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CALIXTE I ' SAINT)


proche mérité que lui fait le pape, et dont il se plaint.

Pontificat de Calfate. — Remarquons d’abord que

l'élection de Calliste es) une garantie contre li tions des Philosophumena. i o homme, en effet, qui était resté si longtemps au pouvoir, qui avait eu l’oreille du pape pendant Ks ans, avait ou Lien indisposé contre lui la communauté chrétienne ou bien mérité son estime et sa confiance. Dans le premier cas. on ue s’expliquerait pas comment le clergé et le peuple l’auraient appelé à remplacer Zéphyrin. Remarquons ensuite la vénération dont il fut l’objet après sa mort. Télesphore avait été martyr ; Ànicet, I leuthère et Victor furent de grands évéques ; Lin et Clet étaient inscrits au canon de la messe ; seul, Calliste, entre Clément et Pontien, eut un anniversaire. Que i enserdès lors des accusations portées contre la doctrine et les mesures disciplinaires de Calliste ? Faut-il y voir une hérésie et une révolution ? Nous allons y répondre en résumant De Rossi, Bullett., 1886, p. 23-33, 65-67, et Duchesne. /.es origines, p. 285-304. III. Théologie.

La doctrine théologique prêtée à Calliste par l’auteur des Philosophumena, IX, H, 12, p. 142-443, peut se ramener à ces trois points : 1° en dehors de l’incarnation, la différence entre le Père et le Fils est purement nominale ; 2° l’incarnation est la raison de leur distinction réelle ; en Jésus-Christ, l'élément visible et humain, c’est le Fils ; l'élément invisible et divin, c’est le Perc ; 3° l’union de ces deux éléments est assez intime pour affirmer qu’ils ne forment qu’un seul être, pas assez pour affirmer que le Père a souffert ; le Père n’a fait que compatir.

Tel qu’il est formulé, ce système n’est pas orthodoxe. Sans doute quelques théologiens ont essayé de le ramener à l’orthodoxie : les uns, comme Franzelin, en recourant à une exégèse un peu forcée, De Deo trino, Rome, 18(39, p. 149 ; les autres, comme Le Ilir, en retouchant le texte. Études bibliques, Paris, 1869, t. H, p. 381. Mais il est difficile d’en méconnaître l’hétérodoxie, sans qu’il soit nécessaire de mettre en doute l’exactitude du narrateur, ainsi que l’ont fait Dollinger et le P. de Smedt. Tel quel, comme l’a très bien indiqué De Rossi, c’est exactement le même système que celui que Tertullien combat dans son traité Adversus Praxeam, 27, 29, P. L., t. il, col. 191, 194. Il n’y a pas lieu de distinguer entre un fond orthodoxe et des additions ou modifications faites par l’auteur des Philosophumena. La doctrine est d’un seul jet : c’est un patripassianisme, non pas mitigé, mais déguisé'. Reste à savoir si Calliste l’a réellement enseigné. Or on peut répondre sans crainte par la négative et faire scientifiquement la critique du témoignage unique des Philosophumena.

1° De l’aveu des Philosophumena, Calliste a condamné Sabellius, Phil., IX, ri, 12, p. 442, et Sabellius reproche à Calliste d’avoir abandonné sa première foi. Comment donc Calliste peut-il enseigner une doctrine que Sabellius lui reproche d’avoir abandonnée, et que l’auteur des Philosophumena nous apprend qu’il condamne comme hérétique ? Il y a là tout au moins une contradiction.

2° Calliste n’a pas enseigné cette doctrine. Tertullien. en effet, a été l’adversaire de Praxéas et des patripassiens, des chefs de l'Église de Rome et de Calliste, à cause de la condamnation du montanisme. Or, dans son Adversus Praxeam, il attaque la doctrine en question, mais il n’y compromet ni Zéphyrin ni Calliste ; il n’y combat que des hérétiques notoires, déjà condamnés par le pape. Dans son traité De pudicitia, il met en scène un pape, qui n’est autre que Calliste, et il se permet contre ! lui les plus violente, invectives. S’il avait pu lormuler quelque accusation doctrinale, il n’eût certes pas manqué de le faire. Et lorsqu’il réfute le système, qui 'si précisément attribué à Calliste par l’auteur des Philosophumena, -ans le mettre Mir le compte du pape, c’est que, en réalité, le pape ne L’a l’as enseigné.

