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CANTIQUE DES CANTIQUES


do se coucher pour se mellre n table, Cant., i, 12 (Vulg. 11) ; la couronne de l’époux, Cant., m. 11. les gardes de la cité, Cant., v, 7 ; les pommes aphrodisiaq Cant., viii, .">. lea Dédies d i roa. Cant., nu, 6. Ma Grecs n’i taient p^s les Beuls à employer cea usages. <X Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. INi-188.

III. Division.

Les auteurs ne sont pas d’accord pour diviser le poème. Les uns n’y voient qu’une série do chants ; la plupart reconnaissent un drame. Il va de soi que nous ne pouvons indiquer ici que les principales divisions. Bossuet, In Cant. cant., pripf., Ilar-le-Duc, 1863, t. III. p. 413, suivi par dom Calniet et Lowlh. divise le poème en sept chants correspondant aux sept jours de la semaine, dont chacun marquerait un progrès dans l’amour : I-II, 6 (amour imparfait) ; 11, 7-17 (amour pénitent) ; m-iv, 1 (amour épuré par l’épreuve) ; iv, 2-vi, 8 (amour perfectionné par l’épreuve) ; vi, 9-vii, 10 (amour digne d’admiration) ; vii, 11-vui, 3 i.tmour se donnant sans réserve) ; viii, 4-14 (amour au repos). — Ewald, Bas Ilolielied Salomo’s, Gottingue, 1826, le divise en cinq actes dont chacun embrasse diverses scènes : Act. I, se. 1 : i, 1-8 ; se. 2 : 1, 9-n, 7 ; Act. ii, se. 1 : II, 8-17 ; se. 2 : m, 1-5 ; Act. iii, se. 1 : iii, 6-11 ; se. 2 : iv, 1-v, 1 ; se. 3 : v, 2-8 ; Act. iv, se. 1 : V, 9-vi, 3 ; se. 2 : VI, 4-vn, 1 ; se. 3 : vii, 2-10 ; se. 4 : vii, 11-vill, 4 ; Act. v : viii, 5-14.

— F. Hitzig, Bas Hohe Lied, Leipzig, 1855, le divise en neuf scènes : i, 1-8 ; i, 9-n, 7 ; ii, 8-in, 5 ; iii, 6-v, 1 ; v, 2-vi, 3 ; vi, 4-vn, 1 ; vii, 2-11 ; vii, 12-viu, 4 ; viii, 5-14. — Rrown, Dictionary of Ihe Bihle de Smith, 1803, t. I, p. 271, divise le Cantique en cinq sections : i-ii, 7 ; n, 8-in, 5 ; iii, 6-v, 1 ; v, 2-vin, 4 ; viii, 5-14. — Renan, Le Cantique des cantiques, Paris, 1870, p. 83-88, divise ce drame en cinq actes. — Frz. Delitzsch, llohes Lied, 1875, p. 10, partage le poème en six actes. — Ed. Reuss, Le Cantique des cantiques, Paris, 1879, y distingue seize morceaux détachés. Parmi les auteurs catholiques, A. Le Hir, Le Cantique des cantiques, Paris, 1882, partage le poème en huit parties ; M’J r Meignan, Salunion, Paris, 1890, p. 467-560, le divise en cinq chants. Pour ces diverses divisions, cf. Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 189-191.

IV. Interprétation.

On a donné du Cantique trois interprétations principales : 1° Interprétation historique : le Cantique serait un épithalame célébrant une union purement humaine de Salomon avec la fille du roi d’Egypte, cf. Théodore de Mopsueste, dans Mansi, Concil., t. IX, col. 225-227 ; voir Kihn, Theodor von Mopsuestia und Junilius Africanus als Exegeteti, Fribourg-en-lliisgau, 1880, p. 69-70, 368 ; ou avec la Sulamite ; ou d’un berger et d’une bergère. Pour quelques-uns, il serait même une satire de ce qui se passait à la cour de Salomon ; il célébrerait la fidélité d’une bergère, qui résiste aux séductions du harem royal et demeure iidèle au berger qu’elle aime. Cette interprétation des critiques modernes se heurte surtout à trois difficultés : 1. l’ancienne tradition juive n’a jamais entendu le Cantique dans ce sens ; 2. la tradition chrétienne n’a jamais admis l’interprétation historique, voir Théodoret, In Canticum, prol., P. G., t. lxxxi, col. 29-32 ; cf. Kihn. op. cit., p. 73-7V, et les blasphèmes de Théodore de Mopsueste ont été anathématisés par le Ve concile œcuménique, tenu à Constantinople en 553, Mansi, loc. cit., col. 2130 ; 3. cette interprétation est condamnée par les incohérences qu’elle supposerait dans le texte même du

