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CANONISATION DANS L’ÉGLISE ROMAINE

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Au nom du pape, le prélat secrétaire pour les brefs aux princes répond que les vertus de ces grands serviteurs de Dieu sont connues et leurs mérites appréciés, mais que, avant de prononcer leur canonisation, il faut demander le secours de Dieu et implorer ses lumières. Après cette première instance, on chante les litanies des saints. L’avocat consistorial s’approche une seconde fois, et au nom des poslulateurs répète la même supplication, mais en insistant davantage : instanter, instantius. La même réponse lui est faite : Oremus. Le Veni Creator est chanté. L’avocat revient au trône pontifical renouveler ses mstances avec encore plus d’ardeur : instanter, instantius, 17tstnntissime. Le secrétaire déclare alors que la volonté du pape est d’exaucer cette demande.

Le pape prononce cette formule : « Au nom de la sainte et indivisible Trinité ; pour l’exaltation de la foi catholique et l’accroissement de la religion chrétienne ; par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la nôtre ; après en avoir mûrement délibéré et imploré le secours de Dieu ; sur l’avis de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte Église romaine, les patriarches, les archevêques et les évêques présents à Rome ; nous décrétons que les bienheureux N. et N. sont saints, et nous les inscrivons dans le catalogue des saints, statuant que l’Église universelle célébrera pieusement leur mémoire tous les ans, au jour anniversaire de leur naissance à la céleste patrie. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. »

Cette formule, rapportée par Benoît XIV, op. cit., 1. I, c. xxxvi, n. 20, t. ii, p. 142, est celle dont se servit Clément XI, en 1712, pour la canonisation de saint Pie V, de saint André Avellin, de saint Félix de Cantalice et de sainte Catherine de Bologne. Nulle mention n’y est faite de l’office et de la messe en leur honneur. Une formule analogue fut employée par Alexandre VII dans la canonisation de saint Thomas de Villeneuve, en 1658, et de saint François de Sales, en 1665 ; par Clément IX dans celle de saint Pierre d’Alcantara et de sainte Marie-Madeleine de Pazzi, en 1669.

Quelquefois, quoique rarement, l’office à réciter en l’honneur des nouveaux saints est mentionné. Dans ce cas, la formule de canonisation se termine ainsi : Statnentesut abuniversali Ecclesia, anno quolibet in die obitm dicti N., festum et officium ijisias, sicut pro martyre, vel pro confessore ponlifi.ee, vel, etc., dévote et solemniter celebrentur. C’est la formule dont usa Urbain VIII, en 1629, pour la canonisation de saint André Corsini. D’ailleurs, même quand cette clause est insérée dans les sentences et les bulles de canonisation, il faut un autre décret pontifical pour que la récitation de l’office d’un saint soit obligatoire dans l’Église universelle. Le nombre des saints canonisés dépasse, en effet, de beaucoup celui des jours de l’année.

L’avocat consistorial s’approche encore du trône pontifical, et, au nom du postulateur de la cause, remercie le souverain pontife. Il lui demande d’ordonner aux protonotaires apostoliques de dresser l’acte authentique de canonisation. Le pape acquiesce immédiatement à cette requête.

Le Te Deum est chanté au son de toutes les cloches de Home. Autrefois l’artillerie du château Saint-Ange tonnait en même temps.

Le pape récite l’oraison des saints canonisés, puis célèbre la messe en leur honneur, ou, si la solennité ne le permet pas, il joint à la messe du jour leur commémoraison. Cf. Ange RoCCa, Thésaurus ponlificiaruni sacrarumqw antiquitatum, t. i, p. 143.

A l’offertoire, les cardinaux et les postulateura offrent au pape, avec de grands cierges, des pains dorés et argentés ; deux petits barils également dorés et argentés contenant du vin ; trois cages arlistement travaillées,

peintes de couleurs variées, et renfermant deux tourferelles, deux colombes et deux petits oiseaux. Sur les détails de cette cérémonie et de sa signification mystique, voir Ange Rocca, loc. cit. ; Benoit XIV, op. cit., 1. I, c. xxxvi, § 12, n. 35, t. il, p. 148-150 ; Caslellini, De mystica rerum significatione qv.se in sanctorum canonizationc afferri soient, in-12, Rome, 1658 ; Memmi, Il sacro rito di canonizzare i santi, in-4°, Rome, 1726, p. 123 ; Amici, Il sacro rito de la canoyiizzazione brevemente descrillo, in-8°, Rome, 1838, p. 39 sq.

