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CASUISTIQUE


Dque doit, comme touto iclence th tologique digne de ce nom, s’appuyer premièrement et principalement toi l’autorité de la révélation chrétienne, telle qu’ellee « t manifestée par II criture et la tradition, s. Thomas,

Sut », theol., I », q. i, s. H. ad 2 Elle doit, pour la

même raison, rester dans une absolue dépendance visà is de l autorité doctrinale t i saint-siège ou de Con--iiun ~ romaines. Nous avons rappelée l’article (-as de COMSCM ni B, quelle doil être 1 tendue de cette n saire dépendance. Nous avons également indiqué quelle déférence le casuiste <)<>i t ou peut accorder en ces matières à l’autorité unanime ou simplement probable (l Pères et des théologiens.

2° La casuistique scientifique doit s’appuyer sur des déductions théologiques suffisamment indiquées. Puisque la moralité de nos actes consiste essentiellement dans leur conformité ou non-conformité avec la règle divine intimement manifestée par notre conscience, nous ne pouvons légitimement prononcer la licéité ou l’illicéité d’un acte qu’autant que nous la déduisons suffisamment de cette règle divine, clairement manifestée par les définitions ou déclarations de l’autorité doctrinale de li, ; lise ou par nos propres déductions théologiqnes prudemment conduites. Quelle part la casuistique doit-elle accordera ces déductions théologiques ? Leur développement doit-il avoir quelque ampleur, ou suffit-il qu’elles soient brièvement indiquées sous la forme sentencieuse de principes que l’on rappelle sommairement au ressouvenir du lecteur ? Il est difficile d’établir une règle absolument uniforme. Des cas plus complexes où divers principes doivent prudemment se combiner, peuvent requérir un plus long exposé de principes ou de conclusions théologiques certaines. D’ailleurs, pour des esprits familiarisés avec la discussion de ces questions pratiques, un exposé scientifique très complet et minutieusement détaillé n’est pas toujours nécessaire. Il est cependant souverainement désirable que les manuels de casuistique, où l’enseignement doit être consigné sous sa meilleure forme, mettent toujours dans un relief assez puissant les déductions théologiqnes sur lesquelles s’appuient.leurs solutions. C’est le meilleur moyen de conduire efficacement les lecteurs à appliquer eux-mêmes ces principes dans des circonstances quelque peu différentes. On rencontrera difficilement deux actes parfaitement identiques dans toute l’extension de leurs éléments objectifs et subjectifs et de toutes leurs circonstances. Les solutions types offertes par un manuel de casuistique où les déductions théologiques seraient insuffisamment exposées, loin d’éclairer et de guider sûrement le lecteur, seraient souvent pour lui un dangereux mirage. Conduit par la formule plutôt que par les principes, il courrait risque d’appliquer à un cas, supposé parfaitement iil ntique, une solution qui en réalité répond à un cas dillérent. Le cas type ne doit être qu’un exemple où les principes sagement appliqués sont mis en pleine lumière. Cette application ne doit être qu’un exercice d’entraînement de l’intelligence pour des cas plus ou moins ressemblants. Le lecteur ainsi prévenu et préparé saura qu’il lui reste toujours un travail personnel d’examen concret du cas particulier et d’application spéciale des divers principes qui entrent en jeu. Les ouvrages de casuistique, où cet idéal est fidèlement poursuivi, ne fourniront jamais aucun sérieux prétexte à la funeste théorie de l’absolue et irréconciliable antinomie entre la spéculation et la pratique, théorie antiscientifique qui aboutit à soustraire la casuistique i la direction de la science théologique pour la Boumettre a l’arbitraire du casuiste ou au hasard d’exigences pratiques le plus souvent mal comprises.

