Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/348

Cette page n’a pas encore été corrigée

2nor>

CATHOLICITE

Marc, xvi, 20. Jésus-Christ leur avait dit, do i pu lis virtuteni tupervenientis Spirittu Sancti in i eritii mihi tettet m Jérusalem et m omni Judeea et Samaria et usque ad ultimum terra. Act., i, 8. Saint Augustin, op. cit., c. sxi, col. H5, donne de ce texte ce remarquable co tentaire : Quomodo cœptttm sit ub Jérusalem et deinde processum in Judseam et Samariam et inde in totam terram ubi adhuc crescit Ecelesia, donec usque in finem etiam reliquat génies ubi adhuc non est, obtineat, Scripturis tandis ostenditur : quisquis aluni evangelizaverit, analkema sit.

e) Ces différentes prédictions concernent visiblement une seule et même religion, fondée par Jésus-Christ, celle nommément qui offre le sacrifice sans tache institué par lui, Malach., lue. cit., et qui obéit au magistère et à l’autorité de gouvernement dont il a investi les apôtres et leurs successeurs.

3. La perpétuité de la dilfusion de l’Église dans le monde résulte avec évidence : a) de ce que les prophéties de l’Ancien Testament ne contiennent aucune restriction. Daniel dit même expressément du futur royaume du Clirist : Ipsum ttabil in sternum. Ainsi saint Augustin s’adressant au donatiste Honorât, Epist., ux, n. 3, P. L., t. xxxiii, col. 190, lui demandait-il sur quoi il s’appuyait pour prétendre que l’héritage promis au Christ dans le monde entier lui avait été enlevé : Quærimus ergo ut nobis respondere non graveris quant causant forte noveris quant factum est ut Christus amitlerel hæredilatem suant per orbem terrarum diffusant et subito in solis A ; ris nec ipsis omnibus remaneret. — b) Euntes docele onmes gentes… Et ecce ego vobiscum sum usque ad consunnnatiouent sxculi. Matth., xxviii, 19, 20. En conséquence les apôtres prædicaverunt ubique, Domino coopérante, et termonem confirmante. Marc, xvi, 20. Ainsi l’assistance promise par Jésus-Christ comprenait une spéciale coopération. Celle-ci ne pouvait donc manquer de produire le résultat voulu par Dieu, la catholicité de fait, aussi longtemps que durerait la coopération divine d’où la parole apostolique devait tirer son efficacité, c’est-à-dire jusqu’à la fin des siècles.

4. Les citations patristiques faites ci-dessus et celles apportées plus haut pour justifier la notion de catholicité établissent pleinement d’après les Pères : a) que la dilfusion effective de l’Église dans tout l’univers était un fait voulu par Dieu et prédit par lui dans les Écritures ; b) que cette dilfusion universelle constitue un mode d’existence spéciale à l’Église de Jésus-Christ, à ce point que cette Église tire de là son surnom de catholique. Il s’agit donc d’une Eglise unique qui ne saurait cesser d’être répandue partout sans cesser d’être elle-même. L’unanimité de la tradition est telle qu’on est en droit de tenir cette doctrine comme théologiquement certaine.

5. Diverses difficultés ont été soulevées, soit contre l’existence, soit contre la perpétuité’de la catholicité de fait : o) L’universalité de la rédemption, a-t-on dit, consiste en ce que la volonté salviliqueet les grâces du Sauveur s’adressent à tous, car il est écrit que si tous sont appelés il y a peu d’élus. De même, et pour la même raison, la catholicité essentielle, fondamentale, apologétique, est dans la mission et dans la volonté efficace, réellement soutenue par la grâce divine, de prêcher l’Évangile à toute créature. Cf. Église, m. dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique. Cette comparaison est visiblement défectueuse. Tous les membres de l’Eglise ne seront pas sauvés ; par conséquent le petit nombre des élus, b il existe, n’empêche pas en soi que l’Église ne puisse avoir, en tous temps et en tout lieu, tonte la diffusion que demande la catholicité de fait. Or Dieu a prédit qu’elle posséderait cette diffusion universelle et les Pères ont i u principalement en vue ce fait de lu dillusion, déjà, disent-ils, réalisée de leur

