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CATÉCHISME


tion de la jeunesse en la religion chrétienne, autres sciences nécessaires et bonnes aux mœurs. Les parents seraient tenus, sous peine d’amende, à envoyer leurs enfants à ces écoles. De son côté, le roi désirait vivement « l’institution de la jeunesse », et il ordonna d’appliquer aux écoles le surplus des revenus des confréries. Mais les prébendes préceptoriales, qui constituèrent les écoles primaires, n’étaient, aux termes mêmes de l’ordonnance, rendues obligatoires que dans les villes épiscopales. G. Picot, Histoire des États généraux, Paris, 1872, t. ii, p. 97-98. Aux États de Blois de 1588, les députés voulaient que, dans tous les bourgs et même dans tous les villages, les évêques instituassent un maître, précepteur d’école, pour instruire la jeunesse, soit le curé, soit un autre, qui fût capable, qui eût été examiné sur sa foi et sa doctrine par le diocésain et qui serait stipendié aux dépens des paroissiens. Ceux-ci seraient tenus de faire instruire leurs enfants dans la religion et de leur faire apprendre la lecture, l’écriture et le catéchisme, lbid., t. 111, p. 160-161. Les faits ne répondaient pas aux désirs du peuple. Aux États de Paris, en 1614, les cahiers exigeaient l’exécution des édits, le tiers voulait constituer l’instruction populaire et régulariser son action ; il demandait que le clergé ne se bornât pas à organiser l’enseignement du catéchisme dans toutes les paroisses ; il prescrivait aux évêques l’établissement, dans les gros bourgs et les petites villes, d’écoles dont les maîtres fussent catholiques et de bonnes mœurs. L’ordonnance royale de 1629 ne contenait aucune décision à ce sujet. Ibid., t. III, p. 477. Les écoles élémentaires ne devaient être fondées dans la France entière par le clergé qu’au xviie siècle.

Cependant les évêques ne demeuraient pas étrangers au mouvement favorable à la création des petites écoles, et plusieurs synodes provinciaux de la fin du xvie siècle s’occupaient de ces écoles et de l’enseignement religieux qu’on y donnait. Celui de Bordeaux (1583) constate que la jeunesse est l’espoir de l’avenir ; il impose aux maîtres d’école la profession de foi de Pie IV et exige que les livres en usage soient approuvés. Les maîtres devaient expliquer à leurs élèves, les jours de fête, quelque partie du catéchisme romain ou des livres catholiques. Can. 27, Mansi, t. xxxiv, col. 781. La même année, le concile de Tours ordonne que, dans les écoles, les élèves étudient, les dimanches et fêtes, les préceptes divins, les articles de la foi, les hymnes et les psaumes. Can. 21, ibid., col. 837. Charles de Lorraine, cardinal de Vaudémont, évêque de Toul, compose en 1586 un catéchisme selon les données du concile de Trente. F. Martin, Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dié, Nancy, 1901, t. il, p. 41. Le concile d’Aix de 1585 impose aussi aux maîtres d’école la profession de foi de Pie IV. Il ordonne l’établissement de confréries de la doctrine chrétienne, formées d’hommes et de femmes, pour enseigner aux enfants des deux sexes, les jours de dimanches et de fêtes, les initia (idei. Dans les hôpitaux, on enseignera le catéchisme aux enfants malades. Ibid., col. 939, 941. Ce concile était présidé par l’archevêque Canigiani, disciple de saint Charles Borromée, et les confréries à établir devaient ressembler à celles de Milan. César de Bus, qui était l’âme de ce concile, était devenu, après avoir lu la vie de saint les, un catéchiste zélé. Il catéchisa le petit peuple, ni à la cathédrale de Cavaillon (Comtat Venaissin), sa patrie, puis dans les villages voisins, ensuite dans tout le Comtat, dans la principauté d’Orange, la Provence et le Languedoc. Il devait fonder bientôt après une congrégation de la doctrine chrétienne. Au concile provincial de Toulouse (1590), les évoques statuent que, dans nies. le catéchisme sera fait par les maîtres, chaque dimanche ; ils recommandent l’établissement des écoles de la doctrine chrétienne et donnent avis qu’un catéchisme sera imprimé à l’osage des hôpitaux. Part. III,

