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CANONISATION DANS L'ÉGLISE RUSSE

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iloublnski, op cil, p, ITo 198. La dernière cm date eil celle de saint Séraphin de Sarov, sur laquelle nou> reviendront plot loin.

Aux chiffrée cités plus haut, il but ajouter, pour être complet, le groupe des lit saints que l'Église de Kiev a introduits dans -"'H calendrier, durant la longue période de ilï années, où elle est restée séparée de I Église de Moscou (1458-1685). Ce u’est qu’en 176*9 que le saintsynode en a reconnu officiellement le culte et a autorisé l’introduction de leurs noms dans les calendriers imprimés à Moscou, el dans les minées. Goloubinski, op. cit., p. 202-223.

2° En dehors des saints dont le culte est universel, l’Eglise russe possède des saints acuité local ou restreint. Les chiffres apportés plus haut montrent assez que ces derniers forment la masse principale des saints du calendrier russe. Il ne paraît pas d’ailleurs que, sauf l'étendue locale du culte, il y ait de différence entre le culte rendu aux uns et aux autres. Sous ce rapport, la législation canonique de l'Église russe ignore les prescriptions rigoureuses et absolues qui interdisent dans l'Église latine d'étendre, au delà de limites rituelles et locales bien déterminées, le culte restreint autorisé pour un bienheureux. Les éléments du culte qui leur est rendu sont identiques et comportent pour les uns et pour les autres une fête avec oflice propre et vie, ainsi que la vénération des reliques et des images ou icônes.

3° Les personnages morts en odeur de sainteté, et dont les fidèles honorent la mémoire, constituent dans l'Église russe une classe spéciale, intermédiaire entre celle des simples défunts et celle des saints universels ou locaux. On peut voir dans les honneurs qui sont rendus à leurs restes ou à leurs images un commencement de culte, toléré et parfois même formellement approuvé par l’autorité ecclésiastique. Tout d’abord, leur souvenir est consacré par les prières et les cérémonies faites sur leur tombeau au jour anniversaire de leur mort, ou en toute autre circonstance déterminée par la dévotion des croyants qui ont foi en leur intercession. Ces prières consistent en absoutes, en services funèbres commémoratifs, ou dans la simple mention du nom de ces personnages au memento des morts ; elles n’excluent pas la confiance en la puissance d’intervention du serviteur de Dieu et ont même pour but de la provoquer. Le tombeau de ces personnages est l’objet d’une vénération toute particulière. S’ils sont enterrés dans une église, on élève à l’endroit où reposent leurs restes un sarcophage, que l’on recouvre d’un voile et près duquel l’on dresse un chandelier. S’ils ont été déposés dans un endroit découvert, on y bâtit un petit oratoire destiné à protéger le sarcophage et ses accessoires. Au lieu d’un simple voile, on plaçait quelquefois au-dessus du sarcophage un portrait en pied du personnage ; il était aussi d’usage de suspendre aux murs de l'église ou de l’oratoire, près du tombeau, son portrait en buste. Goloubinski, op. cit., p. ïï-'2~~. Ce dernier point serait aujourd’hui tombé en désuétude, ou même formellement interdit. lbid., p. 278.

Les documents relatifs à l’existence de ce culte rendu aux serviteurs de Dieu non canonisés abondent dans la littérature hagiographique russe. Le chroniqueur russe Jacob, dans s>>u récit « le l’institution de la fête des saints Iioris et Glèbe, raconte que, bien avant l’institution de cette fête, qui équivalait à la canonisation officielle, les restes (les deux princes furent retirés de l’endroit où ils avaient été primitivement dépos solennellement transportés dans un oratoire où les pèlerins et les déots affluèrent, comme ils avaient afflué à leur tombeau primitif. Goloubinski, op. cit., p. i."> it> Et le chroniqueur Nestor, faisant allusion à cette translation des restes des deux serviteurs de Dieu, semble laisser entendre que l’on espérait ainsi obtenir de Dieu

