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CANONS DES APOTRES


Christ y est, en opposi tion aux idoles, une colonne non faite de main d’homme, à"/ v eipo7roiY)Toç. On peut donc rapporter ces canons à une époque antérieure à la guerre iconoclaste. Un autre indice les reporte au temps de Julien l’Apostat. Le 1 er canon prétend que les disciples étaient appelés galiléens par leurs contemporains et que les apôtres ont changé ce nom en celui de chrétiens. Harnack a pensé que ce canon portait sa date et convenait au règne de Julien qui désignait les chrétiens sous le nom méprisant de « galiléens » . Il a reconnu dans la collection un exposé de principes résumant le programme des missionnaires chrétiens : le christianisme y apparait distinct du paganisme par l’abstention du culte idolatrique et des mœurs païennes et distinct du judaïsme par la liberté laissée dans le choix des aliments et le rejet des pratiques légales. C’est pourquoi ces canons conviennent à une époque où les païens se convertissaient en foule et menaçaient d’altérer la pureté du christianisme par le mélange des pratiques païennes. Harnack estime aussi qu’ils proviennent d’Antioche, car ailleurs on n’aurait eu aucun intérêt à gratilier cette ville d’un concile apostolique. M. Paul Lejay, Le concile apostolique d’Antioche, dans la Revue du clergé français, n. du 15 octobre 1903, p. 349-355, a repris et complété l’argumentation de Harnack. En raison du caractère antijuif de ces canons, il faut, à son avis, chercher un temps ou, au moins, un lieu où les juifs, peut-être les judaïsants, étaient une force encore redoutable. S’appuyant principalement sur la connaissance que saint Innocent I" avait du concile apostolique d’Antioche et considérant que ce pape a séjourné en Orient et qu’il est probablement l’ascète Innocent qui habitait avec Pallade sur le mont des Oliviers et écrivait contre Macédonius en faveur du Saint-Esprit, il a conclu qu’Innocent avait connu le concile apostolique d’Antioche en Palestine, son berceau. Peuplée de juifs et de païens, cette contrée exigeait des missionnaires du christianisme les connaissances variées nécessaires pour convertir une population si mêlée. Ces missionnaires n’avaient-ils pas, après la mort de Julien l’Apostat, un court recueil de la doctrine des apôtres suffisant à l’instruction sommaire des habitants juifs et païens de la Palestine’.' Si le pape Innocent I er a connu nos canons peu après l’an 100, il ne peut être question d’en placer la composition au moment des querelles iconoclastes. D’autre part, il n’est pas impossible que le 1 er canon soit une réaction contre l’appellation de « galiléens » donnée aux Chrétiens par Julien l’Apostat. Cependant, un auteur du IIIe siècle pouvait, d’après le Nouveau Testament, conclure que les disciples du Christ étaient appelés « galiléens « avant qu’ils n’aient reçu le nom de chrétiens. Cf. Bulletin critique, 2e série, t. x, 1904, p. 430-137. Il n’est pas certain que Julien soit l’auteur de la dénomination « galiléens » . Que les canons aient été composés à Antioche ou en Palestine, c’est une question secondaire qui dépend surtout d’hypothèses subsidiaires. Toutefois, les hypothèses de M. Wittig, reprises par M. Lejay, sur l’identité du pape Innocent avec l’ascète Innocent, nous paraissent peu vraisemblables. Deux lettres sont adressées par saint Basile à Innocent, évéque. L’une, dans laquelle saint liasile propose un descendant d’Hermogène, évéque de Césarée, pour succéder à Innocent, est intitulée dans les rnss. « à Innocent, évéque de Rome » . La seconde est adressée, d’après tous les inss. honnis un, « à Innocent évéque. » Or saint liasile mourut en 379 et Innocent ne fut pape qu’en 402. Les derniers mss. ont donc conservé la bonne leçon, et Innocent n’est pas l’évéque de Rome, mais un suffragant ou un ami de saint Basile. Epist., l, i.xxxi, /’. G., t. xxxii, col. 388, 45(5. M. Wittig préfère suivre’les premiers inss., corriger les seconds, et attribuer ces deux lettres de liasile à saint Jean Chrysostome, afin de pouvoir dire qu’elles sont adressées au pape Innocent. Il est peu vraisemblable

qu’un évéque de Rome ait demandé un successeur à un évéque oriental, fût-ce à celui de Constantinople. D’ailleurs deux autres lettres de saint Rasile mentionnent Hermogène évéque de Césarée (mort avant 341, cf. Oriens christianus, t. I, col. 371) dans les mêmes termes que la lettre L. Ces quatre lettres se complètent donc l’une l’autre et il va de soi que saint Basile, évéque de Césarée, ait adressé un descendant d’Hermogène, un de ses prédécesseurs sur le siège de Césarée, pour succéder à l’un de ses suffragants nommé Innocent. Epist., ccxliv, cclxiii, P. G., t. xxxii, col. 924, 977.

