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1899 CATECHISME 1900

formules, à leur instruction, lbid., col. 632. Odon de Sully, évêque de Paris († 1208) recommandait à ses prêtres d’inviter les fidèles à réciter le Pater, le Credoet l'Ave, et il leur ordonna d’expliquer au prône le symbole des apôtres. Synod. Constit., préceptes communs, 10, 32, P. L., t. ccxxii, col. 64, 66. Joscelin, évêque de Soissons, a publié l’exposition du Pater et du Credo, qu’il avait coutume de faire de vive voix dans les paroisses de son diocèse. P. L., t. clxxxvi, col. 14791196. Tout chrétien devait savoir ces formules, qu’on pouvait apprendre et expliquer en n’importe quelle langue, pourvu que chacun croie fermement à leur contenu, lbid., col. 1481. Or les explications de Joscelin contiennent des arguments et des phrases identiques à ceux des sermons d’Yves de Chartres. Serni., xxii, uni, P. L., t. clxii, col. 599-607. L'évêque de Chartres exhortait les parrains et les pères à expliquer le symbole des apôtres à leurs filleuls et à leurs fils, lbid., col. 607. Les statuts du synode de Cran (1114) n’exigeaient que l’exposition du Credo et du Pater dans les petites églises de la Hongrie ; mais dans les grandes, on expliquait les Épitres et les Évangiles. L’enseignement était le même en Pologne, d’après le synode de Gnesen de 1248. Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. viii, p. 414. Mais le concile de Trêves de 1227 avait ordonné aux prêtres d’instruire les fidèles sur les péchés mortels, les articles de la foi et les dix commandements. Can.8, Mansi, t. xxiii, col. 31-32. Les deux conciles de Béziers (1246), can. 7, et d’Albi (1254), can. 17, 18, imposaient aux curés l’obligation d’expliquer, chaque dimanche, d’une manière claire et simple, les articles du symbole. Les enfants, à partir de sept ans, devaient être amenés à l'église par leurs parents, les jours de dimanches et de fêtes. On leur enseignait le Pater, YAve Maria et le Credo. Mansi, t. xxiii, col. 693, 836, 837.

Nouvelles méthodes catéchétiques inaugurées au XII siècle. —

Tandis que le programme carolingien, plus ou moins développé selon les pays, continuait à être suivi jusqu’au xiii c siècle, deux nouvelles méthodes avaient été inaugurées au xii e. Elles eurent toutes deux beaucoup de succès et elles exercèrent une grande influence sur l’enseignement catéchétique. —

