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CAUSE
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causalité divine, comment Dieu ett cause efflciente, créatrice du monde, conservatrice des êtres, collaboratrice de toutes 1rs activités Dnies. Elles nous éclairent aussi, dans une certaine mesure, sur la Trinité elle-même et servent a comprendre comment au dehors la création est l’œuvre de l’Unité et non de la Trinité-, ou plutôt de la nature et non des personnes prises individuellement, et au dedans comment les personnes divines procèdent les unes des autres par voie de principe et non par voie de causalité efficiente.

V, NATURE hl. LA CAl SB BXBMP1 Uni :. — 1° La cause exemplaire résidé dans l’esprit sous la forme d’idées pratiques. Le statuaire conr.it la statue avant de l’exécuter, l’architecte pense la maison avant de la construire. Dieu avait en lui-même l’idée de chaque nature possible avant d’en réaliser aucune et de créer le monde. Cette idée qu’a tout être intelligent avant d’agir et qui contient le plan et l’ohjet de son action, c’est la cause exemplaire. Exemplaire, parce qu’elle est le prototype, le modèle, le devis de l’œuvre à réaliser ; cause, parce qu’elle agit réellement et concourt, à sa façon, à la production de l’objet. Qu’elle ait une inlluence, on n’en peut douter si l’on songe qu’en l’éteignant, on rend impossible toute action subséquente. Supprimez du cerveau du statuaire toute idée de statue, avec la meilleure volonté du momie, des outils parfaits, et un marbre des plus beaux, il sera incapable de rien produire. Supposez par impossibilité que Dieu n’ait aucune idée du monde, celui-ci ne sera pas.

2° En quoi consiste cette causalité ? Elle est intentionnelle, disent les scolastiques, c’est-à-dire d’ordre intellectuel, pour la distinguer de la causalité des causes efficientes, matérielles et formelles, qui est pbysique et d’ordre ontologique. En effet, l’idée représente un objet comme bon, une action comme utile, honnête ou agréable ; aussitôt, par la force même de la bonté contenue dans l’objet ou dans l’action prévus, un attrait s’exerce sur la volonté, celle-ci est attirée. Plus tard elle se décidera à agir, et commandera tous les actes qui aboutiront à la réalisation de l’acte pensé et à la conquête de l’objet . conçu. L’attrait est donc une action exercée par l’idée sur la volonté, c’est en lui que consiste la causalité de l’idée, laquelle produit pour premier résultat dans la volonté Yinclinalion de celle-ci vers l’objet de l’idée : attraction de l’idée produisant une inclination du vouloir ; telle est la causalité de la cause exemplaire. Elle est, on le voit, à l’origine de toute activité ; elle est le premier moment de celle-ci, la source ; elle est donc originelle et primitive ; elle provoque toute la série des opérations et des faits dans lesquels se manifestent les autres causes. C’est pour cela qu’on a souvent essaxéde ramener la cause exemplaire à toutes ces causes : en attirant la volonté, elle l’incline et la décide à vouloir, elle donne sa raison d’élre à la cause finale. La volonté, par l’impulsion de la cause finale et sous la direction de la cause exemplaire, met en branle les activités dont le jeu produit l’effet réel et constitue la causalité de la cause efficiente ; la cause exemplaire rejoint donc ici la cause efficiente qu’elle dirige dans sa marche et qu’elle excite par le moyen de la cause finale. Enfin l’agent n’a opéré qu’à la lumière de la cause exemplaire. ce sont ses traits, c’est son image, qu’il poursuit dans l’effet, et la forme de celui-ci ou cause formelle n’est que la reproduction de l’idée, par ou une parenté essentielle apparaît entre l’idée et la cause formelle.

Mais, si ces considérations établissent l’enchaînement des causes entre elles, leur coordination ou leur subordination réciproque, elles ne peinent autoriser à confondre la cause exemplaire avec aucune des autres causes. On verra à l’article IDÉES, leur existence en Dieu, leur nature, leur rôle, leur multiplicité dans la création du monde.

