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CATHARES


jour. Dans la deuxième moitié du xue siècle, ses progrès furent considérables. Au xiiie siècle, elle fut détruite ; le supplice de cent quatre-vingt-trois cathares de la communauté de Montwimer (13 mai 1239) marqua la fin du catharisme dans ces contrées. Plus encore, et de beaucoup, que le centre et le nord de la France, le midi offrit un terrain propice au catharisme. Il se propagea d’abord dans l’Aquitaine ; quoique le nom d’albigeois ait prévalu pour désigner ses adeptes, son principal foyer fut non pas Albi, mais Toulouse. Le Catharisme se répandit assez vite dans tous les pays au sud de la Loire. Il bénéficia, sans se confondre avec lui, du mouvement pétrobrusien et henricien, et lui survécut. La seconde moitié du xiie siècle le vit atteindre son apogée. L’Église le réprima par les armes et par des condamnations doctrinales. Voir t. i, col. 680-686. Vers le milieu de la première moitié du xive siècle, l’histoire cesse de nous montrer des albigeois. C’est à tort, semble-t-il, qu’on a voulu leur rattacher les cagots. Voir col. 1302. On a lieu de croire que les populations anciennement attachées au catharisme se tournèrent vers la sorcellerie. Cf. C. Molinier, Revue historique, Paris, 1904, t. lxxxv, p. 143. L’esprit de révolte qui avait animé les albigeois ne s’éteignit point avec eux. « C’est là la raison des rapides progrès que firent dès lors les vaudois dans le midi de la France ; c’est aussi la raison de l’ardeur avec laquelle, au xvie siècle, ces populations embrassèrent la Réforme ; des communautés protestantes s’établirent dans presque toutes les localités où avaient existé des communautés cathares. » Schmidt, op. cit., t. i, p. 361. Sur tous ces faits, cf. Schmidt, op. cit., t. I, p. 24-50, 66-94, 188-367 ; Pfister, op. cit., p. 325-337 ; E. Vacandard, Les origines de l’hérésie albigeoise, dans la Revue des questions historiques, Paris, 1894, t. lv, p. 50-53, 65-83 ; Vie de saint Bernard, Paris, 1895, t. ii, p. 202-204, 217-234.

Du midi de la France le catharisme gagna l’Espagne ; il ne pénétra que dans les contrées du nord, l’Aragon, la Catalogne, le Léon, la Navarre. Déjà vers 1159 il y avait des partisans. Ils furent le plus nombreux et se maintinrent le plus longtemps dans l’Aragon et dans la Catalogne. On entend parler d’eux pour la dernière fois en 1292. Cf. Schmidt, op. cit., t. i, p. 368-375.

Italie.

Nous avons vu que, s’il fallait en croire certains documents, le catharisme aurait envoyé des missionnaires de l’Italie en France, avant 1022. La première apparition publique de la secte dans l’Italie elle-même remonte aux années 1030 à 1040. L’archevêque de Milan, Héribert, sévit contre des cathares découverts au château de Monteforte, prés de Turin. Pendant tout le reste du xie siècle, le catharisme ne donna pas signe de vie ; il en fut de même pendant la première moitié du xiie siècle. Mais l’hérésie cathare se propagea dans l’ombre. Vers 1150, elle reparut au grand jour avec une organisation et un développement qui supposent une diffusion secrète à la fois active et habile ; elle comptait de nombreux partisans dans l’Italie septentrionale, dans la Marche d’Ancone, dans la Toscane, dans la Lombardie, dans les vallées des Alpes. Le peuple ippelait patarins, ce qui s’explique par leur condamnation du mariage. Un siècle auparavant, les membres de la Pataria de Milan ou patarins avaient, sous l’impulsion d’Ariald, vivement combattu le mariage des prêtres. Il en résulta mie sorte de confusion entre les arialdistes orthodoxes et les cathares, laquelle put être facilitée par la corruption du mot cathari en catharini, d’où patltarini. Milan fut, de bonne heure, comme le chef-lieu de la secte ; avec Montwimer et Toulouse, cette ville resta un des principaux centres du catharisme occidental. Du reste, beaucoup d’autres villes italienne nt au catharisme. Un peu plus de

