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CARDINALES (VERTUS) — CARDINAUX


donné à l’art de la navigation, parce que ce d< rni< la tin et le but du premier. La raison de cette influence est qu’en toutes choses il convient de considérer surtout la Un. Les arts et les vertus qui regardent les lins, i a

raison de l’empire qu’ils exercent sur 1rs arts et les

vertus qui regardent les moyens, sent donc comme le rondement, la base d’attache, disons ! < mot, 1rs gonds, cardines, de ers derniers. Et quia acttu moti fundatur tuper actions moventis, ideo actus virtutit tecundarisi fundatur super actione principali, sicut fundatur tuper cardinem motus astii ; et ideo virtus principalis dicitur esse cardinalis. S. Thomas, In IV Sent., t. III, dist. XXXIII, q. il, a. I, sol. 1 a. A ce second titre, l’inlluence de la vertu cardinale participe de la causalité efficiente et de la causalité finale. C’est une influence directive du mouvement de la vie morale. A cette conclusion de saint Thomas fait écho saint Donaventure qui attribue aux vertus cardinales la première place dans la mise en branle et la direction des vertus spéciales. Loc. cit., Quaracchi, t. III, p. 730.

Cette troisième acception a l’avantage de présenter une conception organique et dynamique de la vertu cardinale qui s’harmonise aussi bien avec les données psychologiques les mieux établies qu’avec les exigences de l’étymologie. Elle n’est pas opposée à la première acception et dépasse la seconde en vérité psychologique et en profondeur. Elle laisse sans doute inexpliquée la question de la connexion des quatre grandes vertus morales, mais, en résolvant celle des vertus secondaires avec les vertus cardinales, elle simplifie les données du problème et prépare une solution de la relation bien plus profonde que la solution esquissée par la seconde acception. Car, du fait que les quatre vertus cardinales seront soudées entre elles par le lien de la prudence et antérieurement, dans l’ordre surnaturel, par le lien de la charité, toutes les vertus secondaires qui sont sous la direction de ces quatre grandes vertus se trouveront ordonnées en un seul tout organique et dynamique.

Nous n’avons entendu parler ici que de ce qu’il y a de vraiment spécifique dans la propriété des vertus morales exprimée par le mot cardinal. Pour les questions communes, qui se résolvent par la considération de la vertu morale comme telle, par exemple pour la distinction et les espèces des vertus cardinales, leurs états, leurs rapports avec les vertus théolugiques et intellectuelles, avec les passions, pour l’acquisition ou l’infusion des vertus cardinales ou morales, pour la théorie du juste milieu, voir Veiitu MORALE.

A. Gardeil.

    1. CARDINAUX##


CARDINAUX. Les cardinaux sont les premiers dignitaires de l’Église, après le souverain pontife. Le cardinalat ne fait point partie <lo la hiérarchie de droit divin. Tel qu’il existe aujourd’hui, il est le résultat d’une évolution historique dont on peut indiquer 1rs phases les plus caractéristiques.

Origine et signification du nom.

Primitivement, un évéque, un prêtre ou un diacre s’appelait cardinalis quand il était, par ses fonctions, attaché de façon stable à une église quelconque. On disait, dans le même sens, incardinatus ou intitulatus. Celle église était, par rapporta lui, le carda, c’est-à-dire son point d’appui et d’attache, le centre de son activité, Tel est du moins le sentiment défendu par la plupart des grands canonistes modernes, par llinschius notamment, à la suite de Thomassin, Vêtus et nova disciplina, pari. I, l. il, c. cxv, n. ii, et de Muratori. Quelques-uns, et parmi eux le savant Phillips, Kirchenrecht, t. VI, p. t’.i sq., l’ont contesté, prétendanl que le mot ne s’appliquait qu’au clergé des églises cathédrales ou épiscopales..Mais 1rs

textes que l’Iiillips apporte ne remontent pas au delà du

vine siècle ei ne promeut rfen pour l’époque antérieure. Voici les plus marquants. Le pape Zacharie, dans une

lettre de 748 à Pépin le Bref, parle d’un canon du concile de Néocésarée, qu’il résume ainsi : De presbyteris agrorum, quant obedientiam debeant ea hibere episcopis

