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K, J<l

CANONISATION DANS L’ÉGLISE ROMAINE

10.10

Aussi les Gesta marhjrum romain* ont peu d’autorité auprès drs critiques de dm jours. Voir A. Dufourcq, Étude sur 1, -s Gesta martyrum romaine, Paris, 1900. Dans d’autres j » ; » s. en Afrique surtout, il s’en est i serve un assez grand nombre. P. Monceaux, Hïsfr littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, 1901, 1902, t. i. p. 55-96 ; t. ii. p. 135-197 ; dom II. Leclercq, L’Afrique chrétienne, Paris, 1904, t. i, p. 249-251. Cela tient sans doute à ce que l’autorité ecclésiastique s’en est plus occupée qu’elle ne l’a fait à Rome. Saint Cyprien, exilé de Carthage, écrivait aux clercs de son Eglise : « Noie/. sur la liste les jours où meurent les confesseurs, pour que nous puissions célébrer leur anniversaire au milieu des tombeaux des martyrs. » Epiai., XII, 2, édit. llartel. L’n concile africain, tenu à Ilippone en 393, constate et autorise l’usage de lire à l’église les passions des martyrs au jour de leur fête : Liceat etiam legi jiassiones martyrum cuni anniversarii dics eorum celebrantur. Ilardouin, Collcct. concil., t. i, col. 880 ; Mansi, Concil., t. iii, col. 924. Cf. dom Leclercq, op. cit., t. I, p. 71, 75, 76, 251-280. A Rome, on ne le faisait pas. Le décret De recipiendis et non recipiendis libris, attribué à saint Gélase, mais composé, au moins, pour la seconde partie, dans la première moitié du VIe siècle, déclare expressément que la lecture des Gesta martyrum était interdite à Rome dans les réunions du culte : Secundum antiquam consuetudinem, singulari cautela, in sancta Romana Ecclesia non leguntur, quia et eortim qui conscripsere nomina penilus ignorant ur, et ab hi/idelibus et idiotis supcr/Iua aut minus apta quant rei ordo fuerit, esse putantur. A. Thiel, Epist. rom. pont., t. i, p. 458 ; Preuschen, Analecta, p. 151. Le Liber pontificalis, qui est contemporain, parle des Gesta, mais ne dit nulle part qu’ils fussent l’objet d’une lecture publique à l’église. Saint Grégoire le Grand, écrivant, en 598, à Eulogius, patriarche d’Alexandrie, constate que les passions des martyrs étaient à peu prés inconnues à Rome, à la fin de ce mémo siècle. Epist., 1. VIII, epist. xxix, P. L., t. lxxyii, col. 930-931 ;.la lié, Iiegesta, n. 1517. Dans la Gaule, à l’époque mérovingienne, on lisait ofliciellement les passions des martyrs. Mabillon, De liturgia gallicana, 1. I, c. v, 7, P. L., t. lxxii, col. 132-133. Plus tard, à Rome même on les lut. Le pape Adrien écrit à Cbarlemagnc en 794 : Passiones sanctorum martyrum sa ?icti canones censuerunt ut liceat eus etiam in ecclesialegi, cumannivcrsariidies eorum celebrantur. P. L., t. xcviii, col. 1284. Ces « saints canons » sont ceux de l’Eglise d’Afrique, introduits au vie siècle par Uenys le Petit dans son Codex canonum, suivi à Rome au temps du pape Adrien. Cf. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. I, p. ci.

Dès le iv » siècle. l’Église d’Afrique établit une distinction entre les martyrs reconnus et ceux qui ne l’étaient pas, inter vindicatos et non vindicatos. Au rapport de saint Optât de Milève, Hist. donatist., 1. I, 1(1, P. L., t. xi, col. 910-917, une matrone de Cartilage, nommée Lucille, fut réprimandée par l’archidiacre Cécilien et censurée par son évéque, parce qu’elle avait baisé, au moment de recevoir la communion, les reliques d’un chrétien, mort pour la foi, mais n’ayant pas encore été ofliciellement reconnu comme martyr, nondum vindicatus. C’était l’évéque du diocèse qui faisait ordinairement cette reconnaissance officielle. Voir aussi Pierre Coustant, Epist. rom. pontificum, in-fol., Paris, 1721. t. i, p. 120 ; Hartigny, Dictionnaire îles antiquités chrétiennes, in- 4°, Paris, 1877, p. 119. Cf. Bellarmin, De sanctit.et beatif. sanctorum, I. I, c. VIII, t. il, col. 7(11 ; Benoît XIV. De servorum Dei béatifications ei beatorum canonisations, 16 in-’i", Naples, 1773-1775, I. 1, c. ni. n. 7, t. i. p. IS sq. Dans les Krjises d’Afrique cependant, le jugement était porté par le métropolitain entouré de ses suflragants réunis en concile ; puis, plus tard, il fut réservé uniquement au primat de Carthage. Cf. s. Augustin, Breviculum

collatinuiim runi donatisttS, coll. III. c. XIII. n. 25, P/.,

t. xi. ni, col. 636 ; Lupus, Syn i/ium ar

provincialium décréta et canows scholiis illustrait,

7 in-fol., Venise, 1724-1726, t. iv, p. 204 sq.