3 » Du reste, l’auteur des Philosophumena prétend que la doctrine de Calliste Continue à être I I son école. Or il écrit au plutôt sous Trou au plus tard sous Pontien 230-235. nuand donc une variation au-si Importante que l’abandon du patri| sianisme pour la consubstantialité se serait-elle produi Nous n’avons, il est vrai, aucun document officiel ce point sous I seura immédiats de Câlin

.Mais, d’une part, Novatien. prêtre de Rome-, qui écrit avant la persécution de Dèce, repousse le sabellianisme comme une doctrine notoirement condamnée. Et d’autre part, déjà (le 235 à 240, celui qui doit occuper le siège de Rome de 259 à 268 est au courant de i eut

de l'Église ; c’est un homme instruit. Or. vers 260, saint Denys a la même attitude quo Calliste dans la question trinitaire. Sa lettre à son homonyme d’Alexandrie, dans S. Athanase, De decrelis nie. syn., 26, P. G., t. xxv, col. 461, est un document de la foi romaine consubstantialiste et nullement sabellienne. également éloigné de l’erreur qui prétend que le Fils est le même que le Père et de celle qui divise la monade divine en trois substances séparées, en trois divinités. Comme Calliste, Denys condamne Sabellius ; comme Calliste, Denys accuse de dithéisme ou de trithéisme les adversaii "de

Sabellius. De part et d’autre, même Langage théologique montrant que les deux papes, à un demi-siècle de distance, ont sur la légitimité de certaines formules et sur le sens de certains textes script’uraires les mêmes idées contraires à celles des docteurs anti-sabelliens. Ils sont pour la monarchie, comme on disait alors, et pour l’identité substantielle du Père et du Fils, en même temps que pour la trinité et pour la distinction personnelle des hvpostases divines. Saint Denys est sur la même ligne doctrinale que saint Calliste. Saint Calliste. qui n’hésita pas à condamner le sabellianisme, se montra plus réservé contre les trinitaires exagérés. Sans les condamner formellement, il se contenta de les traiter de dithéistes : SÎBeoi | « né. Phil., IX. n. 12. p. 442.

Ainsi donc Calliste est loin d’avoir mérité le reproche d’erreur que lui font les Philosophumena ; sa théologie est orthodoxe.

IV. Gouvernement.

1° Discipline pénitenlielle. Calliste est accusé par les Philosophumena de remettre les péchés à tout le monde et de recevoir sans pénitence les hérétiques ou les schismatiques. A la fin du IIe siècle, les scandales donnés par les sectes gnostiques d’une part et, d’autre part, les tendances d’ascétismee ;, r ou d’encratisme avaient rendu plus sévère la discipline pénitentielle. Sans doute la meilleure réponse à l’immoralité des uns et à L’idéal des autres eut été la sainteté parfaite après le baptême : mais la faiblesse humaine entraînait les fidèles au péché. Du temps dllermas, le pécheur avait au moins une fois la possibilité de recouvrer le salut perdu, à la condition d’avoir un repentir sincère et de se soumettre à une purification laborieuse : c'était le droit au pardon, et le pardon était le fruit de la pénitence. Par suite aucun péché n'était exclu du bénéfice du pardon. Cinquante ans plus tard, vers Tertullien n’enseignait pas autre chose dans son De psenitentia. Il nous dit le nom grec de cette pénitence laborieuse, àÇoii « )X6-rn<nc, qui était temporaire ou p. : tuelle selon les cas. Il affirme son efficacité même vis-avis des fautes commises contre Dieu. Or. au début du IIP siècle, certains péchés, l’idolâtrie, le meurtre et la fornication, bien que soumis a La pénitence, n'étaient pas, en fait, officiellement remis par l’Eglise, qui en avait fait des cas réservés, dont elle laissait le pardon à Dieu seul. Tertullien. passe au montanisme. appelait « chés irremissibUia, De pndicit., 2, P. L.. t. ii, col les disait frappés dune pénitence perpétuelle ir de remission de la part de l’F.glise. pro qudms

nec orari permiltitur. De pudieit., 19, P. L., t. il,

1 col. 1020. Tertullien refusait à L'Église le pouvoir de les