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CALIXTE — CALIXT1NS

aux trois confessions, et de laisser de côté les points de divergence. Ces croyances communes il les trouvait dans le symbole des apôtres. Pour juger les croyances propres à chaque confession il s’appuyait sur l’Écriture et l’Église ; car il regardait comme vrai tout ce qui est formellement enseigné par l’Écriture et l’Église. En ce qui concerne les mystères, il enseignait qu’on doit admettre le fait de leur existence (quod sint), mais qu’on est libre à l’égard de leur nature ou de leur mode (quomodo sinl). Sur certains points de doctrine, il se séparait des luthériens et se rapprochait des catholiques : ainsi il enseignait la nécessité des bonnes œuvres, rejetait l’ubiquité du Christ dans son humanité, niait la corruption absolue de l’homme, reconnaissait au pape une primauté fondée sur le droit humain, et accordait que la messe peut être dite un sacrifice. Ces opinions conciliantes indisposèrent contre lui les luthériens rigides, et provoquèrent la fameuse controverse dite du syncrétisme, qui partagea en deux camps presque tous les théologiens allemands. A partir de 1630 on fit paraître contre lui divers écrits, où on l’accusait de vouloir fusionner toutes les confessions chrétiennes, d’où le nom de « syncrétistes » que l’on donna à ses partisans. Dans ces écrits on le traitait de « cryptocatholique » , et surtout de « cryptopapiste » ; c’est le titre même d’un écrit paru en 1640 : Cryptopapismus novm théologies Hclmstadiensis ; tous s’accordaient pour le déclarer traître et transfuge. Calixte se disculpa de ces accusations dans une série d’écrits de controverse dont les principaux sont : Widerlegung des unwahrliaften Gedichtes unler dem Titel « Kryptopapismus » , Lùnebourg, 1641 ; Iterata compellatio ad Academiam Coloniensem ; Responsum maledicis Moguntinorum theologorum pro rom. ponlificis infallibilitate preeceptoque sub una vindiciis oppositum, Helmstadt, 1644, 1645. La controverse ne fit que s’envenimer, lorsque Calixte, à cause de ses dispositions conciliatrices, fut invité en 1645, par le roi de Pologne Wladislas, à assister au colloque de Thorn, qui avait pour but de rétablir la paix dans les esprits. Les deux partis étaient assez nettement tranchés : du côté de Calixte se trouvaient surtout les théologiens d’Helmstadt, de Rinteln et de Konigsberg ; les principaux calixtins furent Conrad Ilornejus, Gérard Titius, .loachim Hildebrand. Ses adversaires se recrutaient dans les universités de Leipzig, d’Iéna, de Strasbourg, de Giessen et de Marbourg. Deux surtout, J. llùlfemann et A. Calov, se firent remarquer. La controverse dévia sur d’autres points, comme on peut s’en convaincre par les titres des écrits que Calixte publia à cette époque : De duabus quæstionibus num niyslerium Trinilâtis e solius V. T. libris possil demonslvari, et num ejus temporis patribus Filius Dei in propria sua liypostasi apparueril, 1649, 1650 ; Indicium de controversiis theologicis, quai inter lutlteranos et reformatos agitantur, 1650 ; Dcsiderium et studium concordiæ ecclesiasticæ, 1650 ;, . uii’rlrgutig der Verleumdungen, Helmstadt, 1651. Tous ses efforts furent infructueux, et il ne put voir le succès de son œuvre.

Les principaux ouvrages qui nous restent de Calixte sont, outre ceux que nous avons déjà cités, Disputationet X i de præcipuis christ, religionit capitibus, Helmstadt, 1611, 1658 ; Epitome theologiæ, ibid., 1661 ; Apparatus theologicus, ibid., 1628 ; Epitome theologiæ’lis, ilii’i. 1662 ; Traclatus de pontificio tacrificio i. Francfort, 1614 ; De lolvranlia reformatorum, Helmstadt, Iti’.tT, Digressio de arte nova contra Nihusium, ibid., 1631 ; et quelques autres écrits de moindre importance.

