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CATHARES — CATHOLICITE


questions historiques, Paris, 1874, t. xvi, p. 43-1 : « Ses préjugés de secte se montrent trop souvent.non seulement dans l’appréciation dus faits, mais aussi dans la facilité à les admettre lorsqu’ils sont propres à excuser les hérétiques, à les négliger ou à les présenter sous un faux jour dans le cas contraire ; » G. U. Hahn, op. cit., t. i ; I. von Dollinger, op. cit., t. I (faible ; cf. C. Molinier, Revue historique, Paris, 1894, t. Liv, p. 155-161) ; H. C. Lea, op. cit., t. I, p. 89208 ; t. H, p. 1-112, 290-315, et passim, trad. franc. Reinach, Paris, 1900, t. I, p. 100-234 ; 1901, t. H, p. 1-131, 348-378 (la question de l’albigéisme est traitée de façon superficielle) ; V. Pareto, Les systèmes socialistes, Paris, 1902, t. i ; P. Alphandéry, Les idéesmoraleschez les hétérodoxes latins au début du xiir siècle, Paris, 1903, p. 34-99 (important) ; Zucklcr, dans Realencyklopâdie, art. Neumauichaër, 3e édit., Leipzig, 1903, t. xiii, p. 762-770 ; i. Guirav.d, Le consolameutum cathare, dans la Revue des questions historiques, Paris, 1904, t. lxxv, p. 74-112. Voir en outre les autres travaux cités au cours do cet article, en particulier ceux de C. Douais. Cꝟ. 1. 1, col. 686-687 ; Schmidt, op. cit., t. 1, p. 380-391 ; A. Molinier, Les sources de l’histoire de France, 1° partie : Des origines aux guerres d’Italie, Paris, 1903, t. iii, p. 54-77.

F. Vernet.

    1. CATHARIN##


CATHARIN. Voir Politi.

CATHOLICITÉ.
I. Concept de la catholicité de l’Église.
II. La catholicité de fait, propriété et note de la véritable Église.

I.Concept de la catholicité de l’Église.

— 1° Le symbole des apôtres et les autres professions de foi nous obligent de croire « l’Église catholique », c’est-à-dire universelle. Or, ce qualificatif peut signifier l’universalité de l’Église : 1. Par rapport aux Eglises particulières qui en font partie ; en ce sens, on dit encore aujourd’hui l’Église universelle, c’est-à-dire la totalité de l’Église ; 2. quant au lieu, et l’on peut entendre par là soit que l’Eglise a la mission d’enseigner l’Évangile dans le monde entier et la vertu de produire partout des fruits : Euntes…, in mundum universum, docele, Mat th., xxviii, 19, soit que l’Eglise est réellement répandue dans tout l’univers ; 3. quant aux personnes, c’est-à-dire que l’Église s’adresse à tous les peuples sans distinction de races ou de nationalités, à tous les hommes quelle que soit leur situation sociale : Docete omnes génies, Malth., loc. cit. ; Prsedicate evangelium omni creaturæ, Marc, xvi, 15 ; ’t. quant à la doctrine, autrement dit, que l’Église possède et enseigne sans diminution aucune toutes les vdrités qu’il faut croire, lous les moyens nécessaires au salut : JDocentes eos seryare ornnia quæcumque mandavi vobis, Malth., lac. cit. ; ou bien encore que tous les fidèles de l’Église soumis au même magistère ont la même foi ; 5. quant à la nécessité d’entrer dans l’Église : Qui non crediderit condemnabitur, Marc, xvi, 16 ; 6. quant à la durée, ou la permanence de l’Eglise sans interruption jusqu’à la fin des siècles : Ecce ego vobiscum sum omnibus diebus usque ad consummalionem sœculi. Matth., loc. cit.

2° Pour déterminer quelle est, entre ces différentes espèces de catholicité, celle qui répond directement à l’article de foi : Credo Ecclesiant catholicam, il faut sairement, eu l’absence d’une définition authentique il. l’Église, consulter l’usage traditionnel. On constate alors que depuis l’origine, c’est-à-dire depuis le commencement du iie siècle, la dénomination de catholique > été constamment employée pour désigner la diffusion manifestement universelle de l’Église, une et indivisible, fondée par Jésus-Christ.