la réalisation de prodiges usez éclatants pour atti leur sainteté el leur crédit auprès de lui. lbid., p Vers l’iii i Borovitch, village de la province de N gorod, le peuple entourai) de

d’un saint personnage, du nom de Jacob, i i.1 ic*

une fête en son honneur, l'évéque, après en aoir r au métropolite Macaire, décida, d’accord avec lui. que l’on ferait une translation solennelle Ton

les déposerait dans un nouveau tombeau, au-d* duquel on élèverait un monument en forme de sai phage, et que, chaque année, on célébrerait, au jour anniversaire de cette translation, un service funèbre commémoratif. Goloubinski, op. cit., p. 87-88. L’hij mirede Troïtsa, Arsène, établit également, en l’honneur d’Etienne, fondateur du monastère de Makhrichtch, un service funèbre perpétuel, après avoir fait (lever sur son tombeau un sarcophage reco d’un voile et y avoir fait dresser un chandelier, lbid., p. 113.

En 1592, Hermogène, métropolite de Kasan. pour perpétuer la mémoire des troi^ martyrs Jean. Etienne et Pierre, institue en leur honneur une absoute et un service funèbre annuels, et ordonne d’inscrire leurs noms au svnodik et d’en faire mention perpétuelle au mémento des morts, lbid., p. 272.

Il arriva que l’on ne se contenta pas toujours de ces prières et de ces services commémorants, et que, en certains cas, la dévotion du peuple et même des tnoines préjugea des décisions de l’autorité religieuse pour rendre à des serviteurs de Dieu non canonisés un véritable culte. C’est ainsi qu’un moine compose en l’honneur de son maître, Joseph, un office qu’il soumet d’ailleurs au métropolite Macaire, et dont celui-ci autorise la récitation, en particulier, lbid., p. 290. Il n’est même pas exagéré d’affirmer que la canonisation universelle, ou restreinte, d’un bon nombre de saints russes fut précédée d’un culte populaire de ce genre, dont les rites plus ou moins précis furent généralement tolérés, quelquefois même déterminés par l’autorité eccltique. Ce dernier point ressort avec évidence des faits suivants. Le patriarche Job (1589-1603) fait composer en l’honneur du prince moscovite Daniel Alexandrovitch, mort en 1303, des stichaires et un canon ; la translation des restes du prince n’eut lieu cependant qu’en 16E _ sa canonisation, vers la fin du xviiie siècle. Goloubinski. op. cit., p. 190. Alexandre, évêque de Viat 1657-K compose lui-même l’office de Longin de Koriajem rioujski, Istoritcheskia skasania o jisni svialliyk/, vizavehikhsia ve vologodskoî é/xu-khii, Vologda, 1880, p. 521 sq. Saint Dimitri. métropolite de Rostov (-J- 1709), écrit un tropaire et un kondak en l’honneur du moine Corneille de Péréïaslavl, mort en 1693. Klioutchevski, op. cit., p. 349. Ces compositions liturgiques paraissent quelquefois très peu de temps après la mort du personnage qui en est l’objet. Un office est ainsi compo~ n l’honneur du métropolite Jonas, mort en 1461, en l’année même de sa mort, ou tout au plus l’année suivante, et cela, avec l’autorisation de l'évéque de Novgorod. Goloubinski. op. cit., p. 290, noie 1.

II. Bases DE canonisation.

I" A considérer la question au point de vue purement historique, on peut dire que, dans l'Église russe, la base ordinaire de toute canonisation est le miracle. Sauf de rares exception documents relatifs aux canonisations, même les plus anciennes, mentionnent toujours, au point de d< pat démarches fuies par un prince, un higoumène de monastère, ou les représentants d’une Eglise quelconque, en vue d’obtenir de l’autorité ecclésiastique l’inscription d’un nom nouveau au catalogue des saints, la constat de prodiges, accomplis au tombeau du personnag question, ou par son intercession. Les faits ainsi constatés provoquent habituellement une enquête dont l’un des éléments presque constants est l’examen de> i