Il est plus difficile encore d’identifier le pape Innocent avec l’ascète Innocent près duquel Pallade passa trois ans sur le mont des Oliviers. Hist. lausiaca, 1. VIII, c. ciii, P. L., t. lxxiii, col. 1191-1192 ; t. lxxiv, col. 310-317, 376. Cf. dom C. Butler, The Lausiac History of Patladius, Cambridge, 1904, t. il, p. 131-132. L’ascète Innocent avait occupé un rang distingué au palais au commencement du règne de Constance, empereur d’Orient (337301) ; son fils Paul, garde du corps, avait péché avec la fille d’un prêtre, et Innocent avait demandé à Dieu de le punir ; aussi Paul était devenu le jouet du démon, et vivait encore, chargé de chaînes, sur le mont des Oliviers. L’autre Innocent, pape (401-417), était fils, d’après le Liber pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, t. i, p. 220 ; édit. Th. Mommsen, Berlin, 1898, p. 88, d’Innocent d’Albano, mais, d’après une lettre de saint Jérôme, P. L., t. xx, col. 1120, il était « fils et successeur » du pape Anastase. Cf. Realencycl. fi’trprot. Theol., 3° édit., t. ix, p. 106. L’ascète Innocent est donc plus ancien que le pape Innocent et appartient à la génération précédente. De plus, Pallade, qui a vécu trois ans avec Innocent, écrivait son Histoire lausiaque vers l’an 420. Cf. Butler, The Lausiac History of Palladius, Cambridge, 1898, t. I, p. 3. Il relate qu’Innocent était tfflv ÈiuSdÇiùv bi tû TraXaTcip et raconte quelques-uns de ses prodiges ; il n’aurait pas manqué de signaler encore qu’il était fils du pape Anastase et qu’il était devenu pape lui-même. Cette identification non admise, il resterait à expliquer comment le pape Innocent I er a eu connaissance des canons du concile d’Antioche. Nous l’ignorons. Mais les rapports entre l’Orient et l’Occident étaient alors assez fréquents pour qu’il ait vu le texte grec. Il pouvait même exister déjà une traduction latine de ce texte.

Le commencement du V siècle est donc le terminus ad quem de la composition des canons d’Antioche. Quant au terminus a quo, il sera un peu différent selon que nous prendrons les canons avec leur titre et leur conclusion ou sans titre ni conclusion.

Le titre en ell’et : to0 âyio’j kpoLiâpTupo ; nap.c0.oy… fj.Épo ; tôjv ûu’ocÙto-j £Ûpe8lvT(i)ve !  ; ty|v ipiyévou : (iiëXto-ÔriXVi semble mettre la composition entière sous le patronage d’un passage d’Eusèbe, H. E., VI, 32, n. 3, P. G., t. xx, col. 592, d’après lequel Pampbile réunit dans la bibliothèque de Césarée des ouvrages d’Origène et d’autres auteurs ecclésiastiques. On peut supposer qu’après la mort d’Eusèbe (338) on a voulu codifier les règlements portés par les apôtres à Jérusalem avec diverses additions tirées d’ailleurs du Nouveau Testament et former ainsi une première partie au recueil des 84 (85) canons des apôtres qui omettent précisément ces règlements. Nous aurions donc ici la plus ancienne mention des 84 (85) canons des apôtres.

Si on laisse de côté le titre et la conclusion, comme œuvre d’un scribe postérieur, on pourrait encore remonter plus haut, car Origène mentionne ce concile d’Antioche. (’.ont. Celsum, viii, 29. Ce passage, qui n’a pas encore été signalé, à notre connaissance du moins, se trouve au milieu de matières connexes aux canons 5, 7-9. Le voici : ETt’ôue : t/n « va à ?ci ? : ixv TaOra, e ! |j.r| rJyr| înp0pu)5 : u> ;, ïônlt roï{ toO’lT) » oi &ito<rr<SXo(( xa ~o :  ; iv’Av : ioyeiï Gv/ayŒioiv èni to a-jxb 7^pe(îSJT£pû, . ;, v.ai, ci’;