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CATÉCHUMENAT


chez les Latins, répond le mieux aux catéchèses mystagogiques de saint Cyrille de Jérusalem, c’est le De mysteriis de saint Ambroise et le De sacramentis du pseudo-Ambroise, mais ce sont là deux traités et non des catéchèses.

Vu l’importance de cette préparation catéchétique, l’évêque devait en assumer la charge. Mais ne pouvant pas toujours y vaquer personnellement, il en confiait le plus souvent le soin à une personne de choix, catéchiste, didascale, docteur, doctor audientium, comme l’appellent les Canons d’Hippolyle, can. 68, 92, 99, p. 80, 87, 89 : saint Cyprien, Epist., xxiv, P. L., t. iv, col. 287, ou précepteur, selon le Testamentum D. N. J. C, p. 117, qui était ainsi chargé, pendant le premier stage du catéchuménat, d’assurer l’instruction des catéchumènes. Ce personnage pouvait être un simple laïque, Const. apost., VIII, xxxii, P. G., t. i, col. 1132 ; tel, Origène, Eusèbe, H. E., vi, 3, P. G., t. xx, col. 528 ; ou un membre du clergé intérieur, tel le lecteur Optât, nommé par saint Cyprien, Epist., xxiv, P. L., t. iv, col. 287 ; ou un diacre, tels, à Carthage, Deogratias, Augustin, De cat. rud., I, i, P. L., t. xl, col. 310, et Ferrand, Epist., xi, 2, P. L., t. lxv, col. 378 ; ou un prêtre ; Cyrille, à Jérusalem, Chrysostome, à Antioche, et Augustin, à Hippone, avaient été chargés des catéchumènes avant de devenir évêques. Mais d’ordinaire, dans les grandes réunions des compétents, lors de la traditio du symbole et du Pater, c’était l’évêque en personne qui prenait la parole. En effet, la plupart des sermons in traditione symboli, qui nous restent, ont été prononcés par des évêques.

On comprend l’impression profonde qui devait produire dans l’âme des compétents la révélation de la règle de foi et de l’oraison dominicale. Cette préparation intellectuelle, comme l’appelle Tertullien, De bapt., XVIII, P. L., t. i, col. 1221, réclamait non seulement l’assiduité, mais encore une attention soutenue et un cflort de mémoire, puisque le compétent devait, le moment venu, réciter par cœur ces formules. Elle exigeait aussi une discrétion absolue vis-à-vis des non-initiés et même des simples catéchumènes. S. Cyrille de Jérusalem, Cat., v, 12, P. G., t. xxxill, col. 521.

3o Liturgie prébaptismale.

La liturgie était intimement liée à tous les actes de la préparation baptismale. Les rites et les cérémonies qui la composaient étaient inspirés par des raisons de symbolisme et de foi ; ils avaient pour but de soustraire le compétent à l’action du démon et de lui faire rompre tous les liens avec le péché. Mais il est difficile de préciser la date de leur introduction dans la liturgie. Chaque Église avait ses usages particuliers ; les différences sont peu importantes. La pratique romaine, telle qu’elle nous est connue par des documents postérieurs à la période patristique, remonte assez haut. Sur la pratique gallicane, outre le De mysteriis de saint Ambroise, le De sacranicntis et les sermons de Maxime de Turin, qui nous font connaître ce qui se passait dans la haute Italie, nous possédons, pour la Gaule, VExpositio brevis antiqux liturgiæ gallicansc de saint Germain de Paris, du vi° siècle, P. L., t. lxxii, col. 77-98, et, pour l’Espagne, le De officia de saint Isidore, P. L., t. lxxxiii, et le De cognitione baptismi de saint Hildefonse, P. L., t. xevi, Ions deux de la fin du VIe siècle et du commencement du vir. D’autre part, les Catéchises de saint Cyrille de Jérusalem, les Constitution » apostoliques, la Peregrinatio Silvue, le Testamentum D. N.J. C. et le pæudo Denyï rions révèlent les rites de l’initiation dans les Églises d’Oient. C’est au moyen de ces divers documents qu’on peut reconstituer la liturgie prébaptismale. Mii r Duchesne, Les origines du culte chrétien, 2e édit. Paris, 1898, p. 281-328.

