examiner l’affaire au fond. II accorda un délai à l’archevêque et lui fît connaître par lettre synodale la plainte portée contre lui ; en même temps, il lui signifiait qu’une commission des archevêques de Lyon, Rouen, Tours et Bourges était formée, devant laquelle il devrait comparaître dans les trente jouft. En fait, sur les instances de Hérard de Tours, Wénilon s’entendit directement avec le roi : Guanilo, episcopus Senonum, absque audientia episcoporum Karlo régi reconciliatur, disent les Annales Derliniani, an. 859. P. L., t. cxv, col. 1418.
Mais, s’il rentra en grâce, Wénilon n’exercera plus désormais dans l’Église du royaume de Charles l’action doctrinale que nous avions antérieurement constatée ; au concile de Thuzey (cf. t.xii, col. 2929), c’est Hincmar qui mène l’assemblée. Favori de Charles le Chauve qui préside la réunion, il réussit, bien qu’étant de la minorité, à faire accepter par tous le singulier manifeste que l’on a étudié t.xii, col. 2930. Sur les deux problèmes de la prédestination et de la volonté salviflque, les deux opinions si divergentes des augustiniens et de leurs adversaires se juxtaposaient plus qu’elles ne se conciliaient. On est très loin des formules augustiniennes si tranchantes qu’en 856 Wénilon imposait à Sens à la signature d’Énée de Paris ! Et c’est un peu la politique qui est responsable de cette demi-déroute de l’augustinisme intégral. On perd un peu de vue Wénilon après ces événements ; il a dû mourir en 865.
Se reporter pour la bibliographie à l’art. Prédestination, , col. 2933 ; les autres textes importants ont été signalés ici. Ajouter É. Amann, L’époque carolingienne (= Fliche-Martin, Hist. de l’Église, t. vi), p. 292 sq. ; p. 320 sq.
Parmi les lettres de Loup de Ferrières, il en est une dizaine adressées à Wénilon, dans P. L., t. cxix, epist. xxix, xxxi, lxxiii et lxxiv, lxxxii, xcvm (nomination d’Énée de Paris), cxxiv (après Savonnières), cxxvi ; elles montrent les bons rapports qui existaient entre le célèbre abbé et l’archevêque. La lettre lxxxi, P. L., t. cxix, col. 543 est au contraire adressée par Loup, au nom de Wénilon, à l’archevêque de Lyon, Amolon, pour lui recommander la candidature au siège d’Autun, de Bern, un chapelain de la cour royale, désigné par Charles le Chauve. Cette lettre jette le jour le plus intéressant sur les nominations épiscopales à l’époque carolingienne.
WENINGER François-Xavier, jésuite autrichien.
— Né en 1805, au château de Wildhaus en
Styrie, il fut ordonné prêtre à Vienne, en 1828. Après
avoir rempli les fonctions de chapelain de la nonciature
apostolique et de préfet des études au séminaire
de Vienne, il enseigna la théologie dogmatique à l’université
de Gratz, où il entra dans la Compagnie de
Jésus, en 1832. Sa formation religieuse achevée, il
fut professeur de théologie à Linz, puis à Inspruck,
tout en exerçant activement le ministère apostolique.
En 1848, lors de la suppression des maisons de
l’ordre en Autriche, il fut envoyé en Amérique du
Nord ; il enseigna la théologie à Cincinnati, puis travailla
à partir de 1850, avec grand succès, comme missionnaire
parmi les Allemands des États-Unis. Il
mourut à Cincinnati, en 1888.
Il publia une quarantaine d’ouvrages ou opuscules, surtout de piété, quelques-uns de vulgarisation théologique et apologétique, la plupart en allemand ou en anglais. Un bon nombre ont été souvent réédités ou traduits en diverses langues, dont plusieurs en français par l’abbé Bélet, prêtre du diocèse de Bâle. Nous mentionnons ceux qui intéressent la théologie ou l’apologétique : Die aposiolische Vollmacht des Papstes in Glaubens Entscheidungen, Inspruck, 1841. — Surnma doctrines christianas in usum docentium proposita, Inspruck, 1844. — Handbuch der christkatholischen Religion, Ratisbonne, 1858. — Catholicism,
protestantism and infidelity, Cincinnati, 1862 ; édition allemande, Mayence, 1869. — On the apostolical and infallible auihority of the Pope, Cincinnati, 1868 ; édition allemande, Einsiedeln, 1869 ; traduction française : Pie IX est-il infaillible ? Besançon, 1869.
Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 10651071 ; L. Koch, Jesuitenlexikon, 1934, col. 1840.
J.-P. Grausem.
WENRICH DE TRÊVES, d’abord chanoine
de Verdun, puis écolàtre de Trêves, nommé évêque
de Verceil, mort le 30 septembre 1082. — Wenrich est
un des principaux représentants, en Allemagne, des
idées antigrégoriennes qui s’exaspèrent après la
seconde excommunication et la seconde déposition de
Henri IV en 1080. L’opposition de l’Église allemande
se donne libre carrière au concile de Brixen, 25 juin
1080, où Grégoire VII est canoniquement déposé et
Guibert, archevêque de Ravenne, choisi pour le remplacer.
L’évêque de Verdun, Thierry, avait participé’à cette assemblée aussi bien qu’à celle de Mayence
(à la Pentecôte) qui avait préparé la réunion de
Brixen. Il demanda à l’ancien chanoine de Verdun
de se faire l’interprète des griefs de l’Église germanique
contre le pape. C’est ainsi que Wenrich fut
appelé à composer son petit traité contre Grégoire VII ;
il lui donna la forme d’une lettre ouverte au pontife,
censée écrite par l’évêque de Verdun, dans laquelle
il exprime, sur un ton de regret qui peut être sincère,
les déconvenues et les tristesses que cause à l’Église
l’attitude de Grégoire. Cela l’amène à critiquer avec
modération, mais avec énergie, les mesures drastiques
prises par celui-ci : c’est une injustice que la
déposition prononcée contre le roi et l’exclusion
injuste de l’Église est de nul effet, elle ne peut être
dommageable qu’au juge qui la prononce. Wenrich
combat également la loi du célibat ecclésiastique ; au
fond elle est immorale et le mariage des prêtres est
une des conditions pour eux d’une vie régulière. La
prohibition faite par Grégoire d’assister aux offices des
prêtres mariés fait revivre les pires souvenirs de la
Pataria. Quant à la pratique de l’investiture royale,
elle se justifie aussi bien par la raison que par des
considérations historiques ; l’Écriture elle-même
peut être invoquée à l’appui, et il y a bien des exemples
de papes qui ont reconnu l’installation des évêques
par les souverains. Pour terminer, Wenrich rend le
pape responsable des troubles que la guerre civile a
déchaînés en Allemagne ; il lui reproche la façon dont
il a brigué la dignité pontificale et les procédés tortueux
par lequels il est arrivé à ses fins.
Tel est ce manifeste, qui est sans doute la meilleure récapitulation des griefs qui s’étaient accumulés en Allemagne contre Grégoire VII depuis le déclenchement de la guerre civile. Il a dû être écrit entre octobre 1080 (mort de l’antiroi Rodolphe) et 1081 (élection de son successeur Hermann). Sa diffusion fut rapide et dans l’ensemble il fut favorablement accueilli en Allemagne. La notice que lui consacre Sigebert de Gembloux est bien caractéristique : « Wenrich, devenu d’écolâtre de Trêves évêque de Verceil, écrivit, au nom de Thierry de Verdun, un petit livre adressé à Hildebrand, c’est-à-dire au pape Grégoire, sur la querelle de l’Empire et du Sacerdoce ; il ne le morigène pas, mais il le supplie comme un vieillard et un père et, d’une manière amicale et triste à la fois, il lui met sous les yeux tout ce que la renommée lui reprochait d’avoir fait contre le droit et contre la religion. » De script, eccl., n. 160, P. L., t. clx, col. 584. Manegold de Lautenbach en jugea bien différemment : cette lettre était une œuvre exécrable à la réfutation de laquelle il s’attacha dans son Liber ad Gebehardum. Voir l’art. Manegold, t. ix, col. 1828 ; on se rendra compte que Manegold a