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CANONISATION DANS L’ÉGLISE RU


du même genre, Quand il a reçu ce rapport, le saintsynode nomme une commission composée de dignitaires ecclésiastiques, évéques, archimandrites, higou , protopopes le nombre et la qualité ne son : rigoureusement déterminés), pour procédera l’examen di-< reliques et à l’enquête sur les miracles signalés, L’examen des reliques est institué à une double tin : constater leur authenticité et se rendre compte de leur état de conservation. Dans cinq cas sur six d’examens de cr genre, les restes ont été déclarés par les enquêteurs « conservés et intacts » . Mais les détails circonstanciés mml’état du corps consignés dans leurs rapports laissent supposer qu’ils attachent à ces termes un sens plutôt conventionnel et assez peu rigoureux. L’enquête relative aux miracles ne se borne pas aux localités mêmes où se trouvent les restes du serviteur de Dieu : celle qui prépara la canonisation de saint Séraphin de Sarov se poursuivit dans vingt-huit éparchies différentes de la Russie d’Kurope et de la Sibérie.

Cette enquête sur l’état du corps et sur les miracles est-elle accompagnée d’un examen sérieux de la vie et des doctrines du personnage, examen qui constitue dans l’Église latine l’un des principaux éléments du procès de canonisation ? Je ne saurais répondre d’une façon précise à cette question. Les pièces officielles sont muettes sur ce point, sauf pour la canonisation de Métrophane de Voronej, où l’on voit le saint-svnode s’enquérir d’un document intéressant l’histoire de la vie du saint et des vertus pratiquées par lui sur le siège épiscopal. Toutefois, ce seul fait que toute canonisation est précédée, ou immédiatement suivie de la publication d’une vie du saint, destinée à être insérée dans les menées, permettrait de supposer l’existence d’une enquête préalable sur ce point. De plus, les vertus pratiquées par lui au cours de sa vie et les miracles réalisés de son vivant, s’il y en a, se trouvent mentionnés dans le document émané du saint-synode et tenant lieu de décret de canonisation, à côté des miracles constatés après la mort. L’enquête relative à la vie doit donc exister, moins rigoureuse peut-être el moins détaillée que celle des enquêteurs romains. Quant à la question des idées et des doctrines professées par le personnage sur lequel porte l’enquête, je ne saurais dire jusqu’à quel point et dans quelle mesure leur orthodoxie plus ou moins suspecte pourrait inlluer sur la décision finale.

L’enquête terminée, le saint-synode juge s’il y a lieu de poursuivre immédiatement l’affaire, ou de l’ajourner pour un supplément d’information. Ce fut à cette seconde alternative qu’il s’arrêta en 1803, lors de la canonisation d’Innocent d’Irkoutsk. Le rapport de la commission d’enquête avait été déposé en 1801. Après deux ans d’attente, le saint-synode demande à l’évêque du lieu un rapport complémentaire sur les cas nouveaux qui auraient pu se produire dans l’intervalle : il ajoute qu’il désirerait connaître d’une façon précise l’état de l’opinion sur le fait de l’incorruptibilité du corps, constaté dans la première enquête. Ce n’est qu’à la suite de ce second rapport qu’il procède à la canonisation. Il suit la même ligne de conduite dans la canonisation de saint Séraphin de Sarov. Après une première enquête menée par l’évêque de Tambov, de 1892 à 1894-, il confie au Supérieur du skvte de Sarov le soin de compléter les renseignements déjà recueillis. Par deux fois, au début et à la fin de I897. l’évêque de Tambov transmet au saint-synode ces suppléments d’enquête. Celui-ci diffère toujours. Enfin, le 19 juillet 1H02 —je cite le document officiel du saint-synode, Tserkiivnia ViédomotH, n. du I" février 1903, p. 32 — « au jour anniversaire de la naissance du bienheureux Séraphin, il plut à Sa Majesté Impériale de se souvenir des mérites et des vertus du vénérable défunt, ainsi que des témoignages de la dévotion populaire a Bon égard,

