Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

1517

CANISIUS

1518

du calice ? S’il paraissait expédient de faire quelque concession de ce genre, faudrait il 1 accompagner de quelques conditions, et de quelles conditions ? Cani si us lit le 15 piin un discours dont le résumé se t r-u 1 1 -. < dans Massarelli, Acta genuina ss. œcumenicx coi Tridentini, édil. Theiner, Agram, 1-^7 V. t. ii, p. 16. Cf. Epis t., t. m. p. 742. Il posait en principe qu’il dallait se montrer difficile a concédi r le calice aux laïques. On n, - devait pas l’accorder aux hérétiques, ne tanctwn detur canibus. Restait a considérer sérieusement s’il niserait pas expédient de le permettre a certains catholiques entourés d’hérétiques et chancelant dans la fui. au cas où ce serait le seul moyen de lis maintenir dans l’orthodoxie, et surtout aux Bohémiens que l’abseno de préires avait l ait tomber dans quelques erreurs, et qu’on pourrait ainsi ramener à la foi en tout le reste. Cet avis du Iiienheureux ne passa pas inaperçu ; les théologiens de l’empereur essayèrent même de s’en faire une arme contre le 1’. Laynez, dont la décision fut plus intransigeante. Epis t., t. iii, p. Toi sq.

De retour à Augsbourg, Canisius ne cessa pas de s’intéresser aux travaux du concile. Dans ses lettres au cardinal Hosius, il encourage ce légat et l’instruit des bruits qui courent ; le 3 août, il lui envoie un écrit De abusibus missa 1 ; il insiste pour qu’on s’occupe de la réforme du clergé’. Ibid., p. 470, 474, 485. Aussi regretta-t-il la très vive discussion qui s’éleva parmi les Pères sur l’origine de la juridiction épiscopale. Ce n’est pas qu’il méconnût l’importance de la question, ou désapprouvât la doctrine brillamment soutenue par le P. Laynez dans un discours resté célèbre ; sa correspondance prouve le contraire, ibid., p. 527, 537, 551 ; mais il voyait là un retard apporté à l’œuvre plus urgente de la réforme ecclésiastique. Il craignait aussi le mécontentement qui se manifestait à la cour de Vienne. Quand la question du calice des laïques eut été, le 17 septembre, renvoyée au pape par les Pères du concile, l’empereur soumit à plusieurs théologiens ces questions : Faut-il persévérer dans la demande faite précédemment ? Faut-il la renouveler auprès du concile ou auprès du pape, et comment procéder ? Canisius répondit d’Augsbourg, le 53 octobre, par un mémoire important, accompagné d’une lettre où il rappelait la gravité de l’affaire et la nécessité d’éviter à tout prix ce qui semblerait une atteinte aux droits de l’Église et à ses institutions. Dans ce mémoire, le Bienheureux donnait en substance les mêmes conclusions qu’à Trente, mais avec beaucoup plus de développements et de précision. Rien ne s’oppose, en principe, à la concession du calice, mais c’est au pape de décider s’il est expédient de l’accorder. L’empereur peut demander cette faveur pour une partie de ses sujets ; non pour les hérétiques, qui réclament le calice comme un droit appuyé sur l’autorité divine, ni pour les bons catholiques, à qui cette concession serait plutôt nuisible, mais pour les catholiques peu fermes dans la foi, qu’on a l’espoir, assez faible du reste, de retenir ainsi dans l’Église. Cette laveur doit être accompagnée de conditions propres à écarter les fausses interprétations et à distinguer les catholiques des hérétiques. Qu’on ait soin, en outre, de bien instruire les fidèles de tout ce qui concerne la sainte eucharistie et la primauté du pontife romain. Epist., t. iii, p. 419-513.