1. L'Élucidaire. — La première de ces méthodes dérive de VElucidarius d’Honorius, écolàtre d’Autun. Cet ouvrage est divisé en trois livres, dont le I er comprend l’explication du symbole des apôtres ; le sacrement d’eucharistie y est rattaché à l'Église ; le 1. II traite du mal moral et physique ; le IIIe, des fins dernières, et spécialement de l'état différent des bienheureux et des damnés. Le texte est disposé par demandes et par réponses. P. L., t. clxxii, col. 1109-1176. Cet ouvrage a été traduit en français, en allemand, en italien et en anglais ; mais les traductions diffèrent parfois de l’original latin. J.-C. Brunet, Manuel du libraire, 5° édit., Paris, 1864, t. iii, col. 1213-1215. La traduction française du Lucidaire dans le dialecte de Valenciennes est l'œuvre de Gilbert de Cambrai. La version italienne intitulée : Libro del mæstroe del discipulo chiamato Lucidario, Venise, 1508, a été faite par Manfredo de Munie Ferrato de Strevo. Sur les éditions de ces versions, voir Hain, Iiepertorium, n. 8815-8821 ; sur la Iraduction allemande, n. 8803-8814, et sur la version anglaise, n. 8822. Cf. Coppinger, Supplément, part. I, p. 263 ; part. ii, n. 3041-3049. 2. Le Septénaire. I : ode méthode a été mise en vogue par Hugues m i -Victor, De quinque septenis seu septenariis, P. L., t. ci xxv, col. 105-414. Cf. Allegnriæ in N. T., t. II, c. iii-vi, ibid., col. 774-777. Elle consistée exposer le dogme et la morale en les rapportant à sept parties, tantôt opposées tantôt comparées à sept autres ; les sept demandes du Pater sont rapprochées des sept béatitudes et des sept dons du Saint-Esprit ; les sept vices ou péchés capitaux sont opposés aux sept vertus principales, aux sept œuvres de miséricorde, etc. Cf. B. Hauréau, Les œuvres d’Hugues de SaintVictor, Paris, 1886, p. 22-24. L'évêque de Soissons, Joscelin, Expositio de oratione dominica, P. L., i. clxxxvi, col. 1496, la connaît, mais la laisse de côté : Niluntur quidam his septem petitionibus (du Pater) seplem dona Spiritus Sancti et octo beatitudines applicare ; sed, quoniam ad eruditionem simplicium non multum prodesse videntur, scienter prxterivimus. Empruntée à saint Augustin, De sermone Dvmini in monte, t. II, c. x, xi, P. L., t. xxxiv, col. 1285-1286, cette méthode fut bientôt très répandue. Il n’y a pas un seul catéchisme du xme siècle qui n’en fasse quelque application, et son influence a persévéré jusqu'à nos jours. On la trouve dans le traité De septem septenis de Jean de Salisbury, P. L., t. cxcix, col. 943-964, et dans celui d’Hugues d’Amiens, archevêque de Bouen. Super fide cathvlica et oratione dominica, n.10, 23, P. L., t. cxcn.col. 1334, 1345-1346. Elle est appliquée par saint Thomas d’Aquin dans les cinq opuscules qui représentent les matières d’un catéchisme : Opusc. xvi, Expositio symboli apostolorum ; Opusc. vii, Expositio orationis dominicæ ; Opusc. viii, Expositio sahttationis angelicæ ; Opusc. IV, De deeem præceplis et loge amoris ; Opusc. v, De arliculis fidei et Ecclesise sacramentis. Opéra onuiia, Paris, 1884, t. xxvii. Destinés à ses élèves, ils ont été très répandus au moyen âge. Cf. Werner, Der heilige Thomas von Aquino, Batisbonne, 1858, t. i, p. 123-158. Saint Edmond de Cantorbéry († 1242) avait écrit pour son clergé des traités sur le décalogue, les sacrements et les péchés capitaux. Son Spéculum Ecclesise, c. VIIIxvin, comprenait un exposé complet du Septénaire. Alaxima bibliotheca Patrum, Lyori, 1677, t. xxv, p. 319-323. Cet ouvrage a été réédité par Kunz, Fiuif Volks-und Kinderkatecltismen aus dem Miltelaller, 2 vol., Lucerne, 1900, avec la Somme de frère Laurent, dont nous allons parler. Cette Somme est dite Sommele-Roi, parce qu’elle a été composée par ordre de Philippe III le Hardi par son confesseur, le dominicain Laurent. Elle est datée de 1279 dans plusieurs manuscrits et elle comprend les dix commandements, les douze articles du symbole, les sept péchés capitaux, les sept demandes de « la saincte patenostre », les sept dons du Saint-Esprit et les sept vertus. Cf. QuétifEchard, Scriptores ord. præd., t. i, p. 336 ; Histoire littéraire de la France, t. xix, p. 397 sq. La Somme-leRoi a été copiée très souvent et parfois sous des titres différents, tels que la Somme des vices et des vertus et Le miroir du monde. Ses manuscrits sont conservés dans beaucoup de bibliothèques, par exemple à Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. lat. 2898 ; bibliothèque de l’Arsenal, ms. fr. 459. Elle a été éditée en français en 1481, s. 1., Hain, n. 9950, et par Vérard en 1495 sous le titre : La somme des vertus et des vices. Coppinger, Supplément, part. II, n. 3513. On en a fait une traduction flamande, plusieurs fois éditée au xv c siècle. J.-C. Brunet, Manuel du libraire, t. v, col. 436-437 ; Hain, Iiepertorium, n. 9949-9952 ; Coppinger, part. I, p. 293 ; part. II, n. 3515. Une traduction anglaise a été imprimée par Caxton, en 1484, sous le titre : The royal Book. Coppinger, part. II, n. 3514 ; J.-C. Brunet, Manuel du libraire, t. iv, col. 1432-1433. Le Miroir du monde, qui ressemble à la Somme-le-Roi, quoiqu’il soit original en plusieurs points, a été publié par Félix Cha vannes, Lausanne, 1846, d’après un manuscrit du xive siècle. Le Miroir de bien vivre n’est pour une bonne partie qu’un abrégé de la Somme-le-Roi. Bibliothèque Mazarine, ms. 966. Cf. G. Bertoni, Ricerche sulla Sommele-Roi di frère Laurent, dans Archiv fur Studien der neuesten Sprachen, 1904, p. 341

Le concile, tenu à Lambeth (Angleterre), en 1281, sous la présidence de Jean Peckhani, ordonnait aux prêtres