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CATÉCHÈSE


débutants et la nourri ttîre solide qu’on réserve pour les plus avancés. Or, parmi les éléments constitutifs de cet enseignement préliminaire ou de cette catéchèse, il signale, comme fondement, la pénitence, puis la foi en Dieu, la doctrine du baptême, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. Heb., v, 12 ; vi, 1-2.

Tout autre est l’allure de la catéchèse apostolique adressée aux gentils ; et cela se comprend, car les gentils ne sont pas préparés comme les juifs ; leur paganisme offre un premier obstacle à vaincre. Il était donc nécessaire de renverser tout d’abord cet obstacle avant de leur proposer d’embrasser la foi. Or voici comment saint Paul parla à l’aréopage d’Athènes. Prenant texte de cette inscription : Au Dieu inconnu, qu’il vient de lire, il annonce ce Dieu inconnu. « C’est lui, dit-il, qui a fait le monde et tout ce qu’il renferme, étant le Seigneur du ciel et de la terre. Il n’habite pas des temples faits de mains d’homme, car il n’a besoin de rien, étant celui qui donne le soufile, la vie et toute chose. Il a fait d’un seul sang toutes les nations, les obligeant à le chercher et à le trouver. C’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes. Comme l’ont dit quelques-uns de vos poètes, nous sommes de sa race. Étant donc de sa race, nous ne devons pas croire que la divinité ressemble à l’or, à l’argent, à la pierre, à un objet quelconque sculpté par l’art ou le génie de l’homme. Oubliant donc ces temps d’ignorance, Dieu ordonne maintenant aux hommes que tous, en tout lieu, fassent pénitence, parce qu’il a arrêté un jour où il doit juger en justice le monde par l’homme qu’il a destiné à cela et qu’il a autorisé auprès de tous en le ressuscitant d’entre les morts. » Act., xvii, 24-31. Comme on le voit, c’est en peu de mots l’aflirmation de l’existence d’un seul Dieu, créateur du ciel, de la terre et de l’humanité, la condamnation du paganisme, puis, comme pour les juifs, la nécessité de faire pénitence, en vue du jugement futur, auquel présidera celui qui est déjà ressuscité d’entre les morts. Ce discours, interrompu par les Athéniens, laisse entrevoir la conclusion qui était de croire en Jésus-Christ et de recevoir le baptême pour être sauvé. Le cadre s’est élargi ; un élément nouveau et nécessaire, la condamnation du paganisme, s’est introduit dans la catéchèse et n’en disparaîtra plus.

A. Seeberg, Der Katec.insmus der Urchristenheit, Leipzig, 1903, a essayé de restituer le catéchisme qui lit, au temps des apôtres, à l’instruction des catéchumènes. Selon lui, il contenait un enseignement moral et un enseignement dogmatique. L’indication de l’enseignement moral se trouve, I Cor., iv, 17, dans 1 Vxpression « les voies », que la ûidaché désigne explicitement comme les deux voies de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres. M. Seeberg les reconstruit en dressant, d’après les écrits apostoliques et postapostoliques, la liste des péchés que les chrétiens devaient éviter, et celle des vertus qu’ils devaient pratiquer. Eph., v, 8-21 ; Rom., XIII, 12, 13 ; I Thess., v, 4 ; I Joa., i, 6, 7. I i nseignement dogmatique comprenait le symbole de foi proposé’par saint Paul. 1 Cor., xv, 1-5. Cependant, au sentiment de Seeberg, la formule n’était pas reproduite par l’apôtre dans son entier et il faut la compléter par il autres passages de ses Êpitres. La même formule de fo uverait I Pet., iii, 18, 22 ; iv, 5, dans un étal un peu différent. Elle est d’ailleurs supposée existante dans lis Êpitres pastorales, notamment ÎTim., m, 16, par sain) Luc dans son Évangile et dans les l’Épi tre aux Hébreux. Ce symbole primitif contenait une phrase sur Dieu créateur de toutes choses, uni’série d’affirmations sur le Fils de Dieu, qui ressemblaient, si même elles n’étaient pas identiques, aux articles correspondants du symbole actuel dit des apôtres. Il ne parlait pas du Saint-Esprit et ne donnait pas à Jésus-Christ la dénomination de Kjpio ;. La caté chèse apostolique devait comprendre encore d’autres parties, à savoir des instructions sur le baptême, dont la forme n’exprimait pas la trinité des personnes divines, sur la communication de l’Esprit qui accompagnait le baptême, sur l’oraison dominicale et sur l’eucharistie. Ces instructions étaient déjà formulées d’une façon fixe et transmises textuellement, au moins dans une certaine mesure. Ces conclusions reposent en partie sur des considérations qui ne sont pas fondées, telles que, par exemple, la non-authenticité de la formule baptismale, Mat th., xxviii, 19, et supposent des combinaisons de textes, qui sont fragiles et branlantes.