Cette discipline avait on d’être toute spéciale

en ces temps où l’hérésie avait aussi ses martyrs. I. I devait donc s’enquérir avec soin de la cause qui avait fait le martyr : quse marlyrem facit, causa ittquireiida est, alin de ne pas laisser décerner des honneurs immérités à ceux qui étaient morts hors de sa communion. Cependant il paraîtrait qu’a Rome, à la fin du iv sii on n’avait, dans les milieux cultivés, qu’une très imparfaite connaissance de l’histoire des martyrs qui y avaient soullert. A. Dufourcq, Etude sur les Gesta martyrum romains, Paris, 1900, p. 17. Cf. Duchesne. Le Liber ponli /icalis, Paris, 1886, t. i, p. lxxxix-C. Voir cependant II. Marucchi, Éléments d’archéologie clirétienne, Paris, Rome, 1900, t. i, p. 130-133.

Rientôt on se lit des emprunts, et les saints les plus célèbres furent fêtés ailleurs que dans leur patrie. Quelques-uns, comme saint Xyste et saint Laurent de Rome, saint Cyprien de Carthage, etc., parvinrent à une ration à peu près universelle. Par des lettres circulaires ou encycliques, certaines Églises se communiquaient les actes de leurs martyrs respectifs, soit afin que ces glorieux combats pour la foi et ces triomphes éclatants fussent connus de tous ; soit aussi alin que le culte de leurs martyrs, autorisé chez elles par le jugement de l’autorité ecclésiastique du lieu, s’étendit de proche en proche par le jugement successif des autres évoques qui approuveraient ces actes. Lecture publique des actes approuvés était faite dans les réunions des fidèles, principalement au jour anniversaire du trépas glorieux du martyr. C’était à la fois un culte de vénération pour ceux que le Christ avait couronnés dans le ciel, et un encouragement ou une prédication salutaire pour ceux qui restaient sur la terre. Cf. Ruinart, Acla martyrum sincera et seprœf. , § 1, n. 3 ; s 2. n. 13, in-fol.. Amsterdam, 1713. p. m. xv ; Prudences Hymnus sancti Hippolyti ad Va num Ca’saraugustanuni episcopum, hymn. il, De covonis, v. 195 sq., P. L., t. lx. col. 55 ! sq.

Plusieurs de ces lettres encycliques de la plus haute antiquité sont parvenues jusqu’à nous : par exemple, celle de l’Église de Smyrne sur le martyre de saint Polycarpe, Eusèbe, H. V… iv. 15. P. (.’.. t. xx. col. 361 ; Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901. 1. 1. p. 314celles des Églises de Vienne et de Lyon sur le martyre de saint l’otin et de ses compagnons. Eusèbe, v, 5, P. G., t.xx. col. 408. Les lettres de ce genre envoyées à une Eglise ne s’y arrêtaient point ; mais celle-ci. après en avoir pris une copie authentique, les faisait passer à d’autres. l » ans ce but, souvent ces lettres se terminaient par une formule semblable à celle qui se trouve à la fin de la lettre de l’Église de Smyrne : Quse vos, posteaquam acceperitù, rogamus ut ad fratres ulterius positos epislolam mittatis ; quo et illi Dominum benedicant, qui ex suis famulis quoscumque vult cligit. Ou encore comme celle-ci : Htecpeto per vos ut essteris collegis vestris in S. Cyprien. Epist.. î.xxxii. P. L., t. IV, col. 430. Les translations de reliques, réelles ou représentatives, donnèrent, à partir du iv siècle, un grand es>or à la diffusion du culte des martyrs. Cf. Acta sanctorum, prsf. gen., c. 1, ?12, Paris. ISOI. januarii t. i. p. xiv sq. ; Eusèbe, II. E., v, 3, 4. P. G., t.. col. 340 ; s. Grégoire de Tours, De gloria martyrum, I. 1. n. 51.04. P. L., t. i xxi. col. 753. 703 ; Mabillon. Acta sanctorum ord. S. Benedidi. prœf. ad sac. v, g 6, n. 93, t. v, p. lx ; lienolt XIV, D* servorum Dei beatif. et bealor canon :., I. I. c. i, n. 13 sq., t. i. p. 20 sq. ;.4cta sanctorum, Paris. In’C, jnlii t. vil. p. 147 : Constant, op. cit., I. l. p. 843 ; Mabillon. Vêlera analecta. in-fol., Paris. 1723, |

3° Culte des confesse irs. 1 quelle époque a-t-il commencé dans l’Eglise ? — C’est seulement apri