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CANoX DES LIVRES SAINTS

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es avalent tons conscience de leur inspiration, et on ne oonnalt aucun exemple, en dehors peut-êtri prophètes, d’un écrivain sacré ayant manifesté pur des miracles l’in piration de ses écrits, Quoique ce critérium soit possible et valable, moyennant certaines conditions, il n’a pas été connu ni employé par I et on n’a pas de preuve suffisante de son emploi direct, même chej li i juifs. Fût il vérifié pour quelques livres, il ne pourrait pas l’< tre peur tous. Il reste donc inadéquat, et pour fixer le canon complet ( ! < l’Ecriture, il faudrait, en outre, recourir à l’autorité de l’Église, Beul juge infaillible de la canonicité des Livres suints. F. Schmid, De inspirationis Bibliorum vi et ratione, Brixen, 1885, p. 416-420 ; C. Chauvin, L’inspiration de » divines Écritures, Paris, s. d. (1896), p. 90-99.


III. Canon de l’Ancien Testament.

Il faut l’étudier séparément chez les juifs et chez les chrétiens.

I. CANON JUIF DE L’ANCIEN TESTAMENT.

Le mot canon étant un terme ecclésiastique, employé’seulement au iii « ou ive siècle de notre ère, nV. pas été connu des juifs ; mais l’idée qu’il exprime avait cours dans le monde juif. On y croyait à l’inspiration des livres qu’on appelait « saints » , I Mach., xii, 9, et « divins » . Joséphe, Cont. Apion., i, 8. Les rabbins reconnaissaient l’inspiration des Livres saints, quel que soit d’ailleurs leur sentiment sur sa nature. J. Delitzseh, De inspiratione Scripturse sacrée qtiid staluerint Paires apostolici et apologetæ secundi sxculi, Leipzig, 1872, p. 1-23. Ils avaient une expression équivalente à celle de livres canoniques ; ils disaient que ces livres « souillaient les mains » , c’est-à-dire rendaient impurs ceux qui les touchaient. Ils avaient imaginé cette impureté causée par le contact des Lcritures pour empêcher les profanes de les traiter sans respect. Les écrits non inspirés « ne souillaient pas les mains » . F. Weber, Die Lchren des Talmud, p. 82.

L’histoire du canon ou, pour mieux dire, du recueil des livres de l’Ancien Testament est fort obscure et impossible à écrire, faute de documents. Nous ignorons aussi quels critères servaient chez les juifs à discerner les Livres saints des écrits profanes. On pense généralement que les prophètes reconnaissaient officiellement et infailliblement les ouvrages dont Dieu était l’auteur. C’était le sentiment de Joséphe, loc. cit., et des Pères de l’Eglise. Ces derniers pensaient que le canon juif avait été clos par Esdras, parce qu’après lui il n’y avait plus eu de prophète ayant autorité pour canoniser de nouveaux livres. Les prophètes auraient rempli cette fonction lorsqu’il y avait lieu et ils le faisaient en vertu de leur mission divine. Enfin, les opinions les plus divergentes ont été proposées, chez les anciens et chez les modernes, au sujet de la formation et de la clôture du canon juif.

Esdras a clos le canon de la Bible hébraïque.