1. Sous le nom : 1e catholique, les Pères ont toujours entendu la totalité’de l’Église de Jésus-Christ et non pas meut les Églises particulières prises isolément. Saint Ignace martyr († 107), qui paraît avoir employé le nier l’épithète de catholique qui semble, il est vrai, >ir appliquée aux églises particulières quand 11 écrirait è Il -he de Smrno, .l</ Smyrn., n. 8, P. Cf., t. v, col. 714 ; fin comparuerit Christus, ibi sit niultit quemadmodum ubi C/irislus, ibi catltolica Ecclesia ;

mais dans une autre lettre, il explique que les églises particulières n’en font qu’une seule qui est répandue sur toute l’étendue de la terre : Omnes cum episcopo sentire debent ut Christus cum Pâtre sentit et episcopi per totum orbem constituti senliunt cum Christo. Ad Eph., n. 3, col. 647 ; cf. Ad Smyrn., n. 1, col. 709. On cite encore la lettre des fidèles de Smyrne relatant le martyre de saint Polycarpe (167), qui y est appelé : Catholicæ Ecclesise Smymensis episcopus, n. 16, ibid., col. 1042 ; mais outre que le mot cathoHcæ manque dans le manuscrit, on lit plus haut, n. 8, col. 1033, que Polycarpe rendait gloire à Jésus-Christ })aslori catholicæ in loto orbe Ecclesiæ. Il est visible que l’interprétation particulariste du mot catholique, si jamais il a été employé en ce sens, n’exclut pas, mais implique au contraire la signification que les Pères ont toujours donnée depuis à ce mot. Toute Église particulière peut être appelée catholique dans le sens où nous dirions « un département français », pour signilier qu’elle fait partie d’un tout qui est catholique.

2. Dans les textes où ils expliquent en quoi consiste la catholicité de l’Église, les Pères donnent toujours à ce terme comme signification unique celle de diffusion de l’Eglise dans tout l’univers, ou, ce qui est rare, s’ils interprètent ce terme autrement, ils mettent en première ligne sa signification géographique. Par exemple, dans sa catéchèse xviii, n. 23, P. G., t. xxxiii, col. 1013, où il justifie par diverses raisons le surnom de catholique donné à l’Église, saint Cyrille de Jérusalem donne tout d’abord le motif suivant : Calholica vocatur eo quod per totum orbem ab extremis lerrse finibus ad cxlremos usque fines diffusa est (catholicité géographique). C’est alors seulement qu’il ajoute : Et quia universe et absqne defectu docet omniaqux in hominum notiliam venire debent dogmata (catholicité de doctrine). Tuni etiam ex eo quod omne hominum genus recto cultui subjiciat, principes et privalos, doctos et imperitos (catholicité de personnes). Acdenique quia generaliler quidem omne peccatorum genus… curai et sanat eadem

! vero omnepossidet, quovis nomine significetur, virtutis genus, in factis et verbis et spiritualibus eu jus vis speciei donis. Très nettement dans sa lettre au sebismatique Vincent, Epist., xciii, c. vil, n. 23, P. L., t. xxxiii, col. 333, saint Augustin rejette comme incertaine toute interprétation autre que le sens de diffusion universelle : Acutum aliquid tibi videris dicere cum cat/wliese nomen non ex totius orbis communione interprelarissed ex observai ioneprœceplorum omnium atque omnium sacramentorum, quasi nos, elsi forte hinc sit appellata catholica quod totum veracilcr teneat cujus veritatis nonnullx particulæ etiam in diversis inveniuntur hæresibus, hujus nominis testimonio nitamur ad demonstrandam Ecclesiam in omnibus gentibus et non promissis Dei et lam multis ali/ue manifestis oraculis ipsius veritatis. Avant saint Augustin, saint Optât de Milève tenait aux donatistes le même langage : Ubi propriétés catholici nominis mm inde dicta sit catholica quod sit… Ubique diffusa’! Adc. Parmen., t. II, c. I, P. L., t. xi, col. 942.

3. Or, toujours d’après les Pères, cette ubiquité de l’Église, signifiée par le nom de catholique, est essentiellement visible. Ecclesia… per orbem totum radios suos porrigit, disait saint Cyprien, De unitate Ecclesise, P. L., t. iv, col. 502. Saint Augustin l’explique avec une clarté’merveilleuse : Nos catholici in muni lei-ra sumus, quia omni terras, communicamus, quocùmque gloria Christi diffusa est… <> hæretica insania ! … Cre dismecum Chris tum exaltatum super calot, quod non videmus, et negas gloriam ejus super omnetn terrant,

quod videmus. Euarr. in P.>’. LVt, P. /, ., t. XXXVI, col. 669 sq. Aussi l’un des arguments préférés des Pères contre les hérétiques consiste a opposer à ceux-ci la localisation manifeste de leur secte comparée à la pré-