tfngl mee de liante (1265), un tiers

des familles illustres de I lorence donnaient des gages

à l’hérésie. Cf. F. Tocco, Quel che non c’è nella Divina Commedia, Bologne, 1899, p. 2. Vers 1190, un évêque cathare revenu au catholicisme, Bonacurse, disait, Manifestatio hæresis catharorum, P. L., t. CCiv, col. 778 : « Ne voyons-nous pas les villes, les bourgs, les châteaux, remplis de ces faux prophètes ? » Orvieto, Viterbe, Vérone, Ferrare, Modène, Prato, Rimini, Parme, Crémone, Plaisance, eurent des communautés cathares ; ils s’installèrent jusqu’à Rome ; ils pénétrèrent dans la Calabre, la Pouille, le royaume de Naples, la Sicile, la Sardaigne. Innocent III travailla à les faire disparaître de l’Italie. Sur les cathares de Viterbe et d’Orvieto, cf. A. Luchaire, Innocent 111, Rome et l’Italie, Paris, 1904, p. 84-101. Ses successeurs, en particulier Honorius III, Grégoire IX, Innocent IV, continuèrent la répression. L’Église de Rome trouva un allié, très violent sinon convaincu, dans Frédéric II. Saint François d’Assise convertit un cathare d’Assise ; saint Antoine de Padoue prêcha contre les erreurs des cathares en France et en Italie notamment à Rimini, sans avoir, semble-t-il, provoqué leur répression par les armes et le feu. Cf. A. Lepitre, Saint Antoine de Padoue, Paris, 1901, p. 62-63, 79-80. Un de leurs plus redoutables adversaires fut l’inquisiteur dominicain saint Pierre de Vérone, né de parents cathares, qui fut assassiné par eux. Nous rencontrons encore des cathares au commencement du xive siècle, et même saint Vincent Ferrier en trouva, en 1403, dans la Lombardie et dans les vallées du Piémont. Cf. Schmidt, op. cit., t. i, p. 16-23, 59-66, 142-188. Le 3 août 1412, furent exécutés en effigie des cathares morts dans le Piémont, les derniers que l’on connaisse. Cf. G. Boffito, Eretici in Piemonle al tempo del gran scisma, Rome, 1897, p. 41-53.

3° Allemagne, Angleterre. — Les premiers cathares allemands dont l’histoire atteste l’existence furent arrêtés et pendus à Goslar (Basse-Saxe), en 1052. Suit une longue période durant laquelle il n’est plus question des cathares. Au xiie siècle, une communauté importante de ces hérétiques existait à Cologne ; l’évêque cathare et beaucoup de frères furent arrêtés, en 1143. A l’occasion du procès qu’on entama contre eux, Evervin, prévôt de Steinfeld, pria saint Bernard de réfuter les cathares, ce que celui-ci entreprit dans ses sermons lxv et lxvi sur le Cantique des cantiques. P. L., t. clxxxiii, col. 1088-1102. La lettre d’Evervin est dans P. L., t. clxxxii, col. 676-680. Cf. Vacandard, Revue des questions historiques, t. lv, p. 52-66 ; Vie de saint Bernard, t. ii, p. 204-217. Le catharisme eut moins de succès en Allemagne qu’en Italie et en France ; il ne s’implanta solidement que sur les bords du Rhin, « cette terre classique des hérésies de l’Allemagne du moyen âge. » Schmidt, op. cit., t. I, p. 91. Il apparut, d’ailleurs, un peu partout, particulièrement en Bavière. La répression fut dirigée par le terrible Conrad de Marbourg. Cf. B. Kaltner, Konrad von Marburg und die Inquisition in Deutschland, Prague, 1882. Une trentaine de cathares partirent, vers 1159, d’un lieu inconnu mais de nation et de langue allemandes, vers l’Angleterre. Le catharisme ne fit, dans cette contrée, que peu de prosélytes. Cf. Schmidt, t. i, p. 52-54, 91-99, 375-371 ».

Pays orientaux et slaves.

L’opinion de Schmidt d’après laquelle le catharisme serait né parmi les Slaves, peut-être aux débuis du Xe siècle, peut-être dans un couvent gréco-slave de la Bulgarie, est, nous l’avons dit, loin de s’imposer. Il semble toutefois que les origines du catharisme sont dans la Bulgarie, et il est certain que les bogomiles fuient des cathares. L’histoire du catharisme oriental se confond presque avec celle du hogomilisme. Voir col. 927-928. S il n’est pas absolument établi que le catharisme a commencé dans l’Europe orientale, il est, par contre, prouvé que les cathares étaient nombreux dans les pays orientaux