Telle était la théorie ; mais une lettre du 7 novembre au cardinal Hosius montre que le Iiienheureux était préoccupé’des conséquences pratiques qui pourraient résulter d’un changement de discipline. Ibid., p. 528. La conduite de Ferdinand [’augmenta ses appréhensions. Au mois de janvier 1563, Georges Draskovicz, évoque de Pecs (Funfkirchen) et ambassadeur au concile pour le royaume de Hongrie, rédigea un nouveau mémoire, Ca/ùta qumdam ad fructuosam concilii <<lebrationem, où il demandait a l’empereur de veiller à

la liberté di s Pères et di’il I Dur qu’on enta mât enfin sérieusement l’œuvre de la réformi tique, dans le sens du programme impérial. Sicl I Zur

. J7 sq. Au début

de février, Ferdinand envoya le mémoire à Trenl convoqua près de lui à [nspruck, sous La président Draskovicz, une commission de théologiens, qui furent chargés d’examiner dix-sept articles, ou question latives à la continuation ou à la suspension, à la lil I la direction et aux travaux du concile, aux coi sions précédemment réclamées, et a la réformi l’Église dans son chef comme dans sis membres. Ibid., p. 131.

Canisius faisait partie de la commission, il en était même le membre le plus influent ; au jugement nonces Commendon et Delfini, présents à Inspruck, l’issue dépendait en grandi partie de sa prudence et de son habilité..1. Pogiani. EpistoUe et ora lianes olim collecte ab Antonio Maria Gratiano…, Rome, 1756, t. iii, p. 232 ; Archiv. Va tic, Concilia </i Trente, t. xxx. fol. 28. Le Bienheureux, qui dis son premier entretien avec Ferdinand avait compris que l’autorité du concile et du saint-siège était en jeu, marcha de concert avec les nonces. Dans son avis du 22 février, il se prononça fortement contre toute ingérence du pouvoir laïque dans l’ordre spirituel ; le concile devait continu, r. mais pleinement indépendant dans sa sphère propre ; c’était au pape à nommer les légats et à diriger l’assemblée conciliaire ; à lui aussi de décider la réforme de la cour romaine et de l’appliquer. Pour le reste, les choses devaient se traiter à l’amiable ; il ne fallait pas reprendre à Trente la question du calice, mais s’adresser au pape lui-même. I)u reste, que ne travaillait-on d’abord à l’amendement des mœurs dans les individus ? Cela fait, la plupart des mesures qu’on proposait n’auraient plus de raison d’être. Le résultat des délibérations au conseil d’État fut qu’on entrerait en relations avec le souverain pontife, pour obtenir la réforme désirée. Deux instructions de l’empereur à ses représentants au concile témoignent également d’une attitude plus conciliante. Sickel, op. cit., p. 416, 456. La conduite du Bienheureux satisfit pleinement les légats. Pogiani, loc. cit. ; Archiv. vatic. op. cit., fol. 38. 41.

Les conférences, interrompues à l’époque du carême, reprirent au mois d’avril. Quatorze nouveaux articles furent soumis, le 24, à l’examen de la commission, augmentée de plusieurs membres ; rédigés sous une forme différente et plus mesurée, ils portaient presque tous sur la liberté et la direction du concile, la manière de proposer les questions, les matières à traiter ou à omettre. L’article 3° ramenait le point délicat de 1 forme du pape et de sa cour : le concile devait-il intervenir ou laisser l’affaire à l’initiative pontificale.’Malgré’les efforts de Canisius. les conclusions de la majorité’se ressentirent des idées qui de plus en plus s’affirmaient à la cour impériale : avant de se dissoudre, les Pères du concile devaient à tout prix procéder à I forme de l’Église dans son chel et dans ses mem Bucholtz, Geschichte der Regierung Ferdinand des Ersten, Vienne. 18 : 18, t. viii, p. 51."> sq.. note. En désespoir de cause, le Bienheureux recourut à l’empereur ; après lui avoir présenté ses observations contre l’avis de la majorité, il lui montra les inconvénients de la voie où l’on s’engageait, et rappella celle qu’il fallait prendre : ne point imposer au vicaire de Jésus-Christ la réforme de sa personne sacrée et de sa cour en erlu d’un prétendu droit qu’il ne pourrait pas reconnaître, mais agir de concert avec lui pour la réforme générale et particulière de l’Église. Ce franc langage poil fruits Ferdinand promit d’examiner la chose de plus [ires, et d’en conférer avec le nonce et surtout avec le cardinal Morone, venu de Trente à Inspruck. H tint parole, lit reloucher plusieurs fois le rapport de la