pellation d’acedia à celle de tristitia, appellation que saint Thomas explique par une rigoureuse définition théologique. Sum. theol., IIa-IIæ, q. xxxv, a. 1 sq. ; De malo, q. XI, a. 1 sq. En même temps il désapprouve le dédoublement fait par Cassien entre acedia et tristitia. Sum. throl., II a 11*, q. xxxv, a. 4, ad 3um.
L’analyse scolastique de saint Thomas porte principalement sur la détermination de sept fins spéciales auxquelles correspondent les sept péchés capitaux. Partant de ce principe que la volonté peut se porter vers un objet par un double mouvement de recherche d’un bien apparent ou d’éloignement d’un mal apparent, saint Thomas, Sum. theol., Ia-IIæ, q. lxxxiv, a. 4, raisonne ainsi : 1. Le bien apparent coupablement recherché par la volonté peut être : a) la louange ou l’honneur désordonnément recherchés dans la possession des biens spirituels ou des biens de l’âme ; c’est la tin spéciale du vaniteux ; b) les biens de la vie corporelle auxquels tendent les actes ayant pour but la conservation de l’individu ou celle de l’espèce, biens excessivement aimés et poursuivis, ce sont les fins respectives du gourmand et du luxurieux ; c) les biens extérieurs comme les richesses que l’on aime d’une manière déréglée, c’est la fin spéciale de l’avare. — 2. Le mal apparent accidentellement uni au bien réel et fui par la volonté à raison de l’horreur qu’il lui cause, peut être : a) l’effort personnel requis pour l’acquisition du bien, c’est ce mal que fuit le paresseux ; b) la diminution de l’exce-llence ou des avantages personnels par le fait du succès d’autrui, c’est ce que fuient également le jaloux et le coléreux, quoique d’une manière notablement différente. D’où l’existence de sept fins spéciales, dont quatre se rattachent à la poursuite directe du bien apparent et trois à la fuite du mal apparent, accidentellement uni à un bien particulier. S. Thomas, Sum. theol., l a Il æ, q. lxxxiv, a. 4 ; De malo, q. viii, a. 1.
5° Depuis l’époque de saint Thomas, les théologiens ont communément suivi sa classification et son analyse.
II. JUSTIFICATION THÉOLOGIQUE DE LA DISTINCTION
DES sept PÈCUÈS capitaux. — 1° Considérés comme péchés actuels, les péchés capitaux doivent leur distinction à la diversité morale des objets, vers lesquels la volonté se porte positivement, S. Thomas, Sum. tlieol., Ia-IIæ, q. lxxii, a. 1, ou, ce qui est pratiquement identique, à la diversité morale des fins considérées comme objets coupablement voulus par la Vplonté. Car, suivant la remarque de saint Thomas, loc. cit., ad l um, finis principaliter liabet rationem boni et iilco comparatur ad aclum voluntatis qui est primordialis in omni peccalo sicut objectum ; unde in idem redit quod pcccata différant secundum objecta vel secundum fines.
2° Considérés comme inclinations vicieuses, ils doivent encore se distinguer spécifiquement d’après la diversité morale de leurs objets. Ce principe, « ’gaiement vrai pour toutes les habitudes, S. Thomas, Sum. theol., Ia-IIæ, q. Liv, a. 2, doit s’appliquer spécifiquement aux vertus et aux vices, suivant la diversité de leurs objets. Nous disons suivant la diversité de leurs objets. Taudis que l’objet de la vertu est le bien conforme à la raison ou le bien infini. Dieu lui-même, l’objet du vice est le bien périssable aimé contrairement à la raison et à Dieu, l’ar suite de cette opposition dans leurs objets respectifs, il n’est point possible que la vertu et le vice coïncident dans la distinction de leurs espèces. S. Thomas, Sum. theol., l a II*, q. lxxxiv, a. 4, ad l um ; De malo, q. viii, a..’!. Pratiquement, les fins coupablement voulues (’tant considérées comme l’objet auquel adhère la volonté’, la diversité’morale des fins coincide avec celle des objets. Il est donc vrai que la distinction de ces inclinations vicieuses, qui sont les péchés capitaux, doit se déduire de la diversité morale
des fins spéciales coupablement voulues. Or ces fins spéciales, d’après l’analyse de saint Thomas précédemment indiquée, sont au nombre de sept, quatre se rattachant à la poursuite directe du bien apparent, vaine gloire et orgueil, gourmandise, luxure, avarice, trois se rattachant à la fuite du mal apparent accidentellement uni à un bien réel. D’où la légitimité de cette distinction des sept péchés capitaux.
