giens postérieurs au concile de Trente tiennent que l’opinion de Durand est digne de censure, cf. Franzelin, De sacr. in gen., th. xui, 1 ; en tous cas, elle paraît inconciliable avec le canon, Denzinger, n. 841, où le concile définit comme deux choses distinctes et que l’ordre imprime un caractère et que le prêtre une fois ordonné ne peut plus redevenir laïc ; dans le système de Durand, en effet, la première partie de cette définition en tant que distincte de la seconde, serait tout à fait inexplicable. On ne peut pas davantage faire consister le caractère dans une relation réelle dont l’un des termes serait l’âme, car ou bien ce serait l’âme toute nue et il s’ensuivrait que le caractère est commun à tous les hommes, S. Thomas, Sum. theol., III » , q. lxiii, a. 2, ad 3um ; ou bien ce serait l’âme modifiée par le sacrement, ce qui semble avoir été l’opinion de Scot, lnlVSent., I.IV, dist. XI, q. x, mais alors, pour parler un langageexact, il faudra dire que le caractère est constitué par cette modification réelle qui, survenant dans l’âme, l’établit dans de nouvelles relations avec Dieu.
2° En définissant que le caractère est imprimé dans l’âme, Denzinger, n. 734, l’Église indique assez qu’il est réel non à la manière des substances, mais d’une façon analogue à l’empreinte d’un sceau, c’est-à-dire qu’il faut y voir une sorte de perfection accidentelle qui communique à l’âme une ressemblance ou des propriétés d’ordre surnaturel. 0. Laake, p. 184-190 ; L. Farine, Der sak rament aie Charakter, Fribourg-en-Brisgau, 1904, p. G-18. Jusque-là les théologiens sont d’accord ; mais si on leur demande quelle est cette perfection, les uns répondent, avec saint Thomas, qu’elle est une sorte de puissance puisqu’elle confère le pouvoir d’exercer certains actes du culte divin ; d’autres, tels saint Bonaventure, In IV Sent., t. IV, dist. VI ; Suarez, -Z)e sacr., part. I, disp. XI ; Bellarmin, De sacr. in gen., t. II, c. xix, y voient une sorte d’habilus ou de disposition, d’ornement de l’âme, qui n’est ordonné à aucun acte spécial ; d’autres enfin avec de Lugo, De sacr. in gen., disp. VI, sect. iii, regardent le caractère comme une capacité ou réceptivité purement passive. Cette divergence de vues s’explique par la diversité des relations qui naissent du caractère ; selon que l’on considère telle ou telle comme prédominante, on est conduit à assigner au caractère une nature différente. Ainsi, on ne saurait nier que tout au moins le caractère presbyti’r. il ou épiscopal signifie une véritable puissance, réelle et active, mais d’autre part, ce concept de puissance ne répond pas complètement à l’idée de cachet, de ressemblance divine imprimé dans l’âme par le caractère.
3° Pour le même motif, les théologiens se sont également partagés au sujet du siège du caractère. Cette qualité surnaturelle est-elle fixée directement sur la substance de l’âme, ou affecte-t-elle immédiatement l’intelligence ou la volonté, ou ces deux facultés à la fois ? Saint Thomas, Sum. theol., III a, q. lui, a. 4, ad : ! " iii, tient que le caractère est, une qualité intelleclnille, attendu que les actes du culte divin, qu’il donne le pouvoir d’exercer, sont des actes de foi extérieurs, donc des actes intellectuels. Scot, In JV Sent., I. IV, dist. VI, le place dans la volonté ; saint Bonaventure, lu IV Sent., t. IV, dist. VI, dans l’une des facultés ; enfin, Bellarmin, Suarez, de Lugo le font résider dans la substance même de l’âme. Cette controverse a été naturellement négligée par les théologiens imbus delà philosophie cartésienne qui niait toute distinction entre l’une et ses facultés. O. Laake, p. 190-IOi.