Notons cependant qu’en exigeant un suffisant exposé scientifique nous ne pouvons ni ne voulons écarter le procédé moins scientifique mais cependant très légitime

des principes réllexes, quand tout moyen suffisant de

rirtilude directe manque entièrement ou quand la prudence recommande l’emploi de ces principes. 1-a r

Inde nécessaire pour agir doit toujours il/le,

puisque agir est également nécessaire. Dès lors qui moyens directs de certitude ne suffisent point, il ne reste, en dehors de la voie d’autorité, que ! < n indirect fourni par les principes n llexes, Il suffi i mentionner ici le principe réflexe qui est comme la source de tous les autres et que saint Thomas formulai ! ainsi : Sullus ligatur / » ’/ præceptum aliquod diante si ientia iUiu De veritale, q- xvii, a. 3.

Nous n’avons point à démontrer ici que ce principe, quelle que soit la manière dont on explique son fol ment théologique, est la base du probabilism qui peut être considéré comme autorisé- dan Ce principe étant lui-même scientifiquement démontré, Bouquillon, Theologia moralis fnntla>iientali », 2’édit., p. 5130 sq., son application ne peut être consi> : comme extrascientifique, du moins dans les cas où les moyens de certitude directe sont insuffisants. D’ailleurs nous ne revendiquons que son application théologique. Nous réclamons toujours pour le théologien le droit et le devoir d’apprécier les éléments objectifs et subjectifs du cas concret, pour constater avec une suffisante «  tude que le principe s’applique légitimement. Observons aussi avec Bouquillon. op. cit., p. 515 sq., qu’il est bien difficile de considérer comme scientifiques certaines applications purement conventionnelles du possessionnisme.

3° La casuistique scientifique doit s’étendre à toute sa sphère d’attribution, mais en restant toujours dans son rôle, sans jamais usurper celui des sciences théologiques dont elle est tributaire. — 1. Elle doit s’étendre à toute sa sphère d’attribution, c’est-à-dire à l’universalit actes humains qui relèvent de la fin dernière surnaturelle, actes de l’homme individu lié vis-à-vis de Dieu par la loi morale naturelle et surnaturelle, actes de l’homme chef de famille ou membre de la famille et soumis aux préceptes du divin auteur de la famille, actes du citoyen dans toute sa vie professionnelle, publique et sociale. qui relève tout entière du divin auteur et ordonnateur de la société. Soustraire à la loi morale toute la vie publique et sociale, serait nier la dépendance de la sa vis-à-vis de Dieu, ce qui est le vice capital du libéralisme social, non moins condamnable que le libéralisme individuel. Léon XIII, encyclique Libertas du "20 juin 1888, S MiHoret aliquando simt. La casuistique qui n’est que la science d’application de la morale intégrale, ne doit donc point se désintéresser des applications pratiques de la morale sociale naturelle ou surnaturelle. A l’époque où la théologie portait dignement son glorieux titre de reine des sciences, nos meilleurs théologiens se préoccupaient habituellement des devoirs de l’homme et du citoven dans sa vie publique et sociale. Bouquillon, Moral theology at the end of the nineteenth century, dans Calholic university bulletin, avril 1899, p.’2tl sq. Pour rester fidèles à cette tradition théologique, nous n’avons qu’à appliquer intégralement les principes si nettement indiqués par Léon XIII dans la plupart de ses encycliques, particulièrement sur les devoirs di chrétiennes et sur l’usage des libertés dites modernes, sur les devoirs et les droits de l’État en matière de réforme sociale et d’enseignement, sur les droits et les devoirs des parents relativement a l’éducation de leurs enfants et à la question di sur les devoirs et les

droits mutuels des ouvriers et des patrons, sur les droits des individus et des sociétés en face des revendications socialistes. Plusieurs de ces principes avaient déjà été précédemment rappelés par Pie IX dans la condamnation des propositions 39 à tiô du Syllabtu. Dans cette condamnation Pie IX rappelle même quelques principes de droit moral s’appliquanl directement à des questions pratiques de droit international, notamment la