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CANON DE LA MESSE


celle des divergences qu’il présent différentes

liturgies d’< Iccident et d < Irient.

1 Le canon de la mette dans tel Églitet orient*

— 1. Les paroles de Jésus Christ, par lesquelles s’opi re la consécration, sont l’élément fondamental du canon de la messe ; aussi les retrouve-t-on encadrées dans l récil de l’institution de l’eucharistie, dans toutes les liturgies, sans aucune exception. Les termes sont empruntés aux récits évangéliques el à l’exposition de saint Paul, I Cor., ii, 23-26. Cependant aucune liturgie, orientale ou occidentale, ne s’en tient exclusivemenl aux textes scripturaires ou ne reproduit celui de saint Paul sans omission. La plus remarquable des variantes est signalée par M* 1 Duchesne, Origines du culte chrétien, 3e édit., Paris 1902, p. 210 ; elle consiste dans la glose qui suit la seconde consécration. On lit à cet endroit, dans le missel mozarabique, cette formule qui s’inspire visiblement d’un texte de saint Paul, I Cor., xi, 26 : Quotiexcumque manducaveritis hune panem et calicem ittum biberitis, mortem Domini annuntiabilis donec veniat in claritatem de cxlis. Un développement analogue se rencontre dans la liturgie des Constitutions de saint Jacques, de saint Basile et de saint Cyrille de Jérusalem. Voir CONSÉCRATION.

2. « Faites ceci en mémoire de moi, » avait dit Jésus-Christ en instituant l’eucharistie. Il n’est pas douteux que les apôtres ont obéi à cet ordre, qu’ils ont célébré les saints mystères, d’abord à Jérusalem, avant de se séparer, puis, dans les régions où ils allèrent porter la lumière de l’Evangile. Cf. Act., xx, 7, 11. Il est d’ailleurs logique de supposer que dans les Églises fondées par eux. ils ont implanté la liturgie qu’ils avaient pratiquée en commun à Jérusalem ; mais quelle était cette liturgie ? Les apôtres se contentaient-ils de répéter les paroles de l’institution, ou bien y ajoutaient-ils certaines prières ? Et ces prières étaient-elles fixes ou chaque célébrant pouvait-il les variera volonté ? La réponse à ces questions justifierait du même coup les hypothèses qui en sont le point de départ.

3. Or, la solution de ces problèmes n’est pas donnée par l’Écriture, mais on peut la conclure de ce fait que les liturgies orientales du IVe siècle, c’est-à-dire les liturgies les plus anciennes dont le texte est arrivé jusqu’à nous, s’accordent entre elles pour les parties principales du canon. Sans doute, l’accord n’est pas littéral : telle prière est plus développée et telle autre est raccourcie ; l’ordre des parties est parfois changé, mais le sens reste le même. Ce fait ne peut s’expliquer que par l’unité d’origine des différentes liturgies, et dès lors qu’on ne peut attribuer cette origine à aucun concile général, on est fondé, d’après la règle connue, S. Augustin, De bapt., t. IV, 24, P. L., t. xliii, col. 171, à la faire remonter aux apôtres eux-mêmes. Saint Basile, Liber de Spiritu Sancto, c. xxvii, n. GO, P. G., t. xxxii. col. 188, signale expressément, entre autres traditions apostoliques, les paroles de l’institution de l’eucharistie qu’il faut réciter pour consacrer le pain et le viii, et il demande qui, sinon les apôtres, nous a transmis les paroles de l’ « épiclèse » : Ta tr, ; iitixX^oewç P’rçu.*** ™ tt) àvaôei-ec toû aptovi t/, ; eùxapcariac xa toO Ko-r, p : o-j t9) ; e-jXo-fia ;  : ’. ; tûv bylttri iy-piït.i ; r/jé.v xxTaXÉÀoiïTEv ; Le pape Vigile affirme que canonicatprecit textum ex apostolica traditione accepimut, et c’est la raison sur laquelle il se fonde pour recommander le fanon à la vénération des Espagnols, a qui il l’envoie. Labl.e, Coflr cil., t. v, col. 313. Au cours de la discussion qui eut lieu au concile de 1 renie au BUJel des traditions apostoliques, un Père de l’assemblée soutint, à la congrégation générale du 5 avril 1516, que C’était une impiété de recevoir

ces traditions et les Ecritures pari pietatit affectu. Le cardinal de Sainte-Croix, qui présidait, lui demanda u, , traditio canonis mistm Ht recipienda pari pielate cum librù) tacris, il répondit : Sic, ut Evangelium.

j r < n. recum. cône. Tridenlini,

Agram, b. d. (1874), t. i, p. 85.