et ] » , , atil, ut. y. L., t. 1 V

Jaffé, Regetta pontiflcum, du’il". Au tiède suivant, le

diacre Jean, dans sa Vie de laini Ci i and,

I. II !, n. II. P. L., t. lzxv, col. 136, écrit : lt* violenter <u parochut ordinales foret pristinum cardinem Gregorius revocabat. Dans un diplôme de Gauzelin de Padoue, qui porte la dat 978, nous lisons - Unm Dominut Adilbertus, l’ata tideret m cathedra sui

epUcopii, in (lnina S. Marne mains ecclesist, convocala sacerdotum, levitarutn, religu aterva, lumen

cardine urbis ejusdem quamqtt Uii plebdms in

tynodali conventu. Ces citations et d’autres semblables établissent une distinction entre le clergé des campa. presbyteri agrorum, parochi plebani, et le

clergé de la cité épiscopale, auquel ils restreignent l’apprllation de presbyteri cardinales. Mais il n’y a pas trace (l une pareille restriction avant 748. Que d’ailleurs un changement de ce genre Be soit produit dans le lanf canonique, c’est chose qui n’étonnera que les ecclésiastiques de l’entourage de l’évêque, par suite de leur situation plus élevée, étaient moins sujets à déplacement.

Les textes reproduits ci-dessus condamnent une autre erreur d’interprétation, celle qui identifie les anciens cardinaux avec les parochi. Les chanoines de la ville épiscopale sont appelés cardinales, el pourtant ils n’étaient point curés ; en outre, on admet généralement que, sauf peut-être Rome et Alexandrie, les villes ne furent pas divisées en paroisses avant l’an 1000.

Ajoutons, selon une judicieuse remarque d’Hinschius, que, d’après l’ensemble des monuments, l’épitbète de cardinalis implique dans ceux auxquels on la donnait, outre une situation stable, une certaine importance ou prédominance, dont l’idée semble être en connexion avec l’acception plus usuelle du mot ; car cardinalis signifie aussi, et même habituellement, principal.

Plus tard et peu à peu, les cardinaux devinrent l’apanage spécial de l’Église romaine, de cette Eglise qui t -t pour toutes les autres et pour tout le clergé, ainsi que l’indiquait déjà Léon IX, le cardo par excellent » fondement et le centre de l’unité ecclésiastique. C’est Pie V qui réserva expressément ce nom aux premiers conseillers du pape.

Origine et développement du cardinalat.

L’origine du collège des cardinaux se confond avec celle du presbyterium. Dés les débuts historiques de l’épiscopat, nous trouvons dans chaque diocèse une assemblé connue sous le nom de presbytere et formée de prêtres et de diacres dont la mission commune était d’assister l’évêque de leurs conseils et de le seconder dans la conduite de son troupeau. Saint Ignace d’Antioche fait mention de ce presbytère, auquel les fidèles doivent respect et soumission. Il enseigne aux Ephésiens, Punk, c. n. 2, / a apostKilici, Tubingue, 1901, t. i. p. 214, i à pratiquer l’obéissance parfaite dans la subordination à l’évêque et au presbytère ; il loue 1rs Magnésiens, c. n. p. a d’être soumis à l’évêque, comme à la bonté de Dieu et au presbytère comme à la loi du Christ : i il exhorte 1rs Tralliens, c. ni, 1, p. 241, à i révérer les presbii<s comme le sénat de Dieu et le conseil des apôtres » ; aux Philadelphiens, c. vu. 1. p. 270, il rappelle l’obligation « d’obéir à l’évêque, au presbytère et aux diacres » . Des lors donc il existait un conseil épiscopal, dans la composition duquel entraient des prêtres et des diaa

Plus que tout autre, l’évêque de Rome, à raison de la gravité de sa tâche et de sa responsabilité, avait besoin d’un corps choisi de conseillers et d’aides. De fait, le Liber pontificatis, édit Duchesne, t. i. p. 126, nous montre déjà autour du pape Evariste (de W à 107 environ ) un groupe de sept diacres, évidemment ainsi constitue en mémoire des sept diacres d’institution apostolique. Saint Pierre aurait même ordonne sept dia :