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CARMES (ORDRE DES)


pas un ne donne à enta ndre « i » i * - le Carmel fut habité par des ermites au moment ou l’armée chrétienne pa h i Bea pieda. Le silence dea écrivain ! — Foucher aent (ail exception, P. L., t. clv, col. B&i, Guillaume de Tyr, liai., t. cm. col. iOO paraît même indiquer que personne alors ne songea i saint Élie, dont le nom pourtant est intimement lié à celui du Carmel. Ceci esi d’autant plus étrange que le passage par Sarephta, quelques jours auparavant, avait très bien évoqué la mémoire de la veuve qui, jadis, donna l’hospitalité au prophète et dont la maison était transformée déjà alors en chapelle dédiée au saint. Plus tard, ce sanctuaire fut desservi par les carmes. J)e même, les nombreuses descriptions de la Terre-Sainte, antérieures au milieu du xiie siècle, gardent un silence absolu et significatif au sujet des cannes. Il est vrai que la tradition carmélitaine a placé les origines de l’ordre plus avant dans l’histoire ; nous indiquerons plus loin, col. 1779, dans quel sens on pourrait l’accepter. La première notice historique que nous ayons sur la réunion des ermites du mont Carmel, se trouve dans le livre du moine grec I’hocas. P. G., t. cxxxiii ; Acta sanctorum, t. n maii, p. i-viii, Phocas, après avoir donné quelques renseignements sur la sainte montagne, continue ainsi : « En cet endroit il y eut autrefois un grand édilice dont les ruines existent encore ; le temps qui n’épargne rien et les invasions de l’ennemi l’ont presque entièrement dévasté. Depuis peu de temps, un moine aux cheveux blancs, revêtu de la dignité sacerdotale et venu de Calabre, fixa sa demeure à la suite d’une vision du prophète Élie, dans les masures de cet édifice ; il y construisit un petit rempart avec une tour et une chapelle et réunit environ dix frères autour de lui ; il y habite encore aujourd’hui. » Cet écrit fut composé en 1185, mais il faut reculer d’au moins trente années la date de ces événements, puisque nous savons par Benjamin de Tudèle (1163) que déjà de son temps il existait une chapelle près de la grotte de saint Élie. Il est inutile de rapporter les témoignages des écrivains de la fin du XIIe et du XIIIe siècle. Citons toutefois Jacques de Vitry ; voici ce qu’il dit de l’ordre naissant : « D’autres (ermites), à l’exemple et à l’imitation du prophète Élie, homme saint et solitaire, vivaient dans la retraite sur le mont Carmel. principalement dans cette portion de la montagne qui domine la ville de Porphyre appelée aujourd’hui Ca.il’.i ; ils habitaient de petites cellules dans les rochers, auprès de la fontaine d’Élie et non loin du monastère de la bienheureuse Marguerite, tels que des abeilles du Seigneur, faisant un miel d’une douceur toute spirituelle. » Histoire des croisades, 1825, p. 89 sq. On a émis dernièrement l’opinion que, parmi les premiers compagnons du fondateur, se trouvaient quelques moines clunistes. S’autorisant de la permission accordée par la règle de saint Benoit, ils seraient sortis de leur monastère situé au Thabor pour aller habiter « le jardin de palmiers d près de Caïfl’a. Hegesta regni hierol., édit. Reinhold Roehricht, Innsbruck, 1893, n. 484, 5’t5. Quoique nous n’ayons aucune preuve à l’appui de cette hypothèse, elle ne manque cependant pas d’une certaine probabilité. Conder, Palestine explor. fund, The latin kiiigdom of Jérusalem, Londres, 1897, p. 197. La tradition carmélitaine donne au fondateur de la congrégation des ermites du mont Carmel le nom de Berthold ; d’après elle, il était parent — frère ou plutôt cousin — d’Aymeric, patriarche d’Antioche. Ce dernier, il est vrai, était Limousin, mais la contradiction qui résulte de ce que Berthold, selon I’hocas, était venu de Calabre, est apparente plutôt que réelle. Quoique Aymeric comme patriarche d’Antioche n’eût rien à voir dans le patriarcat de Jérusalem duquel relevait le mont Carmel, il est parfaitement possible qu’il ait exercé quelque influence sur le régime de son parent ; il paraît fort naturel qu’il ait passé quelque temps chez lui en retournant à Antioche, après avoir

joui de l’hospitalité du patriarche d également possible qu’il ait amené svec lui quelques ermites pour les établir au mont Néro près d Antioche. Guillaume de Sandwich nous apprend que cet étah ment monastique tomba en 1 207. Chronica de muUiplieatùme retigionii carmelitarum, etc., dans Riboti, De instUutione et proeestu ordinis prophetici, I. IX. c. vin ; voir Daniel de la Vierge-Marie, Specul. carmel., t. i. p. 104.