Cantique. Cf. Dictionnaire de la Bible, t. 11. col. 192. 2° Interprétation mystique : elle distingue dans le Cantique un sens littéral se rapportant.m mariage de Salomon, et un sens mystique se rapportant a l’union de Jésus-Christ et de son Eglise. Mais elle n’est pas bien probable, car elle reconnaît dans le Cantique un sens littéral propre, ce qui ne paraît pas possible. — 3° Inter], relation allégorique : elle.>it dans le Cantique un chant qui célèbre l’union de l’Eglise avec Jesus Christ, et dl’Ame avec hVerbe divin. Fil’- est la plus probable : car : 1. elle est U plus conforme aux

traditionnelles ; cf. Origène, ht Cant., bomil. i, y. (i., t. xiii. col. : i. I hodon t, In Cant., prol.. 1’., L lxxxi. col. 27 ; S Grégoire d< Sj te, In Cant., hon / < ;., t. xxiv, eol. 413 ; s. i’-(., lui, i

ad Paulin., 1’. L., t. XXII, col. 279 ; S. Augustin. /Lcivil. Dei, XVII, 20. P. L., t. xi.i. col. 556 ; Junilius, lnstitula regularia, I. I, c. v, dans Kihn, Theodor von Mopsuesti i, p. 470, s. Bernard, Sup. Cant., sera, i, 8, P. L., t. clxxxui, col. 788 ; 2. elle s’appuie sur d autres j le l’Ancien et du Nouveau Testament qui représentent l’union de Dieu et de son peuple sous l’image de l’union conjugale : Ps. xi.iv ; Ose., n. 19, 20, 23 ;.1er., ii, 2 ; Fzech., XVI, 8-14 ; Matth.. ix. 15, xxv, II Cor., xi, 2 ; 1-13 ; Joa.. iii, 29 ; Eph., v, 23-25, 31. 32 ; Apoc, xix, 7, 8 ; 3. enfin on trouve des exemples de ce genre dans d’autres littératures. Cf. Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 19$1-$296.

V. Objet.

On distingue l’objet principal et des objets secondaires. Cette question est celle qui intéresse le plus la théologie.

I. objet ptum ipal.

C’est l’union de Jésus-Christ et de l’Église. Il est facile de prouver cette assertion.

— 1° Jésus-Christ se donne lui-même comme l’époux attendu, Matth., ix, 15 ; Marc., ii, 19 ; Luc. v. 34, X » . il parle aussi de son Église en empruntant l’allégorie nuptiale de Salomon. Matth., XXII, 2-10 ; xiv, 1-13. — 2° Saint Jean-Baptiste appelle Noire-Seigneur l’époux. Joa., iii, 29. — 3° Saint Paul parle aussi de Jésus-Christ comme de l’époux et de l’Église comme de l’épouse. II Cor., xi, 2 ; Eph., v, 22-32. — 4 « Saint Jean célèbi noces de l’agneau, et chante l’époux, c’est-à-dire le Christ, et l’épouse, c’est-à-dire l’Église. Apoc, xix. 7-9 ; XI xxii. 17. — 5° La plupart des Pères et des écrivains ecclésiastiques, comme nous venons de le voir à propos de l’interprétation allégorique, professent cette opinion.

— 6° La plupart des détails du Cantique conviennent à Jésus-Christ ou à son Église. Jésus-Christ est aimable, Cant., I, 2 ; beau, v, 10-16 ; roi, ni, 7-11 ; pasteur, i, 6 ; plein d’amour pour son épouse, ii, i. L’Eglise de son côté est belle, i, 4 ; II, 2 ; iv, 1-7 ; elle est d’abord petite, vin, 8 ; elle cherche son époux, ni, 2, 4 ; elle l’aime, ii, 5 ; elle lui est dévouée, viii, 1, 2 ; elle devient reine, vu, 7-9 ; mère, vii, 3 ; forte et puissante, VI, 3 ; elle fait paître son troupeau, i, 7 ; elle est persécutée, v. 7.

II. odjeis secondaires.

On en compte plusieurs : 1 » L’union du Seigneur avec son peuple d’Israël. — Les rabbins juifs et quelques auteurs chrétiens ont émis cette idée ; il peut y avoir du vrai dans cette manière de voir, puisque l’ancienne Loi est la figure de la nouvelle Loi et la Synagogue celle de l’Eglise. Toutefois cette explication ne saurait être rigoureuse et en tout point exacte, car : I. Israël était le peuple de Jéhovah ; or. Salomon n’a pas été la figure de Jéhovah, mais de J< Christ ; 2. Salomon ne fut jamais pour son peuple ce que Jésus est pour son Église ; 3. le Cantique n^ proche à l’épouse aucune infidélité ; or, ce trait ne peut convenir au peuple d’Israël. — 2° L’union de Jésus-Christ avec la sainte Vierge. — Cette application est plus légitime ; voilà pourquoi elle a été proposée par plusieurs Pères ; il suffira île mentionner saint Ambi P. L., t. xv, col. 1945, Denis le Chartreux et s. un : I nard, l’Eglise elle-même, dans les offices de la sainte Vierge, emprunte au Cantique un grand nombre de textes. Cf. Schafer, Dos Hohe Lied. p. 253. — 3° L’union de Jésus-Christ arec l’âme chrétienne. — Ce sens a été aussi développé p. ir quelques l’eres ; cf., notamment, s. Basile, Honiil., mi. in princ.Prov., I. P. <>'., t. XXXt, col. 388 ; S. Bernard, lu Cant., serin. XII, II. PL t. CLXXXUI, col. 833. — 4’La théologie mystique, à toutes les époques, a vu dans le développement du Cantique les phases diverses de l amour de Jésus-Christ