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CANONISATION DANS L’ÉGLISE RUSSE

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3° Une dernii te i examiner, relative ment : iu mollis ri ; iu basi ide canonisation admi d l’Eglise russe ; celle de l’importance attachée par elle à l’examen des restes des persi m elle pri

la canonisation, et de la râleur attribui e, comme ei preuve <P sainteté, à l’étal de conservation plut ou moins parfaite il. m-- lequel on les retrouve. Que l’examen attentif et minutieux de ces restes constitue, aujourd’hui comme par le passé, l’un des éléments principaux <i l’enquête préparatoire à la canonisation, c’est là un point que l’on ne saurait mettre en doute. Bien souvent même, la cérémonie de canonisation se confond avec elle de l’invention ou de la translation des reliques. Il en fut ainsi pour Boris et Glèbe et Théodore Petchersky, les trois premiers saints canonisés par l’Église russe. Il en est encore ainsi dans toutes les canonisations solennelles laites par le saint-synode. Cf. Goloubinski, op. cit-, p. "169 sq., et en appendice, p. 438-515, k-s pièces officielles. Mais il ne semble pas que l’Église russe ait jamais considéré l’incorruptibilité du corps comme une condition indispensable ou comme une base suffisante de canonisation. Parmi les saints canonisés par elle, il en est un certain nombre dont la canonisation a devancé l’enquête relative à leurs restes mortels, ou pour lesquels cette enquête n’a jamais eu lieu. Apportons à l’appui de cette remarque une déclaration assez intéressante du concile de 1667, qui défend absolument de s’autoriser du fait de l’incorruptibilité du corps pour considérer et honorer comme saints ceux dont les restes auraient pu être ainsi conservés. Car, est-il ajouté, cette conservation du corps peut avoir toute autre cause que la sainteté du défunt, et être attribuée, en particulier, à l’excommunication, ou à l’état de péché dans lequel la mort l’a surpris ; il faut avant de rendre un culte ou d’établir une fête nouvelle, une enquête préalable et l’approbation de l’autorité ecclésiastique, représentée par le synode épiscopal. Goloubinski, <7 » . cit., p. 285.

Une défense aussi formelle visait sans doute les abus auxquels avait pu se laisser entraîner la crédulité populaire, mêlée de superstition. Elle ne réussit pas d’ailleurs à y mettre un terme. Dans un oukase du 25 novembre 1737, Goloubinski, op. cit., p. 439-440, en rapport avec un passage du Règlement ecclésiastique, relatif à la question des reliques d’une authenticité douteuse, part. 11, Affaires spéciales, § 1-3, n. 8, le saint-synode revient sur cette question, déjà tranchée par la décision du concile de 1667. Cette croyance populaire s’est perpétuée jusqu’à nos jours et le moujik russe, aujourd’hui comme au XVIIIe siècle, considère l’incorruptibilité du corps comme un signe indispensable de sainteté. La dernière canonisation, celle de saint Séraphin de Sarov, en 1903, a permis de constater combien cette croyance était encore vivace dans les masses populaires. L’émotion provoquée dans le peuple à la nouvelle, répandue à la suite de l’enquête oflicielle, que le corps du saint n’était pas intact, fut considérable. Les raskolniks en profitèrent pour attaquer l’Église officielle, et le métropolite de Saint-Pétersbourg, Antoine, président du saint-synode et le personnage le plus en vue de la hiérarchie ecclésiastique russe, jugea opportun de relever ces attaques et de dissiper les préjugés populaires. Il le lit dans une lettre publiée dans le n. du 21 juin 1903 du Novoié Vréwa, et reproduite dans le n. du 28 juin, p. 983. des Tterkovnya Viédoniotti, journal officiel du saint-synode. Il y rappelle que la véritable base de toute canonisation, ce sont les miracles accomplis par les restes, ou grâce à l’intercession du saint, et <iue l’incorruptibilité du corps n’est qu’un miracle accessoire, d’une valeur n elle, s’il est appuyé sur d’autres, mais insuffisant à lui seul. et dont la réalisation n’est pas une condition indispensable à la validité de la canonisation. La doctrine officielle de l’Église russe s écarte donc, sur ce point, de

I ! doctrine de I 1 glise grecque, telle an moins que l’eipesait. a la fin du xil « BÙ patriarche de

Jérusalem, dam son llepty( /--/> ; -.<I. -i--i *. Jasty, 1682, ou il admet comme preuve indispensable’t suffisante de sainteté, en me parfaite ortho doxie et de la pratique constante des vertus chrétjenm s, le prodige de l’incorruptibilité du corps, t des exhalaécrétions balsamiques. Cf. Goloubinski, op. cit., p. 106-407.