La Didaché.

La Didaché est un témoin de l’âge qui suivit immédiatement celui des apôtres et nous offre, dans sa première partie, un modèle de catéchèse adressée à des catéchumènes avant la collation du baptême sous la forme d’une très courte instruction morale

— on dirait un manuel — sur les Deux voies, la voie de la vie et la voie de la mort. La voie de la vie est celle qu’il faut suivre en pratiquant le double précepte évangélique, l’amour de Dieu et du prochain, et ce principe d’ordre général : Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse. La voie de la mort est celle qu’il faut éviter en ne commettant pas les péchés qui sont énumérés. Voir t. i, col. 1683-1684 ; Doctrina duodecim apostolorum, édit. Funk, Tubingue, 1887, p. 321. Cette catéchèse, il est vrai, ne renferme explicitement rien de ce qu’il faut croire ; elle ne s’en tient exclusivement qu’aux préceptes de la vie morale. Mais il va de soi que ceux à qui elle est adressée ne sont pas sans avoir manifesté le désir de renoncer à la vie païenne pour faire profession de vie chrétienne, sur une connaissance, rudimentaire, si l’on veut, mais suffisante et déjà acquise de l’erreur du paganisme et de la vérité du christianisme. Et c’est pourquoi on ne leur indique que ce qu’ils ont à pratiquer pour recevoir le baptême, en y ajoutant les œuvres soit de pénitence telles que le jeune, soit de prière, en particulier l’action de grâce sur le iTotripiov et le y.lânfj.a., surtout la prière par excellence ou oraison dominicale.

4° C’est tout ce qui reste comme catéchèse durant les deux premiers siècles. Il existe cependant d’autres œuvres qui, manifestement, reflètent la méthode et l’objet de l’enseignement donné aux païens de cetle époque pour les engager à se faire chrétiens, telles, par exemple, que la première Apologie de saint Justin, à Rome, et l’Exhortation aux Grecs de Clément, à Alexandrie. D’une part, en effet, malgré le désordre et l’irrégularité de son Apologie, saint Justin nous permet de distinguer ces points principaux de cet enseignement : condamnation de l’idolâtrie ou du paganisme ; proclamation de l’unité de Dieu, de l’existence du Père, du Fils et du Saint-Esprit, du dogme de la création ; preuve de la divinité de Jésus-Christ, Verbe de Dieu, fils unique de Dieu, incarné pour sauver tous les hommes, crucilié’, ressuscité et juge futur du genre humain ; récompense éternelle des bons, châtiment éternel des méchants. On dirait déjà une notification du symbole. Et cette exposition dogmatique, si différente de la catéchèse des Deux voies, insiste même auprès des gentils sur la divinité de Jésus-Christ, prouvée par l’existence et la réalisation des prophéties. D’autre part, le IIpoTpe7 : Tixô ; de Clément d’Alexandrie est une invitation pressante adressée. aux païens pour leur faire abandonner leurs erreurs et prêter l’oreille à l’enseignement salutaire du Verbe. Pourquoi l’abandon du paganisme ? A raison de son absurdité et de ses ignominies. Pourquoi l’adhésion à l’enseignement du Christ ? Parce que le C.hrist est Le Verbe qui a eu pilié de nous dès le commencement et est venu nous délivrer ; parce qu’il est le Dieu fait homme qui nous a envoyé le l’araclet pour nous exhorter à la connaissance de la vérité ; parce qu’il est la voie, la vérité, la vie, le salut. Conclusion : Expiez vos péchés