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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. DÉCISIONS ECCLÉSIASTIQUES

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voir dans l’Église les hérétiques des différentes sectes. Voir Denz.-Bannw., n. 420, p. 185, note 2.

b) Décisions doctrinales du IVe concile du Latran (1215). —

Deux décisions également. L’une définit la foi catholique « contre les alhigeois et autres hérétiques ». C’est le célèbre chapitre Firmiter ; en voir le texte et la traduction à Albigeois, t. i, col. 683. La première partie de cette définition est tout entière consacrée au dogme trinitaire. Denz.-Bannw., n. 428.

L’autre déclaration doctrinale concerne l’affaire de l’abbé de Flore contre Pierre Lombard. Après avoir relevé l’affirmation de Joachim à peu près dans les termes où on l’a rapportée ci-dessus, le concile rend sa sentence en approuvant — chose rare dans les annales de la théologie — la position prise par Pierre Lombard :

Nos autem, sacro approbante concilio, crcdimus et confitemur euro Petro Lombardo, quod una quædam summa res est, incomprehensibilis quidem et ineffabilis, quæ veraciter est Pater et Filius et Spiritus Sanctus ; très simul personæ ac singillatim quælibet earumdem ; et ideo in Deo solummodo ïrinitas est, non quaternitas ; quiaquælibettriura personarum est ilia res, videlicet substantia, essentia seu natura divina ; quæ sola est universorum principium, pneter quod aliud inveniri non potest ; et illa res non est generans, neque genita, nec procedens, sed est Pater, qui générât, et Filius qui gignitur, et Spiritus qui procedit ; ut distinctiones sint in personis, et uni tas in natura.

Quant à nous, avec l’approbation du saint concile, nous croyons et confessons avec Pierre Lombard, qu’il est une réalité souveraine, unique, incompréhensible certes et ineffable, laquelle est vraiment le Père et le Fils et le Saint-Esprit ; les trois personnes ensemble et chacune d’elles en particulier ; et ainsi, en Dieu, il y a seulement une Trinité et non une quaternité. Chacune des trois personnes, en ellet, est cette réalité, à savoir la substance, essence ou nature divine, laquelle seule est le principe de toutes choses et en dehors de laquelle aucun autre principe ne peut être trouvé. Et cette réalité n’engendre pas, ni n’est engendrée, ni ne procède ; mais c’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré et le Saint-Esprit qui procède ; de sorte que c’est dans les personnes que sont les distinctions et dans la nature qu’est l’unité.

Licet igitur alius sit Pater, alius Filius, alius Spiritus Sanctus, non tamen aliud ; sed id quod est Pater, est Filius, et Spiritus Sanctus idem onuiino ; ut secundum orthodoxam et catholicam ndem consubstantiales esse credantur. Pater enim ab aeterno Filium generando, suam substantiam ei dédit, juxta quod ipse testatur : Pater quod dédit milii, majtis omnibus est (Joa., x, 29). Ac dici non potest, quod partent substantia 1 suæ illi dederit, et partent ipse sibi retinuerit, cuin substantia Patris indivisibilis sit utpote simplex omnino. Sed nec dici potest quod Pater in Filium transtulerit suam substantiam generando, quasi sic dederit Filio, quod non retinuerit ipsam sibi ; alioquin desiisset esse substantia. Patet ergo quod sine ulla diminutione Filius nascendo substantiam Patris accepit, et ita Pater et Filius iiabent eamdem substantiam ; et sic eadem res est Pater et Filius neenon et Spiritus Sanctus ab utroque procedens.

Bien que donc le Père soit un autre, le Fils un autre et un autre le Saint-Esprit, ils ne sont cependant pas autre chose. Ce qu’est le Père, le Fils l’est et pareillement le Saint-Esprit. Ainsi, selon la foi orthodoxe et catholique, les personnes sont crues consubstantielles. Car le Père, de toute éternité engendrant le Fils, lui communique sa substance, selon que le Christ lui-même en témoigne : « Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses. < Et l’on ne peut dire que le Père a donné au Fils mie portion de sa substance, retenant pour lui l’autre partie ; car la substance du Père est indivisible, parce qu’absolument simple. Et l’on ne peut dire non plus que le Père a transféré au Fils sa substance en l’engendrant, comme s’il l’avait donnée au Fils, ne la gardant pas pour lui ; il faudrait dire alors que la substance du Père a disparu. Il est donc clair que le Fils, en naissant, a reçu, sans lui causer aucune diminution, la substance du Père et ainsi le Père et le Fils ont la même substance. La même réalité est donc le Père et le Fils et le Saint-Esprit qui procède de l’un et de l’autre.

