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WALSING II A M — WALTRAM DE NAUENBOURG


pas d’accéder ensuite à la maîtrise en théologie. On le trouve en effet régent en théologie à Oxford en 1312. C’est de cette époque que datent les deux quodlibets qui nous sont restés de lui (ms. Worcester, Calh. libr. F. 3, fol. 215v°-259). D’autres œuvres lui sont attribuées : des Commentaires sur V Ecclésiaste et les Proverbes ; un Commentaire sur les Sentences, des Questions disputées et, sans doute, des sermons ; mais aucun exemplaire ne nous est connu de tout ceci. Le second de ses quodlibets est lui-même incomplet. La chose est d’autant plus regrettable que, à en juger par ce qui demeure de son œuvre, Robert Walsingham est un esprit original, qui n’entend s’inféoder à aucune école déterminée. Il faut noter entre autres choses : son volontarisme fortement prononcé ; sa position sur la connaissance que Dieu a de tous les êtres dans et par sa seule essence ; la distinction réelle qu’il maintient entre l’essence et l’existence ; son adhésion à la distinction formelle à la manière de Scot.

B.-M. Xiberta, De scriptoribus scholasticis seeculi XIV ex online earmelitarum, Louvain, 1931, p. 111-136 ; Th. (Iraf, De subjecto psychieo gratis ? et virtutum, 1935, p. 214217, 104-110.

P. Glorieux.


WALTRAM DE NAUENBOURG, évêque de cette ville de 1090 (1091) à 1111, un des représentants en vue du parti antigrégorien, à la fin du xie siècle. Son rôle a été mis en relief par les polémistes protestants des xvie et xviie siècles, à la suite de la découverte par Fr. de Hutten d’un traité De unitale Ecclesiæ conservanda, qu’on lui a, d’ailleurs à tort, attribué. En dépit de la fausseté de cette attribution, Waltram (on écrit aussi Walram, Valram, Gualeram, etc.) représente bien l’état d’esprit du parti ecclésiastique favorable à Henri IV et hostile à Grégoire VII et à Urbain IL On sait, en effet, que, dans sa lutte contre les papes légitimes, Henri put s’appuyer sur un nombre considérable d’évêques allemands. Waltram faisait partie de ce groupe, où l’on se piquait d’ailleurs d’une certaine modération et où l’on prétendait juger en toute impartialité le différend entre le Sacerdoce et l’Empire. Une lettre de Waltram a été conservée par les Annales Disibodenses qui met en claire lumière le point de vue des henriciens. Écrite au début de l’épiscopat de Waltram, en 1090, elle est adressée à Louis, landgrave de Thuringe, pour l’exhorter à abandonner la cause d’Urbain II et à se rallier à l’empereur. Son argument principal, c’est qu’il faut, par tous moyens, conserver la paix civile, mise en péril par les divers prétendants qu’ont suscités contre Henri les papes Grégoire et Urbain. « Dieu est le Dieu de paix, non celui de dissension … La Loi et les prophètes se résument dans le précepte de la charité ». D’ailleurs l’Apôtre ne commande-t-il pas la soumission à la puissance civile ? Celui qui résiste à cette puissance s’élève contre l’ordre de Dieu. Rodolphe (l’antiroi suscité par Grégoire VII), Hildebrand, le margrave Ekbert, qui se sont élevés contre Henri, ont péri misérablement. Sans vouloir appuyer plus que de raison sur ce « jugement de Dieu », Waltram termine en insistant sur les fortes paroles de saint Paul ; il faut remettre l’affaire pendante entre Henri et les papes à Dieu lui-même : « Qui es-tu pour juger le serviteur d’autrui ? C’est à son maître de voir ce qu’il en doit faire » (Rom., xiv, 4). En somme plaidoyer modéré pour le « droit divin » des souverains. À supposer même que ceux-ci soient indignes, ce n’est pas aux sujets de les juger.

