs fois interrompue par des écrits que réclamaient les circonstances ; en 1547, il écrit, en français, à l’Eglise de Rouen contre un franciscain de la secte des libertins ; en 1517, contre le concile de Trente, Acta stjnodi Tridentinæ cun> antidoto (en latin) ; en 1549 contre l’Intérim, qu’il attaque dans son Intérim adultero-germanum, publié ensuite en français sous le titre de : Deux traités louchant la réformalion de l'Église, et le vrai moyen d’appointer les différens qui sont en icelle ; la même année, en français, Avertissement contre l’astrologie qu’on appelle judiciaire, et autres curiosités qui lignent aujourd’hui dans le monde ; en 1550, Traité des scandales qui empêchent aujourd’hui beaucoup de gens de venir à la pure doctrine de l’Evangile et en débauchent d’autres (en latin) ; en 1552, Quatre sermons traitant des matières fort utiles pour noire temps (en français) ; Traité sur l'éternelle prédestination, et Traité sur la vie chrétienne (en latin) ; en 1554, Défense de la foi orthodoxe sur la sainte Trinité contre les monstrueuses erreurs de Michel Servet, où il est montré qu’il est licite de punir les hérétiques (en latin, puis en français) ; Brève réponse aux calomnies d’un certain brouillon (Castellion) sur la doctrine de la prédestination (en latin) ; en 1555, Défense de la saine et orthodoxe doctrine sur les sacrements, leur valeur, leur efficace, etc., contre Westphal (en latin).

VII. Dernières années de Calvin ; son intervention

DANS LES AFFAIRES RELIGIEUSES DE LA FRANCE ; SES derMÊRES œuvres ; sa mort (1555-1564). — L’autorité de Calvin à Genève ne fut plus contestée après la défaite des libertins ; on le consulte sur toutes choses, affaires civiles, affaires criminelles, affaires politiques, commerciales, industrielles ; aucune loi ne se fait, aucune décision ne se prend sans lui. Sûr de sa citadelle de Genève, Calvin put d’autant plus s’appliquer aux soins que bs autres I.Jises réformées réclamaient de lui. Notons cependant qu’avant de mourir Calvin vit par deux fois, en 1560 et en 150.'}, Genève menacée. Pie IV s'était entendu, pour abattre Genève, avec le roi de France, le roi il l spagne et le duc de Savoie. Les ambitions rivales dis princes empêchèrent l’exécution de leur projet. En 1563, les libertins exilés négocièrent avec le duc de Savoie une nouvelle entreprise ; Genève, aussitôt mise eu élat de défense, ne fut pas attaquée.

Cette situation critique n’empêchait pas Genève et Calvin de troubler leurs voisins. En janvier 1561, Charles IX se plaint vivement des troubles semés dans son royaume par les prédicants venus de Genève et somme le Conseil de les rappeler. Calvin répond, au nom du gouvernement, par une lettre humble de ton, mais ferme et presque insolente dans le fond ; il se borne à dire que les prédicants sont étrangers aux émeutes et laisse entendre que l’on continuera à les envoyer. Une lettre de Calvin à Bullinger (mai 1561) nous montre comment s’organisait cette active propagande. Calvin, dans la période qui précéda l’explosion des guerres civiles, exerça la direction spirituelle des Églises de France. En 1557, il félicite l’Eglise de Paris de ce qu’elle poursuit sa marche « au milieu des craintes et des assauts » ; il la console après l’arrestation de plusieurs des membres de l’assemblée de la rue Saint-Jacques ; à son instigation, les cantons suisses et les princes protestants d’Allemagne intercèdent pour eux auprès d’Henri II ; il fait remettre au roi, au nom des protestants de France, une confession de foi destinée à réfuter les calomniée dont on les accable ; en janvier 1558, nouvelle lettre à l'Église de Paris et nouvel envoi de ministres. C’est sous l’inspiration de Calvin que se réunit à Paris, en mai 1559, l’humble et courageuse assemblée que les Églises réformées de France appellent leur premier synode national. Là furent adoptées leur confession de foi et leur constitution disciplinaire. En juin et en novembre 1559, Calvin adresse encore deux importantes épîtres aux fidèles de France.

Aussitôt après la mort d’Henri II, les progrès du protestantisme furent rapides et le protestantisme politique s’organisa avec ses chefs aristocratiques. Ceux-ci n'étaient pas d’humeur à pratiquer la patience évangélique ; au surplus, la plupart d’entre eux n'étaient mus que par leurs ambitions ; ils virent venir à eux beaucoup de mécontents, en particulier de la besogneuse et turbulente noblesse du Sud-Ouest. Les réformés allaient, à leur suite, entrer dans la voie de la violence et de la rébellion. Sur la ligne de conduite à suivre, leurs pasteurs se divisaient. L’Eglise calviniste de Strasbourg préconisait l’emploi de la force, et un banni parisien, le jurisconsulte Hotman, se llattait que tous les Guises seraient mis à mort et qu’il ne survivrait pas un rejeton mâle de cette race maudite. Jusque-là Calvin avait dissuadé les protestants français de recourir à la violence ; mais alors il ('lait évident qu’ils étaient les plus faibles. Quelle allait être maintenant son attitude ? Il n’a pas approuvé formellement la conjuration d’Amboise, en 1560 ; mais il parait impossible que Théodore de Bèz.e et les autres docteurs qui l’approuvèrent aient agi contre l’avis de Calvin. Le désaveu qu’il lit du complot après l'événement ne prouve rien : les (luises étaient vainqueurs et pouvaient l'être pour longtemps. C’est alors que Calvin écrivit à Coligny qui, lui aussi, s'était réservé : « S’il s’espandoit une seule goutte de sang, les rivières en découlleroient. Il vaut mieux que nous périssions tous cent fois que d’estre cause que le nom de chrestienté et l’Evangile soient exposés à tel opprobre. » Cependant il admettait la légitimité de la révolte, si tous les princes du sang et les parlements se prononçaient contre le gouvernement des ('uiscs. Cette concession ouvrit, comme on l’a dit, la voie aux casuistes de l’insurrection qui se contentèrent bientôt de l’approbation d’un seul prince du sang ; ils y ajoutèrent une distinction entre leurs droits comme opposants politiques et leurs droits comme chrétiens désireux de faire avancer l'Évangile ; bientôt, surtout dans les provinces du Midi, les passions déchali firent rage.

Calvin encourageail les chefs du parti ; il écrivait à Coligny ; il lui avait adressé une première lettre après

la bataille de S : i i n l-(, )ii. n I i n ; il le loua lorsque à I B8 emblée de Fontainebleau il eut ose remettre au roi la