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CÉLESTIN V (SAINT) — CÉLESTINS


se laissait arracher des permissions, des faveurs spirituelles, des décisions qui menacèrent bien vite l’Église d’une vraie anarchie. Tandis que l’ordre des ermites de Pierre de Murrone recevait avec le nom de « célestins » une constitution indépendante et une sorte de primauté sur les bénédictins ; tandis que les frères mineurs du courant « spirituel » devenaient par la grâce du pape les « pauvres ermites célestins », d’autres esprits moins faciles à discipliner, notamment les « frères apostoliques », entamaient une campagne dangereuse de prédications.

La simplicité du pape le rendait peu propre au rôle de réformateur que l’on pouvait attendre d’un moine : le fils du roi de Naples, laïque âgé seulement de vingt et un ans, fut nommé par lui archevêque de Lyon. Potthast, 23990. Clément V, dans la bulle de canonisation de Célestin, leditad régime » univcrsalis Ecclesisa inexpertus. Bourrelé d’inquiétudes de conscience, Célestin semble avoir eu de lui-même la pensée de renoncer à la tiare. Apres avoir essayé de se décharger du poids du gouvernement sur une commission de trois cardinaux, il donna suite à son projet de renonciation en dépit du mécontentement populaire et des remontrances de ses moines célestins. Les cardinaux l’encouragèrent et Benoît Gaétarii, le futur Boniface VIII, par une consultation canonique, leva tous les scrupules. Une constitution, rédigée à la demande d’un cardinal, établit qu’il était permis à un pape de se dépouiller de sa dignité. Sext., Décret., t. I, tit. vii, a. 1. Le 13 décembre 1294, Célestin lut son acte d’abdication libre et volontaire en présence du sacré collège. Sa démarche lui valut, avec les éloges de Pétrarque pour sa grandeur d’âme, les reproches passionnés de Dante pour la lâcheté qui lui inspira il gran rifiuto. lnf., iii, 59.

Benoit Gaétani devenu Boniface VIII avait lieu de craindre que son prédécesseur, entre les mains des intrigants qui le dominaient, ne revint sur son abdication et n’occasionnât peut-être un schisme. Il avait intérêt à exercer une étroite surveillance. Célestin réussit à s’enfuir à Sulmone et à gagner l’Adriatique, mais le vent l’empêcha de passer en Dalmatie ou en Grèce. Boniface, s’étant saisi de sa personne, le confina au château de Fumone près d’Anagni, où il vécut encore près d’un an et demi, dans une pieuse retraite, en compagnie de deux religieux de son ordre.

On possède quelques opuscules ascétiques attribués au pape Célestin V et imprimés à Naples par Telera en 1640. L’authenticité en est des plus douteuses. Un des biographes les plus anciens et les plus autorisés se tait sur ces ouvrages et note que son héros « peu doué de science a été choisi de Dieu ut confundat fortia ». Ces opuscules n’ont d’ailleurs aucune originalité et sont pour une bonne part de simples résumés de travaux antérieurs. Il se pourrait que Célestin eût contribué à la formation du recueil.

Potlhast, Regestapontificum romimorum, 187"), t. il, p. 11)15 ; Acta sanctorum, t. iv maii, p. 418, contenant les travaux de Jacobus Cardinalis, p. 437, de Pierre d’Ailly, p. 480, de Lelio Marino, p. 500. t.’ne des sources de cette dernière Vie écrite par i i tfarin I publiée par 1rs Analecta bollandiana, t. îx - p. t47-200(j joindre t. x (1891), p. 385-392). Autres sources dans Anale : iiana, t. xvi 1 1897), p. 393-487, dans Mura t.iii, SS. rerum ïtalicarum, t. iii, p. b.j" ; Georglus Cardinalis, t. ix, p. 54 ; Jacobus de Voragine, p. 786 ; Franc. Plpplnus, p. 966 ; i Vlcentinus, t. xi, p. 1199, 1300 ; Ptolémée de Lucques,

marna ?, t. XXVI, p. 020 ; t. XXVII, p. 471 ; t. xxviii, p. 489, 01 1 ; t. xxx, p. '>>’, 717 ; Telera Opu scula Qm1640, réimpi imés dans la Bibliotheca maxima < » ), t. xxv ; la pli uvrages généraux sur Boni fin VIII, m de ce pape. Marlnl, I itae mira it s. Pietro d< i Morone, Milan, 1640 ; Raynaldl, Annales, an. 1294, 1295 ; Wadding, Annales minorum, an. 1294 ; AnU-V cd il vi centenario delta sua’-ione,