VI. KATUBB l’i : LA < M’.-B FINALB. — La cause exem plaire nous amène natui m à la came finale Quel ques considérations nous le prouveront et préchi du même coup la causalité spéciale a la tin.

1° L’intelligenci avons-nous dit, conçoit un bien : ce bien conçu par I esprit exerce une attraction sur la volonté et l’incline vers lui. Cette attraction constitue l’activité- même de l’idée ou de la cause exemplaire. Mais en même temps, l’inclination de la volonté- vers le bien conçu manifeste la cause finale : cette inclination, ce d ou cette volonté du bien contient donc à la fois un ellet et une cause : l’effet de la cause exemplaire et la cause finale. La volonté, désirant acquérir le bien qui lui a été montié, se tourne vers les puissances executives, vers les forces de l’être et leur ordonne d’entrer en jeu et d’aller à la conquête de l’objet de son dé-sir. L’impulsion communiquée ainsi par la volonté aux autres puissances, est la propre causalité de la fin qui a pour résultat l’activité réelle ou causalité efficiente. Celle-ci s’applique à liser dans l’ordre objectif le bien conçu et voulu ; si elle y arrive, l’homme st repose dans la possession du bien conquis, de la tin obtenue. On voit dans quel l’École disait que finis est primum in intentions et ultiininn i ?i execulione, c’est-à-dire toutes les causes s’enchaînent et leurs causalités respectives se suivent dans une série continue. La série est ouverte par l’idée et la volonté d’un but (finis in intentione), elle est donc close par la réalisation de ce but (finis in execulione). Il « ~ t dès lors facile de définir la fin : elle est un bien voulu qui détermine la volonté- à commander une série d’actes nécessaires ou utiles à son obtention. La fin ou cause finale est donc proprement le bien, non la rolition du bien qui n’est qu’une condition concomitante de la cause finale ; ni la conception ou idée du bien qui est une condition préalable de sa volition.

2° L’idée de la cause finale nait en nous de la simple expérience interne. Nous avons conscience de concevoir et de vouloir un bien, puis de mettre tout en œuvre pour le conquérir. Je conçois pour moi la possibilité d’une science et je veux l’acquérir, , 1e me mets ensuite au travail. Je consulte les savants, j’écoute les ma : j’étudie les livres, je médite les leçons reçues et finalement j’arrive à la science. Cette science voulue est un but, elle est une cause tinale. L’idée de cause finale une fois éveillée en moi, j’en constate l’existence et l’inlluence, non plus seulement en moi et sur mes actions, mais, par une induction scientifiquedéveloppéeplushant, j’en prouve la réalité dans le monde extérieur et je puis affirmer d’une façon générale l’existence des causes finales, même quand je n’en puis, ce qui arrive souvent, en déterminer la nature.

3° La finalité est interne ou externe. La première suppose que les êtres sont spécialement organisés en vue d’elle, la seconde est poursuivie en vertu d’impulsions venues du dehors. J’ai une montre fort exacte et de valeur ; elle m’indique parfaitement l’heure : cette indication est sa raison d’être, sa fin : fin intrinsèque à la montre dont le mécanisme est par sa nature ordonné à ce but. Je suis à court d’argent, j’emprunte à un ami et je lui laisse ma montre en gage : finalité extrinsèque ; la montre me sert à avoir de l’argent, mais de pal nature elle n’est pas destinée à cela, c’est une destination accidentelle et surajoutée. Certains tin.il i^ :, < prétendent qu’il n’y a, dans le monde, que des finalités extrinsèques. Leur théorie procède du cartésianisme selon lequel rien n’est nécessaire, au moins pour Dieu qui aurait pu créer les mêmes êtres avec d’autres propi et d’autres buts. La plupart des finalistes soutiennent avec raison que la finalité extrinsèque suppose la finalité intrinsèque et que chaque être est. de par sa nature, organisé pour développer certaines actixit. s. poursuivre et atteindre un but déterminé, qui est toujours au moins la conservation de l’individu, et chez h s vivants défense, le perfectionnement de l’individu et la pr.