III. A QUI APPARTIENT LE DROIT DE CANONISER ? —

Pour répondre a cette question avec quelque précision, il convient de tenir compte de la distinction établir, an début de cette étude, entre les trois périodes qui se partagent l’histoire de la canonisation des saint’Russie.

Pans la première de ces trois | celle qui

ad jusqu’aux conciles de 1517 et de 1519. les canonisations partielles ou locales semblent être habituellement laissées à la discrétion de l’évêque, dans les limites de son éparchie. Goloubinski, o]>. cit., p.. suppose que celui-ci n’usait ordinairement de ce droit qu’après en avoir référé’au métropolitain ; mais il faut reconnaître que, si les documents ne contredisent pas hypothèse et l’appuient même en partie, ils ne fournissent pas toutefois de n : ttant

de la généraliser. Fort restreint est le nombre des canonisations dont la date et l’auteur peuvent être déterminés avec quelque certitude, pour cette période. Pour celles d’entre elles qui sont attribuées à de simples évéques, l’intervention du métropolitain constitue plutôt une exception. Elle s’exerce d’ailleurs dans des conditions assez variées. Vers 1463, on découvre au monastère de Saint-Sauveur de Iaroslavl les restes du prince Théodore Rastislavitch et de ses deux fils, David et Constantin, qui y ont été déposés dans les premières années du xive siècle. A la suite de guérisons attril à leur vertu, rapport est fait à l’évêque de Rostov, Tryphon, qui, quelque peu incrédule sur l’authenticité de ces prodiges, ordonne une enquête. Sur ces entretailes, l’évêque, repentant de son incrédulité, se démet de sa charge et va mourir au monastère du Sauveur, auprès des restes sacrés dont il a mis en doute la vertu et la sainteté (1468). Ainsi interrompu, le procès de canonisation est sans doute repris et mené à bon terme par le métropolitain de Moscou, Philippe, puisque l’on voit celui-ci. de concert avec le grand-duc Ivan Yasiliévitch, confier au hiéromoine Antoine le soin d’écrire la vie îles nouveaux thaumaturges. Or. l’on sait que la rédaction de la vie accompagnait ou suivait ordinairement la canonisation. Goloubinski. op. cit., p. 76-77. J’ai déjà cité plus haut le cas de cet inconnu du nom de lacob, dont on découvrit le corps à Borovitch, dans la province de Novgorod. Il était assez bien consen l’ut déposé dans un petit oratoire ou les fidèles accoururent et furent témoins de nombreux prodiges. En 1544, l’évêque de Novgorod ordonna une enquête, à ia suite de laquelle il s’adressa au métropolitain de Moscou, Macaire. Celui-ci autorisa une translation solennelle des restes du personnage en question, mais ne permit de leur rendre que les honneurs accordés aux chrétiens morts en odeur de sainteté.

En dehors des canonisations locales décidées par l’évêque avec le concours du métropolitain, ou par l’évêque seul, il faut mentionner aussi celles que le métropolitain fait lui-même directement, ou avec le concours évêqui s réunis en synode. C’est ainsi que le métropolite Daniel établit, en 1521. une fêle en l’honneur de Macaire de Koliazin, fondateur d’un monastère de la Sainte-Trinité, à Tver, et en 1531, celle de Paphnuce de P fondateur du monastère de la Nativité. Goloubinsk cit., p. 83. En 1539, Phigoumène Daniel de Pérélaslavl signale.au métropolite Joasaph, la présence dans l i de Saint-Nicolas des restes du prince André de Si