Aipiila, 1894 (important pour le complément des sources) ; . travaux importants dans Archiv fur Lllteratur und hengeschichle des MUtelatters, 1885 gq., t. I, p, 509, 521 ;

t. ii, p. 106, 125, 308 ; t. iii, p. 525 ; t. IV, p. 2 ; dom Aurélien, La vie admirable de notre glorieux Père saint Pierre Célestin, pape cinquième du nom, fondateur de l’ordre des célestins, in-8°, Bar-le-Duc, 1873 ; Schulz, Peter von Murrone, I, Diss., Berlin, 1894 ; II, dans Zeitschrift fur Kirchengeschichtë, t. XVII (1897), p. 363-397, 477-507 ; J. Celidonio, Vita di San Pietro del Morrone Celestino papa V, Sulmona, 1896 ; Id., La nonautenticita degli Opuseula Cœlestina, Sulmona, 1896 ; à compléter par une dissertation publiée dans les Analecta bollandiana, t. XVI (1897), p. 365-392 ; t. xviii (1899), p. 34.

H. IlEMMER.

    1. CÉLESTIN DE MONT-DE-MARSAN##


6. CÉLESTIN DE MONT-DE-MARSAN, religieux capucin de la province d’Aquitaine, pendant plusieurs années lecteur de philosophie et de théologie, mort à iBordeaux en 1650, laissait plusieurs ouvrages manuscrits, dont quelques-uns furent imprimés après sa mort : Spéculum sine macula, in quo Ecclesiæ faciès in triplici statu, naturæ, legis et gratise exhibetur, Lyon, 1651 ; Claris David sive arcana Scripturse sacrée, infol. , Lyon, 1659. Il avait aussi composé un Cursus theologise in quo electissima D. Thomæ et S. Bonaventurse sacra doclrina in calenam redacta continetur, ubi videtur discors ad concordiam pro viribus revocatur, et novae quæstiones novissimis sœculis suscitatæ praclicantur, 2 in-fol., qui ne paraît pas avoir été imprimé.

Apollinaire de Valence, Bibliotheca fr. min. capuccinorum prov. Occitanix et Aquitanix, Nimes, 1894 ; Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux.

P. Edouard d’Alençon.

    1. CÉLESTIN DE SOISSONS##


7. CÉLESTIN DE SOISSONS, religieux du tiersordre régulier dans la province d’Aquitaine, dont il fut quelques années supérieur, publia, outre des Decisiones casuuni coyiscientiæ, un Compendium tlteologix moralis in quo de scientia omnibus sacerdotibus sacras peccatorum confessioncs audituris necessaria tractatur, in-8°, Paris, 1635. Wadding lui attribue encore un Tractatus de judicio regulari.

Wadding, Scriptores ord. minorum, Rome, 1650 ; Sbaralea, Supplementum et castigatio ad scriptores ord. minorum, Rome, 1806 ; Hurter, Nomenclator, t. i, p. 363 (et non pas 359 comme portent les Index).

P. Edouard D’Alençon.

    1. CÉLESTINS##


CÉLESTINS. - IOrigine et histoire. — II. Règle.

— III. Personnages illustres et écrivains.

I. Origine et histoire.

L’ordre des célestins, ainsi nommé en souvenir de saint Pierre Célestin, son fondateur, eut pour berceau le mont Murrone (1250), où le saint menait depuis quelque temps la vie solitaire. Le monastère de Majella fut promptement fondé pour recevoir les vocations qui affluaient. L’érection de la congrégation, rattachée à l’ordre de Saint-Benoît, se lit en 126Î sous Urbain IV. Les austérités et les miracles du fondateur et la popularité qu’il eut bientôt activèrent le recrutement. Des abbayes bénédictines, qui éprouvaient le besoin de se réformer, s’adressèrent à lui ou à ses disciples et entrèrent dans son ordre. Telles furent Vallebonne et Faifola. Le nombre des monastères s’éleva en dix ans au chilfre de seize. Il s’accrut surtout après l’élection de Pierre Célestin au souverain pontificat (1294). Le développement continua longtemps après sa mort et il finit par atteindre le chiffre de cent cinquante maisons, répandues principalement en France et en Italie. Philippe le Bel, qui avait une grande dévotion à saint Pierre Célestin, leur ouvrit les portes du royaume par la fondation du monastère d’Ambert,

Il y eut en Italie quatre-vingt-seize monastères. Le plus important était Saint-Esprit du mont Murrone, devenu le chef-lieu de l’ordre en 1293 ; c’est là que saint Pierre appril la nouvelle de son élection. Saint-Espril du mont Majella fut quelque temps le séjour du bienheureux i’t le centre de l’ordre. On peut riter encore les monastères de Saint-Onufre, de SainMSeorgea de Roccamorice, de Saint-Eusèbe de Rome, de Saint-Benoll i de Nursie, de Sainte-Catherine et de Saint-Michel à