Ul. Calixt, Catalogua operum G. Calixti ; H. Schmid, iir.Utn der synkrctistischen Streitigkeiten in der Zeit des

s Calixt, I danger), 1K’it ; —. W. C. : k^., C. Cali.rt tiinl der

8ynkretUmu*, Brestau 1846 ; il. Th. Henke, O. CaUxtus und seine Zeit, 2 vol., Halle, 1*53-1856 ; Uauer, Ucber den Cha racter und die Bedeutung des calixtinischen S’jnkretismxis, dans Theol. Jahrb., 1848, p. 163 ; Realencyclopàdie fur prot. Théologie, 3e édit., t. iii, p. 643-647 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. il, col. 1711-1715.

V. Ermoni.


6. CALIXTE DE NAPLES, religieux franciscain de l’observance, ne nous est connu que par un ouvrage intitulé : De triplici statu animæ humanæ juxta theologorum ac philosophorum principia, in-12, Rome, 1586. Ce volume comprend les l. 1 et II de la Ire partie. Le reste a-t-il été publié ? Il résulte de son ouvrage qu’il était lecteur au couvent de Sainte-Marie-la-Neuve à Naples, et qu’il avait suivi les leçons du célèbre François Panigarole.

Sbaralea, Supplementum et castigatio ad scriptores ordinis minorum, Rome, 1806 ; Toppi, Biblioteca Napolitana, Naples, 1678 ; Tafuri, Istoria degli scrittori nati nel regno di Napoli, Naples, 1754, t. iii c, p. 212.

P. Édouard d’Alençon.


1. CALIXTINS. Ce nom, emprunté au mot latin calix, sert à désigner, parmi les partisans de Jean Huss, ceux qui au XVe siècle, réduisant le minimum de leurs prétentions à quatre articles, revendiquèrent plus particulièrement l’emploi du calice ou la communion sous les deux espèces en faveur des laïques. La communion sub utraque n’était pas chose inconnue dans la pratique chrétienne, voir Communion sous les deux espèces, mais l’Église l’avait interdite depuis longtemps à cause de ses inconvénients. Jean Huss lui-même, du moins à ses débuts, n’avait pas songé à reprendre cet usage sans le consentement exprès de l’Eglise. Mais quelquesuns de ses partisans, sous l’inspiration de Jacobel, revendiquèrent le droit de la pratiquer. Or le concile de Constance, fidèle aux sages prescriptions du passé et soupçonnant d’ailleurs, non sans raison, que cette innovation masquait quelque erreur dogmatique sur la présence réelle, le condamna dans sa XIIIe session générale, ie 15 juin 1415. Mansi, t. XX vii, col. 726-728 ; Hardouin, t. viii, col. 380-382 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. franc., Paris, 1876, t. x, p. 477-478. Mais ni l’archevêque de Prague ni le roi de Bohême Wencestas ne purent faire observer le décret du concile. Jacobel composa une violente diatribe contre les Pères de Constance qu’il appelait « les docteurs de l’usage » . Et Huss, changeant d’attitude bien que prisonnier, s’empressa d’écrire à son disciple Ilaulick, qui l’avait remplacé dans la chaire de Dethléhem, de ne pas s’opposer à l’emploi du calice, de ne pas combattre Jacobel, et à son ami Christian d’adjurer la noblesse de Bohême d’avoir à défendre un usage que le concile venait d’interdire contrairement à l’enseignement de l’Evangile et à la tradition primitive. L’exé’cution de Huss, survenue le (i juillet suivant, souleva l’indignation des partisans du calice et excita une révolte sanglante en Bohême. Malgré l’intervention de l’évêque de Leitomysl, qui fut impuissant à conjurer l’orage, la noblesse envoya une protestation au concile, notifiant son refus d’obéissance. L’usage du calice fut maintenu et généralisé ; il devint un signe de ralliement, le symbole des calixtins.

Dès 1418 le concile met en demeure le roi Wencestas de protéger la foi catholique, de purger l’université de Prague et de traduire devant la cour romaine les principaux fauteurs de l’hérésie. Il décide que les laïques qui avaient communié sous les deux espèces devaient abjurer leur erreur et que les écrits de Jacobel devaient être livrés et détruits. Le pape Martin V. dans sa bulle Inter cunc tas, du mois de février lilS. ratifie cesdéci » sions et exige que les hérétiques Boient interrogés sur la question de savoir s’ils admettent la pn Bénie réelle sous chaque espèce et s’ils consentent à ne plus communier que sous une seule. Hefele, ")> fi-, t. xi, p. 697’. » . Ni Jean Dominici, ni Beaufort, évêque de Winchester, ni Julien Césarini, envoyés successivement comme cardinaux légats pour pacifier la Bohême, ne