3° A cette objection que certains péchés individuels sont difficilement rattachés à l’un des péchés capitaux, saint Thomas donne ces deux réponses. En principe, il n’est point nécessaire que chaque péché particulier soit évidemment rattaché à quelque péché capital comme à sa cause ou à sa source, pourvu qu’il reste toujours vrai que des péchés capitaux dérivent le plus habituellement les autres péchés. Sum. theol., Ia-IIæ, q. lxxxiv, a. 4, ad 5um. De fait cependant, il n’est aucun péché dont on ne puisse faire remonter l’origine à l’un des péchés capitaux. Les péchés provenant, d’une coupable ignorance relèvent de la paresse spirituelle, source première de toute négligence dans la recherche des biens spirituels. Sum. theol., Ia-IIæ, q. lxxxiv, a. 4, ad 5um ; De malo, q. viii, a. 1, ad 7um, 8um.
Nous ne traiterons point ici les autres questions générales relatives aux péchés capitaux. Leur genèse, augmentation, diminution et destruction ressortiront suffisamment de l’étude générale du vice ou de l’exposition particulière de chacun de ces péchés. Cette même exposition particulière montrera aussi leur gravité spécifique ou comparée.
Pierre Lombard, Sent., I. II, dist. XLII, n. 8-10, P. L., t. cxcil, col. 753-754, et les commentateurs de ce passage, particulièrement Thomas de Argentina et Estius ; S. Thomas, Sum. theol., I" II*, q. lxxxiv, a. 3, 4 ; Qusest. disputatx, De malo, q. VIII, a. 1, et les commentateurs de la Somme, toc. cit.. particulièrement Cajétan et Sylvius ; S. Bonaventure, In IV Sent., t. II, dist. XLII, dub. iii, Quaracchi, 1885, t. II, p. 977 sq. ; S. Antonin de Florence, Summa tkeotogica, Vérone, 1740, paît. I, c. ii, t. vii, p. 528 sq. ; Schifflni, Disputaliones philosophie moralis, Turin, 1891, t. i, p. 159 sq.
E. DUBLA.NCHY.
- CAPITON Wolfang Fabrice##
CAPITON Wolfang Fabrice, théologien protestant,
né à Haguenau (Alsace) en 1478. Son nom de famille
était Kopflin. Il étudia, à Fribourg-en-Brisgau, d’abord
la médecine, puis le droit et enfin la théologie. En 1512
il devint prévôt de l’abbaye bénédictine de Bruchsal, et
en 1515 prédicateur et professeur de théologie à Bàle.
En 1519 il fut appelé comme prédicateur de cour, auprès
de l’évéque de Mayence, et en 1523, comme prévôt de
Saint-Thomas, puis comme prédicateur de Saint-Pierrele-Jeune
à Strasbourg. C’est alors qu’il se lia d’amitié
avec Bucer et embrassa la réforme, dont il devint un des
plus zélés défenseurs. On le voit dès lors prendre part
à presque toutes les conférences religieuses. En 1529 il
assiste au colloque de Marbourg. Il rédigea avec Bucer
la Confession lélrapolitaine, présentée à la diète d’Augsbourg
de 1530, en opposition à celle des luthériens,
par les représentants des quatre villes de Strasbourg,
Constance, Mommingen et Lindau ; elle modifie la doctrine
luthérienne de la sainte cène. En 1542 il prit part
au synode de Berne, et mourut cette même année à
Strasbourg. Les ouvrages qui nous restent de lui sont :
hislituliones hebraicæ ; Enarraliones in Habacuch,
in-8°, Strasbourg, 1526, 1528 ; In Oseani, in-8°, Strasbourg,
1528 ; Hesponsio de missa, matrimonio et jure
magistralus ; Liber de reformando a puero theologo ;
Ilr.rameron Dei opus explicalum, in-8°, Strasbourg,
1539.
Baum, Capito und Butzer Refortnatoren, Strasbourg, 1800 ; Kirchenlexikon, 2’tit., t. ii, col. 1694-1895 ; RealencyclopOdto
fur prot. Théologie. 3e édit., t. iii, p. 715-717 ; Grande Encyclopédie, t. IX, p. 209.
V. EllMOKI.