Une apocalypse juive, le IVe livre d’Esdras, que les critiques datent du règne de Domitien (81-90) ou de celui de Néron (96-98), raconte, xiv, 21-47, qu’Esdras, avant de mourir, écrivit la loi de Moïse et les livres des prophètes qui avaient été brûlés dans l’incendie du Temple de Jérusalem allumé pur les Babyloniens, et d’autres livres contenant une doctrine secrète. Voir t. i, col. 148$1-$2 S1. Plusieurs Pères ont cru à cette affirmation légendaire. s. [renée, Cont. heer., iii, 21, P. t ;., t. vii, col. 948 ; Tcrtullien, De cultu fœminarum, i, 3, P. L., t. i. col. 1308 ; Clément d’Alexandrie, Strom., i, 22, P. G., t. viii, col. 893 ; S. Basile, Epiât, ad Chelon., P. G., t. xxxii, col. 357 ; Théodoret, In Cant., prsf., P. G., t. i.xxxi, col. 29 ; S. Optât, Dr schitmate donatist., vii, P. /, ., t. xi, col. 1101 ; Priscillien, Liber de fi.de etapocryphis, édit. Schepss, Corput script, eccl. Int., Vienne. 1889, t. xviii, p. 52. Le témoignage du IV « livre d’Esdras esi s.ms valeur historique ; les renseignements qu’il fournit sont ignorés de tous les auteurs juifs. Le Talmud de Jérusalem, traité Taamth. i, 2, trad. Schwab, Paris, t. vi, p. 179 ISO, rapporte au contraire qu’au rede Babylone, les juil ht dans le parvis du Temple de Jérusalem trois rouleaux du Pentateuqoe. L’auteur de la Synopte, attri aint Alliai /’. <>., t. xxviii, col. 232, suppose qu’E’luit un exemplaire dis Livres aints qu’il promu : Bon retour en Palestine. Suint Chrysostome, lu Ueb., homU. viii, P. G., t. i.xiii. col. 71. saint 1’tym.j vi, 3, J’. L., t. i. xxxii, col. 235 ; Bède, lu I /.’m/., ix, /’. /.., t. xci, col. 859, pr.’t. ndent qu’Esdi-as rédigea les Livres saints à l’aide de textes antérieurs, qu’il abri commenta, remit en ordre, compléta ou transcrivit seulement selon que l’exigeaient leur caractère et leui de conservation. Ces suppositions manquent de fondement. Cependant, mémeapn < ; r. oir reconnu leur nature légendaire, beaucoup de critiques ont maintenu qu’Fsdras avait réellement clos le canon de l’Ancien T ment, sous prétexte que la légende a un fond de vérité. Aujourd’hui on n’y attache plus guère d’importance et on suit des voies nouvelles. Cf. Claire, Introduction, Pari-. 1839, t. i, p. 73-92 ; Lamy, Introductio, 5e édit., Malines, 1893, t. i, p. 44-45 ; Ubàldi, Introductio, & édit, Rome, 1882, t. ii, p. 140-166 ; Corncly, Introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 12-51.

La Grande Synagogue a clos le canon de la Bible hébraïque.

Les critiques protestants attribuaient la clôture du canon, non pas à Esdras seul, mais à une grande assemblée qu’il présidait et qui se réunit à Jérusalem après le retour de Babylone pour travailler à la restauration de la religion juive. Un des objets de sa sollicitude aurait été la fixation officielle de la collection dis Livres suints. Hottinger, Thésaurus philologicus, I. I. c. il, q. i, 2e édit., Zurich, 1659, p. ill ; J. liuxtorf. Tiberias, 1 1620, p. 93-102. L’existence de cette assemblée repose sur le Pirké abolit (vers 200 après Jésus-Christ), I, 1, Schuhl, Sentences et proverbes du Talmud et du 3/idratch suivis du traite (Taboth, Pari-. 1878, p. -479, sur le liaba Bathra, fol. 14M5", L. Wogue. Histoire de la lltble et de l’exégèse biblique, Paris, 1881. p. 15-20, et sur différents passages du Talmud, entre autres le traité Sanhédrin, X, l, Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, Paris, 1889, t. xi, p. 49. Ces textes reproduisent les idées des rabbins du IIe et du IIIe siècle de notre ère sur la composition des Livres suints. Ils attribuent une part dans ce travail à l’activité de la Crande Synagogue, mais ils ne disent pas que cette assemblée ait formé ou clos le canon de la Bible hébraïque. Les rabbins du moyen âge ont imaginé tant de légendes sur la Crande Synagogue, que certains critiques doutent même de l’existence de cette assemblée ou la nient formellement. Cf. J. Cohen, Les pharisiens, Paris, 1877. t. I. p. 12-15, 22-23, 29-32 ; A. Franck, Nouvelles études orientales, édit. Manuel, Paris, 1896, p. 18-22 ; 1. Bloch et F. I Histoire de la littérature juive, Paris. 1901, p. 97-100.

Identité primitive du canon des juifs de Palestine et des juifs d’Alexandrie.

Les critiques modernes pensent généralement que le canon juif n’a pas été clos par Esdras ; selon eux, il s’est formé successivement et a été fermé bien postérieurement ù Esdras. Mais ils n’expliquent pas de la même manière sa formation et n’assignent pas la même date à sa clôture. Les uns distinguent deux canons différents et deux recueils bibliques, celui des juifs d’Alexandrie étant plus développé qm lui des juifs de Palestine. Ces derniers reçurent et recueillirent les Livres suints au fur et à mesure de leur composition. Le Deutéronome fut remis par Moïse aux prêtres, pour le lire au peuple Unis les sept uns. et il fut placé dans l’arche. Deut., XXXI, 9-13, 24-86. On le retrouva dans le Temple sous le règne de Josias. IV Reg., xxii, 8-XZIII, 23 ; Il Pur., xxxiv. 1 1-xxxv. 19. Josué y ajouta un nouvel écrit. Jos.. xxiv, 26. ainsi que Samuel. 1 I X. 25. Le roi Ezéchias lit rassembler des recueil-. ! Psaumes, Il Par., xxix, 30, el de proverbes. Prov., x.