temps, loi -qu’ildonnent à l’Église le nom de catholique. Quanta la libre i (opération de l’homme, elle i et n’est nullement entravée par l’infaillil il. la catholicité de fait. Dieu, dit saint Augustin répondant à pareille objection des donatisl que hs hommes feraient librement. Quasi vero neteierit Spiritut Dei futuras hominum voluntatet… ergo non hoepotiu | ivit quod I ilïbus

hominum n iebat este futui uni ? De unitaL c. ix, col. K)7. Cela n empêche pas que Dieu ne i la main à la réalisation de cette prophétie, non pas lemenl, comme le dit l’objection, en aidant de sa la volonté de l’Église de prêcher partout l’Évangile, mais encore en coopérant, Ij<la prédication de l’Église. Il est aisé de comprendre que Dieu puisse donner à la parole de ses prédicateurs une efficacité qui produise le résultat voulu et que ce résultat n’exclue aucunement la nécessaire et très libre coopération de l’homme. En effet, la catholicité de fait suppose simplement que dans le monde entier il y aura visiblement des fidèles : elle ne les détermine pas individuellement, elle n’en fixe pas même le nombre ni la répartition entre les différentes régions. Quaut à la perpétuité de la catholicité de fait, elle est simplement un corollaire de la prédiction de Jésus-Christ : Et portas inferi non <us eam. Matth., xvi. 18.

b) Pour montrer que l’Église ne devait pas toujours rester catholique, les donatisles interprétaient dans le sens d’une apostasie finale du monde les paroles de Jésus-Christ : Filins honiinis veniens, putas, in* fidem in terra’.' Luc, xviii. 8. — Saint Augustin répondait. De unitate Ecclesise, c. xv, P. L., t. xi.m. col. 420 : Tanquam dubilans hoc Dominus dixit. yeque enint ait : Veniens Filius hominis non inveniet fidem in terra, sed : Putas inveniet /idem in terra ? Cui ulique cuncta teienti et prescienti de aligna re dubitare non convenit, sed illius dubitatio nostram dubitationem figuravit propter ntulta scandala circa finem sœculi pullulanlia, hocerat quandoque infirmilas huniar na dictura.

c) On sait qu’en 359 de nombreux évêques souscrivirent à la formule arienne de Rimini et de Séleucie. Saint Jérôme dit à ce sujet : lngemutt tutus orbit et arianum se esse miratus est. Cont. Luciferian., n. 19, P. L., t. xxiii, col. 172. Il semble donc qu’à cette époque la catholicité ait fait naufrage. — On conclura différemment si l’on observe que saint Jérôme lui-même, dansl’ou cité, prend à tâche de défendre les évêques en question de l’accusation d’hérésie. De plus, ces évêques n> inaient qu’une faible partie de la catholicité. Saint Augustin, Contra Crescon., 1. III. c. iii, n. : t. P. L.. t. xi.ni, col. 497. dit en effet que l’erreur de Novat fut condamnée par plusieurs milliers d’évêques. Or. tant à Rimini qu’à Séleucie, ils n’étaient guère plus de cinq cents. Saint Athanase, faisant le recensement des Églises fidèles à la foi du concile de Nicée, déclare même que l’arianisme n’avait pour lui que quelques Églises d’Orient, paucis exceptis quæ Arii hæresim sequuntur. Ad Jovian. epist. de fuie, n. 2. P. G., t. I col. 815. D’ailleurs, la catholicité exige seulement que l’Église ait dans son sein la majorité des évêques catholiques, et non celle de tous les évêques d’ordre répandus dans toutes les seetes hétérodoxes prises ensemble. Vacant. Le magistère ordinaire de l’Eglise et tes organes. Paris. 1887, p. 85 ^T

2° L’ubiquité de l’Église s’entend au sens moral ; elle est simultanée et non pas successive. —IL ! turc et la tradition formulent avec une netteté parfaite certaines restrictions à la catholicité qu’elles attribuent à l’Église. — a) L’Église ne peut exister que 1 i l’Évangile a été prêché. Quo modo credent et quem audieriuii’Quomodo autem audient sine prs Rom, x, 11. Or l’Évangile n’aura été prêché partout que