et d exprimer le désir que la cause de ta canonisation, déjà introduite auprès do saint-synode, lut men terme, i Celui-ci reprend alors l’examen des miracles et. après en aoir reconnu l’authenticité et la valeur. confie a une commission composée du métropolite de Moscou, des évéques de Tambov et de Nijegorod. de plusieurs autres dignitaires ecclésiastiques et du prince Chirinski-Chik-hmatov, l’examen di

heureux. Le proces-verhal rédigé par la commission à la suite de cet examen est déposé le Il janvier H* immédiatement suivi d’un rapport pr. sente par le saint-svnode à l’approbation impériale et contenant les points suivants : Ie inscription du bienheureux Séraphin dans la liste des saints, exposition de ses restes mort’Is en qualité de reliques et leur transfert dans le tombeau offert par la piété impériale ; 2° composition d’un office propre en son honneur et. en attendant, récitation de l’office commun ; deux jours seront consacrés à sa mémoire : le 2 janvier, date de sa mort, et le jour anniversaire du transfert des reliques ; 3° rédaction el publication par le saint-synode du document destiné à porter ces différents points à la connaissance des fidèles. Le 26 janvier, l’empereur accorde l’autorisation demandée, en y apposant sa signature pn a die de la formule suivante : « Lu avec un sentiment de véritable joie et de profond attendrissement. Le saint-synode désigne alors le métropolite de Saint-Pétersbourg et les évéques de Tambov et de Nijegorod pour présider, au jour fixé par lui et qui était le 19 juillet, la cérémonie solennelle du transfert des reliques et de leur exposition à la vénération des fidèles. Puis, par un acte du 39 janvier, que l’on peut considérer comme le décret définitif de canonisation, il annonce aux fidèles les décisions prises par lui et approuvées par l’empereur. Il ne restait plus qu’à procéder à la cérémonie du transfert et de l’exposition des reliques. Les détails donnés plus haut, qui représentent, sauf quelques différences peu importantes, la marche générale suivie dans l’examen des causes de canonisation depuis l’établissement du saint-synode, ont été tirés des pièces officielles, réunies par Goloubinski dans son Histoire de la canonisation des saints en liussie, p. 475-515, ou analysées par lui. p. 170- li* » , et pour les renseignements relatifs à la cause de saint Séraphin, des documents publiés par les Tserkennia Viédoniosti, n. du 1 er février, p. 28-33, et du 21 juin 1903, p. 259-261.

Y. Rites actuels de canonisation. — La cérémonie du transfert et de l’exposition des reliques se fait avec une solennité exceptionnelle, au lieu même où se trouvent les restes du saint. Le saint-synode délègue à cet effet un ou plusieurs métropolites ; les fêtes de Sarov pour la canonisation de saint Séraphin furent présidées par le métropolite Antoine, président actuel du saint-synode, par l’archevêque de Kazan et par les évéques de Tambov et de Nijegorod ; les journaux évaluèrent à deux ou trois cent mille le nombre des pèlerins qui s’y succédèrent Ces fêtes sont remplies par de longues et multiples c monies, dont ne se lasse pas la piété du peuple ru « se. Elles se prolongèrent à Saro du 16 au 21 juillet, I premières journées, du 16 au 18, furent occupées par des services funèbres et des panikhides (absoutet dans les différentes églises ou oratoires du monastère et des environs. En voici le détail emprunté au, monial tixé parle saint-s

ode. Tserkovnia Vièdotn

n. du li juin, p. 447-250, et aux récits des journaui : Novoié Vrënùa, 22 et 24 juillet ; Tserkovnia Yiédotu n. du 26 juillet.

Quelques jours avant l’ouverture des fêtes, le corps du saint, retiré de l’endroit où il avait reposé jusque-là, fut dépose dans l’une des églises du monasb re, enf dans un cercueil de bois de cyprès. L’église r< Ma fei jusqu’au moment de la translation. Le 16, à midi, panikhide solennelle chantée dans 1 ^lise de l’Assomption et