III. RÔLE ET PROPRIÉTÉS.
La métaphore traditionnelle de sigilluni, signaculum, exprime parfaitement le rôle et les propriétés du caractère sacramentel. Le sceau imprime sa ressemblance là où il est apposé ; les documents qui en sont revêtus prennent un caractère officiel ; il est un signe et aussi une garantie légale
de propriété pour les objets qui en sont marqués. D’une façon analogue le caractère sacramentel, disent les anciens scolastiques, est un signe conliguratif et consécratoire, distinctif et salutaire. Ces qualificatifs définissent les relations du caractère avec Dieu, avec l’Eglise et avec la grâce et il ne reste plus pour en donner une idée complète qu’à noter qu’il est indélébile.
1° Considéré par rapport à Dieu, le caractère est un cachet de ressemblance particulière avec Dieu et de consécration spéciale à son service.
1. Le nom seul de caractère implique l’idée d’une ressemblance imprimée dans l’âme, mais d’une ressemblance avec qui ? Avec Dieu, dit saint Thomas, Sum. theol., III a, q. lxiii, a. 1, car Dieu imprime en nous son caractère. C’est pourquoi l’Église, dans l’absoute qu’elle prononce sur chacun de ses défunts, représente à Dieu que ce fidèle insignitus est signaculo sanctse Trinitatis. Or, ajoute saint Thomas, le Verbe de Dieu est la figure, le caractère, -/apay.Tïip, du Père, Heb., i, 3 ; c’est donc très spécialement l’image de Jésus-Christ qui est imprimée dans l’âme. Tel est le sens de la définition magistrale rappelée par le même docteur : Cliaracter est distinctio (un signe distinctif) a charactere selerno (par le Verbe) impressa animée rationali secundum imaginent consignais (consacrant) trinitatem creatam (l’âme, l’intelligence et la volonté) Trinitati creanti et recreanli (à la Trinité, auteur de la nature et de la grâce) et distinguais a non consignais secundum statutn fidei (et distinguant en différentes catégories ceux qui en sont marqués de ceux qui ne le sont pas).
2. Les Pères ont fréquemment comparé l’empreinte sacramentelle à l’effigie des monnaies, au signe de propriété dont le maître marque ses brebis, au stigmate autrefois imprimé sur le corps des soldats. Le caractère est donc une sorte de livrée spirituelle (mais inhérente à l’âme), quicumque baplizati estis, Cltristum iiiduistis, Gal., iii, 27, un signe de domesticité spéciale de l’âme vis-à-vis de Dieu, c’est-à-dire de consécration à son service : Vos estis Christi. 1 Cor., iii, 23. Cette consécration n’est donc pas purement nominale comme celle d’un temple ou d’un calice ou comme celle qu’entendait Durand, mais elle n’est pas nécessairement sanctifiante, puisque, selon le langage des Pères, elle demeure même chez les déserteurs.
3. Cette double idée d’une ressemblance avec Dieu et spécialement avec Jésus-Christ et d’une consécration perpétuelle résultant du caractère est réunie dans la théorie de saint Thomas qui regarde le caractère comme une participation à la puissance sacerdotale du Christ. Le caractère, dit-il, ibid., a. 3, investit l’homme du pouvoir d’être le sujet ou le ministre de certains actes du culte divin. Or, le culte chrétien tout entier, découle comme de sa source, du sacerdoce du Christ. Il est donc manifeste que le caractère du Christ, cujus sacerdotto configurantur fidèles secundum characteres sacramentales qui nihil aliud sunt quam participationes sacerdotii Christi ab ipso Christo dérivâtes. Voir col. 291.
De là les conclusions suivantes : a. Le caractère sacramentel, participation imparfaite du sacerdoce dont le Christ possède la plénitude, ne saurait exister en Jésus-Christ. S. Thomas, Sum. theol., 11 1 « , q- lxiii, a. 5. — b. Les fidèles marqués du caractère deviennent semblables au Fils de Dieu fait homme, car c’est en tant qu’homme-Dieu que Jésus-Christ est prêtre. — c. L’empreinte sacerdotale reçue ainsi par les fidèles leur confère le pouvoir d’être les sujets ou les ministres, c’est-à-dire les instruments du pouvoir sacerdotal que Jésus-Christ, souverain prêtre, exercera en eux et par eux. Ils deviennent (Urne à des degrés divers, selon le caractère reçu, comme des membres dans lesquels et par lesquels ae.ii Jésus-Christ chef invisible de l’Église. Cf. Eph., V, VI. 16 ; iv, 30.
Cependant, quels sont les actes du culte auxquels so