Pour l’ensemble des solennités qui accompagnent une canonisation, lire Benoit XIV, op. cit., 1. I, c. xxxvi, § 6, 9-14, n. 18-38, t. ii, p. -136-151 ; t. xill, p. 32-149 ; Urbano de Rubeis, Relazione dell’apparato fatto in Santo Pietro per la canonizzazione de’cinque santi Lorenzo Giustiniani, Giov. da Santo Facondo, Pasquale Baylon, Giovanni di Dio, et Giov. da Capistrano, canonizzati a’16 ottobre 1690 da Alessandro VIII, in-fol., Rome, 1690 ; Acta sanctorum, maii t. ii, p. 256 sq. ; Sarnelli, Lettere ecclesiastiche, 9 in-4° Venise, 1718, t. vi, p. 73 ; Memmi, / ; sacro rito di canonizzare i santi, in-4°, Rome, 1726, p. 120 sq. ; Amici, /( sacro rito delta canonizzazione brevemente descritto, in-8% Rome, 1838, p. 20 sq. ; Brève notizia délie solenni cano’izzationi de’santi celebrate in diversi tempi nella patriarcale basilica vaticana, in-4° Rome, 1839, p. 30 sq. ; Moroni, Dizionario di erudizione storico-cc<-lrsi<istiea, 109 in-8° Venise, 1840-1879, v n anonizzazione, § 4-7, t. vii, p. 292-307 ; R. P. Mortier, Saint-Pierre de Rome. Histoire de la basilique vaticane, in-fol., Tours, 1900, p. 522 sq.

Les auteurs qui ont traité de la canonisation sont innombrables. Cf. U. Chevalier, Répertoire. Topo-bibliographie, col. 569-570. Nous indiquerons d’abord ceux qui ont écrit ex pro/esso sur ces matières ; puis, ceux qui, dans leurs ouvrages, en ont parlé longuement, quoiqu’ils n’en aient pas fait l’objet principal de leurs travaux.

I. Auteurs qui ont écrit ex professo sur la canonisation.

— 1° Théologiens. — Ange Rocca, De sanctorum canonizatione commentarius, in-4° Rome, 1601, ouvrage plein d’érudition, dédié au pape Clément VIII, inséré dans le t. Il des œuvres complètes de l’auteur, publiées sous ce titre : Thésaurus pontifleiarum sacrarumque antiquitatum, neenon rituum, praxium et cxremoniarum, 2 in-fol., Rome, 1719, 1745. — Fortuné Scacchi, De cultu et veneratione sanctorum in ordine ad beatiflcationem et canonizationem, dédié au pape Urbain VIII ; le 1. I a paru seul sous le titre : De notis et signis sanctitatis beatifteandorum et canonizandorum, in-4° Rome, 1639, 1679 ; les autres livres avaient pour titres : le II*, De martyrio ; le IIP, De miraculis ; le IV*, De beatiftcatione ; le V’, De canonizatione ; le VI*, De ordine judiciario harum causarum ; le VIT, De congregationibus in quibus causa 1 pertractautur ; le VIII", qui ne fut pas achevé, De missa ponti/ïcia ; les 1. IP, IV’et VI* seuls ont été conservés, et se trouvent en manuscrit à la bibliothèque Alexandrine de l’université de la Sapience à Rome ; ils lui furent donnés par le pape Alexandre VIII, à qui ils appartenaient, et qui ne voulut point priver les travailleurs des trésors d’érudition qui y sont renfermés. — Luc C.astellini, De certitudine glorix sanctorum canonizatorum, in-fol., Rome, 1618, 1628, ouvrage dédié aussi au pape Urbain VIII, et auquel l’auteur ajouta, dans la suite, deux autres traités importants : De inquisitione miraculorum in sanctorum martyrum canonizatione, in-fol., Rome, 1629 ; De dilationc in longa annorum tempora magni arduique negotii canonizationis sanctorum, elucidatorium theologieum, in-4° Naples, 1630. Cet ouvrage, composé à diverses époques, pèche par la méthode ; le lien logique qui réunit les diverses parties n’est pas nettement indiqué ; il y a néanmoins des passages très remarquables et d’une grande utilité pour ceux qui ont à s’occuper de ces matières. — Jean-Baptiste Riccioli, Immunitas ab errorc tant speculativo quant practico deflnttionum sanctx sedis apostolicx in canonizatiune sanctorum, in-4° Bologne, 1668. — Charles-Félix de Matta, évêque de Saint-Sévère, Novissimus de canonizatione sanctorum tractatue, in-fol., Rome, 11528 et 1678. C’est l’un des auteurs les plus exacts. — Michel-Ange Lappius, De heroicitate virtutum in beatifleandis et canonizandis requisita, in-12, Borne, 1671. — François Bordoni, De miraculU rations habita beati/tcationis et canonizationis, in-fol., Panne, 1708 ; dédia au pape Clément XI, cet ouvrage posthume, qui ne manque pas de mérite, serait probablement plus remarquable encore, si l’autour avait ru le temps d’y mettre la dernière main. — Jean-Baptiste Memmi, /( sacro rito di canonizzare i sanli, n-V, Rome, 1726.

2* Canonistes. — Malvezzi, Trac talus de sanctorum canoni-