II. Lus carmes es ORIENT.

La règle des carmes fut composée par le patriarche Albert de Jérusalem entre P206 et 1214. Avant cette époque, les ermites paraissent avoir suivi celle de saint Augustin. Le plus ancien missel de l’ordre, datant de la seconde moitié

du xiie siècle, porte au 4 septembre cette notice : Oct

9 ~ c

Scï Augustin* patris nri yjmnensis epi (ms. Bibl. nat. Paris, lat. 1200C). La provenance carmélitaine de ce

document, pour n’être pas absolument certaine, n’en reste pas moins fort probable. Cette règle, on le comprend facilement, ne s’adaptait pas au genre de vie des solitaires ; aussi saint Brocard, le successeur de saint Berthold, s’adrcssa-t-il au patriarche de Jérusalem pour obtenir sa décision sur certains doutes. Saint Albert répondit en lui donnant une règle complète plus appropriée aux besoins des ermites. En voici les principaux points : Les frères éliront un prieur auquel chacun promettra obéissance. Le prieur assignera à chaque frère une cellule qu’il ne changera pas sans permission ; le prieur lui-même occupera celle qui sera la plus proche de la porte d’entrée, alin de surveiller les affaires de la communauté et de recevoir les hôtes. On se tiendra en cellule jour et nuit occupé de prières et du travail des mains ; on ne la quittera que dans la matinée pour se rendre à la chapelle construite au milieu de l’établissement, afin d’y entendre la messe quand cela pourra se pratiquer facilement, et le dimanche ou un autre jour, pour assister au chapitre des coulpes et pour traiter des affaires de la communauté. On prendra les repas en cellule, le prieur étant chargé de faire distribuer les vivres. Le jeune durera depuis la fêle de l’Exaltation de la sainte croix jusqu’à Pâques ; l’abstinence sera perpétuelle, à moins que l’infirmité ou la faiblesse ne dispense. Ceux qui savent lire réciteront l’office approuvé de l’église (du Saint-Sépulcre) ; les autres diront un certain nombre de Pater noster. Le silence sera strictement gardé à partir de vêpres jusqu’à tierce du lendemain. Sibert de Iïeka. Tractalus de consideralis super carmelitarum régulant, dans Riboti, Daniel de la Vierge-Marie, Spéculum, t. i. p. S3 sq. : Honsignano, Bullar. carm., t. I, p. 2. La règle de saint Albert ne dit rien du gouvernement de l’ordre ; évidemment il ne s’agissait au moment de sa composition, que de la seule colonie du mont Carmel ; les ermites du mont Néro paraissent ne pas avoir vécu sous la juridiction du prieur du mont Carmel. Le patriarche Albert avant été enlevé par le fer d’un assassin avant le concile de Latran, l’ordre ne fut approuvé que par le II’concile de Lyon. op. cit., De relig. dom., in-G ; pourtant avant cette date la règle avait été confirmée par Honorine III.

Nous savons peu de choses sur le sort des carmes en Terre-Sainte. Il paraît que Berthold, après la défaite des chrétiens en 1187, bâtit un monastère près de la fontaine d’Klie ; il devait servir seulement comme maison d’asile en cas de danger, car les ermites continuaient à occuper des grottes et des cellules isolées, ainsi que la règle le prescrit. Les Sarrasin- épargnèrent les carmes, sans doute à cause de leur vénération pour le prophète Élie ; mais ils exigèrent qu’ils changeassent leur manie. m tout blanc en un autre composé de sept pièces verticales, quatre blanches et trois noires, l.es canna reçurent de là les surnoms de fratres virgulati, barrati, de pica (de la pie) ; ce dernier se retrouve jusqu’au