Cum vero Veritas pro fidelibus suis orat ad Patrem, Volo (inquiens) ut ipsi sint unum in nobis, sicut et nos unum sumus (Joa., xvii, 22) ; hoc nomen unum » pro fidclibus quidem accipitur, ut intelligatur unio caritatis in gratia, pro personis vero divinis, ut attendatur identital is uni tas in natura, quemadmodum alibi Veritas ait : Estote perfecti, sicut et Pater vester ceelestis perfectus est (Matth., v, 48), ac si diceret manifestais : Estote perfecti perfectione gratiæ, sicut Pater vester ceelestis perfectus est perfectione naturæ, utraque videlicet suo modo : quia inter creatorem et creaturam non potest tanta similitude notari, quin inter eos major sit dissimilitudo notanda.

Quand la Vérité (faite homme) priait le Père pour ses fidèles, elle disait : « Je veux qu’ils soient un en nous, comme nous aussi sommes un. Ce mot « un » entendu des fidèles, signifie en eux l’union de la charité dans la grâce ; mais appliqué aux personnes divines, il signifie l’identité dans la nature. C’est ainsi qu’ailleurs la même Vérité dit : Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » C’est comme si elle disait plus manifestement : « Soyez parfaits » de la perfection de la grâce, « comme votre Père céleste est parfait de la perfection de la nature. Chaque perfection doit donc être comprise de la façon qui lui convient ; car, entre le Créateur et la créature, on ne peut noter une telle ressemblance, qui cependant ne laisse place à une plus grande dissemblance.

Si quis igitur sententiam vel doctrinam prsefati Joachim in hac parte defendere vel approbare preesumpserit, hæreticus ab omnibus conlulatur.

Denz.-Bannw., n. 431-432.

Si quelqu’un donc a la présomption de défendre ou d’approuver sur ce point la doctrine proposée par le dit Joachim, qu’il soit de tous rejeté comme hérétique.

Cette longue déclaration peut être divisée en trois parties.

Dans la première, le concile rétablit la vérité catholique : dans la Trinité, une seule chose (une seule réalité absolue), qui est vraiment Père, Fils et Saint-Esprit et s’identifie avec chaque personne, tout en laissant subsister leur distinction mutuelle. Donc cette réalité absolue ni n’engendre, ni n’est engendrée, ni ne procède. C’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède. Comme le disait autrefois saint Grégoire de Nazianze dans sa lettre ci à Clédonius, il n’y a pas dtXXo et fiXXo, mais àXXoç et àXXoç. P. G., t. xxxvii, col. 180 B. L’expression passe ici de la théologie au dogme. Joachim est condamné, non pas précisément parce qu’il réprouve la façon de parler de Pierre Lombard, mais parce qu’il introduit en Dieu une véritable quaternité. La réprobation formulée à son égard n’atteint pas Richard de Saint-Victor, voir ci-dessus, col. 1718.

La seconde partie est une justification un peu confuse de ces vérités dogmatiques. Le concile expose que le Père communique sa substance sans la perdre et il justifie son assertion par la simplicité et l’immutabilité divines. L’explication est matériellement juste ; mais il faudra arriver au concile de Florence pour tenir l’explication adéquate : Omnia in Deo unum sunt, ubi non obviât relationis oppositio. Le concile cependant, au canon Firmiter, avait en passant marejué que la Trinité était secundum communem essentiam individua et secundum personales proprietates discrela ; mais il est en régression, quant à la vraie formule, sur le XIe concile de Tolède. Voir ci-dessus, col. 1704.

Enfin, dans la troisième partie, le concile montre