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VRIE (THÉODRIC — VULGATE

de scriptoribus Ecclesisæ antiquis, t. iii, p. 2259-2261 ; Appendix ad historiam litterariam de Cave, p. 78 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. ii, col. 841.

J. Mercier.


VULGARIUS EUGENIUS (887? - 928).

Les œuvres de ce défenseur du pape Formose furent longtemps ignorées ou attribuées à Auxilius. Mabillon ayant eu communication, par un de ses confrères, d’un manuscrit sans nom d’auteur et qui se rapportait à la question des ordinations du pape Formose, n’hésita pas à le joindre aux deux opuscules d’Auxilius que Morin avait publiés dans son Commentarius de sacris Ecclesiæ ordinationibus, Paris, 1655, p. 348. Il le met en premier lieu dans ses Vetera analecta, avant les deux opuscules de Morin qu’il reproduit.

L’éditeur de la 'P. L., t. cxxix, col. 1101, semble avoir eu un doute, car au lieu de publier les trois traités dans l’ordre de Mabillon, il enleva au nouveau venu la première place et le mit à la suite des deux écrits d’Auxilius, sous le titre donné par Mabillon : Liber cujusdam requirentis et respondentis, seu Auxilii libellus super causa et negotio Formosi papæ.

On doit à Dümmler l’enrichissement et le classement du dossier Formose dans son livre : Auxilius und Vulgarius, Leipzig, 1866. De l’ouvrage publié par Mabillon, Dümmler trouva un exemplaire dans la bibliothèque de Bamberg, muni de cette dédicace : Eugenius Vulgarius Petro diacono fratri et amico. Dümmler retrouva également un autre ouvrage de Vulgarius intitulé : De causa formosiana libellus (p. 117-139 de son édition). A quoi s’ajoutent des poèmes et des lettres : Epistolæ et carmina (p. 139156).

Nous sommes peu renseignés sur la personne de Vulgarius. Il semble avoir été grammairien, professeur à Naples ou dans l’Italie méridionale. Il avait été, lui aussi, ordonné prêtre par Formose et, de ce fait, se trouvait intéressé à défendre la validité des ordinations du malheureux pape. Il doit beaucoup à Auxilius pour les idées et même pour la forme ; son œuvre principale est construite en dialogue, Insimulator et actor, à la manière de l’Infensor et dejensor d’Auxilius, ce qui explique l’attribution à ce dernier de deux œuvres si semblables. Il n’a pas cependant autant de vigueur et d’énergie que son modèle. Ses lettres et ses poèmes nous le montrent trop docile et presque servile à l’égard de ceux qui avaient été plus ou moins directement les responsables du traitement odieux infligé à Formose : « Devant le pape Serge, à qui il rappelait jadis que l’héritier du siège de Pierre doit aussi posséder les vertus de l’apôtre, Vulgarius s’humilie profondément. Sur les modes les plus divers, il célèbre les mérites et les gloires d’un pape qui n’eut pas d’égal, le bonheur de Rome qui, sous un tel pontife, voit renaître sa grandeur passée. Ce n’est pas seulement au pape que vont ses louanges ; plus pompeuses encore, elles s’adressent à une personne qui jouissait alors dans Rome d’un incontestable pouvoir, « la matrone très sainte et très aimée de Dieu, la vénérable Théodora ». É. Amann, L’Église au pouvoir des laïques, p. 32, dans Histoire de l’Église, par Fliche et Martin, t. vii, Paris 1940.