Comme nous l’avons dit, le catéchumène était admis, à Rome, par l’exsufflation, limposition du signe de la

croix sur le front et l’introduction du sel dans la bouche ; en Espagne, par un exorcisme, l’onction des oreilles et de la bouche et l’exsufflation. Une fois inscrit au nombre des compétents, l’élu était soumis, à chaque réunion, à des impositions de mains et à des exorcismes. Les Canons d’Hippolyte, can. 99, p. 90, les Constitutions apostoliques, VII, xxxix, P. G., t. I, col. 1037, signalent l’imposition des mains ; les exorcismes sont mentionnés par saint Cyrille de Jérusalem, Procat., 1, 5, P. G., t. xxxiii, col. 348, 376, la Peregrinatio, 46, p. 97, et saint Grégoire de Nazianze, Orat., xl, 27, P. G., t. xxxvi, col. 397, pour l’Orient ; pour l’Occident, par saint Optât, Deschism. donat., iv, 6, P.L., t. xi, col. 1037, saint Augustin, Epist., cxciv, 10, 46, P. L., t. xxxiii, col. 390 ; De stjmb. ad catech., i, 2, P. L., t. xl, col. 628 ; De peccat. orig., xl, 45 ; Cont. Julian. pelag., I, 14, P. L., t. xliv, col. 408, 469. Or, d’après le Testamentum D. N. J. C, p. 121, impositions des mains et exorcismes sont quotidiens. A Rome, ils se répètent même plusieurs fois dans une seule réunion.

Les compétents réunis se plaçaient, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Un clerc passait dans leurs rangs, s’arrêtant devant chacun d’eux pour leur faire sur le front un signe de croix et leur imposer les mains ; puis ils se prosternaient, priaient, se signaient eux-mêmes ; après quoi un autre clerc ou un prêtre leur renouvelait le signe de la croix et l’imposition des mains. A Rome et en Afrique, il est question de génuflexions et de cilices ; à Jérusalem, au rapport de saint Cyrille, Procat., 9, P. G., t. xxxiii, col. 349, d’un voile recouvrant la tête pendant ces exorcismes, qui étaient accompagnés chaque fois d’exsufflations symboliques. Saint Augustin regardait l’exsufflation comme l’assaut indispensable qu’il convenait de livrer au démon avant d’assurer sa complète défaite. De symb. ad cat., i, 2, P. L.. t. xl, col. 628. Quant aux exorcismes, fréquemment renouvelés en souvenir de ceux dont il est fait mention dans l’Évangile, ils devaient conjurer l’esprit du mal et briser ses chaînes. Exorcismes et impositions des mains se pratiquaient aux réunions ordinaires, avant la lecture et l’explication de l’Evangile, avant la missa ; ils se pratiquaient également aux réunions spéciales consacrées aux compétents, ainsi que pendant les catéchèses, soit avant l’instruction, S. Cyrille de Jérusalem, Procat., 9, 13, P. G., t. xxxiii, col. 349, 353, soit après. S. Chrysostome, Ad illum., homil. i, 2, P. G., t. xlix, col. 226. « Reçois les exorcismes avec joie, dit saint Cyrille ; l’exsufllation et les exorcismes sont choses salutaires. L’or, mêlé à des matières étrangères, doit être purifié par le feu ; ainsi ton âme doit être purifiée par les exorcismes. » « Nos devanciers, dit saint Chrysostome, ont décidé qu’après avoir reçu la doctrine sainte vous alliez pieds nus, sans autre habit qu’une seule tunique, écouter la voix des exorcistes. » Saint Augustin compare les jeûnes et les exorcismes de ce temps de préparation à l’action de la meule sur le grain. Sic vos ante jejunii humiliatione et exorcismi sacramento quasi molebamini. Serm., CCXXVII, 1. Cœpistis moli jejunii » et exorcismis. Serm., f : cxxix, P. L., t. xxxviii, col. 1100.

Deux autres cérémonies marquaient la préparation baptismale : l’une, dont nous avons parlé, la traditio symboli ; l’autre, la redditio symboli. Il importait, en effet, de s’assurer que les compétents savaient par cœur la formule du symbole, avant de leur conférer le baptême. En Afrique el à Jérusalem, on s’en assurait une première fois avant la fin du carême, et vraisemblablement en comité privé. Saint Augustin parle, en ellet, d’une reddition du symbole faite huit jours avant Pâques, la veille ou le jour des Rameaux, avant la tradition de l’oraison dominicale. Serm., LVHI, 1, P. L., t. xxxviii, col. 393. La Peregrinatio Sitri.v la place au commencement de la semaine sainte. Quant à la reddition solennelle du symbole, elle avait lieu, dans les usages galli-