4. L’unité de liturgie dans les Eglises apostoliques serait directement démontrée s’il était wai que la liturgie primitive « hl’Église est contenue, sans notables altération-, d. mle 1. VIII des Conttituliont apostolique*. H après M » 1 Prohst, Liturg ertlen ch

Jahrhunderte, p. 341 sq., et d’après Bickell, M Pateha, Mayence, 1872, cette liturgie serait bien antérieure à l’an 200 ; mais son étroite ressemblance avec les liturgies syriennes, telles que celle de saint Cyrille de Jérusalem et celle dite des homélies de saint Chrysostome, justifie l’opinion de Mb Duchesne, Origi du culte chrétien, p. 57. 64, qui l’attribue à la fin du ive siècle et y voit l’exacte représentation de la litur r ie des grandes Églises de Syrie. Néanmoins, puisqu liturgie des Constitution » apottoliquet n’était en uau ive siècle, dans aucune Église d. terminée, Duchi p. 64, il est admissible qu’elle soit la restitution d’une liturgie plus ancienne ; de fait, elle est remarquablement d’accord avec les données liturgiques éparses danouvrages les plus anciens des Pères et écrivains du r » au IVe siècle. On serait donc fondé à dire que la liturgie de ce VIII » livre et les autres liturgies syriennes du IV siècle reflètent avec une particulière fidélité les traits généraux de la liturgie en usage chez les premiers successeurs des apôtres.

5. Cependant, une sérieuse objection à cette conclusion se présente à la lecture de la Doctrine des douze apôt Cet écrit fort ancien, à tout le moins contemporain de saint Justin, dit VLw Duchesne. p. 52, indique en c. ix, x. Funk. Patres apostolid, 2e édit.. Tubii 1901, t. l, p. 20-21. touchant la manière de « faire l’eucharistie et sur le rôle laissé aux « prophètes » en cette circonstance, des formules, ou plutôt permet un arbitraire, qui contredisent manifestement la fixité de ride prières institués par les apôtres. Plusieurs solutions sont en présence. La première, de Mi’r Duchesne, p. 535V, cf. p. 48-49, consiste à y reconnaître des us particuliers et à dire que, le prophétisme n’ayant duré que peu de temps, l’anomalie liturgique qui en est résultée disparait dans l’ensemble de l’histoire des premiers siècles de l’Église. D’ailleurs, saint Justin. / Apol. P.G., t. vi, col. 429, reconnaît que l’évéque impries formules. Cf. Funk, op. ci*., p. 25. C’est sans doute en ce sens qu’il faut interpréter saint Grégoire le Grand, Ad Joannem Syracusanum, 1. IX. epist iii, P. L., t. i. xxvii. col. 957, lorsqu’il semble dire qu’au temps des apôtres il n’y avait de fixe, dans les prières accompagnant la consécration, que la seule oraison dominicale. Les deux autres réponses interprètent les C. IX-X de la Doctrine dans un sens différent de la célébration proprement dite de l’eucharistie. M. l’abbé Ladeuze. Revue d » l’Orient chrétien. 1902, p. 339 sq..y voit la célébration des agapes ; d’apivs M’." l’rohst. op. cit., p. 324 sq., il s’agirait de la manière de donner la communion à domicile et de faire l’action de grâces, tant en présence de docteurs qu’en leur absence. Toutefois, ces deux dernières interprétations, trop éloignées du texte, paraissait devoir être rejet, es.

6. La préface et le Sanctus trois fois répétés, puis après la consécration, l’anamnèse Unde et men u rres et l’offrande qui l’accompagne, l’epiclese. le Mémento des vivants et le recours à l’intercession des saints, enfin le Mémento des morts, se retrouvent plus ou moins explicitement dans toutes le* liturgies orientales du i ail qui, du reste, se ressemblent beaucoup entre elles, même pour les autres parties de la messe. Duchesne. op. cit., p. 61-62 ; G. Wobberinin. Mlchristtiche liturgifclu’Stùcke aus der Kirche Mgyptens, dans Texte und Unters., Leipzig, 1899, t. xvii. Iasc.3, p. 4-6. On ne peut pas toutefois leur attribuer avec certitude une origine apostolique. Dans les premiers temps de l’Église ou prQ-