Sa théologie heureusement vaut mieux que sa personne. Il n’a pas l’érudition patristique d’Auxilius. mais il raisonne en logicien ; ce que nous appelons le « caractère sacramentel » est, pour lui, une théorie déjà fort précise. A supposer même que Formose n’ait pas été relevé de la déposition et de l’excommunication encourues pendant qu’il était évoque de Porto, il ne saurait avoir perdu le pouvoir d’ordre, et ses ordinations sont certainement valides. Une comparaison solidement établie met dans la même situation sous ce rapport le baptême et l’ordination sacerdotale ou épiscopale ; l’une et l’autre produisent dans l’âme une réalité « inséparable » de cette âme : Sacerdotium ab acceplo inseparabile sicut baptismum, 'P. L., t. cxxix, col. 1108, « Le sacerdoce comme le baptême est une qualité inséparable de celui qui l’a reçu ». Une charge, un office peuvent se perdre, ce sont choses extérieures à la personne, mais baptême et sacerdoce ne sont pas de ces réalités accidentelles : accidentia quæ accidant et recedant ; elles sont données pour toujours. Il est regrettable que la thèse de Vulgarius n’ait pas réussi à s’imposer ; l’abbé Saltet conclut ainsi : « La théorie des partisans de Serge III, d’après lesquels la condamnation de l’Église ou une grave irrégularité de promotion ont pour effet de priver tout clerc et évêque du pouvoir d’ordre, sera, pour des motifs différents, bien souvent répétée dans la suite. Par l’effet de l’abaissement de la culture théologique elle trouvera de plus en plus crédit. La notion du pouvoir d’ordre s’obscurcira. Après de longues variations, lorsqu’on rétablira la pure doctrine de saint Augustin sur ces questions, on n’imaginera pas, pour l’exprimer, de meilleure expression que celle créée par Vulgarius, trois siècles auparavant. » Saltet, Les réordinations, Paris, 1907, p. 162.

Outre les ouvrages cités dans le corps de l’article : L. Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, Paris, 1904. Voir aussi dans ce Dictionnaire l’article Auxilius, qui a besoin d’être rectifié ; D. Pope, La défense du pape Formose, thèse de Strasbourg, 1930.

H. Peltier..


VULGATE. — Ce nom désigne actuellement la version latine de la Bible officiellement en usage dans l’Église catholique.

Pendant les cinq premiers siècles, l’adjectif féminin Vulgata joint à un substantif (editio, Biblia), ou employé substantivement, désignait la version grecque des Septante, ou les anciennes traductions latines qui avaient été faites de cette version. Cet usage se perpétua dans les premiers siècles du Moyen Age, bien que la traduction de saint Jérôme se substituât peu à peu dans l’usage ecclésiastique aux anciennes versions, et c’est Roger Bacon qui fut l’un des premiers à donner le nom de Vulgate à la version hiéronymienne. Quand le concile de Trente adopta cette version comme texte latin officiel de la Bible, il la désigna sous le nom de vêtus vulgata latina, et le nom de Vulgate lui fut désormais réservé.
I. Histoire de la Vulgate.
II. Valeur critique et littéraire (col. 3481).
III. Valeur théologique (col. 3485).

I. Histoire de la Vulgate.

Les version latines antérieures à saint Jérôme.

On possède d’assez nombreux manuscrits des anciennes versions latines du Nouveau Testament. Pour les versions latines de l’Ancien Testament la documentation est beaucoup moins abondante. Mais les citations bibliques des Pères latins fournissent un complément précieux. Ces versions ont fait l’objet de nombreux travaux critiques : néanmoins l’unanimité est loin d’être réalisée sur les problèmes qu’elles posent.

1. Y a-t-il eu à l’origine une version latine unique, qui aurait fait ensuite l’objet de diverses recensions, par quoi s’expliqueraient les différences, parfois assez considérables, entre les témoins actuels du texte, ou y eut-il plusieurs traductions latines indépendantes du texte grec ? Les avis sont partagés, bien que les anciens Pères semblent plutôt supposer la multiplicité des traductions, saint Augustin en particulier qui écrivait : « Aux origines de la foi, le premier venu, s’il lui tombait entre les mains un texte grec et qu’il croyait avoir quelque connaissance de l’une et l’autre langue, se permettait de le traduire. » De doct. christ., ii, 11. Il est certain en tout cas que, quelle que soit