Le landgrave de Thuringe répondit, ou plus exactement fit répondre à cette lettre par Herrand, évêque de Halberstadt. La pièce, conservée elle aussi, est loin d’avoir la sérénité de la précédente et c’est sur un ton extrêmement monté qu’elle rétorque les arguments de Waltram. L’admonition de saint Paul n’a pas le sens absolu que lui donnent les henriciens : pour que la puissance civile puisse exiger l’obéissance, il faut qu’elle soit ordinata. Da igitur potestatem ordinalam et non resistemus. Mais il est notoire qu’JTenri est loin de posséder cette puissance bien réglée et la lettre accumule les exemples, vrais ou faux, de sa tyrannie, de ses manquements à toutes les lois divines et humaines. Simoniaque notoire, Henri est hérétique : pour tous ses crimes il a été excommunié par le Siège apostolique et dès lors il ne peut plus avoir sur nous, catholiques, aucune puissance. Que parle-t-on du précepte de la charité fraternelle ? C’est un devoir pour nous de le haïr : cujus odium pro magno sacriflcio Deo ojjerimus. Le Christ, dont Waltram avait dit que son plus cher désir était le règne de la paix, le Christ n’a-t-il pas déclaré qu’il était venu apporter sur terre non la paix mais le glaive ? Quant aux insuccès de Grégoire, de Rodolphe, du margrave Ekbert, pourquoi y voir un « jugement de Dieu » contre les doctrines grégoriennes ? Ne vaut-il pas mieux bien mourir que de vivre mal ? Le jugement final de Dieu rétablira tout dans l’ordre. Cette pièce curieuse donne assez bien l’idée des arguments qui s’échangeaient en Allemagne entre partisans et adversaires de Grégoire VIL

On trouverait ceux des derniers bien plus amplement développés dans le traité De unitale Ecclesiæ conservanda et de schismate inter imperalorem et pontificem, faussement attribué à Waltram et qui est l’œuvre d’un moine de Hersfeld, écrivant vers les années 1090-1093. Il se donne pour tâche de réfuter deux manifestes récents du parti grégorien : la deuxième lettre de Grégoire VII à Hermann de Metz, où est exposée tout au long la politique du pape (Jafîé, Regesta, n. 5201), et un écrit en provenance des moines de Hirschau, qui défendait les mêmes points de vue. Ces deux pièces sont discutées respectivement dans le 1. I effet le 1. II du De unitate ; un 1. III qui devait prendre la défense du pape Clément (l’antipape Guibert) a presque complètement disparu. Avec une modération relative, l’auteur expose les arguments du parti impérialiste et veut montrer que le bon droit est du côté de Henri. Il cherche ses arguments dans l’histoire sacrée et profane, dans l’ancienne littérature chrétienne comme chez les auteurs païens, et son érudition, qui est de bon aloi, lui permet de réfuter nombre des preuves que ses adversaires prétendaient trouver dans les textes patristiques et canoniques. Sa grande autorité est naturellement Augustin, dont connaît bien la Cité de Dieu ; mais il allègue aussi Cyprien et son De unitate Ecclesiæ, Grégoire le Grand, dont il se plaît à opposer les attitudes et les paroles à celles de son homonyme du xie siècle. L’ensemble de l’œuvre donne l’impression que l’auteur a médité sérieusement les problèmes qu’il soulève et que, assez différent en cela des polémistes de l’époque, il ne se contente pas seulement de citer des textes, mais veut mettre en ligne des arguments.

On avait aussi jadis porté au compte de Waltram un petit Tractatus de investitura episcoporum, qui défend non sans habileté les droits en la matière de l’autorité civile. Composé en 1109, l’écrit pourrait être de l’évêque de Nauenbourg ; mais on a démontré, semble-t-il, qu’il a pris naissance dans le diocèse de Liège.

Plus sérieuse est l’attribution à Waltram d’une lettre à saint Anselme de Cantorbéry, d’un ordre tout différent. L’évêque de Nauenbourg, qui a été mis au courant d’un certain nombre des griefs arti-