c. iii, n. 2, 4, 5, ibid., col. 1296-1297. Cependant le 29 septembre 1592, César de Bus et son principal disciple, Jean-Baptiste Bomillon, se réunissaient à l’Isle.pour établir une congrégation sur le modèle de celle de saint Charles, qui serait « l’ordre des catéchistes ». L’année suivante, Tarugi, archevêque d’Avignon et disciple de saint Philippe de Néri, accordait à César l’église Sainte-Praxède d’Avignon. César s’y installait le 29 septembre et y organisait trois sortes de catéchismes : le petit, avec cantiques et disputes, pour les enfants ; le grand, conforme au catéchisme romain et consistant en instructions dialoguées, courtes et précises, pour les grandes personnes, et un troisième plus relevé, qui consistait en des sermons populaires. César avait donné l’idée et la méthode de ce troisième catéchisme, mais il le laissait à ses disciples et se livrait lui-même surtout au petit et au grand catéchisme où il excellait. Le concile d’Avignon (1594) charge les parents, les confréries de la doctrine chrétienne (établies par César de Bus) et les maîtres d’écoles d’apprendre aux enfants les éléments de la foi ; il désire qu’une formule de catéchisme soit rédigée en français à l’usage de la province ecclésiastique. Can. 8, ibid., col. 1335. Clément VIII confirma, le 27 juin 1598, l’Institut des doctrinaires français, qui comptait alors douze membres seulement. César en fut nommé supérieur. Lorsqu’en 1600, il voulut imposer les vœux de religion à ses confrères, le chanoine Romillon se sépara de lui et se fit oratorien. En 1604, César s’occupa de fonder une maison à Toulouse. Il aida Romillon à établir en France les ursulines pour l’instruction des jeunes filles. Il mourut le 15 avril 1607. P. Dumas, La vie du vénérable César de Bus, fondateur de la congrégation de la doctrine chrétienne, in-4°, Paris, 1703. Romillon a ajouté aux statuts d’Aix une petite instruction sur les sacrements, etc., et a composé un petit catéchisme pour servir de modèle aux curés sur cette manière de faire le prune. L. Batterel, Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, édit. Ingold, Paris, 1902, p. 27-28. Les doctrinaires français furent unis en 1616 aux somasques. Les travaux et la méthode catéchétique de César de Bus ne tombèrent pas dans l’oubli. Ses Instructions familières sur les quatre parties du catéchisme romain ont paru, in-12, Paris, 1666, 1676, 1678, 1685. La seconde partie forme à elle seule 2 in-12. Une nouvelle édition, annotée par l’abbé Bonhomme, forme 4 in-12, Paris, 1867. Sa méthode a été suivie dans sa congrégation et dans les maisons d’ursulines qui en dépendaient. Une traduction italienne, intitulée : Doclrina cristiana secondo il methodo et la pratica de PP. doctrinari délia congregazionc délia doclrina cristiana d’Avignone, in-12, Viterbe, 1710, contient des prières, un abrégé de la doctrine chrétienne, l’explication du symbole, de l’oraison dominicale, des commandements de Dieu et des sacrements ; elle se termine par des règles de pédagogie.

4 » Dans les Pays-Bas. — Lorsque, en 1585, le siège épiscopal de Cambrai fut transféré à Mons, François Buisseret, doyen et chanoine de l’église métropolitaine, suivit dans cette ville son archevêque, Louis de Berlaymont. Il y institua une école dominicale pour donner aux fidèles l’instruction religieuse qui leur manquait. On lui attribue généralement une Déclaration de la doctrine chrétienne en trois parties, contenant les premiers fondements de la foi catholique, les devons d’un bon chrétien, l’explication plus ample des choses nécessaires au chrétien. Il l’a, au moins, approuvée et il l’a « trouvée fort propre pour l’instruction de la jeunesse ». III’avait été « faicte à l’instance des surintendants de l’école dominicale de Mons en Ilaynaut » et elle a été imprimée en cette ville en 1587 à leurs frais. Des rééditions en furent faites par l’auteur avec quelques additions, en 1601 et 1613. Tout en continuant à être employée dans les écoles dominicales et dans les écoles de